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Poètes, vos papiers ! Le concert (3)
Jean Calbrix, Madeleine et René Lallement sont les invités de ce 3ème jour de fête. Abd Al Malik les accompagne avec "Gibraltar"
Mumba
Que fais-tu là, Mumba, sur la mer en furie
Loin des tiens, ta mangrove et tes palétuviers ?
Tu revois ta promise aux grâces de pluviers ;
Pour elle tu t'en fus en pleine pénurie
Gagner quelques euros, palliant l'incurie
Du petit homme blanc, le nez dans vos viviers,
Interdisant la pêche et tous vos éperviers(*),
Vous laissant affamés, meurtrière aporie.
Déjà tu vis au loin les côtes d'Occident,
Heureux, touchant au but, indemne d'incident.
Dans ta coque de noix, ton coeur était en fête,
Et tes espoirs voguaient au gré des flots courants.
Hélas ! le vent rageur déchaîna la tempête ;
Et l'on te repêcha, mort parmi les mourants.
(*) Filets de pêches. On dit aussi pêcher à l’épervier
Jean Calbrix
Fait d'hiver
Parfois, quand il est dit que l'âme humaine est noble
Le doute m'est permis devant de tels propos
Lorsque ce jour d'hiver, j'ai vu dans le métro
Devant la main tendue, les gens les plus ignobles.
Face à l'homme brisé, marqué par la galère
Venu leur demander de quoi calmer sa faim
Ils ont jeté l'argent, comme un os à un chien
En riant de plaisir, quand il roulait à terre.
A ces êtres abjects, je veux crier bien haut
Connaître la misère est une tragédie
En rire sans pudeur, c'est humilier la vie
Je le pense et leur dit, - vous êtes des salauds -
Madeleine
Mépris
Puissants qui perturbez la terre,
Jamais vous ne serez pleurés.
Morts, deviendrez vile poussière,
Puissants qui perturbez la terre.
Pour avoir semé la misère
Par vos rêves démesurés,
Puissants qui perturbez la terre,
Jamais vous ne serez pleurés
René Lallement
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Commentaires
2Yvonne OterSamedi 23 Août 2014 à 18:20Joli tryptique pour démarrer la semaine. Le poème de Madeleine m'a profondément touchée, parce qu'il pointe du doigt ce que je tente de toujours garder en mémoire. Quels que soient son aspect, son état physique ou mental, sa situation sociale ou financière, la couleur de sa peau, ses origines, la personne qui est devant moi est un être humain. Et je dois la traiter comme telle.
3PascalSamedi 23 Août 2014 à 18:20Des styles et des situations différents.Le constat d'un monde qui ne sait pas faire la part des choses, pour laisser place aux inégalités flagrantes dont notre société se désintéresse totalement, tel Mumba croyant partir pour un semblant d'eldorado avec tous les risques que comporte un tel voyage, et le SDF qui tient le rôle de bouffon pour quelques pièces données avec parcimonie.René fustige les maîtres de ce monde, mais nous,qui mangeons dans leurs mains,bien souvent, nous ne valons guère mieux.4RachidSamedi 23 Août 2014 à 18:20Si j'ai bien compris le texte un peu hermétique de Joël,celui-ci semble nous offrir la rédemtion. Inch Allah5LastregaSamedi 23 Août 2014 à 18:20Une belle claque au coeur que nous envoient ces trois poètes dans ce constat grinçant et noir. Trois oeuvres de dentellières où l'émotion affleure sans prévenir.
Mais aux larmes de sueur et de sang versées par les déshérités du système dans cette jungle froide, au lamentable gâchis des énergies et du talent, au pouvoir fallacieux des trafics en tout genre, il ne sert à rien d'errer misérablement et pleurer devant son écran de TV ou d'ordinateur. Car au-delà de la compassion et de la colère, pour soulager l'humanité souffrante, les mots ne sont rien s'ils ne sont pas suivis immédiatement d'actes.
6Le clownSamedi 23 Août 2014 à 18:20"L'avenir de l'Humanité reste indéterminé parce qu'il dépend d'elle" H.Bergson. Et si elle a toujours marché à reculons vers l'avenir et les yeux tournés vers le passé c'est pt'être, comme dit La Strega, qu'il est plus facile d'aimer l'Humanité que son voisin de palier !
7Jean-PierreSamedi 23 Août 2014 à 18:20Remarquable festival de poèmes. Il nous prouve que la poésie n'est pas morte,mais qu'au contraire, elle se porte fort bien, en mettant en exergue toutes les injustices du monde, pour nous en faire prendre conscience. Ces fines plumes en sont le garant. On ne peut que les féliciter8ChristelleSamedi 23 Août 2014 à 18:20Ces poèmes me touchent beaucoup à cause de cette réalité que l'on voit tous les jours dans les rues ou à la télé.Ils m'envahissent de tristesse à leur lecture, mais le rôle du poète n'est-il pas de tout dire sur son époque.
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Foule intacte
de toute pensée essentielle
nous avons bu mers et rivières
peint des yeux sur nos oeillères
décroché
le soleil de sa patère
Sans repères
la chute est insensible
Admirons l'homme
esclave idéal
sans origine
sans destin
Il rend indistincts
haine et amour
de son prochain
Applaudissons
il peut faire le bien
sans les mains
et agonisant
réclamer encore
ses droits de terrien