• L'au-delà du livre

     

    Aujourd’hui, un article que j’ai publié il y a quelques temps dans " Voix au chapitre ", petit bulletin d’information et d’expression distribué sur la commune du Fontanil Cornillon par l’association Calipso.

     

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    On dit de l'écriture qu'elle est une trace. On dit d'une trace qu'elle est une suite d'empreintes ou de marques que laisse le passage d'un être ou d'un objet.

    A la question : "Pourquoi écrivez-vous ?" J.L. Borges répondit : "Tout est dit n'est-ce pas, comme tout a déjà été vécu et oublié, exprimé et tu ". Il ne cessa pas pour autant d'œuvrer pour la littérature, considérant son rapport au monde comme une perpétuelle réécriture,

    Alors quoi ? L'écriture se nourrirait-elle de l'oubli ? Serions-nous toujours là, à vouloir déchiffrer des traces d'une mémoire disparue ou égarée dans les méandres de l'imaginaire ? Serions-nous toujours là, à chercher à évaluer ce que nous sommes pour mieux discerner ce qu'il en est de l'autre ? Serions-nous toujours là dans une existence si singulière que nous serions obligés pour en éprouver toutes les inflexions et toutes les tournures d'en passer par une multitude de lectures et de relectures, de plongées dans les livrets et les opuscules, jusqu'à ce que de cet immense flux de mots, nous puissions saisir au détour d'une imprévisible métaphore, l'opportunité d'entendre le bruit que fait en nous la vie ?

    Force est de constater qu’il n'est pas dans la nature de l'homme à vouloir être absolument vivant. C’est parce que les livres nous convient quelquefois à des expériences bien au-delà du dicible, bien plus étranges que la vie, que nous nous remémorons nos existences passées et qu'il nous est possible malgré les incertitudes et les transfigurations, de nous rappeler des connaissances anciennes.

    Parfois un roman hante une existence toute entière, tout comme parfois une vie se raconte comme un roman mais c'est toujours poussé par le désir d'en savoir un peu plus sur les êtres et les choses que nous nous saisissons d'un nouveau livre ou bien comme le proposait Henry Beyle à l'approche de la cinquantaine, que nous nous résolvons à écrire notre vie pour savoir ce qu'elle a été.

    Est-il donc besoin de dire que c'est parce que les livres sont à notre portée depuis si longtemps qu'il nous faut veiller à ne pas les oublier ?

     


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