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    Survivants

    Benoit Camus

     

     

    Jean Guingois et Louis Bastingage roulaient carpette sur leur banquette. Ils n’en revenaient toujours pas d’être vivants, se palpaient le visage, se tâtaient les côtes, les bras, les cuisses, s’étonnaient de leur bonne fortune. « Putain, on s’en est sorti ! » exultaient-ils et là-dessus, lampaient une rasade pour solenniser l’heureux dénouement. Ils n’en finissaient plus de l’arroser, le dénouement. Surtout qu’ils l’avaient devancé…

    À peine s’étaient-ils enfermés dans leur cave, qu’ils débouchaient leur première bouteille. Pour se donner du courage, d’abord, et traverser en gaillards l’épreuve. Ils avaient longuement hésité sur la nature du carburant. Entre le Beaujolais nouveau, dont les caisses tapissaient le mur du fond, et le blend écossais que Gérard leur avait refourgué. Le bonhomme avait profité d’un retour à vide de son quinze tonnes pour se ravitailler en tonneaux chez un grossiste local, de quoi alimenter les copains une fois rentré au pays. Guingois et Bastingage en avaient récupéré dix, les avaient entreposés dans leur refuge, juste en face des centaines de litres de vin qu’ils s’étaient commandés le mois précédent. De quoi tenir un siège. Ils avaient complété leurs provisions en conserves et salaisons, tant que Maurice, le charcutier, s’en était inquiété. « Gaffe au cholestérol ! » les avait-il avertis, sentencieux. À quoi le Louis avait répondu : « Je préfère avoir du cholestérol qu’être mort ! ». Il ne s’était pas démonté, le Louis, et avait noté non sans satisfaction, à l’air ahuri de Maurice, qu’il lui en avait bouché un coin. Donc, il avait fallu choisir. Beaujolais ou scotch ? Telle était la question, qui les avait turlupinés, chaque jour de la semaine avant le fatidique. Une fois la porte blindée verrouillée, calfeutrés dans le réduit qu’ils avaient aménagé pour y subsister, et sans doute transcendés par la gravité des heures dramatiques qu’ils s’apprêtaient à affronter, leur fibre patriotique avait vibré. S’ils devaient mourir, ils mourraient avec du liquide français dans les veines… Et puis se disaient-ils, malins, le whisky était un breuvage avec lequel il convenait de lambiner. S’ils en réchappaient comme ils l’espéraient, du moins s’étaient-ils organisés pour, ils auraient tout loisir de se consacrer à sa dégustation. Leur vœu avait été exaucé. Terrés dans leur antre, ils avaient échappé à la fin du monde et attendaient depuis, en alternant pinard et eau-de-vie, que là-haut, ça se décantât un peu…

    Ils buvaient et cuvaient ainsi leur joie quand un énorme bruit les fit tressaillir. Les pompiers pénétraient dans la maison. Alertés par Gérard qui commençait à s’inquiéter non seulement de la disparition de ses amis, disparition corroborée par le patron du Sporting lui-même qui, en fin observateur, avait noté depuis quelques jours leur absence à son comptoir, mais surtout des versements que ceux-ci avaient encore à lui régler – huit tonneaux, il leur restait à payer – les anges gardiens casqués, avec leur délicatesse proverbiale, avaient arraché la porte d’entrée et inspectaient maintenant les lieux. Quand ils déboulèrent devant la cave, et qu’ils martelèrent son accès métallique à grands coups de bélier, Jean Guingois et Louis Bastingage en frémirent tellement de frousse, qu’ils émergèrent de leur état semi-comateux. La fin du monde les avait rattrapés, elle venait les traquer jusque dans leur tanière. Ils se prirent dans leurs bras, s’agrippèrent l’un à l’autre, et scrutèrent, tétanisés, la porte qui vacillait à chaque coup de boutoir. « C’était trop beau ! » murmura dans un sanglot Jean Guingois. Sur quoi, Louis Bastingage lui pressa l’épaule, en signe de solidarité. « Oui, c’était trop beau ! » déplora-t-il, la larme à l’œil, en considérant tous les tonneaux et les caisses même pas entamés.


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    J'attendrai toujours Ton retour

    Jean-Luc Lapoule

     

     

    (éternellement noir)


    Et Jesus s'approcha des beaux quartiers. Il marchait seul et les pieds nus dans les grandes rues désertes de la ville lumière. Il n'y avait pas trace de pêché. Il n'y avait pas trace de misère. Quel était ce mystère ? Les Hommes étaient-ils devenus soudain si purs ?

    Et Jésus vit une fidèle venir à lui. Mais elle ne lui adressa pas la bonne parole et la vieille dame endimanchée le toisa de très haut, comme s'il n'avait pas l'air très catholique. D'autres encore passèrent à ses côtés. Certains se signaient à sa vue, un rictus sur le visage et les yeux tournés vers le ciel.
    Jésus dit alors : "Heureux les fils et filles de Dieu dans ce royaume de paix, où le silence des rues nous rapproche du chemin éternel"

    Et Jésus écarta les bras de son corps pour tendre les mains vers ses frères et soeurs du 16e arrondissement. Comme il se tenait ainsi immobile, en cet instant de grâce, les deux patrouilleurs du secteur n'eurent aucune peine à solidariser ses poignets puis le conduire enchristé dans un fourgon tout illuminé.

    Et Jésus dit au flic face à lui : "Ma maison est mon coeur, je porte le message de l'Amour universel, je traverse des jours entiers ce monde terrestre à la rencontre des créatures de Dieu"

    - Bon, je mets VRP, sans domicile fixe, et pour la nationalité ?

    - y cause impeccablement not'langue ; sûrement un de ces chrétiens arabes, de par là-bas, Liban, Syrie... encore un resquilleur de conflit qui vient bouffer notre pain quotidien...

    Et Jésus multiplia les rencontres hasardeuses. Le 7e jour, il s'approcha de la maison du Seigneur ; l'église était bondée de familles bien mises. Et Jésus reconnut parmi certaines, des codisciples à la Judas dont l'optique l'avait récemment tout droit conduit sur le palier de la souffrance.
    Et Jésus s'approcha de l'autel et dit : "Je suis venu pour absoudre vos pêchés et pardonner aussi à ceux qui nous ont offensés..." A ces paroles prophétiques, la foule abasourdie soudain s'éveilla !

    - Faites donc taire ce métèque !

    - Dehors les pouilleux, pas dans nos quartiers !

    - Qu'il retourne dans son pays !

    - Laissez-nous choisir nos pauvres !

    - Respectez les bons chrétiens, chacun sa civilisation !

    - Pas de communistes chez nous !

    Alors Jésus, comme par miracle, sortit une perforeuse-visseuse sans fil de son suaire, et, avec une sacrée maîtrise, issue des préceptes que son père adoptif lui avait enseignés dans ses premières années d'apprenti charpentier, se crucifia vite fait, pour enfin mettre fin à toute cette grand-messe, ma foi sans même penser à rédiger le moindre testament...

    Et l'on pouvait lire cette épitaphe habilement gravée dans le montant de bois surplombant son visage : "Jésus, fruit de vos entrailles, ébéniste"



    Confidentiel - Le commissaire d'arrondissement déclara dans son rapport :

    Affaire classée. Banal fait divers. Nombreux témoins. Delta Charlie Delta après TS non infructueuse. Il n'y a pas de miracle ces temps-ci. C'est bien la fin des métiers manuels de nos jours. L'artisanat est définitivement mort en France. Quelle épreuve, cette crise !

    AVERTISSEMENT - Toute ressemblance entre cet artisan chômeur d'origine portugaise et un autre type serait purement fortuite et pas très amène.


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    Photo Sophie Etienbled

     

    20 décembre 2012

    Sophie Etienbled

     

    O.K., je suis lâche. Aux aurores, avec mari, chien et enfants (ordre aléatoire), j’ai pris le large, abandonnant ma belle ville de Rouen qui se noyait sous ses pluies quotidiennes. Tout le jour nous avons roulé sous des cieux qui déversaient leur colère diluvienne, prémices de fin du monde. Mais finalement nous n’étions pas si nombreux sur l’autoroute. Il faut dire que nous n’avions pas choisi Bugarach, objet de toutes les convoitises, qui frisait l’overdose humanoïde, mais dans les Alpes de Haute-Provence, Saint Vincent-les forts qui surplombe la retenue d’eau de Serre-Ponçon. Des contreforts du village la vue est époustouflante, à vous revigorer toutes les respirations déficientes. Ce n’est pas un lac naturel, mais un lieu magique né il y a une cinquantaine d’années du rêve obstiné d’un certain Wilhem pour désamorcer les ravages de L’Ubaye et la Durance et fabriquer un paradis d’eau et ciel mêlés. L’ouvrage avait eu des relents de répétition de fin du monde, engloutissant villages, routes et voie ferrée, seule la chapelle avait nargué la montée des flots du haut de son promontoire dérisoire, mais suffisamment élevé pour laisser croire que Dieu a peut-être fait l’homme à son image.

    Au soir, nous étions arrivés. Fatigués, mais, rassurés par la bienveillante présence des montagnes, nous avons sombré dans un sommeil sans cauchemar. Au petit matin je me suis éveillée. Tout baignait dans la lueur aurorale. Je me suis pincée. Oui, j’étais vivante mais le silence enveloppait le monde. Oppressant. Après vérification, j’étais seulement chez la Belle au bois dormant et chien, mari et enfants (ordre aléatoire) respiraient, abandonnés et quiets. Rassurée de ne pas être la seule rescapée, je tirai sans bruit les persiennes de la salle de bains. Et je constatai que c’était bien la fin du monde. Sur le sol uniformément blanc, quelques silhouettes fantomatiques rappelaient les arbres. Mais montagnes, reliefs et lac s’étaient évanouis. Le gris mangeait l’espace éclairé seulement par la lueur que le linceul de neige étendait sur la terre. Je frissonnai, les yeux écarquillés sur le nouveau visage du monde.

    Fébrilement, pour tenter de faire diversion, chercher un contact avec la civilisation, je branchai le petit poste de radio antique perché sur une étagère. Ouf ! La fée électricité avait survécu au cataclysme, une petite lumière rouge brilla. Je tournai le bouton et mes oreilles happèrent goulûment les voix qui envahirent la pièce. Quel message délivrait donc ces messagères du monde des humains ? Combien de rescapés sur la planète ?

    Cinq notes de musique guillerette et, atterrée, j’entendis : «Vous pouvez comparer : chez Fourrecar votre liquide vaisselle « un monde plus propre » est cinq centimes moins cher que chez Delil et huit centimes moins cher que chez Naucha, Fourrecar toujours moins cher ! »     

    La fin du monde ? Foutaise, il y a tout à refaire !


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    Premiers matins

    Patrick Denys

     

     

    J’ai dû quitter mon quartier, dans l’urgence et la brutalité. Peu de temps avant les évènements, je m’étais établie dans un coin retiré de la ville pour y vivre seule et tranquille, à l’abri des trépidations du monde. Les humeurs des hommes sont tellement bizarres !

    A l’époque, j’habitais dans une sorte de grand passage, entre un mur blanc  et une forêt de thuyas qui grimpaient jusqu’au ciel ; juste en face d’un tremble  argenté. C’était apaisant et je m’y trouvais bien, au moindre souffle, tout frissonnait de lumière.

    Inutile de m’attarder sur ces souvenirs. Je ne sais trop ce qu’ont fait les hommes, un grand chambardement, je crois, un remue-ménage comme on n’avait encore jamais vu. Tant et si bien qu’un jour, le monde explosa, ce fut comme un déchirement de l’air et de tout ce qui existait alors. Les hommes avaient disparu. Et moi, je me retrouvai à terre, sans nourriture et sans repères, ne possédant plus que ma volonté de survivre et ce besoin  insurmontable de retisser ma toile. Au plus vite.

    J’ai cherché un autre quartier. Je me suis rapprochée des ruines de ce qui avait dû être une maison des hommes. Plus personne, plus aucune de ces insupportables vibrations de l’air qui me terrifiaient, plus trace de ces effluves acides qui me brûlaient l’abdomen, à certaines heures. C’était un air nouveau. Si léger ! Jusqu’alors, j’avais vécu en recluse, dans l’ombre des choses comme si elles n’existaient qu’à moitié ; à moins que ce fût le temps lui-même qui n’ait  jamais existé pour les regarder.

    Je me suis donc établie entre une tige de laurier, un pot de fleurs en terre resté là, et un rosier. J’ai toujours aimé les roses ; les rouges surtout. A la fraîcheur du soir, après les feux du soleil, je m’approche en trois coups de patte ; pas trop près, cependant, le velours de ces pétales est dangereux. Mais, quelle ivresse ! A la moindre vibration, tout mon paysage se colore de ces senteurs lourdes et poivrées

    Depuis mon déménagement, je sors tôt le matin. Au lever du soleil. Quand ce qui reste du toit de la maison des hommes cède le passage aux premiers rayons, ma toile s’irradie. J’en suis gênée moi-même, ça fait tellement riche ! Comme si j’avais accroché à chaque fil des paillettes de diamant, par milliers.  

    Les premières senteurs de résine chaude et, plus tard dans la saison, la fragrance des troènes me mettent en alerte. C’est l’heure du guet. De l’attente. On a beau dire que le monde est beau, on y a toujours faim ! Je ne sais pas comment s’y prenaient les hommes … la splendeur des choses ne remplacera jamais la jouissance d’une conquête, d’un piège refermé patiemment sur une proie, l’étonnant divertissement d’une dévoration. La voluptueuse sidération de la dévoration !

    Pas très loin, au pied d’un grand pin, j’ai repéré la masse bleu mauve d’une lavande. C’est l’heure exquise des premiers bourdonnements et des grandes espérances. Je n’aime pas les bourdons : trop maladroits, et quel bazar ! Grands espoirs mais gros dégâts ! Des heures de travail pour réparer les trous, mes soies ne sont pas inépuisables ! Les mouches, c’est déjà mieux. Après les évènements, il y eut un long silence, elles ne vibrionnaient plus. Les voilà de retour, un peu amaigries, plus diaphanes, plus légères à digérer, mais des mouches tout de même. Je leur préfère les papillons, surtout les petits bleus, très délicats, et les orange zébrés de noir, quand ils ne sont pas trop turbulents. Ils se prennent dans mes filets comme des balourds et la fête commence. Le jabot tout émoustillé de sucs, je les dilacère ou les pique à vif, c’est selon. Quel festin ! Elle est belle, la vie !

    Pour l’ordinaire, je lorgne du côté des capucines. Ça, c’est une trouvaille, un vrai trésor,  l’exubérance fauve de leur feuillage, la vibration invisible  d’un nuage de moucherons. Parfois, à n’en plus savoir où donner de la patte. Ils arrivent par deux ou trois sur ma toile ; alors  on file la soie et on engrange pour les jours de pluie.

    Ces jours là qui annoncent  l’automne et, peut-être, la fin d’une vie, je prends tout mon temps pour contempler la beauté du monde. Avez-vous observé une goutte de pluie cherchant son chemin sur le dos d’une feuille de laurier ? Arrivée sur le bord, elle hésite longtemps, longtemps… c’est le moment à saisir, de la lumière jouant avec les couleurs du ciel. Gorgée de rêves, elle finit par se détacher pour  retourner à la terre. Où tout commence et tout finit.

     


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    Assomptions

    Castor Tillon

     

    La barre de métal aux angles aigus était tombée du ciel avec une vélocité foudroyante, coupant littéralement sa compagne en deux, et rebondissant hors de vue. Le bas du corps de la malheureuse était réduit à une sorte de bouillie clapotante, et sa tête se tordait de gauche et de droite dans une effroyable agonie pendant que s’écrasaient autour d’elle sur le sol vitrifié d’énormes gouttes graisseuses. Sa fille n’avait pas eu plus de chance. Tandis qu’elle courait se mettre à l’abri, une gigantesque forme ligneuse lui avait aplati la tête, la clouant au sol. Sa belle enfant, si menue, si fragile. Une odeur de viande grillée imprégnait l’atmosphère, le bruit et la terrible luminosité ambiante perforaient ses sens. Protégé miraculeusement par un surplomb, il avait assisté, impuissant, aux drames qui n’étaient que les prémisses de l’annihilation.

    Jusqu’alors, la vie n’avait pas été facile pour eux, mais ils avaient réussi à s’organiser ingénieusement. La recherche de nourriture ne posait pas vraiment de problèmes, à condition de sortir la nuit pendant laquelle les chutes, les terribles chutes étaient pratiquement inexistantes.

    La petite communauté de départ avait prospéré, et le besoin d’espace avait même incité les plus indépendants et les plus courageux à aller s’installer dans les hauteurs, où les conditions de vie étaient plus rudes, les ressources vitales plus rares. Ils étaient plusieurs centaines dans ce petit coin d’univers pourtant hostile, à travailler, aimer, ripailler, lorsque le cataclysme fondit sur eux.

    Il progressait lentement le long de la paroi, s’aidant des aspérités et des fissures pour se hisser péniblement. Une brume délétère et nauséabonde avait envahi l’espace, empoisonnant toute vie. En jetant un regard plus bas, il aperçut son père écroulé sur la table du petit déjeuner, les membres agités de longs frissons et de crispations spasmodiques.

    Il détourna la tête, révulsé, et reprit son ascension en se morigénant et s’aiguillonnant : « plus vite, feignasse, magne-toi de monter ton gros cul là-haut, tu veux crever ou quoi ? ».

    Car il avait remarqué que le brouillard létal redescendait lentement, très lentement, mais indéniablement vers le sol.

    Trop tard, hélas. Ses forces l’abandonnaient. Il ne pouvait plus respirer, ses appuis se dérobèrent un à un, et ce fut la chute vertigineuse. Son corps rebondit lourdement, manquant de peu la tasse de café froid, et s’immobilisa sur la cuiller, à côté de celui de son père. Un immense sentiment d’échec l’envahit, la grande famille des blattes était en train de s’éteindre. Ses longues antennes frémirent et tressautèrent, agitant des volutes de fumigation jaunâtres.

    Puis il mourut.


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    Belinda, 9 jours après la fin du monde.

    Dominique Chappey

     

     

    Quatre ans qu’il me fait tourner en bourrique, mon gros Roger. Qu’il passe tout son temps libre dans le jardin. On ne part plus en vacances. Pas le temps, plus les moyens. Quatre ans que Monsieur s’est pris de passion pour le bricolage, la maçonnerie, l’électricité. Qu’il veut tout faire tout seul, il n’a confiance en personne, surtout pas dans les artisans du secteur.

    – Tu comprends Belinda, il faut quand même que ça reste confidentiel.

    Marre.

    Le forage du puits pour l’eau potable, le terrassement et les tonnes de béton, les voisins qui croyaient qu’on se payait une piscine, des milliers d’euros d’équipements, des portes blindées au système ventilation. Une véritable obsession. Sur la fin, il ne me touchait même plus. Obnubilé par son calendrier.

    – Tu me remercieras Belinda, nos efforts seront récompensés. Nous repartirons ensemble dans un monde neuf.

    Mon cul.

    Les conserves, le lyophilisé… Il a entassé de quoi tenir deux ans en complète autonomie. À deux. Tout seul et froussard comme il est, il va faire durer ses rations le plus longtemps possible.

    J’ai fait marche arrière. Au dernier moment. Pas une intuition, non, je n’y ai jamais cru à ses histoires. Pas envie de jouer les taupes, tout simplement. Quand je suis revenue, ça faisait plusieurs heures qu’il s’était terré dans son trou. J’ai failli l’appeler. Lui dire que tout ça, c’était de la blague. Que le grand jeu était terminé, qu’on pouvait tirer un trait sur toutes ces conneries et recommencer à vivre comme avant. Que ça y était, on était le jour d’après et que justement, le jour d’après, il le repassait à la télé, pour rigoler. Et puis la colère est arrivée, petit à petit. Une rage. Ras-le-bol de la bêtise en général et de la sienne en particulier. Plus un gramme de patience et d’empathie pour mes contemporains qui s’endormaient les neurones avec des histoires à dormir debout. Qui s’inventaient des croque-mitaines pour pouvoir vivre en continuant de baisser la tête. Marre de ma lâcheté, marre d’avoir peur. Je ne pouvais pas passer mes nerfs sur tout le monde. Il a payé pour tous les autres.

    Il y a un système d’alarme. Un interphone d’urgence qui peut s’activer de l’extérieur pour communiquer avec l’intérieur du bunker. Je l’ai bousillé. Deux caméras et un périscope. Je les ai bousillés aussi. À grands coups de pelle du jardin. Pareil pour l’antenne de sa radio.

    Le hublot du sas blindé, je l’ai occulté avec ce qu’il restait de peinture. Au fond de son trou, le téléphone portable ne passe pas. Il faut que je pense à acheter un brouilleur. Un truc qui perturbe les ondes. On ne sait jamais. Et puis, si ça ne parvient pas à me calmer, pendant que j’y suis j’utiliserai peut-être les derniers sacs de ciment et les parpaings qui ne lui ont pas servi pour refaire la terrasse, juste au dessus de son gros nez de crétin. Histoire d’être tranquille. J’aime pas gâcher.

    Il n’est pas mort, mais enterré. Ça n’empêchera pas sa pension de retraite de tomber tous les mois. Je vais pouvoir rattraper mon retard.

    Deux ans de vacances. Peut-être plus.


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  • Jour+2

     

    Roger, 8 jours après la fin du monde

    Dominique Chappey

     

     

    J’ai crié. J’ai appelé. Sur le seuil de la première porte du sas, j’ai tenu aussi longtemps que j’ai pu. L’alarme du bunker a sonné. J’ai dû me résoudre à fermer la première porte, puis la seconde. La mort dans l’âme. Je ne sais pas ce qui lui a pris. J’avais tout prévu, tout expliqué. Je lui faisais confiance, après toutes ces années. Je croyais qu’elle avait compris. J’ai dû faire une erreur quelque part. Dans le manuel de survie, ils insistent pourtant sur ce point : la seule variable incontrôlable. Le facteur humain. Irrationnel et imprévisible.

    Hélas, tout le reste s’est déroulé comme prévu. Ça n’a pas été long à venir. Le jour même, les éléments se sont déchaînés ou bien c’est l’hystérie collective qui a pris le pouvoir. Je ne sais pas. Mes capteurs extérieurs n’ont pas tenu plus de trois heures. Plus d’antenne, d’interphone, de caméras. Même le hublot blindé du sas est devenu opaque. Je n’ai aucune idée de ce qui se passe au-dehors. Ça doit être le chaos. Je n’ose penser à ce qui a pu arriver à Belinda. Cette décision folle de ne pas me rejoindre, au dernier moment.

    Surtout ne pas céder à la tentation de sortir prématurément, c’est la règle numéro un du manuel. Ils vont être nombreux dehors, les imprévoyants, à vouloir me déloger et profiter de mes réserves, de mon refuge. Ne pas sortir, ne pas répondre, quels que soient les moyens qu’ils utilisent pour me convaincre d’ouvrir la porte. La ruse, la pitié, la force. Le bunker possède une double enceinte de confinement. Si jamais, on devait en arriver là, j’ai de quoi les recevoir, un petit arsenal qui les ramènera à la raison et me débarrassera des pilleurs.

    Je me suis préparé pendant de longues années. Je n’aurai pas fait tous ces sacrifices en vain. Je ne dois pas me laisser aller, par respect pour la mémoire de Belinda. Le planning quotidien à suivre, les procédures. Trois heures de dynamo par jour pour maintenir les batteries en charge. Tester la qualité de l’eau du forage. La filtrer au besoin. Veiller au recyclage des déchets. Je dois m’astreindre à suivre une routine dont dépend ma survie.

    Le manuel est formel. Six mois d’isolement total pour laisser le temps faire son œuvre et se débarrasser des plus faibles. Ensuite, seulement, lancer les premiers messages vers l’extérieur si la radio le permet. Les plus méritants auront survécu. Les survivants devront tenter d’établir un contact, s’organiser pour reconstruire le monde de demain.

    Une contamination radioactive massive peut prolonger le confinement. En cas d’absence totale de signes de survie extérieure, la marge de sécurité avant toute tentative de sortie est de deux ans. Sans Belinda, j’ai suffisamment de réserves pour tenir deux fois plus longtemps.

    Deux ans de patience. Peut-être plus.


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    L’étoffe des héros

    Emmanuelle Cart-Tanneur

     

     

    Robert !

    Robert !!!

    hmmm... quoi ?

    Ça y est !!

    Ça y est quoi ?

    On est le 22 !

    hmm... le 22 ?... Ah ! Le 22 ! Ça y est alors ??

    Ça fait une heure que j'essaie de te réveiller... La fin du monde, c'est pas ce qui va t'empêcher de dormir, hein ? Oui, le 22, le jour d'après le 21 !

    Et... Dis donc, ma Raymonde, on dirait ben qu'on est toujours là !

    Mais oui ! Ça a marché ! On a réussi !!

    Champagne ! Va dans le caisson du fond, y'en a trois caisses de douze...

    Ah, mon Robert, toujours si prévoyant...

    T'as vu ça, ma grosse ? Eh oui, ton bonhomme a pensé à tout !

    Quand même, faut que je te le dise, j'étais pas sûr qu'il résisterait, c't'abri...

    Tu veux rire ? Technologie suisse, mécanismes de troisième génération, j'ai pas lésiné : tout l'héritage des gosses y est passé !

    Pour ce qu'ils en ont besoin, maintenant, les gosses, de toute façon...

    Eh ouais... Quand ils ont refusé de venir nous rejoindre avec leur marmaille, je me suis dit deux choses : de un, on aura plus grand et plus beau ; et de deux... tant pis pour eux !

    Hahahahaha ! Tu me feras toujours mourir de rire, mon Robert !

    Tant mieux, ma grosse... parce qu'on est ensemble pour un bout de temps maintenant !

    Rien que toi et moi... mon rêve de jeune fille... moi qui chougnais de ne jamais pouvoir profiter de toi, avec les gosses ! On va enfin s'occuper de nous...

    Romantique, ma Raymonde, hmm ? C'est vrai que c't'ambiance, bien au chaud entre six murs de béton de trente centimètres, ça vous crée tout de suite une intimité...

    … et plus un chiard pour venir interrompre un moment coquin... Viens là mon Robert, je sens qu'on va se le faire perso, notre petit feu d'artifices !

     

    (sonnerie de téléphone)

     

    Boudiou ! Qu'est que c'est donc ?

    C'est pas ton téléphone, Robert ?

    Ma doué ! Ya quelqu'un dehors, Raymonde ! On est pas les seuls survivants !

    Mon Dieu, réponds vite, je brûle de communiquer avec ce qui reste de l'Humanité !

    Nous sommes de la race des élus, Raymonde ; et ce moment est solennel : l'un des tous premiers coups de fil entre élus !

     

    (il décroche)

     

    Allo ?

    Papa ?

    Quoi ?

    Papa ?? C'est toi ?

    Mais... Bon Dieu, oui ! Qui veux-tu que ce soit ? Mais... t'es pas mort ??

    Mais enfin Papa ! Où es-tu avec Maman ?

    On est dans l'abri, nom de nom ! Mais toi ? Comment en as-tu réchappé ??

    Papa, mais tu délires ou quoi ? Réchappé à quoi ??

    A la fin du monde, pardi ! Ta mère et moi, on a fait ce qu'il fallait !

    Papa, il n'y a PAS eu de fin du monde ! Tout est comme hier, et comme avant-hier ! Mais il faut que tu me dises où tu es !

    Nom de Dieu, mais on est dans l'abri, au fond du jardin !

    Dans l'abri ???

    Ouais... sous la piscine... En fait c'était pas une piscine que j'ai fait creuser... Sous le linéaire, y'a une trappe : c'est l'entrée du sas... Mais...

    Ne bougez pas  Je viens vous chercher !!

     

    (quelques minutes plus tard, de part et d'autre de la porte, chacun au téléphone)

     

    Papa ! Je suis là !

    Moi aussi, je suis là. Mais où donc, boudiou ?

    De l'autre côté de la porte ! Papa, ouvre !!

    Peux pas...

    Quoi, peux pas ??

    Y'a un code...

    Oui, je le vois bien ! Des chiffres, et des lettres ! Donne-moi le code, Papa !

    Quatre chiffres et deux lettres, oui ; j'ai décidé ça avec l'ingénieur...

    Mais quels chiffres, et quelles lettres ??

    Papa !! Réponds-moi, enfin !

    Sais plus...

    Tu ne... sais plus ???

    Nan. Oublié...

    C'est pas vrai !!! Bon... restons calme... Ton système, Papa, il est électrique, n'est-ce pas ? Je vais disjoncter et je reviens...

    Inutile : j'ai mis des batteries éternelles...

    Des... batteries éternelles ??

    Nouvelle technologie – réalimentation par réutilisation de notre chaleur corporelle...

    Non !! Ne me dis pas que...

    Si. On ne pourra ouvrir que quand on sera tous les deux canés. À moins que...

    … à moins que quoi ?

    On ne trouve le code...

    Le code ? Avec comme toute info deux lettres et quatre chiffres ? Mais ça fait au moins...

    2 milliards 176 millions 782.336 combinaisons possibles. L'ingénieur me l'a dit.

    Non !!!

    Si. Alors c'est vite vu : faut commencer tout de suite à les essayer, une par une ! Tu commences ? Je vais annoncer la nouvelle à ta mère...

    Papa !!!!!

     

    (dans l'abri)

     

    Mauvaise nouvelle, ma grosse : y sont pas morts...

    Qui ?

    Personne ! On s'est fait avoir par les Mayas. Si je les retrouve ceux-là, je leur colle mon poing dans la trogne, je t'assure !

    Bon, alors on fait quoi maintenant ?

    J'y ai réfléchi... Le môme a de quoi s'occuper.. D'ici qu'il nous ouvre on a bien le temps toi et moi... On a des réserves pour trente ans... Si on profitait un peu, tous les deux ?

    Mon Robert... J'ai toujours su que tu avais l'étoffe d'un héros... Enfin seuls !! Viens par-ici que je te bécotte pour fêter ça !

    J'arrive, ma grosse, avec les flûtes : et Champagne !!!


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    Qu’on en finisse !

    Joël Hamm

     

    Dehors, on les voyait partout, mobilier humain pourrissant à même le sol, image affligeante mais nécessaire d’un avenir menaçant promis aux résignés, tous ceux qu’on maintenait encore en survie pour assurer les tâches quotidiennes et consommer les sous-produits qu’on leur vendait. Certains étaient dotés d’uniformes, policiers et soldats entraînés au carnage. De braves esclaves, ils ne posaient pas problème. On pouvait en acheter des millions. Et en tuer autant s’il le fallait. Hélas, cette organisation montrait ses limites...

    Mélancolique, il se fit couler un bain de lait d’ânesse dans une baignoire de porphyre, admirant son reflet repu dans l’or des robinets. Il s’était passé trop de temps depuis le déclenchement du Plan par le Consortium. Les résultats étaient décevants. Bien sûr, en Afrique et en Asie les choses allaient bon train ; les virus et la famine s’alliaient à la guerre pour hâter le programme. Ailleurs, la Démocrature décevait. Si la pauvreté reculait – les pauvres n’ayant même plus la force de se reproduire – ceux qui avaient encore les moyens de se nourrir crevaient trop lentement. Cet hiver, le froid et la faim en avaient tué seulement quelques centaines en Europe. Puisque le réchauffement climatique allait s’aggraver, on n’en aurait pas fini avant des décennies. A moins que la sécheresse, les catastrophes climatiques et leur cortège de désastres soient une aide, mais il ne le pensait pas. Trop d’incertitudes. Même les moyens politiques et scientifiques avaient montré leur inefficacité. L’alimentation percluse de chimie, les radiations et les catastrophes nucléaires, la pollution de l’air et des nappes phréatiques, la répression armée, l’impossibilité matérielle de se soigner étaient des moyens d’actions désuets pour éradiquer la multitude. Quant à la fin du monde promise par les Mayas, elle n’avait pas provoqué la vague de suicide attendue. Il avait failli profiter de cette date pour déclencher un cataclysme atomique d’envergure mondiale mais le risque était trop grand d’y passer aussi. Depuis cette fausse prédiction, la mort continuait son travail mais toujours à un rythme bien plus mou que celui de la vie. Le nombre devenait affolant. Ils seraient bientôt 9 milliards à encombrer la planète de leurs carcasses débiles, pompant les dernières gouttes d’eau, ravageant les plantations plus sûrement qu’une invasion de criquets.

    L’époque n’était plus aux tergiversations. Il devait trouver une solution radicale pour éliminer 99,99% des pauvres et n’en garder qu’un cheptel domestiqué et corvéable à merci. Après tout, on avait seulement besoin de leurs terres et des richesses de leur sous sol. Il allait y réfléchir et mettre dans le coup les 1200 milliardaires de son club. Il était temps qu’ils se mouillent. Sinon, eux non plus ne pourraient jamais sortir du bunker.


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    Putaing !

    Yvonne Oter

     

     

    - Comment ça va, Madame Di Gregorio ?

    - Moi, ça va, ça va... Mais c’est mon mari qui ne va pas.

    - Votre mari ? Et qu’est-ce qui lui arrive ?

    - Vous connaissez Toni, même que c’est lui qui a changé la robinetterie de votre douche ?

    - Oui ! Toni, l’homme qui ne peut pas dire trois mots sans ajouter « putaing » !

    - Ben justement, ma pauvre, il ne peut plus !

    - Il ne peut plus quoi ?

    - Il ne peut plus dire « putaing ».

    - Comment ça ? Et ça lui est venu d’un coup ?

    - Oui ! Je vous explique toute l’histoire. Nous étions à table le 21 décembre dernier, en train de manger le minestrone que mon mari aime tant. Nous avions laissé la télé allumée parce que Toni voulait suivre les infos en direct, savoir ce qu’on racontait sur la fin du monde, vu qu’il y a des pays qui sont à 12 h. 21 avant nous, n’est-ce pas ?

    - Pardi, des régions bien loin de chez nous. Mon Henry a fait pareil avec la télé, ce jour-là !

    - Oui da ! Mais on n’entendait parler de rien de particulier dans ces pays-là, pas de catastrophe, de tremblement de terre, d’éclipse de soleil, de tsunami, de volcan qui explose, d’incendie de grande ampleur, d’inondation, rien. On voyait juste les ministres ou présidents de chaque pays raconter leurs bêtises, comme quoi il ne s’était rien passé de particulier chez eux, mais les bêtises des hommes politiques, on est habitué, ça n’étonne plus personne.

    - C’est en soi une catastrophe, mais quotidienne.

    - Alors, entre deux cuillerées de minestrone, Toni a regardé sa montre : 12 h. 22. Et il s’est esclaffé : « Putaing, on s’est bien foutu de nous avec la fin du monde ! ». Enfin, c’est ce qu’il a essayé de dire, parce que le « putaing », il n’est jamais sorti !

    - Oh !

    - Comme je vous le dit ! Et à la place, sa langue s’est mise à tourner dans sa bouche, comme une girouette par vent d’autan ! Sept fois, Madame Dubois !

    - C’est pas Dieu possible ?

    - Si ! Même que tout de suite après, il a voulu dire « Putaing ! Mais qu’est qui m’arrive ? ». Pareil : le « putaing » est resté calé et sa langue s’est remis à faire la toupie ! Avouez que ça perturbe. Au début, moi, je n’y croyais pas trop, je lui disais « Toni, arrête de faire l’idiot ! Ça ne me fait pas rire ! ». J’ai compris que lui non plus ne riait pas car il a tenté de m’engueuler et, à force de « putaings » refoulés, un filet de sang lui coulait de la bouche au menton. Pensez, la langue qui tournicote sept fois à chaque « putaing » de mon Toni, à toute vitesse, elle finit par se cogner contre les dents et par se blesser.

    - Et alors ?

    - Ben alors, depuis, il déprime. Il ne parle plus, vu qu’il ne peut pas s’empêcher de sortir le mot interdit à chaque phrase. Il ne regarde plus la télé, parce qu’il ne supporte pas d’entendre parler les autres. Il ne sort plus, pour ne rencontrer personne. Il reste pendant des heures assis devant le feu de bois à regarder les flammes, et parfois, je vois couler une larme de ses yeux d’ex-bon vivant. Il faut le comprendre, le malheureux, mais pour moi, ce n’est plus une vie non plus.

    - Vous avez consulté ?

    - Il paraît que ce n’est pas un cas unique. D’autres subiraient des phénomènes encore plus surprenants. Le médecin ne m’a pas dévoilé les secrets qu’on lui avait confiés, mais il avait l’air assez effaré. Et votre Henry, puisqu’il semble que seuls les hommes sont atteints, vous n’avez rien remarqué de spécial ?

    - Pour le moment, non. Mais, à Noël, il m’a bien étonnée. Il a assisté à la messe de minuit avec moi, lui qui n’avait jamais mis les pieds dans une église, et il y a prié avec une grande ferveur. Sur le moment, j’ai mis ça sur le compte des nombreux verres de vin chaud qu’il avait bus avant de partir, pour lutter contre le froid. Maintenant que vous me parlez de votre Toni, je me pose des questions…

    - Jésus, Marie, Joseph ! Voilà-t-y pas la sainteté qui s’abattrait sur nos hommes ? Il ne nous manquait plus que ça ! C’est vraiment la fin du monde pour de bon !!!

     


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