• Histoires d'eau (12)


    Consacrée aux Inattendus 2008 pour sa série " Histoires d’eau " Suzanne Alvarez qui fait escale du côté de Madère, nous envoie quelques baisers de remerciements…

                                                 Madère, ou la perle de l'Atlantique

     

    Dans la Marina de Funchal à Madère.
    Amira était brune, frêle, pas très belle, mais charmante avec son air d’étourneau dépeigné tombé d’un nid des beaux quartiers marocains et qui, entre trois whiskys et quatre bières, se cramponnait à la plume de Balzac et Flaubert jusqu’à l’ivresse, mais n’hésitait pas à adopter, quand l’envie la prenait, un langage de charcutière. La veille au soir, Riyad son mari, avait convié tout le mouillage à une monstrueuse bamboula pour fêter, sur leur superbe yacht, les 35 ans de sa femme.  


    8 heures du matin, le lendemain.
      Elle avait mis ses mains en porte-voix et hurlait du quai, m’exhortant à venir boire un café avec elle. Puis, comme je ne répondais pas à son invitation, elle avait lancé comme on lance un caillou avec une fronde :

    - Mais réponds, espèce de garce… Je sais bien que tu m’entends… C’est parce que je suis Arabe… Hein ?... que je te fais honte ! Allez ! Dis-le !

    - N’importe quoi ! Vas-y maman, sans ça, elle va ameuter tout le mouillage. Je terminerai la lessive sans toi. Surtout, ne t’en fais pas !

    - Dis-donc ! Elle a l’air drôlement remontée ta copine. Vas-y mais traîne pas trop ! avait fait Marc qui, alerté par tout ce raffut, avait raccroché sa CB et avait fait irruption dans le cockpit où la moussaillonne et moi nous nous activions autour de nos baquets de linge.

    - Ne vous inquiétez pas, je ne risque pas de m’éterniser. Je serai de retour dans moins d’un quart d’heure… C’est moi qui vous le dis !

    - J’arrive ! avais-je fait d’une voix autoritaire en agitant la main en direction d’Amira et comme si je n’avais pas entendu sa grossière apostrophe.

    Elle m’avait prise par le bras, sans l’ombre d’un scrupule et heureuse d’avoir gagné la partie, et elle m’avait entraînée dans un des bars de la marina où Riyad, déjà attablé devant trois tasses de café vides m’avait accueillie avec un large sourire. Ce type était vraiment sympa...

    10 heures.
    Ils avaient vidé cannettes sur cannettes comme d’autres prennent des somnifères, tandis que j’en étais à mon cinquième café. Je savais pourtant que ce breuvage était un poison pour moi et avait des effets dévastateurs. Me connaissant, je m’attendais donc au pire. Et c’est là qu’elle m’avait demandé à brûle-pourpoint :

    - Tu me trouves jolie ?

    - Bon… Non !

    Je me souviens qu’elle avait ouvert la bouche puis l’avait refermée comme un poisson manquant d’air et que cela m’avait arraché un sourire. Puis elle m’avait fixée d’un air désespéré avec des yeux qui semblaient m’accuser. Après un petit rire silencieux elle avait fini par exploser sur un ton de rage froide :

    - Alors comme ça, tu ne me trouves pas jolie ! Elle avait pris un couteau qui traînait sur la table d’à côté et l’avait piqué au milieu de la carte des menus qui s’y trouvait, comme si elle eût voulu me poignarder. Enfin elle avait fait un signe au garçon pour " remettre ça " et il lui avait apporté prestement une autre bière qu’elle avait sifflée d’un trait.

    - Ah ! Bon… tu ne me trouves pas jolie. Ces mots semblaient tourner en boucle dans sa tête et la tarabuster. Et elle s’était mise à pleurer. L’alcool avait fait son effet. Je me souviens aussi qu’après, le manque d’égard que j’avais eu envers elle, m’avait pesé sur le cœur. Je ne sais plus pourquoi je lui avais répondu ça. Je crois bien qu’elle m’avait juste un peu énervée parce qu’elle m’avait taxée de racisme et aussi parce que je ne supportais pas de la voir dans cet état d’ébriété continuel. Malgré tout, j’appréciais sa compagnie car même si on sentait bien qu’elle avait parfois la légèreté des enfants de riches, elle n’enrobait jamais, même dans l’ivresse, ses phrases de formules creuses, de fioritures courtoises, de commentaires névrotiques. Elle était elle, tout simplement.

    La nuit dernière, pourtant, pendant la fête sur son bateau, elle avait été lamentable. Son mari, dont chacun s’accordait à dire qu’il était d’une intelligence remarquable, buvait lui aussi comme un trou, mais lui au moins savait se tenir. Le vrai alcoolique, sans doute ! Quand je lui posais des questions à propos de tout cela, Amira me répondait que c’était impossible pour elle d’accepter la vie telle qu’elle était et qu’un besoin de se détruire la prenait parfois. Mais malgré la conscience qu’elle avait de sa déchéance, et culpabilisant sans cesse, elle ne faisait rien pour en changer.

    Midi.
    L’arrivée de ma fille allait me délivrer. Je n’avais pas vu filer l’heure et j’avais hâte de retourner sur mon voilier. Mais c’était sans compter sur la promptitude de Riyad qui, avec sa gentillesse habituelle, l’avait invitée à s’asseoir et à consulter la carte des menus.


    13heures
    . Marc, inquiet de la disparition de ses deux femmes s’était pointé dans l’encadrement de la porte du bar :

    - Bon, je vois que vous vous êtes fait piéger ! Alors, on fait quoi, maintenant ? avait-il déclaré à notre adresse en se forçant à sourire. Puis, après avoir décliné une invitation à déjeuner avec nous quatre, il avait fini par accepter de s’attabler, lui aussi.

    Entre-temps, dans l’après-midi, tout le mouillage avait fait son apparition petit à petit, par curiosité. Et Riyad avait offert de bon cœur une tournée générale.

    Le soleil baissait sur la mer et commençait à fouiller de ses rayons obliques, d’un or plus doux et plus fané, la végétation du Parc de Santa Catarina, situé tout près, quand la calculette avait crépité et craché son verdict sur la bande enregistreuse. Le garçon stylé, en poste depuis le matin, n’avait pas bronché. Il s’était seulement contenté de sourire à la vue du déroulement du rouleau de papier. Et Amira qui ne se rappelait que confusément ce qui s’était passé, l’esprit tout baigné d’un douloureux brouillard et enfin délivrée de son chagrin solitaire après que je l’eus embrassée, m’avait souri aussi, derrière les traces de ses larmes qui s’étaient mêlées à la sueur, sur son visage bruni par ses origines, autant que par le soleil cuisant de Madère.

      

    A chaque fois que je franchis la passerelle d’un avion, me vient une pensée douloureuse et tendre pour Amira, et je frémis en évoquant Riyad, le séduisant Commandant de bord d’une prestigieuse compagnie marocaine qui, ce soir-là, à Funchal, avait passé le seuil du " O Jango " au bras de sa femme - pour regagner son palace flottant qu’il avait quitté au petit matin- avec la majesté chancelante de l’ivresse, juste après avoir déposé une liasse de billets de banque sur le comptoir d’un bar à la mode.


  • Commentaires

    1
    Mercredi 18 Mars 2009 à 23:49
    Pas de lexique aujourd'hui, Capitaine Alvarez ? Il est vrai que dans cette Histoire d'Eau, on ne je ne rencontre pas de terminologie marine, sauf peut-être Amira qui chaloupe, louvoie et tangue sous l'effet de l'alcool. 
    Encore une belle chronique joliment racontée.    
    2
    Régine
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Vite, vite, la suite. Je reste sur ma faim... Toujours cette plume vive qui dresse en quelques traits une atmosphère, des tranches de vie. Bravo Suzanne !
    3
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Merci Régine, c'est vraiment chou de ta part ce petit commentaire. Demain, à l'aurore aux doigts de rose, je ferai pour toi et tous mes amis qui me font l'honneur de lire mes petites histoires d'eau, un petit cours de géographie pour présenter Madère, la perle de l'Atlantique.
    Et encore Bravo, Patrick, la photo est superbe !
    4
    ANNA
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Et le feuilleton continue. Encore une histoire à savourer. Je ne m'en lasse pas. Et comme Régine, je dis "encore et encore".
    5
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    Prêts pour la petite leçon de géographie ? Alors, Benvido ilha da Madeira !

    Au milieu de l'Océan Atlantique, à envion 900 km au sud-ouest du Portugal et 700 km à l'ouest du Maroc se trouve l'archipel de Madère. Cet archipel est composé par les îles peuplées de Madère, Porto Santo, les îles désertes et les îles sauvages. Madère est la plus grande.
    La langue officielle est le portugais. Mais on parle aussi un peu partout, l'anglais, l'allemand et le français.
    Ces îles portugaises représentent le territoire de la Région Autonome de Madère.

    Qui n'a pas vu, Madère, un jour, dans sa vie, n'a vraiment rien vu de beau dans ce monde. Mais je vous raconterai tout ça après le déjeuner. En attendant, bon appétit à tous et merci à Régine, Jean et Anna qui m'ont fait le plaisir de ces premiers commentaires.

    6
    monique
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Je bous d'impatience. Suzanne, Suzanne, raconte-nous vite cette perle de l'Atlantique où j'aimerais passer mes prochaines vacances.
    7
    monique
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Je bous d'impatience. Suzanne, Suzanne, raconte-nous vite cette perle de l'Atlantique où j'aimerais passer mes prochaines vacances.
    8
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Lîle de Madère a été comparée "à un jardin flottant dans l'Atlantique".  Ici, on trouve des jardins fleuris, des senteurs dans les rues, tout une panoplie de couleurs. Le plus célèbre des jardins est "le jardin botanique de Funchal", constitué d'une grande variété de fleurs, d'oiseaux exotiques et d'un musée. Il dispose de plus de 2000 plantes exotiques sur une surface de plus de 35 000 mètres carrés. Non loin de là, se trouve "le jardin des orchidées" : c'est une infinité de couleurs avec une variété incroyable d'orchidées faite de 50 000 plantes environ. Plus haut, avec l'aide du téléphérique, on peut visiter "le jardin Monte" : c'est un jardin tropical avec 10 000 espèces végétales. A deux pas de ce jardin, se trouve la très belle église où repose le tombeau de l'Empereur d'Autriche. De cet endroit, un moyen de
    transport atypite et insolite vous attend : la descente vers Funchal en traîneaux d'osier. Puis d'autres jardins encore : "le jardin Municipal" avec 8 300 mètres carrés de verdure, "le Parc de Santa Catarina" avec 36 000 mètres carrés d'arbustes, d'arbres et de pelouse, non loin de la marina de Funchal. 
    9
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Mais non, voyons, ne t'inquiète pas, Monique, la visite n'est pas encore terminée. Et je ne peux que te conseiller d'aller visiter cet endroit merveilleux, où les gens sont si adorables. Toujours pareil, là où il se parle le portugais, c'est le même accueil...
    10
    ZOE
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Ah ! Capitaine ALVAREZ, vous nous comblez ! La suite, per favore !
    11
    Jean-Pierre
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Il est agréable de voir que le Pythagore a repris du service pour nous inviter à suivre tes aventures, afin de nous captiver de nouveau avec ta verve habituelle, dont tu as le secret.
    Nous savons aussi que tu seras nous documenter quand nos défailances en géographie seront nos flagrantes et elles le seront...
    Je suis rassuré de savoir que le café a été ta préférence quand tu as été invitée pour l'anniversaire de ton amie. Pas de volant en ce qui te concerne, mais le gouvernail demande une certaine lucidité à la personne qui le manoeuvre et l'alcool nuit, même en plein jour...
    Bonne chance, Capitaine Alvarez
    12
    Jean-Pierre
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Excuse-moi, Suzanne, ma plume a fourché à la troisième ligne. Je sais que tu sauras remettre un trop à la place de no.Un  L en plus à défaillance, sera le bienvenu. Aucun doute, je suis mauvais ce soir.Je suppose que cela va se traduire par un tour de garde en plus pour moi. J'accepte ce verdict avec courage...
    13
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Petite rectif : la photo sur une levada, ne se trouve pas sur la fin mais au beau milieu des autres (avant la biquette). Scusi ! Et toujours en musique, bien sûr...
    14
    jac
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    C'est décidé !  Je passe à l'agence de voyage. Mes prochaines vacances se passeront à MADERE.
    15
    tinou
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Super intéressant ce que nous raconte Lastrega. Oui, mais alors quésako "l'anone" ?
    16
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    Ah ! Zoé, comment pourrais-je ne pas continuer après un si joli compliment...

    Avant toute chose, il faut savoir que le mois d'avril est consacré à la fête des fleurs qui est un vrai ravissement et qui attire de nombreux touristes de tout pays. Et le climat de Madère dans tout ça. Eh ! Bien, Madère jouit d'un équilibre climatique hors du commun toute l'anné. Elle bénéficie d'un climat océanique remarquable, avec des étés et des hivers très doux. La température de l'eau est également tempérées, car elle est traversée par un courant chaud : le Gulf Stream. En bref, le climat subtropical, le très beau temps, les températures clémentes de Madère, font de cette île une destination idéale de voyage toute l'année. Il faut savoir aussi, en parlant du climat, que la partie Nord de Madère est pluvieuse et le Sud très ensoleillé. C'est donc à partir des précipitations du versant Nord que les eaux de pluies sont acheminées vers le versant Sud, grâce à une multitude de canaux d'irrigation : les levadas. Et justement, à propos des "levadas", si vous êtes des passionnés -comme nous à l'époque où nous nous trouvions à Madère- de la randonnée, les sportifs seront aux anges : l'île, par son relief escarpé, ses origines volcaniques et son climat, est idéale pour la randonnée. On y compte pas moins de 70 sentiers pour randonnée un peu partout sur l'île avec des parcours et difficultés différentes, pour amateurs et professionnels. Et justement, ces sentiers longent les levadas. C'est magnifique mais parfois très dangereux. Il faut bien s'équiper avant de partir...

    17
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    Jean-Pierre, toujours aussi flatteur. Allez ! Rien que pour ces belles paroles si pleines d'humour, comme d'habitude, point de tour de garde supplémentaire...
    Mais la visite n'est pas terminée. Et pour ceux que ça intéresse encore, nous irons, ce matin, faire notre marché au "Mercado dos Lavradores" à Funchal (+ de 100 000 hab.), qui, comme je vous l'ai déjà laissé entendre, est la capitale de Madère. Voici des fruits exotiques, des légumes cultivés sur l'île, des fleurs, du poisson frais arrivé le matin par les pêcheurs locaux. Des produits tels que l'anone, les fruits de la passion (4 sortes), la canne à sucre, nous seront proposés en dégustation par les commerçants...
    Et puis, rien que pour le plaisir, voici une petite vidéo -sans prétention car rien n'arrivera jamais à traduire la beauté luxuriante de ce site- (cliquez sur "l'île de Madère"), rien que pour vous donner une idée de ce qu'est une levada. Ce sera sur l'une des dernières photos, cette petite construction en ciment qui part du haut de la montagne et vient irriguer les cultures... Et puis, admirez au passage les bateaux de la Marina de Funchal...

    http://www.wat.tv/video/madere-ile-aux-fleurs-lgam_le6m_.html

    18
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    Super, Jac, tu vas succomber devant tant de beautés. Et surtout, n'oublie pas de goûter "aux fruits de la passion"...

    Le fruit de la passion, avant de devenir fruit, est une fleur extraordinaire.

    19
    Yvonne Oter
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Après tous ces commentaires flatteurs, érudits, géographiques, botaniques, biologiques, ethniques, etc..., etc..., je voudrais juste ajouter un petit conseil à notre navigatrice émérite : la prochaine fois, dis-lui qu'elle est jolie! Un petit mensonge ne coûte pas bien cher et peut parfois faire tellement plaisir! Et risque surtout de t'éviter pas mal d'emm...
    20
    AIME
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Quelle belle balade. Suzanne n'a pas son pareil pour nous embarquer dans ses aventures. Un grand Bravo !
    21
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Elle s'en EST bien tirE... Enfer et putréfaction...
    22
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Aimé, quel joli prénom et comme tu es aimable. Tiens, rien que pour ça, je t'emmène dans la montagne. J'espère que tu aimes randonner. Tu choisis. Il y a le "Pico do Areeiro", le "Pico Ruivo", "Santana", "Porto da Cruz", le "Mercado", la "Câmara de Lobos", "Ribeira Brava", le "Curral das Freiras", "Camacha". C'est comme tu voudras.
    23
    Phil
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Et bien, ça barde du côté de Madère. Notre capitaine en mauvaise position, cela donne des suées.Voilà une histoire d'eau ou l'hémoglobine a failli couler.
    Malgré cela, Suzanne propose à Aimé d'aller randonner en montagne. Quel santé!
    24
    Rudy
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Moi je veux bien me joindre à Phil et Aimé pour une randonnée si au retour tu nous emmènes visiter les caves de Madère.
    25
    Phil
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    C'est sympa, Rudy de te joindre à nous. Mais la randonnée doit être notre seul objectif. Il n'est pas question de passer voir Amira en cours de route sous prétexte de nous désaltérer. Ce qui a failli arriver au capitaine Alvarez peut très bien se renouveler et je ne me sens pas capable de subir pareille situation, surtout si son mari vient lui prêter main forte...
    26
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    C'est cette FLEUR du fruit de la passiflore ou fruit de la passion qui a valu à la plante son nom. Les moines qui l'ont découverte y ont vu une couronne d'épines, les trois clous de la crucifixion (les styles), la représentation des plaies du Christ (5 étamines).
    On compte environ 400 espèces du fruit de la passion, mais 4 seulement sont comestibles et que tu pourras trouver, Jac, quand tu te rendras au "Mercado dos Lavradores". Trois espèces rondes, de la taille d'un oeuf, de couleur jaune, brune ou violette et une espèce en forme de minuscule banane jaune (je précise la couleur parce que sur ce marché, tu trouveras aussi des bananes roses). Mais je te préviens quand même, ces fruits sont extrêmement chers, malgré leur abondance sur l'île. Sans doute parce que ce sont les touristes seulement qui les achètent, car presque tous les habitants en ont dans leur verger.
    LE FRUIT de la passion, ou MARACUJA, puisqu'il faut bien l'appeler par son nom, a la particularité de se friper en mûrissant. Il renferme une pulpe jaune-orangée, très délicatement acidulée et très parfumée, et qui enrobe de multiples grains noirâtres et croquants. Voilà, Jac, je crois que tu sais tout sur le fruit de la passion.
    27
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    Ah ! revoilà Tinou ! "Bom dia e obrigado cavalheiro !" (tout le monde a compris, je pense : bonjour et merci ! (si Tinou est un homme, bien sûr. Ce dont, finalement, je ne sais. Mais je fais comme si. Et si c'est une femme, je dirais : "Bom dia e obrigada senhora !").. Mais viens que je te renseigne sur "l'anone" :
    Tout d'abord, il existe
    deux variétés d'anone :
    - l'anone cherimole ou "coeur de boeuf", qui pousse sur le "cherimolier". C'est un fruit en forme de coeur, de la grosseur d'un poing. Sa peau est marquée de saillies couleur gris-vert et presque noire à maturité. Sa chair est crémeuse, délicate et douce.
    - l'anone écailleuse ou pomme cannelle ou corossol, qui pousse sur le "corossolier épineux". C'est un fruit qui se présente sous la forme d'une grosse poire hérissée d'épines recourbées molle, de couleur verte puis d'un jaune-vert lorsqu'il est mûr.
    Personnellement, je n'apprécie ni l'un, ni l'autre. Je trouve l'un trop sucré et l'autre trop fade. Je sais seulement que les gens de Madère et de Guyane (où ces arbres poussent un peu partout à l'état sauvage) pressent ces fruits pour en faire des jus. Dans les fruits exotiques, le maracuja est, à mon goût, le plus délicieux des fruits. Et la liqueur de maracuja, la liqueur la meilleure du monde.


    28
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    C'est le café, ma chère Yvonne, c'est le café. C'est dingue ce que ce breuvage peut me taper sur les nerfs. Si j'ai le malheur d'en boire un après une heure de l'après-midi, j'ai des envies de strangulation. Mais 5 le matin, c'est quand même l'horreur pour moi. Je suis montée sur ressort et c'est la seule fois dans ma vie où j'en ai bu autant. Du reste, le matin, je bois un bol de chicorée pure et sans sucre. Il n'y a pas de café chez moi. Finalement, elle s'en ai bien tirée la copine à Balzac et Flaubert, elle qui cachait à peine son envie de m'assassiner. Mais bon, la bière le matin, c'est pas mon truc. Un bon rouge à table, ça oui ! Donc tu sais ce qu'il te reste à faire quand je passerai te voir. Voilà, tu sais tout.
    A part ça, merci pour ton petit commentaire et ton passage dans ce délicieux café qu'est CALIPSO. J'espère que tu passeras encore, et pas seulement pour me dire des choses gentilles comme maintenant. Il s'en passe dans cette belle gargote, tu sais...
    Et aussi, quand elle était à jeun, ma copine Amira, qu'est-ce qu'elle était sympa, drôle et intéressante...
    29
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Et bien sûr, tu sais ça, le Madère en Angleterre n'est rien d'autre que le Xérès, très prisé des ladies.
    Et aussi, lorsque les gens de la mer comme nous, partent de France avec leur voilier pour de longues traversées, ils remplissent les fonds de leur bateau, de bouteilles de vin, de quoi ? de Bordeaux uniquement, car c'est le seul vin qui supporte un long voyage en mer chaude, sans se madériser. Bon, pour le vin de Madère, tu sais tout.
    30
    Laurent
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Je crois, Suzanne, que tu pourrais te reconvertir dans le milieu des vignerons.  Tu as l'air de connaître ton affaire.
    31
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Pas de problème côté vin, Laurent, à condition qu'il fût rouge, bon, et consommé avec modération. J'ai, du côté de ma famille, des "bouilleurs de crus".
    PS. Les "ladies" anglaises raffolaient tellement du "Madère"... pardon, Xérès, qu'elles en versaient quelques gouttes sur leurs mouchoirs pour les parfumer.

    TEL. TELéphonez-moi si vous voulez de plus amples 
    renseignements sur le vin.
    32
    LAMY Jacques
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    SUR TOILE
    .
    .
    C'est le Vent, c'est la Mer,
    C'est le Vin, c'est la Terre,
    Pythagore sur son erre
    Et ton sourire amer...
    .
    Et c'est ta joie à vivre
    Au soleil de l'hiver.
    Grosse houle en travers :
    L'espérance t'enivre !
    .
    .
    JL
    33
    Jean-Pierre
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Pas de plagiat, Jacques Lamy. Un même rythme avec des mots nouveaux. Juste une erreur d'appréciation. Ce n'est pas un picrate, mais un délicieux Beaujolais...nouveau
    34
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Oui, Phil, de la santé, il en faut sur un bateau, surtout de la santé mentale, parce que pour le reste, on se porte nettement mieux sur mer que sur terre. ..
    Si tu veux, tu peux venir avec nous en randonnée. Après, ça, je vous emmènerai visiter l'île de Porto Santo, surnommée "l'Ilha Dourada" en raison de son immense plage de sable fin et doré qui s'étend à perte de vue. C'est le plus beau sable que nous ayons connu, presque blanc, une vraie caresse... Et après la baignade, nous irons visiter Desertas et Selvagnes, deux îles désertes, véritables sanctuaires d'oiseaux marins.... si vous tenez encore le coup, bien sûr.
    35
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    Que te voilà joliment inquiet, Phil. N'aie crainte, je sais me défendre ! Et pas question de faire un détour du côté de chez Amira. Justement, à propos du vin de Madère, sais-tu que son origine remonte au XVe siècle, avec la naissance de la route des Indes. Mais il a fallu attendre le début du XVIIIè pour que ce vin  connaisse sa renommée actuelle : doux, fort de 18° et sucré (dans le même lignage que le Porto) Et, tiens-toi bien, grâce à qui, je te le demande, eh bien ! grâce aux Anglais. Etonnant, non ? Mais voici l'affaire : au début du XVIIIè siècle, donc, les navires anglais en escale sur l'île de Madère avaient pris pour habitude de charger des barriques de vin local. Le Capitaine Cook, lors de son premier voyage vers le Pacifique Sud, en embarqua 10 000 litres à lui seul. Le vin de Madère est alors déjà largement apprécié des cours européennes, puisque François 1er en faisait remplir ses caves, Les tonneaux, tout en servant de lest et parfois de monnaie d'échange, abreuvaient jour après jour les équipages. Pour que le breuvage résiste au long périple vers l'Orient, on le coupait avec de l'alcool de canne. Parfois, certains capitaines, mauvais calculateurs ou trop bon vivants, embarquaient du vin plus que de raison. Au retour, les voilà qui tentèrent, à Madère, de revendre ce qu'ils n'avaient pu écluser. C'est ainsi qu'on s'aperçut que le vin de retour des Indes s'était considérablement bonifié au cours du voyage, sous l'effet de l'étuve tropicale et agité pendant des semaines dans les soutes surchauffées des navires. Le succès fut phénoménal. S'ensuivit une véritable histoire d'amour entre l'île de Madère et l'Angleterre... Et ce qui devait arriver arriva : aujourd'hui, les firmes, à de rares exceptions, appartiennent toutes à des familles d'origine britannique.

    36
    Hélène
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Toujours contente de suivre tes aventures, Suzanne et de voir que tu récoltes bien des commentaires élogieux. Comment pourrait-il en être autrement au regard de la qualité de ton écriture et des émotions que tu nous offres à chaque récit.
    Je m'étonne de ne pas lire quelques poèmes parmi les commentaires, pourtant, j'y ai vu de belles plumes il y a peu.
    Pour ma part, je "bricole" un peu dans ce domaine, sans plus.
    Je pense qu'un petit poème d'optimisme par les temps qui courent serait le bienvenu.
    EXISTER
    Exister
    Sur l'aile de l'ivresse
    Pour fuir le silence
    Où l'âme languit
    Et goûter chaque instant
    Au delà du vertige
    Quand le chant de l'amour
    Fait entendre sa voix.

    37
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    Il me plaît bien ton poème, Hélène. Si tu pouvais nous concocter un poème sur la mer, ce ne serait pas pour me déplaire, et un autre sur l'alcool ou simplement le vin, ne serait pas mal non plus.

    Connaissance de l'ivresse



    Ô douleur chevelue adossée au comptoir
    Du vieux cabaret où je fume
    Belle dame dorée emprisonnant le soir
    Dans cette lyre qui s'allume

    Dans la flûte de Pan que forment rayonnantes
    Les limonades, les liqueurs,
    A l'aimable madère et aux honteuses menthes
    Vos yeux empruntent des couleurs.

    Madame ma douleur d'alcool auréolée
    Lève de paresseuses mains
    Reverrons-nous enfin ce corps dans la fumée ?

    - Cependant qu'aux lueurs du vin
    Une Muse déjà mortellement blessée
    S'enivre et hurle comme un chien.


    Odilon-Jean PÉRIER


    38
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    Ah ! revoilà le poète Jacques Lamy qui tire des poèmes jolis plus vite que son ombre.
    Et encore, consacré au VIN, indissociable d'avec la MER), voici un sonnet que je trouve très drôle et joli bien tourné :

    MON VERRE FAMILIER (Sonnet bacchiaque : parodie)

    Je bois souvent du vin, tard, le soir, en rentrant :
    D'une flasque inconnue, un picrate que jaime,
    Qui m'aime et se surit, que je finis quand même.
    Je n'en boirais pas dautre et cela se comprend...

    Je hume un vin rubis en cristal transparent !
    Boire seul ? Bof, tant mieux ! Ce n'est pas un problème,
    Quoi ? devoir partager ? -mon front en devient blême.
    Seul, face au litron vide, et je pars en pleurant...

    Ce vin fut-il rosé, blanc ou rouge ? -on l'ignore.
    Son nom ? Vin de Pays, sans médailles s'honore :
    Vin aigre dont le goût à l'égout exila.

    Ô Vin, cher à mon coeur, lentement tu me tues :
    Bouteilles à la mer quand la marine est là,
    Vous noyez mes remords et leurs voix se sont tues.

    VERLAINE me reprocha, injustement, d'avoir plagié son poème "Mon rêve familier".  Du point de vue des spécialistes ce serait une grave erreur : le lecteur jugera...

    Jacques Lamy


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