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Le jardin à Léo
Ballade de deux Parisiennes – mère et fille- du côté d’un square pas comme les autres... C'est extra !
Au bout du passage Brûlon se tient le square Léo Ferré dans le douzième arrondissement, délicieusement calme à cinq heures de l'apr ès-midi, à côté du jardin collectif de l'Aligresse, en retrait de l'agitation de la ville. Une rose rouge est accrochée au-dessus de la plaque nouvellement inaugurée. Le gardien est en train de fermer les accès, il est dix-sept heures, son trousseau de clés tinte dans sa poche, il s'éloigne vers la rue, nous laissant seules derrière les barrières, à contempler le square et ses bosquets d'arbres, ses trois petites plates-formes en bois montées sur des ressorts rouges, son allée que nous devinons derrière les arbres encore verts. Nous faisons le tour du square, croisons de rares passants, revenons sur nos pas et soudain ma fille me confie l'appareil, sa veste, son écharpe et me dit : "Prends des photos, j'y vais."Les cours de cirque ont du bon et ce n'est pas une petite barrière qui pourrait freiner son élan, ça non. La voilà de l'autre côté. Elle court en liberté, grimpe sur les plates-formes comme autrefois au square des Cloÿs, d'un mouvement de bascule les déséquilibre sous ses pieds, descend, s'échappe, court dans l'allée, disparaît derrière les arbres, revient, virevolte, repart. Plus tard, elle escalade la barrière en refusant mon aide, noue son écharpe, reprend son appareil. Nous flânons encore un peu, jusqu'à ce que les ombres du soir descendent lentement sur les arbres, la petite allée, les plates-formes, le jardin de l'Aligresse, la plaque du poète.
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Commentaires
1lilaSamedi 23 Août 2014 à 18:27Merci de rendre hommage à ce grand homme qu'on a tendance à oublier...Répondre2chantal blancSamedi 23 Août 2014 à 18:27Et merci de l'avoir écrit en belle simplicité,d'avoir pris ce joli film d'une fille un peu grande qui revit en joie une jeunesse bien saine!3Jean-PierreSamedi 23 Août 2014 à 18:27Il est bon de nous rappeler à travers cette image, que Léo Ferré a été un grand poète, car "Avec le temps, va, tout s'en va. On oublie le visage et l'on oublie la voix..."4SolangeSamedi 23 Août 2014 à 18:27Il est dommage que ce havre de repos ne soit pas goûté comme il le mérite.
Le nom qu'il porte non plus, ça fait un peu peur de voir ce manque d'appréciation.5LastregaSamedi 23 Août 2014 à 18:27"La Mémoire et la Mer", magnifique chanson et merveilleuse poésie de la tristesse et de la solitude.
A Monaco dont il était natif, et sur la Place Léo Ferré (anciennement Place Clichy), inaugurée en novembre 2003, on peut voir la sculpture en bronze du visage de Léo Ferré, l'anar, le poète-musicien-chanteur, le révolté-libertaire-contestataire d'une rare humanité diront les Monégasques. Cette place se trouve à deux pas de la maison où il est né et que sa famille occupe toujours. Mathieu Ferré, un des fils de Léo, a repris la direction de la maison d'édition de son père après sa mort : La Mémoire et la Mer.
Et pour les "soixante-huitards" comme moi, voici, en souvenir de Léo, le plus beau slow du monde (à mes yeux tout au moins), sur lequel vous avez, comme moi, sans doute, dansé : "C'est Extra"
http://www.youtube.com/watch?v=x0rMSHdi5Jw6ANNASamedi 23 Août 2014 à 18:27"La mémoire et la mer"et "C'est Extra", j'ai toujours trouvé cela très beau.
Merci au barman de Calipso et à Suzanne de rendre hommage à un prince de la musique. Le très regretté LEO FERRE.7Jean-PierreSamedi 23 Août 2014 à 18:27Félicitations, Suzanne, pour ce bon choix parmi les oeuvres de Léo, sans pour autant oublier"les poètes" "Ils ont voté"et autres...
8LastregaSamedi 23 Août 2014 à 18:27http://www.youtube.com/watch?v=adfj8WJuSK4
LES POETES (par Léo Ferré)
Ce sont de drôles de types qui vivent de leur plume
Ou qui ne vivent pas c'est selon la saison
Ce sont de drôles de types qui traversent la brume
Avec des pas d'oiseaux sous l'aile des chansons
Leur âme est en carafe sous les ponts de la Seine
Les sous dans les bouquins qu'ils n'ont jamais vendus
Leur femme est quelque part au bout d'une rengaine
Qui nous parle d'amour et de fruit défendu
Ils mettent des couleurs sur le gris des pavés
Quand ils marchent dessus ils se croient sur la mer
Ils mettent des rubans autour de l'alphabet
Et sortent dans la rue leurs mots pour prendre l'air
Ils ont des chiens parfois compagnons de misère
Et qui lèchent leurs mains de plume et d'amitié
Avec dans le museau la fidèle lumière
Qui les conduit vers les pays d'absurdité
Ce sont des drôles de types qui regardent les fleurs
Et qui voient dans leurs plis des sourires de femme
Ce sont de drôles de types qui chantent le malheur
Sur les pianos du coeur et les violons de l'âme
Leurs bras tout déplumés se souviennent des ailes
Que la littérature accrochera plus tard
A leur spectre gelé au-dessus des poubelles
Où remourront leurs vers comme un effet de l'Art
Ils marchent dans l'azur la tête dans les villes
Et savent s'arrêter pour bénir les chevaux
Ils marchent dans l'horreur la tête dans des îles
Où n'abordent jamais les âmes des bourreaux
Ils ont des paradis que l'on dit d'artifice
Et l'on met en prison leurs quatrains de dix sous
Comme si l'on mettait aux fers un édifice
Sous prétexte que les bourgeois sont dans l'égout9Jean-PierreSamedi 23 Août 2014 à 18:27
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