•  

     

     

     

     

     

    Dans le règlement des concours de nouvelles de l'association calipso, les membres du jury sont conviés chaque année à présenter hors concours une œuvre sur le thème choisi. De plus, parmi les nouvelles reçues, il est spécifié que deux ou trois d'entre elles peuvent faire l'objet d'une publication hors concours. Nous vous proposons de retrouver ici quelques extraits de ces nouvelles publiées hors concours.

     

     

    Extraits de nouvelles publiées hors concours

     

     

    Clotilde AUBRIER " Un point c’est tout "

     

    Dimanche soir. Déjà tout noir. Ne sont pas encore rentrés.

    Le père, la mère. Le petit frère aussi. Trop petit pour rester, dit la mère. Dit la mère sans la regarder, la petite à ses côtés. Alors que vous, les grands, hein ?... vous savez bien vous débrouiller ! Depuis toujours ils se débrouillent, la soeur, le frère aîné et elle la petite, toujours appelée la petite. Mais si je suis petite, pourquoi elle m’emmène pas aussi avec elle ? Dis-maman-si-je-suis-encore-petite-pourquoi-j’pars-jamais avec vous ? Pousse-toi, veux-tu ? Tu vois bien que je suis occupée ! Elle prend une robe de soie rouge, la dépose délicatement dans la valise, hésite entre une jupe soleil et un fourreau noir, opte finalement pour un tailleur nacré. Avec mon foulard Hermès, ce sera parfait ! Se demande si elle doit prendre sa petite veste en mohair, on sait jamais le temps qu’il fera, chaud ? Froid ? Au printemps, c’est agaçant, on peut jamais savoir, oh ! C’est agaçant !... Ne t’assieds pas sur la malle, veux-tu? C’est fragile et tu le sais ! Elle ouvre la grande porte miroir de l’armoire. Dis, maman, j’peux regarder tes secrets dans la malle ? Ce n’est pas le moment, elle dit, tu vois bien, tu vois bien que je suis très occupée. Elle dit ça sans la regarder, la petite à ses côtés. Et quelles chaussures emporter ? Les chaussures, c’est toujours un problème ! Tu verras quand tu seras grande... les bottines noires, oui, je les prends, les escarpins lézard aussi, et des mocassins, si jamais il pleut, et mes sandales dorées, ça ! Je ne partirai jamais sans mes petites sandales dorées ! Dis-Maman-pourquoi... A Florence, je les ai mises tous les jours, tu te rends compte ! Pousse-toi, veux-tu ? Et si je prenais aussi les talons aiguilles? ...Maman, dis ! si je suis encore petite, pourquoi... Non! c’est mieux les vernis noirs, c’est plus chic...surtout si on va dans cet hôtel... Oh la la, je suis éreintée...

    Elle s’allonge. Ferme les yeux. Dis-maman, si je suis encore si petite, pourquoi que je ... Ferme la porte, veux-tu? Tu vois bien que je suis fatiguée...Tous ces préparatifs, c’est épuisant...

    Maman, t’es où ?

    C’est la nuit. Elle attend. Attend qu’ils reviennent. Attend qu’ELLE revienne. Les deux mains accrochées à la balustrade du balcon. Elle écoute, penche sa tête du haut du dixième étage pour voir... Rien, silence, moiteur du printemps, personne, toute seule, elle attend, attend qu’ils reviennent, les autres dorment, le frère, la soeur, ils dorment, ne l’ont pas vue se lever. Tout le monde dort, pas une lumière dans la maison d’en face. A côté, dans l’immeuble des Bertin, c’est tout noir aussi, Nadine, tu dors ?... Silence. Des pierres dans le ventre. Blottie sur le balcon. Elle attend. Ne sait même pas où ils sont partis. Disparus, ni vu ni connu, pendant son sommeil. Hier, avant-hier, ne sait plus. Dis, papa, c’est quand avant-hier ?... et avant avant- hier, c’est quand? Tais-toi ! Mange et tais-toi.

    Silence... ça tape dans sa tête...non, dans le ventre, ne sais pas, ne sais plus...Quand je serai grande, je partirai !

     

    Isabelle POYAU " 249 $ "

    " Deux cent quarante neuf dollars, c’est rien. Tu pars le vendredi, tu reviens le lundi. Deux cent quarante neuf dollars, tu peux aussi bien dépenser ça en un week-end à Montréal. Là-bas, tu n’auras rien à dépenser. Une ou deux bouteilles de vin, c’est tout. Et tu verras Thierry et Sandrine, et ta filleule qui vient de naître, que t’as jamais vue. Tu devrais y aller. Tu as le droit de le faire. " Et puis Pierre a passé les douanes, sans se retourner, me laissant seule avec ça sur les bras.

    J’ai tourné en rond dans l’aéroport Dorval, comme si le fait de rester dans ce lieu me permettait de m’imprégner de l’idée de mon propre départ. Comme pour me tester. Et si, dans cinq jours, c’était moi qui partait ? Comment me sentirais-je ?

    Je suis rentrée dans cet appartement de Montréal qui n’est pas le mien, où je passerai, peut-être, une semaine en attendant le retour de Pierre de Cuba. À moins qu’à mon tour, je prenne l’avion. Dans cinq jours, pour un week-end à Paris. Pour 249$. Pierre avait déjà tout organisé. Je gare la voiture à l’aéroport. Je laisse un message dans la boîte vocale pour dire où elle est, et la clé de l’appartement de Julie dans la boîte à gants. À son arrivée, il interrogera le répondeur et utilisera son double pour récupérer la voiture. Il viendra me chercher à l’aéroport le lendemain. C’est simple.

    Non, c’est compliqué. Je trouve ça compliqué et difficile. Et je tourne maintenant en rond dans l’appartement de Julie.

    Je m’étais efforcée de voir cette semaine à Montréal comme une bonne occasion de me vider la tête. Par un hasard inexplicable, ils étaient tous partis et j’étais seule. Mon mari, Pierre, en vacances à Cuba avec un copain pour une semaine, ma meilleure amie, Julie, partie depuis deux mois rejoindre son amoureux à Vancouver, mon amant, Martin en voyage d’affaires au Portugal. Je pouvais profiter de l’appartement de Julie… Pourquoi retourner chez nous, à la campagne, à 400 Km de Montréal quand je peux me fondre dans l’effervescence de la ville et y attendre le retour de Pierre ? Une bonne façon de commencer mes deux mois de vacances, en somme. Après, il n’y aurais plus que deux semaines à attendre avant notre départ pour la Thaïlande.

    Je tourne en rond dans l’appartement de Julie. Je ne sais plus si j’ai envie de me soûler (il faut que je sorte acheter de la bière !) ou de m’écraser dans le sofa pour regarder la télé (je ne connais même pas le numéro des chaînes à Montréal!) ou de fumer une clope (non, j’ai arrêté !). Ou d’utiliser la clé de Martin, aller chez lui respirer l’odeur de ses oreillers et parcourir sa bibliothèque du regard en touchant ses livres du bout des doigts. En ouvrir un au hasard, y trouver une vieille carte postale signée d’un ami que je ne connais pas. M’asseoir à son bureau, penser à ce qu’il pense quand il est assis ici. Quand il m’écrit un mot sur Internet que je reçois dans ma campagne, avec la peur vague que Pierre me surprenne à lire son bref message qui en dit long.

     

    Marie Thérèse JACQUET " Allumez le four ! "

     

    Je vous tâte, je vous pétris. J'imagine que vos verres en sont tout farineux et que si vous pouviez parler, émettre plaintes et requêtes, vous réclameriez un traitement à la chiffonnette, une douche au Spray Clearme, un trempage intégral dans une chimie adéquate.

    Le humains sont ingrats, chères lunettes. Les humains sont ingrats mais s'attachent aux objets... à leur façon. J'affirme que je vous ai aimées, mes mies, d'un amour constant et rapproché, allant jusqu'à vous chercher quand je vous avais sur le nez. Soupirons... il en est ainsi : on ne voit pas ceux qui vous servent le mieux.

    Au début de notre relation, je vous ai subies comme on subit les éléments naturels, les aléas de la vie, l'accumulation des années. Aujourd'hui, c'est à peine si je vous vois. Vous ne m'êtes plus d'aucun secours.

    J'ai de la peine, cependant à me séparer de vous, comme lorsque j'allais faire piquer mes chiens chassieux, goitreux ou cancéreux. Sans emploi, vous vous seriez encroûtées.

    Je vous range dans votre étui à ressort, votre sarcophage Stéroflex bien que de chair vous n'ayez miette. Je pose sur vos cercles jumeaux, vos seins glacés, sur vos bras graciles de fillette anorexique, ce suaire synthétique avec lequel je vous astiquais trois fois par jour, vérifiant sur le bleu ou le gris du ciel la perfection de vos transparences.

    Cloîtrées dans cet étui rouge que je vois d'un gris anémique qui tremblote et s'égare tel un nuage entre le plafond et le plancher, bouclées, coffrées, vous l'attendrez longtemps votre prince charmant !

    Dans quel pétrin vous voilà !

    Mes doigts ont vérifié, ces derniers mois les dégradations que vos verres annonçaient sur mon visage. Aujourd'hui, je ne me vois plus...

    Vous ne servirez plus mes passions botaniques, mes illusions d'amateur quand à grands coups de pinceaux, je guérissais sur la toile une nature trop étrange.

    Certes, vous ne me protégerez plus des postillons des infatigables parleurs. Comment leur dire, à ces amis, que je les voudrais muets en compagnie de ma cécité. Mais ils parlent : ils se consolent.

    Je sais, je sais... Le requiem est pompeux. Mais je procède à vos obsèques. Un style à la Virginie Despentes s'accorderait mal aux circonstances. Et puis, déjà petite enfant, j'aurais tant aimé être "curée". Je ne suis qu'aveugle, ce qui revient au même.

    Vous allez reposer sur le manteau de la cheminée, près de l'antique horloge. Il paraît que les veufs déposent en cet endroit les urnes renfermant les cendres et osselets de leurs chairs disparues.

    Mon amour est parti.

    Un homme si généreux. Une canne blanche en cadeau d'adieu. Il m'en apprit le fonctionnement. Un bouton, un déclic et la voila rigide, prête à l'emploi.

    J'aurais préféré un chien, son poil odorant, sa langue râpeuse, ses soupirs apaisants au crépuscule.

    Depuis que je joue avec ma canne dans le dédale de la ville, depuis que je range les objets avec un soin extrême (chacun doit habiter un territoire immuable, si je veux le retrouver) depuis que dans mes rêves, la lune tourne telle la toupie bariolée de mon enfance, depuis que la chaleur sur mes mains et mon visage est la seule preuve du jour, depuis...

    Calipso (café littéraire, philosophique et sociologique)

    Contact : assocalipso@free.fr

     


    votre commentaire
  • Concours calipso encore avec des extraits des trois premières nouvelles primées en 2003 sur le thème

     

    "Partir - rester"

     

    Et bien sûr la préface à cette édition.

     

    Un des principaux enjeux de l'écriture serait le temps supposé de partage d'un texte entre un auteur et un lecteur. A calipso, nous disons que ce pourrait être aussi cette capacité qu'auraient l'un et l'autre à être autre, à inventer d'autres vies ou à se découvrir au travers d'autres existences, à apprendre à voir d'autres mondes, à se laisser entraîner dans un autre espace, un autre temps, un autre mouvement.

    Sans doute existe-t-il pour chacun d'entre nous quelques uns de ces moments où lire devient un temps créatif à l'égal de celui d'écrire, une expérience intemporelle d'où surgissent des mots, des tournures, des formes insolites chargés de souvenirs lointains ou de rêveries si vivaces qu’elles en deviennent presque palpables.

    C'est porté par cette ambition de percevoir les bruits et chuchotements que font en nous les êtres et les choses - venus d'ailleurs ou du plus profond de nous-mêmes - que nous avons invité les lecteurs de tous horizons à plonger dans les méandres de l’écriture.

    Avec ce recueil " Partir- Rester " le concours de nouvelles calipso est désormais sans frontières.

     

    Extraits

     

    Bernard GALLOIS  "Le son de la rupture"

     

    Elle.

    Elle, c’était le son du saxo qui l’avait réveillée.

    Qui pouvait bien jouer ainsi au beau milieu de la nuit ? Elsa aimait ce son. Elle aimait ce souffle brutal, cette explosion, face au mur, qui ricoche et vous éclate la tête. Un cri rauque, un hurlement issu des tripes. Puis ça s'effondre, ça ruisselle, ça s’enfuit en un interminable gémissement enroué pour s’infiltrer jusqu’aux racines du silence.

    Qui pouvait bien jouer du saxo ainsi, au beau milieu de la nuit ? Après le départ de Marc, Elsa avait pris un somnifère et s’était écroulée sur le désordre du lit. C’était la dernière fois, elle ne reverrait pas Marc, elle l’avait compris. Il était venu pour le lui dire et il n’avait rien dit. Mais après tout, pourquoi aurait-il cessé soudain d’être lâche ? Il était venu avec sa tronche de beau jeune premier de la classe, son bouquet d’hypocrisies à la main, rose saumon avec un fin liseré de sang aux bords des pétales et un délicat parfum sucré. Au moins avait-il eu le bon goût d’éviter le rouge passion ! Et là, ce soir, ce dernier soir, il avait su se montrer tendre. Etait-ce possible, avait-elle rêvé ? Il avait su se faire caressant et attentionné. Où avait-il enfin appris ? Dans quels bras ? Qui l’avait initié à espérer un autre plaisir, un autre bonheur que le sien ?

    Elsa non plus n’avait rien dit. Elle s’était soudain sentie sale, cassée, souillée. Et elle n’avait eu qu’une hâte : qu’il parte, qu’il parte enfin. Et il était parti. Alors, elle avait pris une douche très chaude et avalé les deux petits comprimés bleus libérateurs. Dormir. Partir.

     

    Marie QUARTIER "Fidélité"

     

    Pile. Le sort en est jeté. Ce sera pour ce soir.

    Jamais il n’a pris une décision aussi difficile. Soulagé de n’avoir plus à se poser de questions, Jef termine son petit déjeuner. Son dernier petit déjeuner à la maison. Sa maison. Une maison dont il est fier. Une famille dont il est fier, aussi…

    Mais il ne veut pas trop y penser, en ce moment, à sa famille. Surtout ne pas penser à la petite, Juliette. C’est pour elle qu’il a tant hésité. Abandonner cette enfant, a-t-il le droit de le faire ? Lui pardonnera-t-elle un jour ?

    Elle pleurera. Il les connaît, ses larmes. Qui d’autre que lui dans la famille se lève la nuit pour la consoler, lorsqu’elle fait un cauchemar ? Qui d’autre s’attendrit sur sa peur des araignées et se charge de les chasser de la chambre avant qu’elle ne s’y couche ? Il fait cela chaque soir, discrètement mais soigneusement, ne négligeant aucun recoin, regardant toujours sous le lit, pour que Juliette n’ait pas une mauvaise surprise au moment où elle arrive dans son petit pyjama rose, les pieds nus – comme lui, elle adore marcher pieds nus. Ses frères se moquent d’elle. Parfois Rémi, le second, cache des insectes en plastique dans ses draps, pour rire. Ça les amuse, de l’entendre crier de frayeur, les imbéciles !

    Elle va devoir se défendre toute seule, à présent.

    Car il doit partir. Il le sait bien. De père en fils, ils sont toujours partis.

     

    Françoise LACOUR "La stratégie du vol stationnaire"

    " Reviens ! ". Le mot, murmuré très bas, presque seulement articulé, avait volé par dessus la table familiale, surligné par le regard grave de sa mère, qui le lui avait adressé rapidement, de l’autre bout. Dans le brouhaha des conversations qui se chevauchaient, mots aigus, rires cascadants, voix graves ou perchées, phrases ébauchées, discours solitaires, personne ne l’avait entendu, sauf elle.

    Sa mère seule savait percevoir cet imperceptible changement dans son attitude qui trahissait son absence, et elle la ramenait chaque fois de son ailleurs avec ce simple mot, qui suppliait. Un peu comme elle aurait tenté de faire revenir sa fille plongée dans un coma, elle l’appelait ainsi, presque en silence, et la tirait vers la vie familiale. Elle était à la fois complice de ces voyages et en était effrayée : qui, autour de cette table, aurait pu comprendre aussi bien qu’elle ce besoin de partir, ces évasions discrètes, corps présent et tête ailleurs ?

    Elle craignait qu’un autre en prenne conscience, et lance le brutal " à quoi tu rêves encore ? " qui aurait agressé sa fille en pleine navigation lointaine. Ces départs lui faisaient peur, aussi, puisqu’elle n’y trouvait pas d’explication raisonnable. Pourquoi sa fille, si mystérieuse depuis toujours, si différente, si secrète, si grave, s’envolait elle ainsi de plus en plus souvent, et particulièrement lors des réunions de famille autour de la table ?

    Elle restait là, dos droit sur sa chaise, un léger sourire plaqué sur le visage, les yeux butinant les images autour d’elle, d’un visage à l’autre, comme si elle observait et écoutait avec attention. Mais ses yeux semblaient légèrement voilés, ils regardaient à l’intérieur.

     

    Calipso (café littéraire, philosophique et sociologique)

    contact : assocalipso@free.fr

     

     


    votre commentaire
  • calipso (café littéraire, philosophique et sociologique)

     

    Concours 2006 de nouvelles courtes

    Ouvert à tous, sans distinction d'âge, de nationalité ou de résidence.

     

    Pour cette cinquième édition le thème proposé aux auteurs est :

     

     " Enquêtes et filatures "

    Les œuvres seront appréciées par un jury de cinq membres composé de personnalités choisies par l’association Calipso en fonction de leur talent pour l’écriture ou la lecture. Les membres du jury seront conviés à présenter hors concours une œuvre sur le même thème.

     

    Le concours 2006 récompensera 10 auteurs :

    - 5 grands prix,

    - 2 mentions spéciales,

    - 1 prix Calipso étranger,

    - 1 prix du Dauphiné,

    - 1 prix Jeunesse *

     

    Les œuvres primées seront présentées au public par des comédiens lors d’une soirée " Jazz et polar " en octobre 2006. Elles seront également publiées sous forme de recueil au cours du premier trimestre 2007. Comme dans les précédentes éditions deux ou trois œuvres pourront également faire l’objet d’une publication hors concours. Tous les lauréats recevront dès sa parution un exemplaire du recueil.

    pour participer :

    Le nombre des envois est limité à trois œuvres par auteur. Chaque texte présenté sera rédigé en français, dactylographié, agrafé et expédié en cinq exemplaires. S’agissant d’une nouvelle courte, il comportera de 800 à 1200 mots.

    Ni le nom, ni l'adresse de l'auteur ne devront être portés sur le ou les textes. Par contre, sur chaque feuille du texte, en haut à droite, l'auteur portera un code de deux lettres et deux chiffres au choix (exemple : AB/10).

    Ces deux lettres et ces deux chiffres seront reproduits sur une enveloppe fermée à l’intérieur de laquelle figureront le nom, l'adresse, le téléphone et éventuellement l’adresse courriel de l'auteur ainsi que le titre du texte (ou les titres, un code par titre).

    Les auteurs primés s’engagent à ne pas réclamer de droits d’auteur autre que le prix reçu à l’occasion de ce concours.

    Les droits de participation sont fixés à 6 Euros pour la première œuvre et à 4 Euros pour chacune des suivantes. (chèque libellé à l’ordre de Calipso).

    Les mineurs sont exonérés de droits de participation. Le lauréat du prix jeunesse sera récompensé par la publication de sa nouvelle et recevra un lot de livres choisis par le jury.

    Une enveloppe timbrée avec l’adresse de l’auteur devra également être jointe à l’envoi.

    * Pour le prix Jeunesse (réservé aux mineurs) une autorisation parentale de participation (manuscrite et signée) et d’éventuelle publication doit être jointe à l’envoi.

    NB : Les droits de participation sont intégralement reversés sous forme de prix en argent aux lauréats de ce concours.

    La date limite de réception des œuvres est fixée au 15 juillet 2006

     

    calipso, 35 rue du Rocher 38120 Le Fontanil Cornillon, France, courriel assocalipso@free.fr


    votre commentaire
  • Informations sur le concours calipso de nouvelles courtes 2004 : 

    " Pertes et fracas "

     

    172 contributions en provenance de toute la France et des DOM TOM et avec la participation d'auteurs résidants en Allemagne, Angleterre, Belgique, Burkina Faso, Canada, Espagne, Maroc et Suisse. Les droits de participation ont permis de réunir cette année-là 900 Euros, intégralement redistribués aux lauréats. 

    Préface à l'édition 2004

     

    La lecture nous apprend l’écriture. Ecrire, c’est tenter de lire quelque chose qui n’existe pas encore, quelque chose d’intérieur agité par le va et vient du réel et de l’imaginaire. Les mots couchés sur le papier réveillent en nous une humanité cernée par les images. Plaisirs et frayeurs sont pris dans la matière des mots. Lecture et écriture nous préparent à capter et à fêter des évènements advenus ; toutes les passions de l’homme s’y retrouvent et deviennent le lieu d’un enjeu, d’une mêlée entre les êtres et les choses issus d’une mémoire incertaine et de créatures étranges bordées par nos désirs de transformer à la fois les couleurs et les couloirs du temps.

    Il existe tant de mots qui se dérobent à notre étreinte que les premiers saisis par la plume nous ébranlent toujours. A Calipso, nous défendons l’idée que si l’écriture peut être une tentative de disposer librement du langage, elle est certainement aussi un engagement, au travers d’inflexions et de tournures particulières, à reconquérir – parfois avec pertes et fracas – une voix interne perdue dans les limbes d’un monde devenant chaque jour plus invraisemblable.

     

    Lauréats

    1er prix, Michel NAUDIN (60100 Creil) Retour de guerre

    2nd prix, Monique COUDERT (78160 Marly le Roi) La gomme

    3ème prix, Bernard MOLLET (06420 Valdeblore) Mon père ne casse rien

    4ème prix, Danièle TOURNIÉ (75017 Paris) Lent demain

    5ème prix, Anna-Maria BIGOT (59810 Lesquin) La bonde de la baignoire

    Prix calipso étranger, Maude MIHAMI (Berlin) Complainte d'un coeur gros

    Prix calipso du Dauphiné, Marc GIOFFREDI (38300 Saint Savin) Tueurs

    Mention spéciale du jury :

    Sandra COCHAIS (75015 Paris) Course-poursuite

    Morgane BATTIONI (75020 Paris) Je ne suis pas encore morte

    Christian BERGZOLL (63370 Lempdes) Faits d'hiver

    Eva POLLEFORT (Tervuren, Belgique) Gare à vos poches

     

    Hors concours :

    Patrick ESSEL Zamok

    Jacques HENNEBERT Soupçons

    Marie-Thérèse JACQUET Allumez le four !

     

    Le jury a également retenu au premier tour les auteurs suivants (par ordre alphabétique) :

    Claire Lise BOREL, Amandine COLSON, David DOMA, Françoise GUERIN, Nathalie HENSE, Nicolas LABARRE, Léo LAMARCHE, Paul LAROCHE Pierre MANGIN, Juliette NICOLLET, Agnès PAZ, Marie PIERRE, Claude POUX, Pierrette TOURNIER.

     

    Extraits

     

    Michel NAUDIN " Retour de guerre "

    Qu'est-ce qu'elle va dire, ma femme, quand elle va voir que j'ai plus qu'une jambe ? Elle va hurler, c'est sûr. Je la connais. Ça va faire du pétard.

    - Oui, tu perds toujours tout, on se demande où t'as la tête ! Tu pouvais pas faire attention, non, c'est vraiment trop te demander ? Ah, toi, t'en loupe pas une !... Te voilà bien avancé maintenant, regarde-moi ça ! Quel imbécile tu fais ! Ah, t'as bonne mine, je te jure ! T'as l'air malin comme ça ! Ah, quel couillon, alors !... Et ton autre godasse, elle est où ? Tu l'as pas jetée, au moins ? Fais-la donc voir, un peu !...

    Je l'entends d'ici. Rouspéter, c'est tout ce qu'elle sait faire. Il faut toujours qu'elle gueule. C'est une femme qui n'a pas de patience, qui est acrimonieuse. Pendant ces quatre années, la seule fois où elle m'a écrit depuis que je suis parti, ça a été pour me dire qu'en partant, justement, j'avais oublié de prendre mon peignoir et des cravates de rechange et que vraiment comme tête en l'air, je me posais un peu là, c'était tout moi cette négligence. Alors, quand elle va voir que je ramène pas tout mon petit linge et qu'en plus j'ai paumé une guibolle en route ... Non, j'ai pas fini de l'entendre.

    Encore, ça c'est trop rien, la jambe : il me manque aussi la moitié de la figure. La tête qu'elle va faire !

    ...

     

    Monique COUDERT " La gomme "

    Si j'en crois la lettre que je viens de recevoir, et si je ne m'abuse, c'est une lettre de fin de non-recevoir puisque c'est une lettre de rupture. Alors tu m'as supprimée de ta vie ? Tu ne veux plus de moi, bon... puisque t'oublier est devenu une nécessité, je vais prendre les devants. A partir de maintenant je t'exclus, je te limite, je te réduis, je te contourne, je te bâillonne, je t'annihile, je te décapitalise, je te lime les bords, je vais prendre une gomme et effacer tes contours, puisque c'est incontournable, je dois dorénavant te contourner.

    Je gomme.

    Je gomme tes yeux luisants, tes cils de fille, ton nez d'aigle, ta silhouette de danseur argentin, je gomme tes mots méchants, tes verbes acides, ton rire aigrelet, ton sexe gourmand, tes vérités de Lapalisse, ton goût du mensonge, tes mains de pianiste.

    Je gomme. Je gomme... Adieu la place des fêtes où tu m'as regardée pour la première fois, effacé ton affreux quartier de saint Blaise où j'ai saigné dans ton lit, le café des phares où tu philosophais comme personne, démoli le petit hôtel Saint Paul où l'on mangeait des gâteaux à la crème sur les draps froissés de l'amour.

    Mais ma main est prise d'un frisson frénétique, je ne la commande plus, elle part à l'assaut du monde à grands coups de gomme rageurs. Adieu l'Île de France. Adieu les Balkans, suspendus à rien les jardins de Babylone. Au secours ! Le pont du Golden Gate a perdu la moitié de son tablier au soleil levant. L'ange de Reims, privé de sa niche, s'abat sur une procession du Saint Sacrement. Ca ne fait heureusement aucune victime puisque je gomme l'évêque, l'archidiacre emberlificoté dans son étole et les vieilles bigotes sous leur voilette violette.

    ...

    Bernard MOLLET " Mon père ne casse rien "

    Mon père est un homme que l'on peut qualifier de très sérieux. Sérieux dans son travail, dans ses relations, dans ses liens familiaux, même ! Il a été élevé à la dure et en a gardé ce côté réfléchi et pour tout dire un tantinet austère. Je ne me rappelle guère l'avoir vu rire, ou alors en service commandé, lorsqu'il rencontre de ces clients qui ne conçoivent la relation d'affaires qu'avec une bonne grosse blague recuite à la clé, dont il faut rire comme de la meilleure histoire du siècle. Et un beau jour, après le tournant de la quarantaine, était-ce de trop s'être retenu, était-ce de s'apercevoir que le tempus fugit et qu'un bon moment raté ne se représentera jamais, je ne sais, toujours est-il qu'il eut une courte période de délire déraisonnable. Mais, au vu du résultat obtenu lors de cette tentative d'humour débridé, il est revenu à son caractère naturel, posé et sage et ne s'en départit plus, même accidentellement.

    Donc, une expérience pour le moins malheureuse a rendu à mon père sa gravité et sa conscience passées, qu'il avait un temps oubliées pour une période de folie assez réjouissante, du moins pour le spectateur que j'étais. La seule fois qu'il déjanta, ce fut à cause d'une observation quasiment scientifique que lui avait démontrée notre assureur, lui-même au demeurant un homme des plus solennels et qui avait sur le visage la marque des catastrophes successives advenues à ses clients ?

    Cet assureur, venu discuter d'un nouveau contrat quelconque, avait été reçu dans le salon familial et sur la table centrale trônait une superbe coupe de magnifiques noix, car c'était le début de la saison des fruits secs. Se souvenant très certainement d'une expérience vécue quelques années auparavant, lorsqu'il était encore un homme presque normal, il avait saisi une noix dans la main droite et demandé à mon père, médusé : " Si je lance cette noix sur la vitre de la fenêtre qui se trouve là, que pensez-vous qu'il arrivera ? ". Mon père demanda à voir la noix, tenta vainement de la casser dans ses doigts, jugea qu'elle était très solide et déclara qu'à son avis, vu la dureté du fruit, la vitre devait éclater en morceaux. L'assureur lui dit que d'après lui, c'était la noix qui allait céder et craquer, et il demanda l'autorisation de tenter l'expérience, précisant au passage à ma mère présente et plus qu'inquiète qu'il se chargerait de tout en cas de malheur, ramassage des éclats, remplacement de la vitre et cadeau d'excuse à la clé ?

    ...

     


    votre commentaire
  • L’association Calipso (café littéraire, philosophique et sociologique) diffuse désormais sur OverBlog un certain nombre d’informations, commentaires, points de vue, considérations, réflexions et autres expressions diverses et variées issues de ses pratiques, rencontres, échanges avec des auteurs et des artistes d’horizons multiples, artisans ou professionnels.

    œ Informations sur le concours de nouvelles courtes calipso 2005 : 

    " Estrades et coulisses "

    131 contributions en provenance de toute la France et avec la participation d’auteurs résidants en Algérie, Belgique, Espagne, Roumanie et Suisse.

    Les droits de participation ont permis de réunir cette année 635 Euros ; ils sont intégralement redistribués aux lauréats des 5 premiers prix et des prix du Dauphiné et Etranger. 50 Euros sont redistribués sous forme de livres aux autres lauréats.

    Le recueil des œuvres primées a été édité en ce début d’année ; il est proposé au public à prix coûtant : 4,9€ (correspondant à la facture d’imprimerie, les autres frais étant pris en charge par l’association).

    Contact sur assocalipso@free.fr

    Préface à l’édition 2005

     

    Une inquiétude trotte dans la tête de l’écrivain ordinaire.

    Qu’advient-il de ses récits une fois ceux-ci tombés entre les mains d’un inconnu ? Entre la nécessité et le plaisir d’être lu, entre la crainte d’être mal lu, de ne l’être qu’à moitié ou au travers l’esprit sentencieux d’un lecteur expert, l’écrivain vit d’incertitudes et de répétitions. Chaque jour, il tente de reconquérir une vivacité mise à mal par une lecture hésitante. Saura-t-il attirer l’attention, la retenir pour finalement captiver et emporter le lecteur ?

    Sera-t-il au final l’objet d’une lecture savante qui dissèque, décrypte et commente de main de maître ? Ou d’une lecture réceptive qui échauffe les sens, aiguillonne l'intelligence et invite au partage ? Ou celle encore qui vous fait basculer délicieusement dans l’inconnu, renversant  le cours monotone des choses de la vie ?

    Tremblement, stupeur et ravissement participent au voyage de l’écrivain. En ce sens, le jury de Calipso souhaite bon vent aux auteurs publiés dans ce recueil.

     

    Lauréats

    1er prix Magali DURU (31450 Belberaud) La passion selon Kevin

    2nd prix Jacques HENNEBERT (38700 La Tronche) Vieilleries

    3ème prix Rachel CORENBLIT (31170 Colomiers) Les coulisses du paradis

    4ème prix Désirée BOILLOT (75002 Paris) Papino

    5ème prix Dominique LE GALL (92700 Colombes) A Nancy déjà

    Prix calipso Etranger Cédric BEAL (Lausanne, Suisse) L’appel du large

    Prix calipso du Dauphiné Cécile PRILI (38240 Meylan) Maria Dolorès

    Prix calipso Jeunesse Charlie RAYNAUD (64570 Lanne en Barêtous ) Confidences sur mon oreiller

    Les coups de cœur du jury :

    Patrick LARRIVEAU (40230 St Jean de Marsacs) Le petit rat de l’opéra

    Geneviève STEINLING (93320 Châtillon ) A la claire rivière

    Claire THIOLLENT (75009 Paris) Le meilleur restaurant de Paris

    Jean-Claude TOURAY (45160 Olivet) Estrades et coulisses de la Saint Fêtard

    Georges VALIADIS (51120 Allemant) Chien de quartier

    Ont également été sélectionnés par le jury au premier tour les auteurs suivants (classement alphabétique) :

    Cédric ASNA, Nathalie BARROIS, Laurent BRIET, Philippe BRONDEUR, Odile CHAPEAU, Stéphanie CORNU, Olivier DELEAU, Marie FALSON TACUSSEL, Elisabeth GENTIL, Samuel GRAS, Solange JARRY, Mireille JOUTEUR, Marie JUGE, Claire MARLHENS, Jacqueline TOUCHAIS, Rhadia TOUMI, Bernard VASSEL, Monique VIAL.

    Extraits

    Magali DURU " La passion selon Kevin "

    Le curé avait été clair : ou je jouais le petit esclave de Ponce Pilate, ou pas de communion solennelle. Je n’y tiens pas, moi à la communion, aucune envie de me déguiser en fille avec une aube, mais pour Mamie, c’est vital. Alors, je me suis tapé les quarante répétitions du Jeu de la Passion.

    A Sossigny, dans mon village, on joue la Passion à Pâques depuis le Moyen Age. Monsieur Gildas, notre prof de gym qui sert de metteur en scène, nous l’a expliqué : c’est la représentation de la mort du Christ. Pas terrible, le scénario, côté action, à part les coups de fouet, et la crucifixion vers la fin. Avec trois morts seulement, dont un qu’on ressuscite, on ne va pas tenir à l’affiche longtemps !

    Je m’ennuie à mort pendant les répétitions. Il n’y a qu’Angeline de mon âge, mais c’est une fille. Elle fait l’ange, parce qu’elle chante très aigu, et c’est vrai qu’avec ses cheveux blonds, sa tunique de soie blanche, ses ailes de vraies plumes, elle en jette. Par contre, les autres, les grands du Lycée Saint-Joseph, ils ne jouent pas très bien. La Vierge, au début, nous a fait mourir : elle est incapable de se rappeler deux lignes, cette pauvre Marie, ou même de sangloter sans avoir le fou rire. Jésus Ramirez, le fils du maçon, qui joue le Christ, en a eu tellement marre de lui souffler qu’il a rompu.

    Depuis, c’est impeccable, Marie pleure à la demande.

    ….

    Jacques HENNEBERT " Vieilleries "

    J’ai toujours eu un âge mais c’est seulement maintenant que je suis âgé. Mon âge, je m’en foutais un peu, j’avais horreur des dates et des anniversaires. J’étais âgé d’un certain nombre d’années malgré tout. Les choses ont changé, je suis âgé sans dire de combien comme on dit, je suis fatigué sans dire pourquoi.

    C’est dur de vieillir.

    J’ai des vieilleries comme tout le monde. Des vestes fatiguées et des pantalons usés. C’est le bout des poches qui lâche en premier. Ma grand-mère disait sors les mains de tes poches on dirait un canard et ça me faisait rudement plaisir, de ressembler à un canard. Ils n’étaient pas usés aux genoux, mes pantalons, parce qu’à la messe je restais debout, tête droite, même pendant l’élévation. Je voulais voir ce qui allait arriver, qui allait arriver. La suite est banale. J’ai rejoint le troupeau des orphelins.

    Rachel CORENBLIT " Les coulisses du paradis "

    Dieu dit à son fils : T’es sûr ? Tu veux y aller ?

    - Mais bon sang, papa, qu’il répondit, son fils, ça fait dix fois qu’on a cette discussion. Tu vas pas me priver de mes scènes. Ce sont les plus belles, les plus grandes. Celles qui vont rester dans les mémoires. S’inscrire dans les annales. Les hommes, ils vont causer de ça pendant des siècles. Je ne peux pas les priver de moi.

    - C’est que, dit Dieu, elles sont belles, ces scènes mais, tu vois, la vie, c’est pas que ça.

    Son fils poussa un soupir. Il connaissait son père par cœur, depuis le temps qu’il le fréquentait.

    - C’est que, reprit Dieu, la vie c’est autre chose.

    Il leva sa main pour se saisir du verre de vin. Quelqu’un avait eu la délicate attention de leur laisser une bouteille pleine et deux verres qu’ils s’étaient empressés de remplir. Là, dans le silence de la pièce, ils écoutaient les bruits de la foule qui montaient jusqu'à eux.

    - Papa, ils s’énervent. Laisse-moi y aller.

    - C’est que, continua Dieu, dans la vie, ce qu’on fait, on ne peut pas le répéter.

    Son fils baissa la tête. Bon sang, il le savait. Cette habitude qu’avait son père de philosopher au mauvais moment. A l’instant critique. Quand il fallait agir. Mais non, c’était la palabre, la discussion, l’étalage d’arguments qui ne faisait que briser l’action. L’affaiblir.

    Lui, il était dans le faire. L’immédiat, le concret. L’homme.


    2 commentaires