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Guerre et paix (8)
Une série proposée par Corinne Jeanson
Les soldats
Ils prennent des lignes blanches
celles qui conduisent derrière les miroirs
leurs yeux se sont brisés aux brèches du temps
y a des raptus qui explosent
dans le camp adverse
ils marchent à l'envers des paysages
ça les repose
les chèvrefeuilles et leur parfum
les étoiles et leur scintillement
ont le goût de pourrissement et de faux serments
à quoi ça sert le néant des grands espaces
ils s'essoufflent dans l'air impur des cimes
les abimes au-dessous flottent à leurs jambes
dans la poussière ils remontent
le lit des rivières asséchées
à la vue de leur file soldatesque
les poissons y poussent des rires acérés
le croassement rauque des corbeaux
emplit le ciel blanc d'ozone
et retombe en écho sur les granits violets
bientôt les balles siffleront
bientôt les bombes claqueront
et leurs dents crisseront
leurs mains trembleront
leur ventre s'étouffera
leur coeur cessera de cogner
la mort prochaine étendra
ses voiles gris sur la plaine
rouge de la vie perdue
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Commentaires
J'ai beau lire et relire, je ne vois aucune pleurnicherie là-dedans. Et le côté sombre de l'humanité est parfaitement assumé au fil des textes. Enfin bon, chacun comprend ce qu'il peut.
Le thème est ingrat (je trouve), difficile à traiter en poésie sans tomber dans la dégoulinade dramatique, et Corinne s'en sort plus que bien. J'ai juste un doute sur le rire acéré des poissons qui a, selon moi, un peu de mal à trouver sa place ici, mais il est vrai que quand sa rivière est asséchée, la pauvre bête rigole comme elle peut.
Le décor est planté de façon plutôt grandiose, et curieusement dans un texte aussi court, la description n'écrase pas le principal argument : la marche le peur au ventre.
En bref, c'est chouette, quoi.
Se résigner ou non à la guerre, vaste débat ! Mais en tout cas je ne me résigne pas à la mauvaise poésie !...Ici, ce ciel blanc d'ozone ferait marrer Baudelaire ! Le croassement rauque des corbeaux serait acceptable dans le poème d'un élève de sixième ! Qaunt au raptus, c'est du charabia... La poésie ne consiste pas seulement à émouvoir son petit coeur sensible ! Il faut y mettre aussi les mots qui conviennent, il faut du travail ; en plus de l'inspiration , il faut à la poésie un peu de transpiration ! Eh oui, n'est pas Péguy qui veut ! un dernier mot : quand on publie sur un sote public, il faut accepter les critiques, même acerbes ! Plutôt que d'attendre toujours les bravos hypocrites des copains et copines complaisants...
@ Bob :
1 : ici, c'est public, certes, mais ce n'est pas un sote.
2 : Ta première critique est injustifiée, ce texte est tout, sauf pleurnichard. Et raptus n'est du charabia que pour quelqu'un qui ne prend pas la peine d'ouvrir un dictionnaire.
3 : Corinne Jeanson n'est pas ma copine, je ne la connais pas, et je ne lis ses textes que depuis peu.
4 : Elle accepte d'autant plus les critiques, qu'elle n'a encore rien dit jusqu'ici. En outre, tu remarqueras dans ses posts précédents qu'elle les accueille, même acerbes, avec bienveillance et humilité.
5 : Je n'aime pas qu'on casse pour le plaisir de casser. Pour être fielleux, un commentaire n'en est pas plus constructif.
Et sa poésie est à peaufiner, certes, mais ce n'est pas de la mauvaise poésie.
on se calme, on se calme ! inutile de polémiquer, voyons ! je suis bien conscient que mon appréciation peut ne pas plaire ! mais attention à ne pas tout confondre : je ne critique pas la personne, mais le texte publié !
bonjour Bob, ma poésie est mal armée pour flirter du côté de chez Beaudelaire, sur la forme vos remarques sont justes, quoique sans pitié, sur le fond, je rejoins Castor, ces textes ne se veulent pas pleurnichards, je regrette qu'ils le deviennent à votre lecture, c'est donc qu'ils ne sont pas assez bien écrits... mais comme je suis têtue, je poursuivrai, j'irai au front, la fleur au fusil et s'il le faut je trancherai pour sauver ma peau, sans pitié... Cet été, j'ai croisé un VRAI poète irakien, vieil exilé, combat contre dictature, emprisonné, évadé, respect, je lui ai dit : je suis un bébé poète, ça l'a fait rire, son empathie n'était pas fanée, sa mélancolie était à fleur de peau. J'aime les rencontres improbables. Merci Castor.
Mes commentaires sont sans pitié pour une raison simple : Qui aime bien châtie bien ! cela étant vous avez raison de persévérer, car je n'oublie pas, moi-même, cette phrase de Montaigne : "Je donne mon avis non comme bon, mais comme mien."... c'est dans cet esprit que doivent être lus mes comentaires...
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ah, si au moins ce poème en forme de pleurnicherie humaniste pouvait supprimer les guerres ! hélas ! la guerre est génétique, car inscrite dans la violence humaine !!! l'homme n'est ni ange ni bête ! la guerre est sa partie animale ! si on accepte l'homme il faut accepter aussi cette partie sombre !