• La Pluie de l'aube, préface de Françoise Guérin

    La Pluie de l'aube, préface de Françoise Guérin

     

     

    Rarement recueil de nouvelles m'a emportée aussi impétueusement que celui de Guan Jian. Pourtant, La Pluie de l’aube nous cueille en douceur avec un texte inaugural d’une exquise délicatesse mêlant le geste de l’écrivain et le concerto de « la pluie qui câline les vieilles tuiles du toit. ». On se dit : Quelle délicieuse écriture empreinte de poésie ! Et les images surgissent, qui charrient des souvenirs de lecture, comme ces Contes et légendes de Chine, qu’enfant, je relisais chaque été.

    Mais ne nous y trompons pas. L’auteure ne verse pas dans le folklore ou la sagesse populaire. Elle n’écrit ni pour faire joli, ni pour laisser rugir « la bête qui rôde dans la jungle de […] ses pensées. » Son travail vise plutôt à cerner les invisibles liens qui, toujours, ramènent le voyageur à la terre de ses ancêtres. Qu’ils s’exilent au-delà des mers ou que les logiques totalitaires les bannissent du monde des vivants, les personnages de ce recueil semblent intimement préoccupés par ce qui, de la fierté ou de la déception, pourrait s’inscrire sur le visage de ceux qui les ont enfantés.
    Comme une petite fille qui ne cesserait d'interroger le monde, Guan Jian scrute les destins qui entremêlent petite et grande histoire, espoir d’une ère nouvelle et désespoir d’être assujetti. Car, sitôt porté au pouvoir, l’idéal, implacable, dévore ses enfants, et, en premier lieu, ceux qui l’ont élevé à la place de maître. Le ravage imprime sa marque dans les générations qui s’en trouvent entravées.

    Pourtant, le propos de l’auteure n’est pas politique. Son écriture pleine de tendresse nous fait aimer ses personnages qui, tantôt en Chine, tantôt en France, croisent leurs existences cabossées. À mille lieues de la plainte tragique que son propos pourrait laisser augurer, il y a, dans son travail, quelque chose de vivifiant.

    Originaire de Beijing (Pékin), Guan Jian y a publié plusieurs ouvrages tout en exerçant le métier de journaliste et traductrice. Si elle a quitté la Chine, il y a vingt-six ans, après le massacre de la Place Tian'anmen, il est manifeste que la Chine ne l’a jamais vraiment quittée.
    Aujourd’hui, Jian vit à Lyon où elle enseigne sa langue maternelle. Écrire en français relève, pour elle, de la nécessité. Tant mieux pour nous qui guetterons, désormais, avec intérêt, la sortie de ses livres !

    Françoise Guérin

    La Pluie de l’aube de Guan Jian, Zonaires éditions, 126 pages                      

    13,50 € + 2,72 € de frais de port.

    Parution le 12 avril 2016  Commande sur www.zonaires.com

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  • Commentaires

    1
    M
    Mardi 5 Avril 2016 à 13:01

    Superbe photo, belle préface de ce que j'appellerais une "marraine" (puisque préfacière et romancière habitent Lyon, elles doivent se connaître? ). Le recueil doit être aussi satisfaisant que ce qu'on nous en dit ! 

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