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Graine d'avenir
La poésie comme trait d'union entre les générations, c'est l'attachante proposition d'Yvonne Oter pour entamer le début de la fin 2010. On en redemande.
Petits-enfants
Au commencement est venu le mot
tout seul, tout rond, tout rose
amour d’enfant dormant d’un sommeil confiant
souriant aux étoiles
qui veillaient sur ses songes.
On l’appela Baptiste.
Deux ans plus tard est née la phrase
poupée fragile aux longs cils délicats
ouvrant très grand les yeux sur son monde à venir
curieuse
avide de conquérir l’univers.
On l’appela Juliette.
Huit petits mois plus tard est arrivée la grammaire
poupon glouton au visage d’ange
espièglerie pétillant déjà sur son petit minois
à peine chiffonné par son dur passage
d’un "j’étais" à un "je serai".
On l’appela Colleen.
Il a fallu attendre six ans pour voir apparaître le texte
petit mâle émouvant dans sa fragilité
de bébé innocent encore du péché
quel péché ?
un enfant est si tendre dans son humanité.
On l’appela Gautier.
Petits-enfants papillons
qui venez jeter des notes de couleur
dans le gris de mes cheveux
Petits-enfants zéphyrs
dont le vol caressant vient défriper les plis
que les ans ont déposés sur mes joues
Petits-enfants cassettes
où les joyaux rares des sentiments
font briller mes yeux un peu éteints par le temps
Petits-enfants fruits
dont le jus est la vie qui me coule à plein gosier
jusqu’au centre de mon cœur blasé
Petits-enfants poissons
qui frétillent et qui dansent
dans le courant paresseux de mon lit desséché
Petits-enfants lumières
des cieux des dieux des vieux
rendant vie au noir le plus obscur
Petits-enfants, mes petits-enfants,
mes trésors espérés
qui m’avez donné ce texte
avec des mots
composant des phrases
en respectant la grammaire.
Merci.
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Commentaires
3LastregaSamedi 23 Août 2014 à 18:21Un très bel hymne original et tout en sensibilité, à l'amour maternel et à la tendresse, remarquablement servi par notre petite Belge du Lot. Sensible et touchant. Bravo Yvonne ! J'espère que tu en as plein tes tiroirs de ces petites merveilles...
4MartineSamedi 23 Août 2014 à 18:21Absolument ravissant et si tendre.
C'est bien ce que je pensais, Yvonne sait tout faire : popoter, conduire un chasse-neige, nouvelliser, poétiser etc...
5chantal blancSamedi 23 Août 2014 à 18:216ysiadSamedi 23 Août 2014 à 18:21Quelle chance, Yvonne, de savoir mettre les mots en si jolis vers. C'est musical et tendre, un bel hommage à vos petits-enfants. Bravo !
7ysiadSamedi 23 Août 2014 à 18:218Jean-PierreSamedi 23 Août 2014 à 18:21Bravo! Yvonne. Je savais qu'un jour, tu habillerais ta plume du nectar de la poésie. Nous goûtons ainsi, ce délicieux breuvage en ta compagnie, imprégné du parfum de l'enfance. On en redemande, car c'est joliment tourné.
9Yvonne OterSamedi 23 Août 2014 à 18:21Merci à Patrick pour sa très jolie photo : on y retrouve un petit quelque chose de mes deux brunettes. Les garçons, par contre, sont tout blonds.
Vos appréciations si flatteuses me vont droit au coeur mais me laissent quelque part honteuse. Ce que j'ai écrit est tellement éloigné des poèmes superbes, avec des pieds comptés et des rimes riches (même en période de crise), que j'ai décidé de me montrer modeste en appelant mes textes "des powèmes".
Donc, je ne fais pas de la poésie, mais de la "powésie".
10Yvonne OterSamedi 23 Août 2014 à 18:21Pour Martine en particulier :
Je popote, je papote, je nouvellise, je powétise, mais je ne conduis pas le chasse-neige car les béotiens de mon village ne font pas confiance à une femme pour cela. Pfff...
Par contre, je dois avouer à ma plus grande honte que je ne suis pas très habile en dessin. Alors, la peinture, je n'ai même jamais tenté le coup... D'où mon admiration pour ceux et celles qui maîtrisent aussi bien cet art que toi.
11ChristelleSamedi 23 Août 2014 à 18:21J'ai beaucoup apprécié les vers de Yvonne Oter, plein de tendresse et je l'en remercie de les partager avec nous sur Internet. Maman d'une petite Sandra (2 ans), j'ai tenté avec ce simple poème de croquer les premiers instants de la vie de ces petits êtres que nous chérissons. A L'AUBE DE LA VIE Quand vient l'aube nouvelle en gerbes de lumière Sous la voûte d'azur, à l'entrée du berceau Dansent les reflets d'or, comme un ballet d'oiseaux Où viennent se pencher les ombres familières. Dans la splendeur du jour, s'entend un premier cri A l'heure où l'enfant-né dévoile sa présence Pour offrir au matin la fleur de l'innocence Dont un élan d'amour vient récolter le fruit. Sur des notes d'espoir, comme une mélodie L'écho du temps qui passe est plaisir enchanteur Et l'horizon frémit, sortant de sa torpeur Quand l'aile de l'instant s'envole vers la vie.12Yvonne OterSamedi 23 Août 2014 à 18:21Christelle, c'est moi qui vous remercie pour votre poème (sans "w") dont on sent qu'il a été écrit avec le coeur. Maman - grand-maman, nous avons beaucoup de choses en commun : tendresse, émerveillement, espérance, des mots qui font parfois sourire aujourd'hui mais qui expriment pourtant le sens de toute une vie.
Bravo et revenez-nous quand vous voulez sur calipso !
13LastregaSamedi 23 Août 2014 à 18:21Christelle, il est dommage que tes jolis alexandrins de "A l'aube de la vie" ne soient pas présentés de manière traditionnelle. Mais peut-être est-ce dû à une fausse manoeuvre de ta part.
14NicoSamedi 23 Août 2014 à 18:21Mes félicitations à ces deux poétesses talentueuses, Yvonne Oter et Christelle. Une vraie bouffée d'air frais. Revenez souvent, s'il vous plaît.
15Yvonne OterSamedi 23 Août 2014 à 18:21Merci Nico, pour la poétesse et pour la powétesse. Je suis flattée que vous m'associiez dans vos compliments à une aussi belle plume que celle de Christelle.
16NicoSamedi 23 Août 2014 à 18:2117CharlesSamedi 23 Août 2014 à 18:2118LastregaSamedi 23 Août 2014 à 18:21Christelle, ma chère, je me suis permis de remettre en place ton joli poème, surtout pour t'épargner ce travail. Tu as sûrement mieux à faire aujourd'hui, dimanche, comme à câliner sans doute ta petite famille.
A L'AUBE DE LA VIE
Quand vient l'aube nouvelle en gerbes de lumière
Sous la voûte d'azur, à l'entrée du berceau
Dansent les reflets d'or, comme un ballet d'oiseaux
Où viennent se pencher les ombres familières.
Dans la splendeur du jour, s'entend un premier cri
A l'heure où l'enfant-né dévoile sa présence
Pour offrir au matin la fleur de l'innocence
Dont un élan d'amour vient récolter le fruit.
Sur des notes d'espoir, comme une mélodie,
L'écho du temps qui passe est plaisir enchanteur
Et l'horizon frémit, sortant de sa torpeur
Quand l'aile de l'instant s'envole vers la vie.
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Yvonne a l'art d'être grand-mère, dans la lignée du grand Victor :
Elle avait pris de pli dans son âge enfantin
De venir dans ma chambre un peu chaque matin;
Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère;
Elle entrait, et disait: Bonjour, mon petit père ;
Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s'asseyait
Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
Puis soudain s'en allait comme un oiseau qui passe.
Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,
Mon oeuvre interrompue, et, tout en écrivant,
Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent
Quelque arabesque folle et qu’elle avait tracée,
Et mainte page blanche entre ses mains froissée
Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers...