• A la bonne franquette


    Le menu du jour nous a été préparé par Claude BACHELIER. Vous pouvez passer à table quand bon vous semble. Bon appétit.

     

     

    Ah non Madame, ah non !!

     

     

    Tout avait commencé un dimanche midi. Pierre et Chantal avaient invité un couple d’amis, lequel couple devait amener un autre couple dont il disait le plus grand bien. La journée était printanière, avec juste ce qu’il faut de chaleur pour déjeuner sur la terrasse de leur maison de campagne, avec vue exceptionnelle sur le Gleyzin encore enneigé. La longue vue était prête et avec un peu de chance, les invités pourraient apercevoir quelques chamois.

    Pierre et Chantal avaient bien fait les choses, mais sans exagération. Tout devait être dans la simplicité et la bonne humeur. Même si simplicité ne veut pas dire rusticité et bonne humeur laisser aller.

    Pour le repas, Chantal s’était inspirée d’un film, " le festin de Babette ". En entrée, des galettes Demidof, délicieux mélange de truffes et de salade croquante ; puis des pigeons en sarcophage : imaginez : pigeon, foie gras, poires… Pour le dessert, un sorbet au thé vert avec des fruits exotiques. Chantal n’étant pas ce que l’on pourrait appeler un cordon bleu, elle avait demandé à l’une de ses connaissances de venir préparer le repas. De plus, cela lui permettrait de rester à table avec ses invités.

    Pierre, lui, avait sorti de sa cave quelques-unes une de ses meilleures bouteilles : pour l’apéritif, un Roédérer millésimé ; pour les galettes un Nuit Saint Georges 78 ; pour les pigeons un Cos d’Estournel 86, un deuxième cru classé de Saint Estèphe qu’il avait acheté lui-même à la propriété et dont la seule évocation le faisait saliver d’avance. Pour terminer, un cognac particulièrement fruité qui accompagnerait à la perfection les Quais d’Orsay, des Havanes dont il était très fier.

    Chantal avait revêtu pour la circonstance ce petit ensemble de chez Jean Paul Gauthier qui lui va si bien et Pierre un ensemble en lin de la meilleure tenue et dans lequel– toute modestie mise à part- il se trouvait plutôt bien.

    La journée se présentait donc sous les meilleurs auspices, d’autant que les invités étaient arrivés avec quelques minutes de retard, signe extérieur d’une bonne éducation. Les épouses de ces messieurs avaient amené à Chantal de superbes roses, tandis que Pierre se voyait offrir un vin californien, vin qu’il avait découvert et apprécié lors de son dernier voyage aux Etats Unis.

    L’ambiance était plutôt chaleureuse, décontractée même. Le champagne, parfaitement frais, se laissait boire avec gourmandise. Chacun des invités complimenta la maîtresse de maison sur la façon exquise avec laquelle elle avait dressé la table. Il est vrai que les trois verres en cristal de Bohème de chaque convive devant des assiettes en véritable porcelaine de Limoges, tout comme les couverts en argent, en imposaient.

    Comme il est d’usage en début de repas, la conversation était gaie, de bon aloi, ce qui laissait toute sa place pour apprécier le croquant des truffes et la légèreté du Nuit Saint Georges.

    Le petit vent qui se mit à souffler délicatement apporta à chaque convive un surplus de bien être, comme une sensation que le temps s’était arrêté et que plus rien ne pouvait arriver.

    Après que Pierre eut servi le Cos d’Estournel en donnant quelques détails sur ce fabuleux vin, chaque convive eut un mot aimable mais néanmoins sincère sur les talents de la cuisinière. Tout en écoutant sans vraiment l’entendre un des invités raconter son dernier voyage, Pierre savourait le pigeon en sarcophage. Il y avait bien longtemps qu’il n’avait mangé quelque chose d’aussi bon. Soudain, sa voisine de droite prit délicatement la carafe et au lieu de verser l’eau dans le verre prévu pour cela, elle s’apprêtait à là verser dans le verre rempli aux trois quarts de ce Cos d’Estournel béni des dieux !

     

    Ah non, Madame, ah non !!!!!


  • Commentaires

    1
    Lundi 31 Août 2009 à 08:25
    Ysiad: un 99 devrait pouvoir suffire à votre bonheur; il y a bien le 2005 mais vraiment trop jeune pour le boire... quant au pigeaon en sarcophage, tout est dans la cuisson: essayez, vous m'en direz des nouvelles... bien à vous
    2
    Lundi 31 Août 2009 à 08:29
    une précision utile: pour un Nuit St Georges 78 (une très bonne année mais sans plus) il faut quand même compter un mini de 80 à 100€ la bouteille!!!!
    3
    Lundi 31 Août 2009 à 14:52
    Isyad, mes connaissances en matière d'oenologie sont quelque peu limitées; cependant il me semble que 1978 ou 1995 sont de bons millésimes; 2005 aussi, mais dans ce cas, il faut attendre avant que de le boire: en effet le Nuit St Georges est un vin de garde, de grande garde même: un minimum de 12 à 15 années est nécessaire. mais si je puis me permettre un conseil: si vous voulez monter une cave, il faut commencer modeste avec des vins moins complexes et surtout moins chers... chez "vins Nicolas", en général on y trouve de bons conseils sans pour autant être poussé à la consommation... bonnes dégustations...
    4
    Lundi 31 Août 2009 à 19:03

    Joël Hamm pour la JAZZerie vous recommande d’aller sur le site

    http://www.jazzabeaune.fr afin d’y découvrir le programme du 9ème festival "Jazz à Beaune et Grands vins de Bourgogne" qui débute le 10 septembre. Un week-end à Beaune pour y écouter de très bons musiciens (2 concerts par soirée + dégustation de grands vins) ce n'est pas une mauvaise idée, après tout. Ne pas hésiter à diffuser la bonne nouvelle. Bien musicalement…
    5
    Mardi 1er Septembre 2009 à 09:59
    Ysiad: je ne sais pas quel accueil vous aurez dans ce genre de magasins, mais en général les gérants sont plutôt gens aimables... et me semble que l'intéret d'un commerçant est de bien accueillir, surtout dans ce genre de commerce. C'est bien connu, il faut semer avent de récolter...
    6
    sardine
    Samedi 23 Août 2014 à 18:28
    ??????
    7
    Valérie A.
    Samedi 23 Août 2014 à 18:28
    ... et lors d'un tel repas, il aurait pu ajouter : l'eau, uniquement pour un usage externe, s'il-vous-plaît !   


    8
    ysiad
    Samedi 23 Août 2014 à 18:28

    Pigeon en sarcophage, ça me dit trop rien, je serais plutôt pigeonneau au petit pois ou caille en sarcophage, par contre votre Nuit St Georges 78, ça fait voyager, si vous me dites que c'est une grande année je sais ce que je vais demander pour mon anniversaire. J'aime bcp les Bourgogne légers, c'est très rare et c'est vrai que le Nuit St Georges ne donne pas mal à la tête.

    9
    ysiad
    Samedi 23 Août 2014 à 18:28
    Merci pour ces précisions Claude, je voudrais une très bonne année (la meilleure si possible!) et si possible aussi le ou les meilleurs domaines et savoir combien de temps je peux le laisser en cave car on m'a dit que ce vin n'attendait pas trop. C'est tout comme question.
    Je commence une cave à vin, c'est pour ça.
    10
    ysiad
    Samedi 23 Août 2014 à 18:28

    ça se tient mais je préfère tt de suite acheter du bon, si j'attends d'avoir 70 ans pour acheter du N. St G, en tenant compte des années de garde j'aurai cassé ma pipe avant de pouvoir le déguster, tandis que si j'achète maintenant et que je le garde bien précieusement, qd mes enfants se marieront je sortirai mes bonnes bouteilles pour l'occasion. C'est un raisonnement de comptable mais je suis dans la comptabilité. J'ai noté aussi Clos d'Estournel. Je vais chercher (aller chez Nicolas ça me dit pas trop, rien que le nom et puis si je demande des infos et qu'au bout d'A h je n'achète rien ils vont faire la tronche...)

    11
    AXEL
    Samedi 23 Août 2014 à 18:28
    Quand on a lu le superbe texte de Patrick L'Ecolier et que l'on passe "A la bonne franquette", la déception est de taille devant la platitude de ce nouveau texte. J'espère que son auteur ne nous fera pas souffrir en enchaînant sur le goûter et le dîner...
    Il est heureux pour lui, qu'une petite cour fidèle l'encense pour flatter son égo.
    12
    ysiad
    Samedi 23 Août 2014 à 18:28

    Merci Joël par l'intermédiaire de Patrick pour JazzaBeaune, noté pour l'année prochaine, ça m'a l'air très très bien.

    13
    ysiad
    Samedi 23 Août 2014 à 18:28
    Il faut semer avant de récolter, et goûter avant d'acheter. Et Nicolas n'organise pas de dégustations comme dans le terroir. A fond je préfère aller dans le terroir à l'occasion d'un festival pour faire mon choix à tête reposée.
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