• Au menu du jour, une comédie dramatique signée Ysiad.

     

    Fabrication chinoise, qualité japonaise.

     

    Cela fait maintenant plus d’un mois que je lis sur le cul des bus toujours le même message, comme s’il n’y avait de place pour rien d’autre que ce sigle : Uniqlo. Uniqlo trotte dans un coin de mon cerveau, Uniqlo le matin en suivant le bus sur mon vélo, Uniqlo à l’heure du déjeuner en traversant la rue, Uniqlo encore, le soir, dans le sens du retour. Uniqlo loge dans ma tête comme un ver dans une châtaigne (j’apprendrai plus tard qu’Uniqlo signifie : Unique Clothing, et qu’il existe plus de 800 boutiques de par le monde vendant cette marque pour le compte de l’homme le plus riche du Japon, Tadeshi Yanai). Ma fille Julie n’a pas échappé à la contamination, Maman, mon jean est trop petit, il m’en faut un autre, Uniqlo vient d’ouvrir, c’est la boutique japonaise dont tout le monde parle, et ils font des prix de lancement. Uniqlo donc, contre mon gré, parce qu’il faut aller voir les jeans que l’on peut trouver pour 9,90 euros, et regardez, braves gens, comme ce prix est bien pensé, on vous rend même la monnaie.

    Uniqlo ne se cache pas dans Paris, Uniqlo est là, sur trois étages et deux mille mètres carrés de boutique, planté comme une énorme verrue derrière l’Opéra Garnier, face aux Galeries Lafayette, et il y a la queue à six heures du soir. Ah non, m’exclamé-je, je ne veux pas attendre, pour une séance de cinéma d’accord, mais pas pour aller acheter une paire de jeans, rentrons tout de suite. Julie me lance un regard de reproche, Maman sois sympa, on ne fait jamais de courses ensemble, pour une fois, un peu de bonne volonté. Je ravale mon impatience, d’accord, marmonné-je, d’accord. Et nous voici parmi la foule qui attend sur le trottoir, cette foule qui n’est pas là par hasard mais parce qu’elle a été conditionnée, gavée dans la rue comme une oie, gavée par le bouche-à-oreille, les roulements de tambour, le marketing à tout crin, le matraquage publicitaire, les trompettes assourdissantes de la société de consommation. Nous attendons très peu, à peine trois minutes, les portes du magasin avalent les gens aussi vite qu’elles les recrachent, je regarde le logo aux couleurs du Japon qui s’étale sur la façade, six lettres blanches sur fond rouge, Uniqlo, Uniqlo. Nous entrons, montons un escalier tape-à-l’œil où filent les lettres digitales de Paris et Tokyo, et une fois à l’intérieur, l’espace donne le vertige.

    De gigantesques panneaux muraux indiquent que nous sommes à l’étage des hommes et que celui des femmes se trouve au sous-sol. Nous suivons le troupeau, descendons un autre escalier au pied duquel des bacs tout aussi gigantesques débordent de jeans aux couleurs criardes. La société de consommation est là, tentaculaire, étalée sous les néons, offerte aux mains innombrables qui attrapent une jambe de pantalon, le tournent, le retournent, le rejettent dans la pile, attrapent un autre article, recommencent. Je veux quitter cet univers de robots, mais Julie insiste, On n’a pas fait tout ça pour rien Maman, c’est décourageant, on y est, on y reste.

    On y est, on y reste… Il faut s’accrocher, subir le martèlement de la musique produite par des synthétiseurs (que j’entendrai passer en boucle tout le temps que nous resterons dans le magasin), évaluer dans un bac de promotions des pantalons qui ont tous la même forme, la même étiquette " made in China ", le même prix, les mêmes surpiqûres, la même coupe, large à la ceinture, étranglée à la cheville, C’est comme ça, m’explique Julie, c’est la mode slim, essaies-en un, il t’en faut un, regarde celui que j’ai trouvé, comme il est joli. D’accord, fais-je, vaincue, assommée par la musique, je l’essaie. Et je me dirige entre des panneaux vantant la qualité japonaise de la marchandise vers les cabines d’essayage, où il y a trente mètres de queue. Je me dis non, ce n’est pas possible, pas pour un jean fabriqué en Chine par les nouveaux esclaves du 21ème siècle, je renonce et reviens sur mes pas, et là Julie s’emporte, Enfin Maman, tu peux le passer dans un coin du magasin, à l’abri des regards, je te cache avec le châle. Ah non, m’insurgé-je, ça ne suffira pas, les mateurs sont partout, non, je vais l’essayer par-dessus mon vieux jean, c’est plus sûr, ça ira plus vite. Et me voilà enfilant le jean slim d’Uniqlo par-dessus mon jean que j’aime et que j’adore, mon vieux jean avec lequel j’ai grimpé au sommet d’un cerisier au printemps dernier, et que j’ai troué au genou gauche en redescendant, mon jean qui a une histoire, que je n’ai pas acheté dans un giga-magasin japonais, auquel je suis très attachée.

    Au début ça va. Ma jambe droite glissant sans effort dans le jean d’Uniqlo, j’y introduis la gauche, je saute un peu sur place pour faire venir le denim à hauteur du ventre, hop, hop, par petits bonds discrets et maîtrisés, ça y est, ça serre fort à la cheville mais j’arrive à boutonner l’affaire, Julie, comment ça me va ?, demandé-je. Super, Maman, ça te va super, allez, pour seulement dix euros prends-le, fais-moi plaisir, s’il te plaît. D’accord, dis-je, d’accord, je le prends, mais c’est vraiment parce que c’est toi.

    Seulement il y a un hic. Pour l’acheter, il faut pouvoir le retirer, et là, les amis, il faut se lever de bonne heure au pays du Soleil Levant. Je commence par faire glisser le slim sur les hanches en me tortillant, la musique infernale poursuit son travail insidieux de marteau-piqueur dans mon crâne, je fais glisser, plus bas, toujours plus bas sur les cuisses, puis les genoux, mais voilà que soudain, ça coince net à hauteur du mollet, impossible de dégager ma jambe de ce foutu jean japonais, je tire, je souffle, je recommence, impossible, à l’aide ! Ne t’énerve pas, me dit Julie accourue, je vais te sortir de là, Maman, tends ta jambe. Je tends la jambe droite, Julie tire des deux mains sur le bas du pantalon, on n’arrive à rien, ma jambe est coincée dans cette putain de gaine japonaise, qu’est ce que je leur ai fait, à ces faces de sushis, pour mériter ça, au secours ! Quand brusquement, une illumination me frappe. Euréka ! Banzaï ! Avisant un bac roulant bourré de marchandises, je saute dedans les fesses les premières, Julie, imploré-je, les jambes ballantes sortant du bac, tire maintenant sur mes jambes, vas-y, de toutes tes forces. Enfin Maman, comment veux-tu que je fasse un truc pareil, tout le monde va nous remarquer, répond-elle, vaguement inquiète. Je m’en fous, répliqué-je, tant mieux, tire, délivre-moi, je t’en supplie. Julie s’exécute, elle tire sur ma jambe droite et le bac se met à rouler, elle continue, tire, fort, de plus en plus fort, comme une sourde sur ma jambe, Ça y est, lui fais-je, ça vient, ça se décoince. Le bac roule entre les rayons avec Julie me tirant par la jambe, nous sommes l’attraction à l’étage, les gens regardent passer ce curieux attelage, les vendeurs se sont arrêtés de plier, le sourire aux lèvres. Finalement Julie me délivre de mon étau, le jean est tout tirebouchonné, il ressemble à un accordéon, je le prends, dis-je, regarde dans quel état il est, je ne vais pas le remettre dans le bac.

    Nous poireautons dans la queue qui serpente entre les bacs de promotions, il est dix-neuf heures trente, les vendeurs continuent de ranger la marchandise, lorsque j’avise une jeune vendeuse qui s’active à côté de moi. Je lui demande comment elle fait, toute la journée, pour supporter cette musique. – Elle est rythmée et ça m’aide à plier, me répond-elle, avec un léger accent.

    La caisse n° 6 me fait signe qu’elle est libre. Au moment de déposer la marchandise sur le comptoir, je me sens l’otage de la société consumériste, et sa complice.


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  • Ballade de deux Parisiennes – mère et fille- du côté d’un square pas comme les autres... C'est extra !


    Au bout du passage Brûlon se tient le square Léo Ferré dans le douzième arrondissement, délicieusement calme à cinq heures de l'apr ès-midi, à côté du jardin collectif de l'Aligresse, en retrait de l'agitation de la ville. Une rose rouge est accrochée au-dessus de la plaque nouvellement inaugurée. Le gardien est en train de fermer les accès, il est dix-sept heures, son trousseau de clés tinte dans sa poche, il s'éloigne vers la rue, nous laissant seules derrière les barrières, à contempler le square et ses bosquets d'arbres, ses trois petites plates-formes en bois montées sur des ressorts rouges, son allée que nous devinons derrière les arbres encore verts. Nous faisons le tour du square, croisons de rares passants, revenons sur nos pas et soudain ma fille me confie l'appareil, sa veste, son écharpe et me dit : "Prends des photos, j'y vais."

    Les cours de cirque ont du bon et ce n'est pas une petite barrière qui pourrait freiner son élan, ça non. La voilà de l'autre côté. Elle court en liberté, grimpe sur les plates-formes comme autrefois au square des Cloÿs, d'un mouvement de bascule les déséquilibre sous ses pieds, descend, s'échappe, court dans l'allée, disparaît derrière les arbres, revient, virevolte, repart. Plus tard, elle escalade la barrière en refusant mon aide, noue son écharpe, reprend son appareil. Nous flânons encore un peu, jusqu'à ce que les ombres du soir descendent lentement sur les arbres, la petite allée, les plates-formes, le jardin de l'Aligresse, la plaque du poète.


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  • Nouvelliste de talent, chroniqueuse rompue à toutes les propositions, c’est une voyageuse. Elle est à l’écoute du monde et aime ouvrir grands les yeux sur l’extérieur, parler des autres, parler aux autres. Aucun lieu n’est clos, l’inspiration lui vient de cette constellation de rencontres, de confrontations, de respirations qui font la vie. Elle écrit avec une sorte de jubilation qui réveille notre imaginaire et fait fructifier notre mémoire. Au café, elle nous surprend toujours avec son art de peindre le bonheur, de croquer le noir ou de caricaturer les mauvais esprits.

    Aujourd’hui, c’est son anniversaire. Un grand anniversaire. Nous le lui souhaitons très coloré.

     

     

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  • Après un long périple sur de lointaines pistes, un court-circuit vient perturber la réouverture du café. Patience donc et d’ici peu Suzanne Alvarez ouvrira le bal des 500 de Calipso.


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  • C’est au tour d’Ysiad d’entrer dans la danse. Et c’est pas triste.


     

    Attention les oreilles !

     

     

    Ce matin, Claude Brasseur m’a écrit. Non pour me proposer une invitation gratuite pour son prochain spectacle, mais pour me signaler qu’à partir de 50 ans, attention, mes capacités auditives vont sacrément flancher, et qu’une bonne audition, c’est essentiel pour bien communiquer avec ses proches. J’ai donc droit, avant de me visser d’office le cornet acoustique dans l’oreille, à un test auditif gratuit chez Audio 2000 jusqu’au 30 novembre 2009, accompagné d’un bulletin à remplir pour un grand-jeu concours sans obligation d’achat pour rafler une croisière en Méditerranée. Trop sympa. J’ai donc pris ma plume pour lui répondre.

     

    Cher Claude Brasseur,

     

    Tout d’abord, je tiens à vous remercier de vous préoccuper de ma santé auditive. Sans vous, je crois bien que personne n’y aurait pensé. C’est très important, l’audition, dans notre monde de communicants, et vous avez bien raison de vous être recyclé dans la prothèse chez Audio 2000, comme Johnny dans la lunette chez Optique 2000. C’est vrai ça, déjà que c’est pas drôle d’entendre bezef, si en plus on n’y voit pas clair, je vous raconte pas la vie qu’on a en ville, avec tous ces dingues qui passent au rouge et tous ces sifflets d’agent pour vous inciter à marcher dans les clous. Si j’étais vous, j’étudierais aussi le créneau des pompes funèbres, c’est bien aussi, pour que les gens ils puissent aller direct chez Cercueil 2000 histoire de choisir le leur avant de casser leur pipe, vous devriez y penser après la prothèse auditive. Je vous dis ça, c’est à vous de voir, bien sûr, mais ça pourrait être un débouché intéressant pour la suite. Vous pourriez même faire un partenariat avec Johnny, pourquoi pas, à deux sur le dépliant, bien bronzés et souriants sur fond de dalles funéraires, je suis sûre que personne n’hésiterait plus à aller choisir sa stèle.

     

    Bon alors je voudrais bien foncer de suite chez Audio 2000 comme vous me le conseillez si gentiment en souriant tel un bon gros toutou sur la première page, mais j’ai pas encore les portugaises bouchées malgré mes bientôt cinquante piges. J’entends vachement bien tous les bruits de la ville. Paf ! Mon ouïe démarre au quart de tour au premier déclenchement de sirène d’une bagnole, ouiiiin, ouiiiin, réveillée net, idem avec le pin-pon des pompiers, les pouêt-pouêt et les couin-couin des klaxons place de la Concorde à 18 heures, les A bas les licenciements ! de plus en plus fréquents des manifestants, les Racatacatac ! des marteaux-piqueurs sur la chaussée, les iiiiiiiiiiiiiiiiii du métro au moment de freiner, je capte tout, même le miaaaôôww cruel et féroce du chat-tigre affamé devant sa gamelle vide à la tombée de la nuit. Tout, j’entends tout, le sifflement de la cocotte, la radio qui crachote, la vioque du 5ème qui yoyote, les jeunes du dessus qui fricotent. Cela dit, rien que pour vous faire encore plus sourire, j’irai déposer mon bulletin chez Audio 2000 pour gagner la croisière de quatre jours pour deux en Méditerranée parce que votre offre, elle est pas tombée dans l’oreille d’un sourd.

    Auditivement vôtre,


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  • Pour cette fin de semaine le café affiche au menu une véritable évaluation des préoccupations de la population avec la prise en compte effective de l’effort prioritaire qui doit être mené en faveur du statut précaire des exclus, réflexion qui bien sûr se prévaut d’intégrer dans sa finalisation globale un plan correspondant véritablement aux exigences légitimes de chacun et qui en un mot viendra soutenir un projet d’avenir porteur de véritables espoirs dans lequel jeunes et seniors pourront enfin retrouver toute leur dignité.

    C’est en toute connaissance de cause que Danielle Akakpo a accepté ce jour d’être à vos côtés dans la recherche de cette réponse juste, humaine et fraternelle qui nous tourmente tant : quelle est aujourd’hui la véritable place du consommateur dans un corpus social en pleine déliquescence ?

     

                                                                               * * *

     

    Vous avez soixante printemps, vous avez passé ce cap ? Alors vous avez sans doute reçu les mêmes coups de fil que ceux dont je vais vous entretenir ci-après. Les premiers m’ont mise en rogne. Les suivants m’ont permis d’affiner une technique propre à me mettre en joie. Jugez plutôt.

     

    - Allo, monsieur ou madame Ak, Ak, Ak…

    En général, je prends pitié et je termine :

    - Madame Aka(k)po (eh oui, on ne prononce pas le second k, quand on le sait, c’est hyper simple)

    - Françoise Truc de l’institut de sondage Machin. Nous faisons actuellement une enquête sur la consommation des ménages. Avez-vous quelques minutes à me consacrer ?

    (Cet appel était le tout premier appel du genre.)

    - Ma foi, s’il ne s’agit que de quelques minutes… ( C’est bien de montrer qu’on n’a pas que ça à faire mais qu’on sait faire preuve de bonne volonté. Et puis, on ne sait jamais, s’il y avait un petit cadeau à la clé ?)

    - Puis-je me permettre de vous demander, madame, si vous avez moins de soixante ans ? (Question bien indiscrète ! Est-ce que je lui demande son âge, moi, à madame Truc ? )

    - Hélas, non. (Pourquoi je dis hélas ? J’assume parfaitement mon âge, je suis une heureuse retraitée, bien dans sa peau et très occupée !)

    - Ah… (Temps mort au bout du fil). Je suis désolée, vous n’êtes pas concernée par notre sondage. Au revoir.

    Furieuse, je me tourne vers mon mari et explose :

    - Tu comprends ça, toi, ça ne te fait pas bondir ? À partir de soixante ans, on est exclu des enquêtes sur la consommation des ménages. Qu’est-ce qu’ils croient ? Qu’on se nourrit uniquement d’un bol de soupe et de biscottes ? Ont-ils peur de nous entendre larmoyer qu’on va au marché sur le coup de midi chercher des fruits et légumes au rabais, ou que l’on en est réduit à fouiller les poubelles des grandes surfaces ?

    Quelques jours plus tard, dring… de nouveau.

    - Bonjour ! Marie Chose de l’association Pierre et béton. Nous lançons une vaste consultation sur le logement. Puis-je vous poser quelques questions ?

    Je refais mon cirque :

    - Ma foi, s’il ne s’agit que de quelques questions…

    - Tout d’abord, quelle est votre profession ?

    Ça ne me met même pas la puce à l’oreille et je claironne :

    - Retraitée.

    - Je regrette, notre consultation ne vous concerne pas.

    Et vlan, elle me raccroche au nez.

    Un peu fort de café ! Un retraité, qu’il crèche dans une villa, un F5, un studio, une cabane à lapins, Pierre et béton n’en a rien à faire.

    Idem pour l’enquête sur le vêtement. Mauvais sujet, la mamie sexagénaire qui doit sûrement déambuler en robe-tablier et charentaises ! La mode, elle connaît pas, la mamie !

    Au quatrième coup de fil du même type, j’ai pris les devants. Au mot enquête, j’ai coupé la parole à miss Truc Machin de la banque Tralala.

    - Je suis retraitée, je ne vous intéresse pas !

    - Heu, ce n’est pas ça, madame. Mais…. je suis chargée de contacter les vingt-cinq quarante ans et… et... c’est un collègue qui s’occupe des soixante ans et plus.

    Mon œil ! Enfin elle a fait un effort de politesse, celle-là. Pour sa peine, je lui souhaite gentiment une bonne fin d’après-midi sans lui raccrocher au nez. Mais je fourbis mes armes pour la prochaine.

    Pas plus tard qu’hier, 19h, dring… Encore un sondage pour… je n’ai même pas écouté la suite, impatiente d’entendre la question clé.

    - Vous avez moins de soixante ans, madame ?

    - Non, madame.

    - Ah… votre mari peut-être ?

    - Pas de chance. À trente ans, j’étais bien amoureuse d’un de mes élèves de 6ème mais je n’ai pas eu la patience d’attendre sa majorité. J’ai épousé un collègue. (Pure affabulation, je précise !)

    Elle persiste.

    - Vos enfants alors ?

    - Allons, mon petit, à notre âge, vous nous imaginez avec des enfants au berceau ?

    Elle en tient une bonne couche la sondeuse, elle s’enferre.

    - Il n’y a vraiment personne de moins de quarante ans à votre domicile ?

    Je retiens mon souffle quelques secondes et je lance.

    - Ah mais si, que je suis bête… mon poisson rouge !

    Et j’éclate de rire avant de reposer le combiné.

    Tout compte fait, ils ont bien raison, ces enquêteurs qui refusent d’interroger les plus de soixante ans ! Certains d’entre eux sont vraiment odieux !

     


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  • La poésie est à l'honneur ce soir avec Régine Garcia en maîtresse d'oeuvre... 

    Terre de chair


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  • Le menu du jour nous a été préparé par Claude BACHELIER. Vous pouvez passer à table quand bon vous semble. Bon appétit.

     

     

    Ah non Madame, ah non !!

     

     

    Tout avait commencé un dimanche midi. Pierre et Chantal avaient invité un couple d’amis, lequel couple devait amener un autre couple dont il disait le plus grand bien. La journée était printanière, avec juste ce qu’il faut de chaleur pour déjeuner sur la terrasse de leur maison de campagne, avec vue exceptionnelle sur le Gleyzin encore enneigé. La longue vue était prête et avec un peu de chance, les invités pourraient apercevoir quelques chamois.

    Pierre et Chantal avaient bien fait les choses, mais sans exagération. Tout devait être dans la simplicité et la bonne humeur. Même si simplicité ne veut pas dire rusticité et bonne humeur laisser aller.

    Pour le repas, Chantal s’était inspirée d’un film, " le festin de Babette ". En entrée, des galettes Demidof, délicieux mélange de truffes et de salade croquante ; puis des pigeons en sarcophage : imaginez : pigeon, foie gras, poires… Pour le dessert, un sorbet au thé vert avec des fruits exotiques. Chantal n’étant pas ce que l’on pourrait appeler un cordon bleu, elle avait demandé à l’une de ses connaissances de venir préparer le repas. De plus, cela lui permettrait de rester à table avec ses invités.

    Pierre, lui, avait sorti de sa cave quelques-unes une de ses meilleures bouteilles : pour l’apéritif, un Roédérer millésimé ; pour les galettes un Nuit Saint Georges 78 ; pour les pigeons un Cos d’Estournel 86, un deuxième cru classé de Saint Estèphe qu’il avait acheté lui-même à la propriété et dont la seule évocation le faisait saliver d’avance. Pour terminer, un cognac particulièrement fruité qui accompagnerait à la perfection les Quais d’Orsay, des Havanes dont il était très fier.

    Chantal avait revêtu pour la circonstance ce petit ensemble de chez Jean Paul Gauthier qui lui va si bien et Pierre un ensemble en lin de la meilleure tenue et dans lequel– toute modestie mise à part- il se trouvait plutôt bien.

    La journée se présentait donc sous les meilleurs auspices, d’autant que les invités étaient arrivés avec quelques minutes de retard, signe extérieur d’une bonne éducation. Les épouses de ces messieurs avaient amené à Chantal de superbes roses, tandis que Pierre se voyait offrir un vin californien, vin qu’il avait découvert et apprécié lors de son dernier voyage aux Etats Unis.

    L’ambiance était plutôt chaleureuse, décontractée même. Le champagne, parfaitement frais, se laissait boire avec gourmandise. Chacun des invités complimenta la maîtresse de maison sur la façon exquise avec laquelle elle avait dressé la table. Il est vrai que les trois verres en cristal de Bohème de chaque convive devant des assiettes en véritable porcelaine de Limoges, tout comme les couverts en argent, en imposaient.

    Comme il est d’usage en début de repas, la conversation était gaie, de bon aloi, ce qui laissait toute sa place pour apprécier le croquant des truffes et la légèreté du Nuit Saint Georges.

    Le petit vent qui se mit à souffler délicatement apporta à chaque convive un surplus de bien être, comme une sensation que le temps s’était arrêté et que plus rien ne pouvait arriver.

    Après que Pierre eut servi le Cos d’Estournel en donnant quelques détails sur ce fabuleux vin, chaque convive eut un mot aimable mais néanmoins sincère sur les talents de la cuisinière. Tout en écoutant sans vraiment l’entendre un des invités raconter son dernier voyage, Pierre savourait le pigeon en sarcophage. Il y avait bien longtemps qu’il n’avait mangé quelque chose d’aussi bon. Soudain, sa voisine de droite prit délicatement la carafe et au lieu de verser l’eau dans le verre prévu pour cela, elle s’apprêtait à là verser dans le verre rempli aux trois quarts de ce Cos d’Estournel béni des dieux !

     

    Ah non, Madame, ah non !!!!!


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  • Vacances ou pas, à la radio on continue à nous informer sur la marche du monde et à nous éclairer sur sa dégradation. La nouvelle du jour vaut son pesant d’hosties et comme vous n’y avez sans doute pas prêté attention Ysiad, qui officie ici-bas même le dimanche nous en propose un bref résumé enrichi de pieux commentaires.


    Sondage IFLOP

      

    Dimanche 16 août, beau temps sur la ville. En prenant, encore somnolente, mon petit-déjeuner ce matin en compagnie de France Inter, voilà t-y pas qu’un type de l’institut de sondage IFLOP me tire de mon brouillard en m’annonçant qu’en France, le " stock de catholiques subit une baisse tendancielle ". Argh. Gloup. Réveillée net. Par un stock de catholiques, qui subit une baisse tendancielle.

    Ça se corse.

    Analysons. Baisse tendancielle. Pour la baisse, c’est normal. Même si on nous dit que ça va mieux, que ça repart un peu dans notre beau pays, on doit rester sur nos gardes. On est en temps de crise, ne l’oublions pas. On ne s’attendait pas à ce que le stock de catholiques parte en flèche un 16 août 2009. Boum ! Gisement de catholiques ! Il en vient de partout ! Faut écouler ! Donne moi un litre d’huile, j’ te file deux catholiques… Et puis quoi encore ? La baisse, c’est pour TOUS les stocks. Et puis c’est tendanciel. Attention. C’est l’IFLOP qui le dit. Ecoutez donc ! Même le stock de catholiques y passe ! Ouais. Tous les stocks baissent, alors pourquoi le stock de catholiques, y résisterait mieux que les autres ? Hein ? A la trappe aussi, le stock des catholiques ! Zou ! Pour tout le monde pareil.

    Stock de catholiques, stock de catholiques... C’est vrai, ça. On a bien un stock de patates, dans la réserve. Un stock de nouilles aussi. De chocolat au lait. Gourmands, va. Et un stock de pots de confiture en pagaille sur l’étagère du dessus. L’hiver, c’est long, faut faire des provisions. Pourquoi qu’on aurait pas un stock de catholiques en réserve aussi ? T’en es où, toi, Patrick, avec ton stock de catholiques ? – Ben… Faut qu’je compte. Ça baisse. – T’in ! Moi pareil. Que des vieux au fond de l’église. Des croulants. Passeront pas l’hiver, j’te dis ! Ah la la. Paraît que c’est tendanciel…

    Dites voir, vous en êtes où, vous, avec votre stock de catholiques ? Savez pas ? Z’êtes pas allé voir ? Ben quoi ? Vous attendez qu’y en ait plus du tout, des catholiques ? Et vous faites pareil, avec votre réservoir d’essence ? Faut vérifier des fois. Si vous vérifiez pas, si vous avez pas regonflé vot’ stock de catholiques pour l’année prochaine, la procession du 15 août en 2010, vous pouvez tout de suite l’oublier ! N’allez pas vous plaindre après. Le sondeur de l’IFLOP vous avait pourtant mis en garde.

    Faudrait écrire à l’IFLOP. Lancer une pétition pour refaire le stock de catholiques, malgré la baisse tendancielle.


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  • Allez savoir pourquoi durant les grandes migrations de l’été on raconte autant d’histoires de chats dans les cafés et salons ? Tenez, chez Françoise, notre charmante voisine qui tient un comptoir où les mots comptent doubles, eh bien en ce mois d’août c’est un véritable défilé de minets et de matous qui nous est proposé. Chacun peut y aller de son coup de patte à condition de le décliner en mille caractères, pas plus, pas moins. Un format carte postale en quelque sorte. A propos de carte, Ysiad nous en a envoyée une bien belle qui ne manquera pas de surprendre le lecteur.

     

     

    Mon chéri


    Je vous présente aujourd'hui mon chéri, celui qui n'oublie pas ses clés dans la serrure ni de quoi écrire le jour du contrôle de rédac', ne m'envoie pas de SMS à 3h17 le matin pour me dire que tout baigne, ne décapite pas l'orchidée d'un violent lancer d'éponge sale dans l'évier, ne m'oblige pas à m'égosiller pour sonner le rappel du dîner, ne se maquille ni ne se parfume outrageusement pour attirer le sexe opposé, ne me fait pas croire qu'il a pris son bain en me faisant respirer ses avant-bras qu'il vient de plonger dans une bassine d'eau à la lavande, ne laisse pas sa clé USB avec un an de travail traîner dans sa poche de chemise avant le lavage à 40°, ne me donne pas de bourrades dans le dos ni ne me traite de "p'tite Mé", ne me dit pas que mes patates sont cramées ou que ma tambouille est fade ou qu'il/elle en a marre des spaghettis "alla Mama", ne me taxe pas 10 euros dès que j'ai le dos tourné pour s'acheter de la crème de coco à 14°, ne me demande pas de lui rédiger un mot d'excuse pour le/la dispenser de gym, ne me glisse jamais à l'oreille qu'il/elle a eu 2 en physique mais qu'il faut absolument attendre avant de l'annoncer au père, ne fume ni ne boit en cachette, ne laisse pas les emballages vides des tablettes de chocolat et des paquets de gâteaux comme de fausses promesses dans le garde-manger, ne planque pas en tapons son linge sale sous le meuble de la salle de bain ni ne sème ses chaussettes trouées dans l'appartement, ne jette pas mon paquet de cigarettes dans un brusque élan pour me sauver la vie ni ne défenestre aucun de ses slips, CD, agenda, mouchoirs sales, ne prend pas un air consterné quand je découvre l'existence d'un groupe de rock "incontournable", ne racle pas la poële avec les dents de la fourchette en sifflotant, ne commence pas la bouteille de Smoothie en buvant à même le goulot, ne se fait pas cuire un steak à dix-sept heures parce qu'il est parti le ventre vide à son épreuve de bac, mais fait sa toilette tous les jours, mange sans éructer ni grogner, lentement, méthodiquement, ronronne quand il le faut, se meut avec grâce, miaule à bon escient, me traite avec égard et vient me tenir compagnie quand, après une journée d'ennui absolu, je m'allonge sur le canapé pour regarder une comédie avec Peter Sellers.

    Patou.
    Si ça continue comme ça, je crois que je vais l'épouser.

    Ysiad



    Supplément d’été : le coup de griffe de chez Reuters

     

    Ghana - Une jeune femme a épousé son chien lors d’une cérémonie traditionnelle après avoir reconnu en l'animal toutes les qualités de son défunt père.

    Emily M, 29 ans, s’est mariée avec son chien de 18 mois lors d’une cérémonie présidée par un prêtre traditionnel et des villageois curieux. Le prêtre a interdit aux personnes présentes de rire de la situation, mais leur a demandé de se réjouir plutôt du bonheur de la jeune femme. Le frère de la jeune mariée a déclaré que la famille avait boycotté le mariage car elle le considérait comme "un acte stupide pour lutter contre la solitude". Mais Emily M. s’est justifiée en expliquant qu’elle avait longtemps prié pour trouver un partenaire de vie à l’image de son père : fidèle, respectueux et qui n’a jamais abandonné sa femme et qu'elle avait reconnu ces qualités en son animal de compagnie.

    De plus, elle a raconté avoir fréquenté beaucoup d'hommes qui se sont tous révélés menteurs et infidèles. Tout le contraire de son chien, qui la respecterait et lui porterait de l'attention. Et quand la question des enfants est posée, elle répond : "Nous allons adopter".


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