• L’association Calipso (café littéraire, philosophique et sociologique) diffuse désormais sur OverBlog un certain nombre d’informations, commentaires, points de vue, considérations, réflexions et autres expressions diverses et variées issues de ses pratiques, rencontres, échanges avec des auteurs et des artistes d’horizons multiples, artisans ou professionnels.

    œ Informations sur le concours de nouvelles courtes calipso 2005 : 

    " Estrades et coulisses "

    131 contributions en provenance de toute la France et avec la participation d’auteurs résidants en Algérie, Belgique, Espagne, Roumanie et Suisse.

    Les droits de participation ont permis de réunir cette année 635 Euros ; ils sont intégralement redistribués aux lauréats des 5 premiers prix et des prix du Dauphiné et Etranger. 50 Euros sont redistribués sous forme de livres aux autres lauréats.

    Le recueil des œuvres primées a été édité en ce début d’année ; il est proposé au public à prix coûtant : 4,9€ (correspondant à la facture d’imprimerie, les autres frais étant pris en charge par l’association).

    Contact sur assocalipso@free.fr

    Préface à l’édition 2005

     

    Une inquiétude trotte dans la tête de l’écrivain ordinaire.

    Qu’advient-il de ses récits une fois ceux-ci tombés entre les mains d’un inconnu ? Entre la nécessité et le plaisir d’être lu, entre la crainte d’être mal lu, de ne l’être qu’à moitié ou au travers l’esprit sentencieux d’un lecteur expert, l’écrivain vit d’incertitudes et de répétitions. Chaque jour, il tente de reconquérir une vivacité mise à mal par une lecture hésitante. Saura-t-il attirer l’attention, la retenir pour finalement captiver et emporter le lecteur ?

    Sera-t-il au final l’objet d’une lecture savante qui dissèque, décrypte et commente de main de maître ? Ou d’une lecture réceptive qui échauffe les sens, aiguillonne l'intelligence et invite au partage ? Ou celle encore qui vous fait basculer délicieusement dans l’inconnu, renversant  le cours monotone des choses de la vie ?

    Tremblement, stupeur et ravissement participent au voyage de l’écrivain. En ce sens, le jury de Calipso souhaite bon vent aux auteurs publiés dans ce recueil.

     

    Lauréats

    1er prix Magali DURU (31450 Belberaud) La passion selon Kevin

    2nd prix Jacques HENNEBERT (38700 La Tronche) Vieilleries

    3ème prix Rachel CORENBLIT (31170 Colomiers) Les coulisses du paradis

    4ème prix Désirée BOILLOT (75002 Paris) Papino

    5ème prix Dominique LE GALL (92700 Colombes) A Nancy déjà

    Prix calipso Etranger Cédric BEAL (Lausanne, Suisse) L’appel du large

    Prix calipso du Dauphiné Cécile PRILI (38240 Meylan) Maria Dolorès

    Prix calipso Jeunesse Charlie RAYNAUD (64570 Lanne en Barêtous ) Confidences sur mon oreiller

    Les coups de cœur du jury :

    Patrick LARRIVEAU (40230 St Jean de Marsacs) Le petit rat de l’opéra

    Geneviève STEINLING (93320 Châtillon ) A la claire rivière

    Claire THIOLLENT (75009 Paris) Le meilleur restaurant de Paris

    Jean-Claude TOURAY (45160 Olivet) Estrades et coulisses de la Saint Fêtard

    Georges VALIADIS (51120 Allemant) Chien de quartier

    Ont également été sélectionnés par le jury au premier tour les auteurs suivants (classement alphabétique) :

    Cédric ASNA, Nathalie BARROIS, Laurent BRIET, Philippe BRONDEUR, Odile CHAPEAU, Stéphanie CORNU, Olivier DELEAU, Marie FALSON TACUSSEL, Elisabeth GENTIL, Samuel GRAS, Solange JARRY, Mireille JOUTEUR, Marie JUGE, Claire MARLHENS, Jacqueline TOUCHAIS, Rhadia TOUMI, Bernard VASSEL, Monique VIAL.

    Extraits

    Magali DURU " La passion selon Kevin "

    Le curé avait été clair : ou je jouais le petit esclave de Ponce Pilate, ou pas de communion solennelle. Je n’y tiens pas, moi à la communion, aucune envie de me déguiser en fille avec une aube, mais pour Mamie, c’est vital. Alors, je me suis tapé les quarante répétitions du Jeu de la Passion.

    A Sossigny, dans mon village, on joue la Passion à Pâques depuis le Moyen Age. Monsieur Gildas, notre prof de gym qui sert de metteur en scène, nous l’a expliqué : c’est la représentation de la mort du Christ. Pas terrible, le scénario, côté action, à part les coups de fouet, et la crucifixion vers la fin. Avec trois morts seulement, dont un qu’on ressuscite, on ne va pas tenir à l’affiche longtemps !

    Je m’ennuie à mort pendant les répétitions. Il n’y a qu’Angeline de mon âge, mais c’est une fille. Elle fait l’ange, parce qu’elle chante très aigu, et c’est vrai qu’avec ses cheveux blonds, sa tunique de soie blanche, ses ailes de vraies plumes, elle en jette. Par contre, les autres, les grands du Lycée Saint-Joseph, ils ne jouent pas très bien. La Vierge, au début, nous a fait mourir : elle est incapable de se rappeler deux lignes, cette pauvre Marie, ou même de sangloter sans avoir le fou rire. Jésus Ramirez, le fils du maçon, qui joue le Christ, en a eu tellement marre de lui souffler qu’il a rompu.

    Depuis, c’est impeccable, Marie pleure à la demande.

    ….

    Jacques HENNEBERT " Vieilleries "

    J’ai toujours eu un âge mais c’est seulement maintenant que je suis âgé. Mon âge, je m’en foutais un peu, j’avais horreur des dates et des anniversaires. J’étais âgé d’un certain nombre d’années malgré tout. Les choses ont changé, je suis âgé sans dire de combien comme on dit, je suis fatigué sans dire pourquoi.

    C’est dur de vieillir.

    J’ai des vieilleries comme tout le monde. Des vestes fatiguées et des pantalons usés. C’est le bout des poches qui lâche en premier. Ma grand-mère disait sors les mains de tes poches on dirait un canard et ça me faisait rudement plaisir, de ressembler à un canard. Ils n’étaient pas usés aux genoux, mes pantalons, parce qu’à la messe je restais debout, tête droite, même pendant l’élévation. Je voulais voir ce qui allait arriver, qui allait arriver. La suite est banale. J’ai rejoint le troupeau des orphelins.

    Rachel CORENBLIT " Les coulisses du paradis "

    Dieu dit à son fils : T’es sûr ? Tu veux y aller ?

    - Mais bon sang, papa, qu’il répondit, son fils, ça fait dix fois qu’on a cette discussion. Tu vas pas me priver de mes scènes. Ce sont les plus belles, les plus grandes. Celles qui vont rester dans les mémoires. S’inscrire dans les annales. Les hommes, ils vont causer de ça pendant des siècles. Je ne peux pas les priver de moi.

    - C’est que, dit Dieu, elles sont belles, ces scènes mais, tu vois, la vie, c’est pas que ça.

    Son fils poussa un soupir. Il connaissait son père par cœur, depuis le temps qu’il le fréquentait.

    - C’est que, reprit Dieu, la vie c’est autre chose.

    Il leva sa main pour se saisir du verre de vin. Quelqu’un avait eu la délicate attention de leur laisser une bouteille pleine et deux verres qu’ils s’étaient empressés de remplir. Là, dans le silence de la pièce, ils écoutaient les bruits de la foule qui montaient jusqu'à eux.

    - Papa, ils s’énervent. Laisse-moi y aller.

    - C’est que, continua Dieu, dans la vie, ce qu’on fait, on ne peut pas le répéter.

    Son fils baissa la tête. Bon sang, il le savait. Cette habitude qu’avait son père de philosopher au mauvais moment. A l’instant critique. Quand il fallait agir. Mais non, c’était la palabre, la discussion, l’étalage d’arguments qui ne faisait que briser l’action. L’affaiblir.

    Lui, il était dans le faire. L’immédiat, le concret. L’homme.


    2 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique