• Fetes-defaites-selection.jpg

     

    Un grand merci aux auteur(e)s qui ont fêté cette dixième édition et tout particulièrement : 

    à ceux qui élargissent l'horizon,

    à ceux qui voyagent au coeur de l'orage,

    à ceux qui se risquent à briser les miroirs,

    à ceux dont les corprs s'embrasent,

    à ceux qui font éclore des mots phosphorescents,

    à ceux qui toujours s'interrogent sur les bruits du monde,

    à ceux qui  se frayent  un passage dans des territoires en ruines,  

    à ceux qui dispersent les ténèbres, jouent avec la mémoire, engendrent de nouveaux liens,  

    à ceux qui font irruption dans la vie avant que ne tombe le jour,

    à ceux qui aiment les nuits étoilées, les fruits de la passion, les coups de théâtre,

    à ceux qui savent faire du bien en s'affublant des habits du mal,

    à ceux qui osent l'écriture comme lieu de liberté fondamentale.

     

     

    Et voici par ordre alphabétique, les nouvelles sélectionnées pour l'édition 2011. A Calipso, nous en sommes maintenant coutumier : c'est  treize nouvelles à la douzaine qui vont être à la fête.

     

    Aux chandelles

    Balade printanière

    Chinoiseries festives

    Fleur de béton

    La pesanteur et la grâce

    Le dernier métro

    L'effacement

    Le traitre

    Les soleils d'Amélie

    Quand l'eau de rose vire à l'amer

    Quatre joueurs attablés

    R.

    Une fête pour Mady

     

     

    Trouble-fête

    Attention ceci n'est pas une blague : l'enveloppe contenant les références de l'auteur(e) de la nouvelle intitulée "R" a été égarée. Nous espérons vivement que l'auteur(e) vienne nous rendre visite au café ou passe sur MDA pour se faire connaître (sous un pseudo bien sûr) d'ici à dimanche soir.   

     


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  • Concours-2011-R1.jpg

    Le comité des fêtes entame ses délibérations aujourd'hui à 18h. La partie s'annonce difficile. Bonne nouvelle : de nombreux textes se retrouvent étoilés. Mauvaise nouvelle : de nombreux textes étoilés seront hélas écartés de la  sélection finale.

    Les titres des douze textes retenus seront annoncés ici-même jeudi.

     


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  • Soldats-copie-1.jpg

    Une série proposée par Corinne Jeanson

     

    Les soldats

     

    Ils prennent des lignes blanches
    celles qui conduisent derrière les miroirs
    leurs yeux se sont brisés aux brèches du temps
    y a des raptus qui explosent
    dans le camp adverse
    ils marchent à l'envers des paysages
    ça les repose
    les chèvrefeuilles et leur parfum
    les étoiles et leur scintillement
    ont le goût de pourrissement et de faux serments
    à quoi ça sert le néant des grands espaces
    ils s'essoufflent dans l'air impur des cimes
    les abimes au-dessous flottent à leurs jambes
    dans la poussière ils remontent
    le lit des rivières asséchées
    à la vue de leur file soldatesque
    les poissons y poussent des rires acérés
    le croassement rauque des corbeaux
    emplit le ciel blanc d'ozone
    et retombe en écho sur les granits violets
    bientôt les balles siffleront
    bientôt les bombes claqueront
    et leurs dents crisseront
    leurs mains trembleront
    leur ventre s'étouffera
    leur coeur cessera de cogner
    la mort prochaine étendra
    ses voiles gris sur la plaine
    rouge de la vie perdue

     


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  • Guerre-et-paix-07.jpg

      Une série proposée par Corinne Jeanson

     

    Moïra

     

    A l'encre de vos veines, elle trempe sa plume
    Elle s'abreuve à vos fatals destins
    De demi-dieux démembrés
    Elle entrouvre vos lèvres de pandore
    Au fond de vos chairs ouvertes, elle fouille
    l'espoir ténu de vos jours premiers
    De vos fils d'inconscient, elle tend ses toiles arachnéennes
    Au coeur de vos labyrinthes, les yeux fermés, elle respire
    Le souffle du monstre né des amours transgressées

     

    Guerriers,
    Ne déposez pas vos armures étincelantes
    Elle vous emporterait aux enfers transfigurés
    Astre lunaire
    Elle s'enroule pour enfanter
    Vos nuits insensées
    Pour le temps de l'éphémère éternité
    Elle couperait vos lignes de vie
    Guerriers, fuyez la Moïra.



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  • folie.jpg

     

    Syrie, l'armée pilonne le port de Lattaquié, au moins 24 morts

    Ile de Jersey, six personnes tuées à coups de couteau

    Grande-Bretagne, toérance zéro et double peine pour les familles des émeutiers

    Irak, attentats à l'explosif, 38 morts  

    Chine, affrontements entre population et policiers autour d'une usine chimique

    Israël, la lutte des classes bat son plein

    Norvège, Breivik ramené à Utoya pour reconstituer la tuerie

    Algérie, 29 blessés dans un attentat à Tizi Ozou 

    France, 74ème soldat français tué en Afghanistan

    Libye, Zaouïah sous le feu des snipers

    Canada, le lobby du gaz se shiste passe à l'offensive

    Afghanistan, multiples attaques suicides contre les bureaux d'un gouverneur, 19 morts

    Tunisie, heurts en marge d'une manifestation pacifique

    USA, les républicains ont déclaré la guerre à Obama

    Brésil, une juge qui combattait la mafia assassinée à Rio

     


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  • Guerre-et-paix-6.jpg

    Une série proposée par Corinne Jeanson

     

    Les trois cents

    Ils étaient trois cents dans le défilé
    leurs armes étincelaient
    Ils étaient trois cents
    pas un de plus pas un de moins
    La liberté aux seins nus les appellait à l'infini
    Ils ont coiffé leur longue chevelure noire
    Qu'avaient-ils à redouter dix mille flèches
    tous ont tenu leur promesse
    retenir les flots, résister
    L'idée de sacrifice n'était pas dans leur coeur
    Juste mourir et pourrir là dans le défilé
    Pour que les peuples ne plient pas à genoux.

     


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  • visite-image.jpg

    Une nouvelle noire de Claude Romashov en attendant le ciel bleu... 

    La visite

     

    Je suis seul chez moi. J’ai ramené la couverture au ras du menton. La télé chauffe et même lui, l’animateur policé commence à m’énerver. D’un coup sec de télécommande, je lui renvoie ses mots doucereux dans la gorge. La cheminée ronfle et pétille de cendres vivaces. Je les ignore. Il gèle depuis des jours et je suis transi. Alors je me réchauffe dans mon antre. Comme je peux.

    J’ai préparé un plateau repas avec mes sandwichs préférés mais sans elle, ils n’ont pas le même goût. Rien n’a plus la même saveur depuis son départ. Le temps s’est arrêté et je me suis consumé dans l’attente. L’attente d’un signe de sa part, d’un geste, d’un remord.

    L’ampoule du néon vacille. J’ai bien peur qu’il  ne s’éteigne lui aussi. Tout est vieillot dans cette maison, tout est resté en place à la mort de mes parents. Elle me le reprochait souvent.

    - Tu ne fais rien pour la rendre agréable, tu ne sais même pas bricoler.

    Et pourtant je lui avais aménagé sa pièce. Tapisserie au mur, étagères et moquette de laine épaisse pour ses pauvres pieds qui craignaient le froid. Elle était enchantée au début, la pièce était devenue son bureau puis son refuge quand elle avait décidé de ne plus partager ma couche. Un jour, elle m’avait annoncé.

    - Tu sais, j’ai rencontré quelqu’un. Ne sois pas jaloux voyons, ce n’est qu’un ami.

    Et puis la voix s’est faite plus aigre.

    - Tu ne m’empêcheras pas de voir qui je veux. Estime-toi heureux que je rentre encore à la maison.

    Elle rentrait oui, à l’aube.

    Je ne posais plus de questions. Devant moi s’ouvrait la béance de mon amour piétiné. Je ne pouvais le croire, pour elle, j’allais tout supporter, ses mensonges, mes silences et mon cœur en morceaux. Elle ne mesurait pas l’immense saccage.

    La douleur de la perte s’est inscrite dans mes veines, dans les plis de mon visage. Du jour au lendemain, je n’ai plus supporté les autres, les proches et leur compassion outrée. Je ne voulais plus voir personne…

    Le bruit m’a agressé. Je me suis levé d’un bond et discrètement me suis glissé vers la fenêtre. On frappait avec insistance. La voisine ! Qu’est-ce qu’elle me voulait cette fouine. Je n’ai jamais pu l’encadrer.

    Ne pas ouvrir, faire le mort. Tu ne vois donc pas idiote, que la maison est figée dans le silence et que le vent ne fait plus claquer les volets. Le chat, à demi sauvage qui venait boire son écuelle de lait au temps du bonheur a disparu, avalé par l’hiver et seuls les démons de la solitude cavalent sous mon crâne. Je n’ai le goût à rien. Je n’ai pas envie de vivre.

    Je sais bien qu’un jour, il faudra que je sorte. Après les morsures glacées des frimas, naissent les nouvelles récoltes mais je ne veux pas de soleil tapant sur les vitres, je veux me terrer encore et encore comme un animal blessé.

    La voisine est repartie. Ses traces de pas se sont inscrites salement dans la neige. Je suis furieux. Elle a dérangé le tapis isolant de l’hiver.

    Je regarde autour de moi, il fait froid malgré le feu crépitant de la cheminée. La vieille table de la cuisine a retrouvé son bois naturel. Elle aussi détestait la toile cirée provençale dont elle la drapait pour lui donner une touche de gaieté. Et ces cadres colorés et ces photos de nous deux affichées. Le mur a souffert quand je les ai arrachées mais la maison a retrouvé son odeur et sa rusticité paysanne. Elle m’est revenue finalement. Comme elle !

    Peu de temps après, j’ai encore entendu frapper avec insistance. De nouveau je me suis caché en guettant l’intrus. C’était elle. Mon sang n’a fait qu’un tour et mon cœur s’est mis à danser la sarabande. Il fallait que je garde mon calme. J’y étais résolu mais mes mains tremblaient quand j’ai ouvert.

    La prochaine visite sera, j’en suis sûr, moins agréable.

    J’ai rangé le désordre puis j’ai regagné mon lit avec elle, tout près à mes côtés. Elle dort profondément, je n’entends pas son souffle. J’ai la télécommande d’une main et l’autre caresse son cou, surtout l’excroissance rouge que la balle à bout portant de mon révolver y a laissée.

     


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  • Blessure-copie-1.jpg

    Une série proposée par Corinne Jeanson  

     

    Blessé plusieurs fois

     

    Le soldat - Blessé plusieurs fois, H* lui demanda le coup de grâce.
    L'auteur - C'est un peu triste ta fin, non ?
    Le soldat - Attends, c'est pas fini. Il ne parvint jamais à laisser mourir H*.

    L'auteur - Je préfère, et ensuite ?
    Le soldat - Eh bien, je ne sais pas. Tu es l'auteur.
    Le soldat - Oui mais je manque d'imagination.  Reprenons, on est sur un champ de bataille...
    Le soldat - Sur le front d'Orient
    L'auteur - Ah bon je croyais que c'était dans les Ardennes. Peu importe. Que se passe-t-il pour un soldat blessé ?
    Le soldat - On le porte à l'hôpital militaire.  A* traîne H* jusqu'à l'hôpital de Verria.

    L'auteur - Verria ?
    Le soldat - Oui ça sonne bien.
    L'auteur - Quelles sont les blessures de H* ?
    Le soldat - H* a perdu deux doigts, main gauche, par éclats d'obus. Coup de baïonnette à l'aine.
    L'auteur - Et le coeur ?
    Le soldat - Ça il l'a déjà perdu, plusieurs fois. Aux bordels de la vie.

     


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  • Noces-de-nuit.jpg

     

    Voilà des années qu'il s'est réfugié dans les basses terres et qu’il attend un signe. Aujourd’hui le ciel est blanc et la terre va peut-être trembler. Tous les chemins sont couverts de mousse. Le passage devient perméable. Sur les hauteurs, des femmes agitent leurs foulards. L'une d'elles est descendue et s'est arrêtée à quelques pas de son repaire. Elle s'est accroupie, a enlacé ses bras autour des genoux, penché la tête en avant et fixé les ombres sur la roche. Rien n'indique qu'elle soit venue pour lui mais il a vu dans son regard le feu qui rompt les limites du monde. Il a commencé à cligner des yeux comme à chaque fois qu'il sent l'or couler dans ses entrailles. L'horizon s'est élargi d'un coup et les pensées de la belle sont arrivées à portée de ses lèvres. Il a embrassé ses yeux et une multitude de trèfles à quatre fleurs sont apparus le gratifiant d'amoureux frissons.

    Comme chaque soir depuis des années, le vieillard s'est allongé sur le bitume, le regard pointé vers les montagnes. Il attend patiemment que la nuit dresse son armature de rêves. 

     


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