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    En attendant la prochaine et pour en terminer temporairement avec l’année 2007 ; avant d’avoir affaire au compte à rebours où après vous être distillé dans les bulles, de qui, de quoi avez-vous envie de vous souvenir ? Qu’est-ce qui vous ferait plaisir d’oublier ?

    Vous n’avez droit qu’à trois réponses par question. Cela suffira-t-il pour dire ce que chacun attend finalement de la vie ? Rendez-vous dans une semaine ici même pour le découvrir.
    Courrier à (
    assocalipso@free.fr)



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    Elles traînaient sur la commode à miroir, en les relisant on se demande quelle mystérieuse nécessité les a dictées et si elles font du bien ou pas. Quelle étrange idée aussi de vouloir les ramener à la lumière ? Dans l’obscurité, elles conversaient entre elles, en silence. Peut-être avaient-elles de secrètes intentions ? Une aspiration à nous entretenir un jour lointain de choses inédites ? Qui sait ce que le hasard leur proposera comme rendez-vous ? Une petite phrase suffira peut-être à déclencher un millier de signaux et c’est une autre histoire qui commencera alors, dans une autre chambre avec un autre homme, une autre femme et d’autres mots…

     

    Petit bonheur

    Petit bonheur deviendra grand

    Petit d'homme deviendra grand

    Rencontrera petit bonheur

    Saura-t-il le faire grandir ?

    Et le retenir ?

    Petit bonheur est trépassé

    Grand homme a oublié

    La recette pour le garder

    Faite de modestie et d'amour de l'autre

    A qui la faute ?

    Ana Surret


    Ma vie est un pommier en pleine floraison qui plonge ses racines profondes dans le terreau de mon enfance, un terreau sombre et mouvant.

    Régine Garcia


    Avec les élevages actuels de pondeuses en batterie, même la noble profession de voleur de poules n'est plus ce qu'elle était.

    Jean-Claude Touray Quatre brèves d'éthologie


    La nuit, les tournesols s’affolent… moi aussi !

    Ernest J. Brooms


    Les mots me parlent, c'est pour ça que je me tais.

    Guylaine de Fenoyl

     

    Il est là tout nu, tout froid

    Le mot hier brûlant

    Aujourd’hui noirci

    Sur l’ardoise blanche

    Des jours de rien.

    Corinne Jeanson

    "J'ai tiré les rideaux sur ma solitude vieille comme le monde, vieille comme mon cœur qui ne palpite plus pour personne, comme mes rêves éveillés, mes souvenirs de rien ; vieille comme la peau parcheminée de mes mains agitées d'une douce démence, et qui ont trop vécu pour enlacer encore." ("Par la fenêtre", éd. La machine à écrire, 2001)

    Emmanuelle Urien


    Tout n'est pas grave.
     
     

    Sylvette Heurtel

    Ce que tu veux d’aujourd’hui, c’est l’arme d’une phrase

    Contre le vide

    A bricoler patiemment.

    Juste une,

    Mais à terrifier les soleils.

    Magali Duru

     

    "Alors, tels des enfants à la fenêtre, les mots surgissent d'entre les choses; les mots sont des secrets enfouis dans l'écorce étroite du jour..."

    Carole Menahem-Lilin  "Enfances d'écorces", éd. Souffles, 2007, Quotidienne

     

    Ton mal et ton tourment je voudrais partager,
    Charger sur mes épaules un peu de ton fardeau
    Pour que tu redeviennes mon fier équipier
    Et pour qu’à mon sourire le tien refasse écho.

    Danielle Akakpo

    Esprit,

    Que n'es-tu mort avec moi

    Ensemble

    Nous aurions ri des vivants

    Gilbert Marques

    Absence, un mot ? une sentence !

    Quelle certitude ?

    Un mot, une sentence, puis le silence...

    Françoise Bouchet

    La prime rose que je vis avait la corolle légère... (les deux premiers vers de mon premier triolet)

    Jean Calbrix

    Tous les hommes sont uniques, mais certains sont plus uniques que d'autres.

    Valérie Lannoy


    Il y a des sourires qu'on entend les yeux fermés...

    Caroline Privault

    A la pointe de l'amande

    éclot une unique larme,

    fleur de deuil.

    Marie-Catherine Daniel

    Peu me chaut du reste -comme disaient nos aïeux qui n'étaient pas forcément plus bêtes que nous- qui n'est plus pour moi que billevesées et coquecigrues : fi donc !

    Suzanne Alvarez

    Je me suis toujours coltiné les fringues des enfants de la voisine. Ca nous débarrasse, disait-elle, le sourire patelin serré sur les gencives. Et moi ça m’embarrasse, pensais-je, la hargne au cœur, contemplant le sac passer des bras prompts et disposés de la voisine à ceux avides et mendiants de ma mère. L’offre et la demande toutes deux satisfaites, et moi en marge.

    Nathalie Hense

     


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    Au sommaire : Françoise Bouchet, André Fanet, Guy Vieilfault, Carole Menahem-Lilin, Claire de Viron, Marie Catherine Daniel, Françoise Guérin, Alain Emery, Emmanuel Renart, Sylvette Heurtel



    Voilà, il fait 100 pages et est sorti de l’imprimerie plus tôt que prévu. Les auteurs devraient le recevoir pour la fête à LEON. Cela n’a rien à voir avec une bienveillance céleste, tout juste un concours de circonstances dont nous avons tiré profit. Bref, une histoire qui se termine avec l’année sans que l’on ait eu à supporter trop de mésaventures. C’est encourageant pour la prochaine édition qui se trouvera être la septième, l’âge dit-on des tiraillements et des ruptures, mais le temps aussi de rendez-vous prometteurs et de nouvelles liaisons. Nous comptons sur votre compagnie, auteurs et lecteurs, pour donner de la voix et nous dire d’insister ou pas.

    Comme les précédentes publications, ce recueil des nouvelles primées au concours Calipso 2007 est proposé à prix coûtant ce qui équivaut cette année à 5,70€ l’exemplaire (frais de port en sus).
    Commande à
    assocalipso@free.fr

     


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  • Découvert dans le dernier numéro de la revue " Les Hésitations d’une Mouche " Salvatore Sanfilippo est poète et instituteur. Ses textes l’on conduit à être publié dans plusieurs revues comme Traction Brabant, Microbe, Verso, Portulan bleu … et courant 2008 dans un recueil de poèmes aux Editions Voix Tissées. Nous l’avons invité à partager un café…

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    Dites-lui

    Quand elle viendra

    Que je suis monté sur le cèdre

    Au bout du champ

    Que c’est là que je l’attends

    Attendre ici

    Attendre ailleurs

    Puisqu’il faut attendre

    Huitième branche

    A gauche

    Pas trop près du bord

    De là haut

    La vue est dégagée

    Impossible que l’on me confonde

    Avec un quelconque volatile

    Qui au moindre bruit

    Prendrait la poudre d’escampette

    Rien ne m’effraie

    Je suis serein

    Les yeux fixés au loin

    Aucun mouvement

    Ne trahit ma présence

    Seul le souffle du vent

    Dans le feuillage

    Vient perturber le silence

    Je suis insensible

    A tout ce qui m’entoure

    Même la pluie fine

    Qui s’est mise à tomber

    Ne m’affecte pas

    Je l’attends

    Je suis passé maître

    Dans l’art d’attendre

    Quand vous lui indiquerez mon refuge

    Vous lui direz bien

    Qu’elle crie bien fort mon nom

    Je suis un peu sourd d’oreille

    Salvatore Sanfilippo


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    Une chronique à la petite semaine de quelques judicieuses fabriques de littérature.

    à cliquer dans les Aiguillages : 

    Sur Mot Compte Double

    Le monde à l’horizon, comme une orange : une page blanche noircit avec grâce par Carole Menahem-Lilin.

    Sur Bonnes nouvelles

    Une sélection de textes pour les Fêtes à découvrir ou à... redécouvrir sans modération.

    Chez Stéphane Laurent

    Quel que soit l’objet, Stéphane livre toujours ses réflexions sur un plateau… alors quand il est question de cinéma …

    Sur Lenonsens, revue littéraire quinzomadaire

    Hector Plasma, vous connaissez ? Et Stéphane Esserbé ? Et Jean-René Godule ? Vraiment, vous n’êtes pas encore abonné ?

    Sur Histoires d’écrire

    Notre coup de cœur poético-musical " Le vague de sa robe noire " de Corinne Jeanson, interprétée par Nicole Amann, mis en musique par Hervé Jeanson.

    Sur Tant pis, je laisse

    L’actualité littéraire et musicale d’Emmanuelle Urien et d’ici peu sa liste de courses…

    Sur La scribouillarde

    Avec le Père Noël, Danielle Akakpo réhabilite le rêve, avec Coluche, elle nous rappelle le cauchemar des laissés-pour-compte.

     

    La dépêche expéditive de chez Reuters

    La justice turque a condamné un retraité aveugle âgé de 73 ans à suivre un cours d'écriture et de lecture de près d'un mois pour ne pas s'être présenté lors de l'élection du conseil d'administration de la coopérative de son village.

    "Que vais-je bien pouvoir faire dans une bibliothèque, mes yeux ne me servent à rien et je ne peux ni lire, ni écrire", a déploré le vieillard dans un article du quotidien local.


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    A la moitié du chemin de la vraie vie, nous étions environnés d’une sombre mélancolie, qu’ont exprimée tant de mots railleurs et tristes, dans le café de la jeunesse perdue.

    Cette phrase de Guy Debord citée en épigraphe du roman de Patrick Modiano a rendu possible une captation du lecteur dans le sens où elle vient dire le besoin pour l’auteur de se défaire de la solitude du passé et la nécessité de s’adresser à un lecteur qui deviendrait partie intégrante de son remodelage.Comme les situationnistes des années soixante, il convie le lecteur à quelques dérives dans les rues de Paris, à la recherche d’êtres égarés et de lieux désertés. Obscures errances dans ce terrain vague qu’est devenue la ville - la vie ? Voyage dans les méandres du temps en compagnie de fantômes incertains, éternel retour des ombres.

    Car depuis toujours les hommes ont cherché à apprivoiser les ombres. Beaucoup ont appris à ne rien entendre de ce qu’elles disaient. Certains se contentent de les regarder danser sans qu’elles occupent davantage leurs pensées, d’autres s’arc-boutent sur la seule absence et éprouvent des regrets infinis, d’autres encore les traquent jusqu’au couchant de leur vie et, parvenus au terme, peut-être alors entendent-ils l’écho d’une voix : est-ce moi qui avance dans la nuit - la vie ?

    Quête d’une mémoire qui échappe, qui se délabre, d’une mémoire noyée dans les amalgames du souvenir, d’une mémoire qui se réfugie dans les cafés malfamés, qui s’illumine dans de vieux hôtels meublés, d’une mémoire qui s’engourdit dans les fêlures du cœur, fragmentée à tout jamais et qui s’épaissit des absences répétées au monde, d’une mémoire qui se profile entre les fumées, qui sent la braise et la chair crépitante, d’une mémoire qui s’efface du miroir pour mieux s’infiltrer par les interstices du rêve.

    Patrick Modiano a choisi l’écriture pour faire la paix avec ses ombres et il demande au lecteur d’en être le témoin et l’acteur. C’est tout simplement lumineux.

    Dans le café de la jeunesse perdue de Patrick Modiano aux Editions Gallimard, 149 pages, 14,5€


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    Le titre retenu pour ce spectacle préfigurait la tonalité de la soirée. Le pari était difficile : capter l’attention du public un soir où le divertissement, le comique et le défi compassionnel étaient largement promus sur la commune.

    Amoureuse de la vie, Taslima Nasreen l’est profondément. Elle écrit comme elle respire, entre éclaircies et turbulences, tantôt paisible, joueuse, aimante, tantôt fébrile, enflammée, éprise de justice et de liberté. Engagée dans une lutte titanesque contre l’oppression des femmes, elle mène un combat radical fondé sur l’écrit : poèmes, récits, romans, articles de presse… des mots de colère et d’espoir, des mots enrobés de douceur et de rage, des mots du monde intérieur qu’elle offre au risque de sa vie, aux femmes prises dans le carcan de la religion.

    Des poèmes fustigant l’intolérance, le fanatisme, l’enfermement, des poèmes pour contenir la peur et enrayer le désespoir, des poèmes pour rompre la solitude, tendre la main à toutes ces femmes blessées, mutilées, infirmes de leurs désirs d’amour…

    L’interprétation à la fois chaleureuse et mordante de la comédienne Françoise Vergely, l’accompagnement musical, éclairé et percutant de Harvey Harder, ont fait de cette rencontre un évènement unique au Fontanil, un de ces moments rares où des femmes et des hommes se laissent transporter par l’émotion, par l’envie de partager, de soutenir, d’être en lien avec ces combats pour la dignité, ces épreuves de tous les jours. Un de ces moments forts qui donnent du sens à la vie.

    Poèmes d’amour et de combat de Taslima Nasreen aux Editions Librio, 1,90€

    C’était vendredi 7 décembre au Calipso, Le Fontanil.

    Taslima Nasreen, comme tant d’autres de par le monde, est victime de nombreuses fatwas au Bangladesh pour avoir dénoncé l’oppression des femmes et des minorités non-islamiques. Elle vit en exil depuis 1994. Installée depuis quelques années à Calcutta, sa tête a de nouveau été mise à prix par plusieurs organisations islamistes indiennes. Des récompenses sont offertes pour sa décapitation…

    Une nouvelle manifestation contre elle l’a une fois de plus obligée à quitter Calcutta le 22 novembre dernier. Elle est pour l’instant réfugiée à Delhi, mais pour combien de temps. Elle est poursuivie par la justice de ce pays et risque 3 ans de prison pour avoir attisé la haine et la discorde.  


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    Les fêtes approchent, il est temps de se refaire une petite beauté… Cela tombe bien, au café nous avons ouvert un coin salon et c’est Jean-Claude Touray qui officie. Excusez du peu !
     

    Deux gris sur ma palette

    Gris primal

    - C'est gris...

    Les ciseaux, menés d'une habile main de coiffeuse, volètent avec agilité sur la nuque de l'homme. Il  ne voit pas, dehors, les menaçants nuages.

    -Vous voulez dire mes cheveux ?

    -Non, le ciel. Les ciseaux s'arrêtent, l'espace d'un sourire entendu, avant de reprendre leur cliquetis. " Avec les émissions actuelles de gaz à effet de serre, on est en train de détraquer le temps : vous trouvez ça normal, un week-end de printemps sans soleil ? "

    L'homme est étonné du progrès des idées nouvelles, dans les menus propos sur le temps qu’il fait. Ce samedi matin, l'ambiance du salon est celle d'une ruche où, petites abeilles diligentes, d'actives ouvrières s'activent autour de clients des deux sexes. Ambiance combinée de cocoonage et bavardage; enfilage solennel de la blouse noire de protection ; incipit du shampooing que termine une ablution dans une eau lustrale. Cérémonies capillaires enfin, dans leurs déclinaisons diversifiées.

    - On dégage le tour des oreilles ? La séance est bien avancée ; la coiffeuse a pris garde aux épis si on les coupe trop court, les cheveux se redressent tout le temps avec un air batailleur… gare à la houppe à la Tintin. Sèche-Cheveux, coups de brosse énergiques… " un peu de gel ? ". Voilà, c'est fini : le miroir à main fait le tour de l'arrière de la tête. Grâce au reflet dans la glace frontale, l'homme a une vision complète de sa nouvelle coiffure.

    -Je ne les ai pas trop coupés ?

    Terrible aveu, cette dénégation en forme de question. " Mais non, bien sûr, tout est parfait et d'ailleurs maintenant que pourrait-on faire ? ". Et l'homme se dit que c'est la première remarque que fera sa femme à la maison: " tu as la nuque beaucoup trop dégagée ".  

    Gris bis

    Non, ça ne va pas avec cette sauce gris biche...Trop " simple constat ". Je recommence, il y a deux gris sur ma palette.

    - C'est gris…

    - Grisonnant plutôt, si vous voulez parler de mes tempes dit l’homme... Rire de gorge profond de l'artiste antillaise. Ses ciseaux, qui becquetaient la nuque du client avec une élégance d'oiseaux-mouches, s'arrêtent étonnés.

    - Non, je voulais parler du temps, beaucoup moins beau qu'à  La Désirade… Et la main habile de la quarteronne réactive aussitôt les ciseaux mouches.

    L'homme trouve qu'elle sent la cannelle et le pain chaud, la muscade et le giroflier. Un peu plus tôt, alors qu'elle pratiquait la liturgie du shampooing, il avait été grisé par le capiteux parfum de sa gorge en partie dénudée.

    - Je vous effleure le tour des oreilles ? La fille est maintenant vêtue d'un simple string et d'un lourd collier de fleurs d'hibiscus ; un soleil d'or rayonne dans le salon de coiffure dont les fenêtres sont largement ouvertes sur une plage de sable fin. Et voilà la sarabande finale, la danse du peigne et du séchoir. La fille lui gratte délicieusement le crâne, lui souffle une haleine tiède dans les oreilles lui masse longuement la nuque avec du lait de coco. Et c'est fini, fini, FINI.

    Souriant, l'homme rajuste ses Ray Ban et sort, l'œil illuminé.

    Il va là-bas, loin, derrière les tours et les barres de la cité. Il sait qu’un jour il y verra les cocotiers, la plage...

    Jean-Claude Touray

       


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    Le train s’éloigne à grande vitesse des côtes bretonnes. Un père et sa fille planchent sur des exercices de mathématiques.

    L’homme demande à la jeune femme : sais-tu ce qu’est une identité remarquable ? La réponse est inaudible mais certainement pertinente car le visage de l’homme s’illumine d’un grand sourire. C’est beau les définitions n’est-ce pas ? dit-il. La demoiselle est aux anges. Avec une moue malicieuse il ajoute : les formules ne servent qu’à simplifier les expressions et à accélérer les calculs mais ce n’est pas suffisant n’est-ce pas ? Quand tu connais une chose, tu es amenée à en connaître une autre mais vois-tu, aujourd’hui les gens veulent tout savoir sans rien comprendre ; ils veulent transformer le savoir en une somme de connaissances, alors qu’il faut questionner, explorer, éprouver, douter… Dans quel état d’esprit es-tu quand tu as une équation à résoudre ? C’est important cette culture de l’interrogation. Là, par exemple : que faut-il faire pour connaître l’inconnu(e) ? Est-ce que le hasard y est pour quelque chose ? Pourquoi une telle chose n’existe pas ? Peut-on faire le chemin en sens inverse ? Tu vois, ce n’est pas rien qu’un exercice de plus, il faut apprendre à aller au fond des choses mais aussi savoir regarder en détail la surface de ces choses. Cela ne nous fait pas forcément beaucoup avancer sur la compréhension du monde mais nous apprenons en chemin deux ou trois petites choses qui permettent d’éclaircir au moins quelques points un peu troubles.

    Captivant non ? 


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    Le train roule à grande vitesse, en route pour les côtes bretonnes. Une petite famille est en voyage.

    L’enfant a moins de deux ans. Il vient de se réveiller et pleure en s’agrippant au bras de la femme.

    Brassée par la rumeur insistante du rail, elle reste muette à ses appels. Elle semble presque oublieuse de tout. Le front posé sur la vitre, son attention est captée par le couchant du soleil et la multitude de cristaux de couleurs qui s’enfuient sitôt surpris.

    L’homme lit l’Equipe. Il jette un œil agacé en direction de la femme. L’enfant ne le sollicite pas. Il geint plus qu’il ne pleure, s’agite sur le siège, griffe la main de la femme. L’homme respire bruyamment, souffle, s’agite à son tour. Excédé, il abandonne son journal et intervient.

    Arrête ! Arrête, je te dis ! Tu vas pas recommencer non ! Arrête ! Regarde autour de toi, tu vois des enfants en train de pleurer ? Tu en vois ? Non, tu n’en vois pas parce qu’il n’y a pas un seul enfant qui pleure dans le train. Dans les trains on ne pleure pas, alors arrête ! Tu entends, arrête ton cinéma !

    L’enfant cesse de gémir, se détache de la femme et se replie sur son doudou.

    L’homme reprend son journal et marmonne : merde, c’est quand même pas compliqué !

    La femme se mordille les lèvres. Il y a de la buée sur la vitre. A l’extérieur les points de repères disparaissent peu à peu sous une brume naissante. Dans sa fuite éperdue le temps ne laisse bientôt plus filtrer que des ombres.

     


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