• Journée de la femme ?


    Et si l’on regardait d’un peu plus près ce qu’ont pu dire par le passé quelques esprits savants, érudits, éclairés ? Et si l’on faisait le point aujourd’hui d’un bout à l’autre de la planète ?

     



    "La femme doit adorer l’homme comme un dieu. Chaque matin elle doit s’agenouiller, neuf fois consecutives, aux pieds du mari et, les bras croisés, lui demander: Seigneur, que désires tu que je fasse ?"

    Zaratustra (Philosophe perse, VII siécle a.J.C.)

     

    "Toutes les femmes qui séduiront et amèneront au mariage les sujets de Sa Majesté au moyen de parfums, peintures, dents postiches, perruques et rembourrage au hanches et à la poitrine, encoureront le délit de sorcellerie et le mariage sera automatiquement annulé."

    Constitution Nationale Anglaise (loi du XVIII e siécle)

     

    "Bien que la conduite du mari soit censurable, bien que celui ci se livre à d’autres amours, la femme vertueuse doit le révérer comme un dieu. Durant l’enfance, une femme doit dépendre de son père, en se mariant de son mari, si celui ci meurt, de ses fils et si elle n’en a pas, de son souverain. Une femme ne doit jamais se gouverner seule."

    Lois de Manu (Livre Sacré de l’ Inde)

     

    "Quand un homme sera repris en public par une femme, il a le droit de la frapper avec le poing, le pied et de lui casser le nez pour que ainsi, défigurée, elle ne se montre pas, honteuse de sa figure. Et elle l’a bien mérité, pour s’être adressée à l’ homme avec méchanceté et un langage osé."

    Le Ménagier de Paris (Traité de conduite morale et de coutumes de France, XIVe siécle)

     

    "Les enfants, les idiots, les lunatiques et les femmes ne peuvent pas et n’ont pas la capacité pour effectuer des négoces."

    Henri VII (roi d’ Angleterre, chef de l’ Eglise Anglicane, XVIe siécle)

     

    "Quand une femme aura une conduite désordonnée et cessera d’accomplir les obligations du foyer, le mari peut la soumettre et la réduire en esclavage. Cette servitude peut, y compris, s’exercer dans la maison d’un créancier du mari et, pendant la période que cela durera, il est licite (pour le mari) de contracter un nouveau mariage"

    Code de Hamurabi (Constitution Nacionale de Babylone, promulguée par le roi Hamurabi, qui la conçut sous l’ inspiration divine, XVIIe siécle a.J.C.)

     

    "Les hommes sont superieurs aux femmes parce que Allah leur a octroyé la supériorité sur elles. Par conséquent, il donna aux hommes le double de ce qu’il donna aux femmes. Les maris qui souffriront de la désobéisssance de leurs femmes,peuvent les châtier: abandonner leur lit,et même les frapper. Il n’a pas été légué à l’homme pire calamité que la femme."

    Le Coran (livre sacré des musulmans, recité por Allah à Mahomet VIe siécle)

     

    "Que les femmes soient silencieuses dans les églises,parce que il ne leur est pas permis de parler. Si elles veulent être instruite sur un sujet quelconque, qu’elles demandent à la maison à leurs maris."

    Saint Paul (apôtre chrétien, an 67 p. J.C.)

     

    "La nature crée seulement des femmes quand elle ne peut pas créer des hommes. La femme est, par conséquent, un homme inférieur."

    Aristote (philosophe, guide intellectuel et précepteur grec d’ Alexandre le Grand, IV e siécle a.J.C.)

     

    "La pire étiquette que peut avoir une femme c’est d’être savante."

    Luther (théologien allemand, réformateur protestant, XVIe siécle)

     



    Et si pour accompagner cette journée, nous écoutions Taslima Nasreen

     

    Mauvaise femme

     

    Les mauvaises femmes n’écoutent jamais l’avis de personne,

    Vont où bon leur semble,

    Rient aux éclats

    Et crient à tue-tête,

    Les mauvais femmes sèment la pagaille.

     

    Les mauvaises femmes se lèvent tard,

    Se couchent tard,

    Et quand tout le monde va à droite, elles vont à gauche.

    Elles embrassent qui leur plaît,

    Bourrent de coups de pieds qui leur déplaît,

    Ne respectent aucune règle.

     

    Les gens leur crachent au visage,

    Les gens leur pissent dans le dos,

    Les gens les fuient,

    Les gens bien, les gens comme il faut.

     

    Les mauvaises femmes foncent droit devant,

    Elles ne craignent pas la tempête avant d’affronter l’océan.

     

    J’ai terriblement envie d’être une mauvaise femme.


  • Commentaires

    1
    Mardi 10 Mars 2009 à 12:55

    Superbe image de vitrail, Patrick, beau et torturé à la fois. Tiens, on dirait miss France en voie de perdre sa couronne.

    Le florilège des poèmes continue et Yvonne s'y met. Quel beau cadeau !

    2
    Mardi 10 Mars 2009 à 13:03
    J'ai voulu dire : visage beau et torturé à la fois.

    Elle n'avait pas l'esprit plus gros qu'un dé à coudre,
    Mais dans l'amour on ne demande pas,
    Aux filles d'avoir inventé la poudre.
    Brassens

    Beau scaphandrier, descend dans le cerveau de ma blonde.
    Il est descendu, descendu,
    Et dans la profondeur du vide,
    Le scaphandrier s'est perdu.
    Léo Féré

    Ah ! c'que t'est drôle à regarder
    Tes bas tombant sur tes chaussures...
    Aznavour

    Etc, etc,
    3
    Mardi 10 Mars 2009 à 13:32
    Quel florilège! Je découvre Calypso. Avec un nom pareil on ne peut que souhaiter revenir danser. Ma commémoration est moins rimée. Elle résonne avec ce visage triste, de qui connait sa défaite. Mais ces poèmes redonnent le sourire, tant ils sont bourrés de nitroglycérine amoureuse
    4
    Jeudi 12 Mars 2009 à 13:51
    Heureusement que les poètes sont là, Phil ! Comme ce brave Léo Feré qui se perd dans le vide du cerveau de sa blonde, ce géant Brassens qui trouve que la femme n'a pas l'esprit plus grand qu'un dé à coudre et ce nabot d'Aznavour qui trouve qu'elle est drôle à regarder avec ses bas tombant sur ses chaussures, son vieux peignoir mal fermé et ses boigoudis, quelle allure !! 
    Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour que la phallocratie expire ! 
    5
    Jeudi 12 Mars 2009 à 13:54
    Pa boigoudis, bigoudis évidemment. encore que boigoudis, c'est joli !
    6
    LAMY Jacques
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    À cette heure bénie où nos corps étaient flammes,
    Crépitante jeunesse en proie aux coeurs en feux,
    À ces peines de vie où tu demeurais femme
    Quand le sort s'acharnait : nous luttions tous les deux.
    Et les doux mots d'amour dont s'embrase mon âme,
    Que je transcris ici, sont de nouveaux aveux.
    .
    À cette heure bénie où nos enfantss s'ébattent,
    Le disque rougeoyant s'ennoie à l'horizon,
    Quand lassés de mener un destin d'acrobates
    Ils reviennent vers nous, au chaud, à la maison.
    Le sablier s'écoule , et parfois je "démâte",
    Mais de t'aimer ne cesse au long de mes saisons.
    .
    À cette heure bénie où nous sommes ensemble,
    De ces tous petits riens qui nous rendent heureux,
    Celant l'heure maudite où l'un de nous deux tremble
    D'un abandon soudain laissant un vide affreux,
    C'est l'émoi que j'ai tu, trop souvent..., il me semble,
    Que je clame aujourd'hui : j'aime tes blanc cheveux...
    .
    .
    Jacques LAMY
    7
    Jean-Pierre MICHEL
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Pour la Journée de la Femme, nous ne pouvons que vanter leurs qualités, et pour cause...

    FEMME ETERNELLE

    Elle est l'onde qui passe au doux parfum de nuit
    Comme un ruban de soie en ces heures trop brèves
    Quand notre être s'abreuve à la source du rêve
    Sous les reflets d'argent de la lune qui luit.

    Elle est la tendre fleur, celle que l'on respire
    Dans la blonde clarté des instants vagabonds
    Qui se laisse surprendre en son bel abandon
    Par la main de l'amour, comme on cueille un sourire.

    Elle est le chant du monde et l'espoir de demain
    L'immortelle beauté dans le coeur du poète
    Et incarne à nos yeux la suprême conquête
    Quand se mêlent nos pas sur le même chemin.
    8
    jean-Pierre
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Emouvant poème, Jacques Lamy, à l'adresse de la compagne de toujours. Il n'est jamais trop de "Journée de la Femme"pour lui dire notre admiration et la remercier d'avoir la patience de supporter nos petits travers.
    9
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Sexualité, contraception, avortement
    Savez-vous qu'aujourd'hui, les lieux d'information sur ces sujets, inscrits dans la loi depuis plus de 30 ans (loi Neuwirth), se voient imposer une baisse de 42 % de  leurs subventions accordées sur les heures réalisées et consacrées à l'accueil, l'information, l'éducation à la sexualité et au conseil conjugal et familial ?  Cela signifie concrètement la mort à  court terme d'un tiers des associations du Planning Familial.
    Qui n'a pas eu un jour besoin de faire appel au Planning ? Pourquoi les pouvoirs publics veulent-ils l'affaiblir ? Pourquoi l'Etat se désengage-t-il de cette mission qui relève de sa responsabilité nationale ? Pourquoi remet-il en cause l'action de l'association à qui il a confié cette mission d'utilité publique, y compris l'information sur l'avortement, et qui se bat, avec la Cadac et l'Ancic, pour défendre ce droit très menacé ?
    Des sirènes intégristes seraient-elles à l'origine de cette régression, ou ne serait-ce qu'une logique strictement comptable ?  Il n'y a pas de petites économies par les temps qui courent...
     
  •  Des économies ? : le gouvernement en fait mais sur le dos des salarié-es.
    Il supprime des postes dans le secteur public - Education nationale, hôpitaux, la Poste - secteurs à majorité féminine. Ce faisant, il continue son entreprise de démolition des services publics et restreint ainsi l'accès des populations les plus vulnérables, notamment les femmes qui en ont pourtant le plus besoin.
    Sous prétexte de modernisation de l'Etat, il supprime le Service des Droits des Femmes et de l'Egalité en charge de cette politique
    Il va remplacer le RMI et l'Allocation de Parent Isolé (97 % des bénéficiaires sont des femmes, la plupart du temps très jeunes) par le Revenu de Solidarité Active. Ce RSA introduit l'obligation d'accepter une " offre raisonnable d'emploi ", sous peine de sanction, ce que n'imposait pas l'API. Conséquence immédiate : ces femmes vont devoir accepter des boulots précaires, à temps partiel pour ne pas perdre leurs allocations,  Sinon, sans ressources ou avec des revenus très diminués, elles risquent de se retrouver dans l'impossibilité de payer un loyer. On le sait, trop de femmes et d'hommes sont aujourd'hui sans domicile fixe.
    Savez vous qu'aujourd'hui les femmes représentent 83 % des temps partiels, la plupart du temps imposés, et donc 80 % des salarié-és payé-es en dessous du SMIC ? Avec pour conséquence des retraite de misère !
    Les mesures gouvernementales aggravent la précarisation pour beaucoup de femmes.
     Sarkozy promettait l'égalité femmes/ hommes en 2009. On y est et elle n'y est pas !

     

  •  

     Parlons-en des retraites de misère !
     41 annuités, c'est pour demain ! Et ce sera peut-être ensuite 42, 43 ansŠ De nombreuses femmes s'étant arrêtées pour garder les enfants, elles n'ont pas les annuités nécessaires. Cherchez l'injustice !

     

     

  •  

     Et l'accueil des enfants ?

     

    • La possibilité pour chaque parent de voir accueillir ses enfants dans des structures publiques de qualité est un droit fondamental aujourd'hui remis en cause. En général, on se débrouille comme on peut : la crèche si on a de la chance, l'assistante maternelle si on en trouve une, la grand mère, la voisine, c'est le système D.
      En tout cas, il y a une chose que les parents plébiscitent, c'est l'école maternelle. Mais à 2 ans, c'est de plus en plus difficile.

    • Ce n'est pas bon pour eux nous dit-on. Ah bon ? Éternelle rengaine qui vise, en période de crise surtout, à renvoyer les femmes à la maison garder les enfants pour faire baisser les chiffres du chômage. Ensuite, quelle galère pour retrouver un emploi ! En outre, notre école maternelle gratuite, que tous nos voisins nous envient, risque d'être remplacées par des "jardins d'éveil" payants et avec du personnel non formé. C'est tellement mieux.....  Encore des économies......
       

    •  

       Les hommes et les femmes ne sont-ils pas tous concernés par l'éducation des enfants ?

       

       

      Bien sûr que si... Pourtant, les statistiques de l'INSEE en attestent, les tâches domestiques et éducatives continuent de reposer essentiellement sur les femmes. Ce que nous voulons c'est un réel partage des tâches qui permettra aux femmes d'avoir une vraie disponibilité pour leurs activités professionnelles.

       

    •  

       Et les violences
      De nombreuses femmes sont victimes de violences, dans la famille, la rue, au travail, et cela uniquement parce qu'elles sont femmes ! Viols, agressions sexuelles, mutilations sexuelles, coups, violences psychologiques, harcèlement sexuel au travail, mariages forcés, violences spécifiques à l'encontre les lesbiennes, ces violences inacceptables tuent ou laissent toujours des traumatismes importants. Et elles ont lieu dans tous les milieux. Mais de ça, les femmes peuvent encore difficilement parler.
      Nous ne cherchons pas à renforcer les mesures de répression pénale qu'encourage le gouvernement, mais l'État doit prévenir la violence, protéger et défendre les femmes quand elles sont en danger, condamner les auteurs et prévoir des réparations. Il y a donc urgence à adopter une loi-cadre contre les violences faites aux femmes.

       

       

    •  

       Parmi nous, il y a des femmes qui sont encore plus précaires que précaires : elles viennent de loin et certaines d'entre elles n'ont pas de papiers pour vivre en France. Elles sont venues pour fuir la misère, l'oppression, la guerre, les persécutions en raison de leurs luttes féministes et/ou politiques, ou en raison de leur homosexualité. C'est une question de survie pour elles. Elles vivent en rasant les murs, elles gardent les enfants et/ou nettoient les bureaux aux aurores. Elles sont vulnérables à toutes sortes de violences et d'exploitation. Certaines d'entre elles se sont mises en lutte pour vivre et travailler avec les mêmes droits que tout le monde. Nous soutenons leur combat pour des papiers et pour leur dignité.
       

       

    •  

       Les intégrismes religieux
      Ils veulent régenter la vie des femmes en interdisant l'avortement et la contraception, le droit de choisir  sa sexualité, l'utilisation du préservatif. Nous ne voulons pas de ses diktats, nous voulons une véritable laïcité sans qu'aucun pouvoir ne se permette d'interférer dans nos vies ou de limiter nos droits.

       

       

      </l
10
Lastrega
Samedi 23 Août 2014 à 18:31

Allez ! On ne va pas se casser le moral pour la soirée, surtout que les poèmes de nos deux amis sont si beaux. Alors, pour encore continuer à rêver un peu, nous, les femmes, voici, de Jacques Lamy, ce très joli sonnet :

LA ROBE FLEURIE

Votre robe fleurie, éployée en corolle,
Le regard envoûtant sous les cils abrité,
Le sourire ambigu d'une célébrité
Offraient de la tendresse au songe-barcarolle.

Cette voix musicale accordant la parole
Tourneboulait mon âme, éprise en vérité,
Pétrifiait ce coeur avec célérité :
Je vous berçais en rêve au chant de rousserolle.

Les cheveux frémissaient, doux baisers du zéphyr,
Se percevait l'émoi dans vos yeux de saphir.
Le temps passait, vibrant, magistrale féerie.

Puis mourut le soleil sur le pourpre chemin,
"Adieu...", me dites-vous gentiment de la main :
J'ai vu partir au loin votre robe fleurie...

JL


Et puis aussi, ces délicieux quatrains de Jean-Pierre
Michel que j'ai volés dans une revue. Mais chut !  

PREMIER AMOUR

A l'ombre des regards s'effeuillaient les mots tendres
Chaque baiser volé s'enlaçait aux soupirs
Mon coeur en ce bel âge où chante l'avenir
Aux mailles de l'amour s'était laissé surprendre.

Dans le jardin secret de nos premiers serments
Où frémissait encor sa frêle chrysalide
Les jours n'existaient plus, quand ma douce sylphide
M'offrait l'or de ses yeux aux mille chatoiements.

Un jour, ma belle amie a déployé ses ailes
Pour prendre son envol vers un futile ailleurs
Je garde le parfum, aux rives de mes pleurs
De ces printemps perdus, lorsque je pense à Elle.

JPM

11
yvonne lmr
Samedi 23 Août 2014 à 18:31

Quelques extraits d'un recueil intitulé "Absente"
 
Ne plus avoir envie de rien
Ne plus sourire
Ne plus rêver
Penser toujours à une plaine
Si plate et vide
Et si lointaine
Un arbre nu
Chêne tordu
Dentelle noire
Sur le creux tendre d'un talus

Se demander à quoi ça sert
De se lever avant midi
Quelle importance
Si le soleil emplit la chambre
Et si les voix des gens qui passent
Résonnent fort contre la vitre

Les yeux fermés
La tête vide
Elle est ailleurs  /.../


Elle aussi avait la peau claire
La taille fine et les seins fiers
Tous les garçons sifflaient ses jambes
Quand elle partait le dimanche
Se promener vers la rivière

Mais aujourd'hui que son gros ventre
L'empêche presque de marcher
Plus personne ne la regarde
Sauf pour la plaindre ou la blâmer

Jamais elle n'a eu le temps
D'avoir le désir d'un enfant

A nouveau elle a des nausées
Elle a envie de se cacher

Alors un jour elle décide
Qu'elle ne veut pas le garder

Draps écarlates
Lumière bleue
Et des voix fermes la condamnent
Avant de vouloir la sauver.         Yvonne Le Meur- Rollet

12
LAMY Jacques
Samedi 23 Août 2014 à 18:31
Et pour susciter l'émotion un poème doit pouvoir être lu facilement, sans buter sur les mots et sans que la langue ne "boite", car ces anomalies gênent la compréhension et annihilent le ressenti du lecteur.
.
Mais vous savez tout cela mieux que moi, Jean-Pierre !
.
13
Valérie A.
Samedi 23 Août 2014 à 18:31

En tant que femme je déteste cette journée de la femme. Je me sens humiliée qu'elle soit nécessaire, révoltée qu'elle soit tellement insuffisante. Inutile ?
Merci Patrick pour Mauvaise Femme, Lastrega et Gilbert pour vos commentaires.

14
ysiad
Samedi 23 Août 2014 à 18:31

j'en ai un peu marre de toutes ces journées, comme si les gens avaient besoin qu'on leur mette le doigt sur telle ou telle cause pour y penser.
Il suffit de croiser une femme voilée pour se dire qu'il y a encore du boulot pour défendre la cause.

15
marques gilbert
Samedi 23 Août 2014 à 18:31

Après des poèmes idéalistes, fort beaux certes mais à côté de la plaque, je suis tenté de dire d'abord merci à Patrick pour sa mauvaise femme. C'est comme ça que je les aime et j'ai la chance d'avoir trouvé la perle rare. Mais merci plus encore à LASTREGA qui nous remet les pieds sur terre.

Eh oui, tout ce qui est décrit existe, malheureusement, et nous savons tous que notre président fait actuellement pression, avant même la crise économique, pour renvoyer les femmes au foyer et tente d'imposer de nouveau l'éducation religieuse dans les écoles laïques... Ce n'est pas nouveau et il n'y a qu'à se souvenir de ces démonstrations de piété en certaines occasions.

Ceci me rappelle ce que j'ai dit un jour à ma fille alors qu'elle allait entrer dans la vie active. "Que tu aies un compagnon et des enfants un jour, c'est important mais tu dois faire en sorte de sauvegarder ton indépendance. Tu as la chance d'avoir un métier que tu as choisi et que tu peux exercer. Ne le quitte pas ! Pourquoi ? Parce que nul jamais ne sait ce que l'avenir lui réserve et si tu peux assurer financièrement le quotidien, tu pourras venir à bout de bien des problèmes. Ton compagnon peut disparaître. Vous pouvez aussi vous séparer et si tu n'as pas de boulot, que deviens-tu ? J'en ai tant vu de ces femmes qui parvenus à la quarantaine, se trouvaient complètement démunies, désorientées alors que les événements de la vie les laissaient seules sur le chemin, sans plus de ressources, sans aucun métier dans les mains... et avec parfois des bouches à nourrir !" Elle a aujourd'hui atteint cet âge fatidique et elle vit toujours avec son compagnon et son enfant mais je crois, lorsque nous en parlons, qu'elle a retenu la leçon paternelle parce qu'elle n'a pas quitté son travail.

En outre et pour revenir à plus de généralités, je ne ferai aucun commentaire sur une information entendue à midi et que je livre à votre sagacité à l'état brut. Une gamine de neuf ans, après un viol perpétré par son beau-père, s'est retrouvée enceinte de jumeaux. L'avortement a été décidé mais... l'évêque de Sao Polo, je crois, a pris la décision d'excommunier les parents de la fillette et les membres de l'équipe médicale sous prétexte que la loi divine se place au-dessus de celle des hommes. Autrement dit, il fallait que cette enfant meure des suites de cette maternité  forcée car  sa grossesse mettait sa vie en danger. Ce fait divers ne pourrait être qu'une péripétie malheureuse sauf que, dans la foulée, le Vatican s'en est mêlé en donnant raison à l'évêque et le soutenant dans sa décision, portant ainsi l'affaire sur la place mondiale. Dans le même temps et pour célébrer à sa manière La journée de la femme, Le même Vatican décernait la palme à... la machine à laver pour l'aide qu'elle apporte aux femmes au quotidien.

Cherchez l'erreur ! J'y vois pour ma part comme un cautionnement moral du viol et de la pédophilie. Sûrement que les hautes autorités ecclésiastiques ont confondu la journée de la femme avec celle de l'esclavagisme. Heureusement encore que le Prédident Brésilien a désavoué publiquement cette décision mais ne s'expose-t-il pas ainsi lui aussi à l'excommunication ? Et qu'aurait fait qui vous savez à sa place ?

16
Lastrega
Samedi 23 Août 2014 à 18:31
Je trouve votre poème fort beau Yvonne, mais si plein de désespoir...

Elle était déchaussée, elle était décoiffée...

Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;
Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?

Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
Et je lui dis : Veux-tu, c'est le mois où l'on aime,
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?

Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive ;
Elle me regarda pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint pensive.
Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !

Comme l'eau caressait doucement le rivage !
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.

Victor HUGO
17
LAMY Jacques
Samedi 23 Août 2014 à 18:31
                                
18
LAMY Jacques
Samedi 23 Août 2014 à 18:31
Alors komsa Patrick il est pas beau et pas torturé ? Tu dis n'importe quoi, Jeannot !
.
                                .
19
Jean-Pierre
Samedi 23 Août 2014 à 18:31
Il y a quatre ans, dans ma région, à quelques centaines de mètres de chez moi, une femme a étranglé ses trois enfants en bas âge dans un moment de désespoir intense .J'ai écrit un modeste poème sur ce fait, et il me faut l'avouer, j'ai pleuré tout mon saoûl en le tapant. Maintenant, encore, je ressens une grande émotion à sa lecture.
Ce poème est dans "Histoire d'eau 9, commentaire 32.
Avez-vous pleuré, monsieur Marquès, en écrivant de votre belle plume sur la misère du monde?
Depuis que je suis en poésie, si je puis m'exprimer ainsi, j'ai vu de nombreux poètes écrire avec une grande facilité sur les malheurs de l'humanité, présentés par les médias. J'ai pu en interroger adroitement quelques uns. Ils ne ressentaient rien, mais l'actualité du moment était une invitation à mettre la plume en mouvement. C'était leur créneau.
Le mien, c'est le rêve. j'aime bien présenter avec mon imaginaire la femme sous ses meilleurs atours, car elle est notre compagne quand se déroule le tapis des jours et notre étoile sous la voûte des nuits.
La poésie est une école de tolérence. Il faut laisser chacun écrire selon sa sensibilité et son approche des choses. Il ne viendrait à l'idée de personne de critiquer un enfant exprimant la fraîcheur de ses sentiments sur le papier. Donnons la même liberté aux poètes, car l'on dit qu'ils sont de grands enfants, certains, pas toujours bien gentils envers leur prochain si l'on ne suit pas une autre route que...pour faire un clin d'oeil à Brassens.

20
LAMY Jacques
Samedi 23 Août 2014 à 18:31
J'aime beaucoup vos poèmes Jean-Pierre, parce qu'ils sont musicaux et authentiques et surtout, parce qu'ils sont sources de grandes d'émotions.
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La poésie est un moyen d'expression basé sur la musique des mots afin de faire partager le ressenti de l'auteur, et cela quel que soit le sujet traité.
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La poésie n'est la propriété d'aucune idéologie, d'aucune idée. La poésie est un instrument à faire battre les coeurs.
.
D'ailleurs vous aurez remarqué, Jean-Pierre, tout comme moi, que ceux qui parlent le plus de la Poésie, ne sont pas toujours ceux qui l'écrivent le mieux, tant s'en faut.
Là aussi, La Fontaine a fait école auprès des dénigrants : "Ils sont trop verts, dit-il, etc...".
Bien des poèmes qui traitent de sujets délicats et sensibles gagneraient à être rédigés en prose afin de mieux susciter l'émoi recherché.
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La Poésie n'est l'apanage de personne, demande un long travail et surtout, oui surtout, beaucoup d'humilité... Les poètes auto-proclamés n'ont rien compris à la Poésie. N'est poètes que celui dont l'écrit suscite l'émotion du lecteur. Tout le reste n'est que... littérature...
.
À chacun Sa poésie...
21
LAMY Jacques
Samedi 23 Août 2014 à 18:31
Je n'écrirai pas sur deux pages ce qui peut être évoqué en quelques lignes.
.
À chacun son passé, ses souffrances, ses espoirs.
.
La poésie est un moyen d'expression et non d'action. On peut ne pas savoir rimer et faire un don substanciel aux "Restaurants du Coeur", ou bien écrire un pamphlet contre la société à forte charge émotionnelle et ne rien partager.
.
Les magnifiques discours pacifistes de Jaurès n'ont pas empêché le déclenchement de la Grande-Guerre (c'est malheureux, je le sais, mais c'est comme ça.) Les propos d'une grande sagesse de Gandhi, vénéré en Inde, n'ont pas détourné cette nation de ce doter de l'arme nucléaire. Les règles d'écolier qui servent à tirer des traits droits étaient autrefois souvent utilisées par les maîtres pour taper sur les doigts des enfants supposés récalcitrants.
.
Il faut éviter la confusion des genres : la trompette n'est pas conçue exclusivement pour sonner la charge ; elle peut servir aussi à interpréter les concertos brambourgeois de J.S. Bach.
.
Ce n'est pas parce que je suis sensible à un coucher de soleil et que je le déclame, que je ne tendrai pas une main secourable à mon voisin dans la peine, sans pour autant le crier sur les toits.
.
TEL EST MON AVIS (et je le partage...)
22
Phil
Samedi 23 Août 2014 à 18:31
Trois chansons pour elles. Il est vrai qu'il y a trois chevelures de couleur différente... Je vais chercher ma guitare pour les accompagner.
Pour être plus sérieux, Suzanne, tu as choisi un très joli poème.

23
Phil
Samedi 23 Août 2014 à 18:31
Quand on lit tous ces poèmes où la femme a une place de choix, on se pose la question- Comment peut on abîmer physiquement et moralement  celles qui nous font tant rêver - ?
Heureusement que les poètes sont là pour leur donner la place qui leur est due.
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marques gilbert
Samedi 23 Août 2014 à 18:31
Mon Cher Jean-Pierre, comme le dit justement LAMY, à chacun sa poésie. Pour moi, entrer en poésie n'est pas entrer dans un monastère qui protège des horreurs comme des beautés du monde. Elle permet au contraire de faire prendre conscience de certaines choses ne tournant pas rond et pas seulement de rêver même si c'est important.
Pour ce qui est de ma conception de la poésie, je vous renvoie aux quatre derniers A Propos de... publiés ces derniers mois sur ce blog. En ce qui concerne les femmes, elles ne sont malheureusement pas toutes des princesses que nous, pauvres hommes, nous nous devons d'honorer. Je crains fort qu'une majorité, parmi elles, soit plutôt considérée comme esclave, jouet, objet et je passe sur bien d'autres termes beaucoup plus humiliants que l'on entend chaque jour en de bien tristes occasions.
Et pour répondre à votre question, non, je n'ai pas pleuré lorsque j'ai écrit ces quelques mots à propos de ce que certains qualifieront de "fait divers". En pareil cas, l'émotion que je ressens n'entraîne pas les pleurs mais la colère. Colère envers une société permettant que de telles exactions puissent se produire ! Colère envers l'intolérance et l'aveuglement dogmatique vieux de plusieurs millénaires qui entérinent une telle abjection ! Colère envers ceux capables d'occulter de pareils agissement !
Et pour compléter ce que j'écrivais hier, j'ai appris aujourd'hui que le violeur, lui pourtant coupable aux yeux de la loi humaine par laquelle il sera condamné, n'est pas excommunié !
Voyez-vous, je n'ai peut-être pas votre sensibilité et si j'ignore quelle a pu être votre profession ou qu'elle est-elle aujourd'hui, je peux vous dire avoir pour ma part oeuvré durant de nombreuses années dans le domaine social. J'ai été amené à traiter des situations plus que douloureuses, dramatiques souvent, et si j'avais dû pleurer à chaque fois, croyez-moi, je serai... sec ! S'apitoyer ne sert pas à grand chose même si ça peut soulager. Il vaut mieux essayer d'agir, chacun à sa modeste mesure et c'est que j'ai toujours tenté de faire. J'ai connu des échecs et parfois, j'ai réussi. Mais il y au moins une chose que je reconnais et qui aurait tendance à vous donner raison : à force de côtoyer la souffrance, on finit par s'endurcir et c'est peut-être, je dis bien peut-être, tant mieux car sinon on n'aurait plus la clairvoyance nécessaire pour agir efficacement. Puis on risque aussi perdre la raison... Aussi... monstrueux que cela puisse vous paraître, il vaut mieux apprendre à prendre un certain recul sans pour autant tomber dans le travers du professionnlisme pur qui ne permet plus alors d'apprécier les situations à leur juste niveau. On ne  sort pas les gens de la M.... d'abord sans leur consentement et en pleurant avec eux sur leur situation ensuite.
Puis vous savez, cette réaction qui vous a semblé probablement démesurée, ce n'est pas le poète ou l'écrivain qui l'ont eue à chaud, ce sont simplement l'homme et le père. Disons qu'il s'agit d'une réaction primaire, animale, ni littéraire ni intellectuelle. D'ailleurs, je n'ai rien écrit sur le sujet à part ces quelques mots et je crois que s'il y des choses dont il est possible de parler ici, elles ne doivent pas nécessairement servir de bases à des histoires.
Malheureusement, Valérie A. me donne en partie raison lorsqu'elle écrit qu'une journée de la femme ne devrait pas être nécessaire ni exister et qu'elle se sent humiliée. Qu'est-ce qu'une toute petite journée au milieu d'une année ? Un moyen de lui rendre hommage mais est-il besoin d'attendre ça pour l'honorer chaque jour ?
Puis je ne crois pas que c'est en enfermant la poésie dans les beaux sentiments que nous parviendrons ni à la faire évoluer ni à lui permettre de rencontrer le public que beaucoup regrettent de n'avoir plus. Ce n'est pas non en exagérant dans le sens contraire au point d'en arriver à produire seulement de la poésie politiquement et socialement engagée. Elle relève d'un dosage savant des deux et vous-même, selon votre propre aveu, n'avez pas échappé à la poésie circonstantielle puisque, écrivez-vous, vous avez composé un poème à propos d'un fait divers. Vous dites aussi en avoir encore les larmes aux yeux lorsque vous y pensez. Question perfide : est-ce à propos du drame ou bien de votre texte que vous éprouvez pareille émotion ?
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yvonne lmr
Samedi 23 Août 2014 à 18:31
Femme battue

Tu n'y peux rien...
Les rochers se bousculent
Et roulent vers la mer.
Toute la terre tremble,
Le haut cratère expulse
Flammes et vaines cendres./.../

Il ne veut pas te rendre 
Ta liberté
Mais tu vas la reprendre. 

Les  menaces des  poings
Cachent les paumes tendres
Du temps des découvertes
Et des ravissements...
Orage des chocs sourds,
Lorsqu'un nuage crève
Et que des éclairs giflent
Le marbre de vos corps. /.../ 

Pourquoi cacher cette souffrance
Sous une nappe damassée?
O nymphe nue qu'on emprisonne, 
Renoue ta natte naufragée,
Montre tes seins bleuis de coups
Et laisse enfin couler tes larmes...
                                                                   Yvonne Le Meur-Rollet
                                                              dans "L'aube des brûlures"
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LAMY Jacques
Samedi 23 Août 2014 à 18:31
VENDETTA !
.
.
La "Journée de la Femme" est enfin achevée,
Et je puis de nouveau reprendre tout mes droits...
Elle fuit devant moi, pleurant échevelée :
Je la rattraperai dans la chambre, je crois.
.
Je suis son Maître, en fait ! Comment, elle s'enferme
Et me résiste encor ? Mais je vais la punir !
Je défonce la porte et rentre d'un pas ferme.
Mais qu'est-ce qui lui prend d'une arme se munir ?
.
Ne fais pas ça, Chérie. Il est vrai que je t'aime,
À ma façon,
bien sûr... Tu ne vas pas tirer ?
Tu me maudis,
peut-être, et jettes l'anathème !
Suicide-toi, plutôt... Laisse-moi me tirer...
.
Donne ce pistolet, je vois que ta main tremble :
Nous allons tout reprendre ainsi, dès le début.
Pitié ! J'ai bien compris maintenant, il me semble...
Tout se brouille, soudain... La balle est droit au but...
.
.
JL
27
jean-Pierre
Samedi 23 Août 2014 à 18:31
Je pense, monsieur Marquès, que les deux sont liés. J'ai ressenti une grande émotion en prenant connaissance de cette tragédie. Il en a été de même en la couchant sur le papier. De relire aujourd'hui ce que j'ai écrit, me reporte quatre ans en arrière et je m'aperçois que l'émotion est intacte.
Loin de moi , de me contempler le nombril à cette lecture.Tous les écrits disparaissent avec leurs auteurs quand l'heure de partir est venue...Seuls subsistent quelques recueils dans les sombres travées de bibliothèques, que les générations suivantes s'empressent de mettre au panier, ne se reconnaissant pas dans ce langage qui leur semblent archaïque.Mais pour revenir à mon  poème, celui-ci,  dans sa forme est banale. Seul le fonds me semble porteur d'un message de colère envers une société qui n'a pas su prévoir ce drame, comme on en découvre chaque jour aux infos.
28
Lastrega
Samedi 23 Août 2014 à 18:31

Chanson pour elles


Ils me disent que tu es blonde
Et que toute blonde est perfide,
Même ils ajoutent " comme l'onde ".
Je me ris de leur discours vide !
Tes yeux sont les plus beaux du monde
Et de ton sein je suis avide.

Ils me disent que tu es brune,
Qu'une brune a des yeux de braise
Et qu'un coeur qui cherche fortune
S'y brûle... Ô la bonne foutaise !
Ronde et fraîche comme la lune,
Vive ta gorge aux bouts de fraise !

Ils me disent de toi, châtaine :
Elle est fade, et rousse trop rose.
J'encague cette turlutaine,
Et de toi j'aime toute chose
De la chevelure, fontaine
D'ébène ou d'or (et dis, ô pose-
Les sur mon coeur), aux pieds de reine.


Paul VERLAINE
29
Lastrega
Samedi 23 Août 2014 à 18:31
Et celui-ci, Phil, n'est-il pas joli aussi ?

La colombe et le lis


Femme, cette colombe au col rose et mouvant,
Que ta bouche entr'ouverte baise,
Ne l'avait pas sentie humecter si souvent
Son bec léger qui vibre d'aise.

Elle n'avait jamais reçu de toi tout bas
Les noms émus que tu lui donnes,
Ni jamais de tes doigts, à l'heure des repas,
Vu pleuvoir des graines si bonnes.

Elle n'avait jamais senti ton coeur frémir
Au vivant toucher de son aile,
Ni ses plumes trembler sous ton jeune soupir,
Ni tes larmes rouler sur elle.

Tu la laissais languir captive dans l'osier,
Et vainement d'un sanglot tendre,
D'un sanglot suppliant elle enflait son gosier :
Tu ne daignais jamais l'entendre.

Jamais les fleurs du vase où rêve le printemps
Ne furent si bien arrosées ;
Jamais, sur le lis pur et grave, si longtemps
Tes lèvres ne s'étaient posées.

Quel ancien souvenir ou quel récent amour,
Quel berceau, femme, ou quelle tombe,
A fait naître en ton coeur ce suprême retour
Vers ton lit et vers ta colombe ?


René-François SULLY PRUDHOMME
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