• Graine d'avenir

    petits-enfants-YO.jpg

    La poésie comme trait d'union entre les générations, c'est l'attachante proposition d'Yvonne Oter pour entamer le début de la fin 2010. On en redemande.

     

    Petits-enfants

     

    Au commencement est venu le mot

    tout seul, tout rond, tout rose

    amour d’enfant dormant d’un sommeil confiant

    souriant aux étoiles

    qui veillaient sur ses songes.

    On l’appela Baptiste.

     

     

    Deux ans plus tard est née la phrase

    poupée fragile aux longs cils délicats

    ouvrant très grand les yeux sur son monde à venir

    curieuse

    avide de conquérir l’univers.

    On l’appela Juliette.

     

     

    Huit petits mois plus tard est arrivée la grammaire

    poupon glouton au visage d’ange

    espièglerie pétillant déjà sur son petit minois

    à peine chiffonné par son dur passage

    d’un "j’étais" à un "je serai".

    On l’appela Colleen.

     

    Il a fallu attendre six ans pour voir apparaître le texte

    petit mâle émouvant dans sa fragilité

    de bébé innocent encore du péché

    quel péché ?

    un enfant est si tendre dans son humanité.

    On l’appela Gautier.

     

     

    Petits-enfants papillons

    qui venez jeter des notes de couleur

    dans le gris de mes cheveux

    Petits-enfants zéphyrs

    dont le vol caressant vient défriper les plis

    que les ans ont déposés sur mes joues

    Petits-enfants cassettes

    où les joyaux rares des sentiments

    font briller mes yeux un peu éteints par le temps

    Petits-enfants fruits

    dont le jus est la vie qui me coule à plein gosier

    jusqu’au centre de mon cœur blasé

    Petits-enfants poissons

    qui frétillent et qui dansent

    dans le courant paresseux de mon lit desséché

    Petits-enfants lumières

    des cieux des dieux des vieux

    rendant vie au noir le plus obscur

    Petits-enfants, mes petits-enfants,

    mes trésors espérés

    qui m’avez donné ce texte

    avec des mots

    composant des phrases

    en respectant la grammaire.

    Merci.  


  • Commentaires

    1
    Samedi 4 Décembre 2010 à 13:51

    Yvonne a l'art d'être grand-mère, dans la lignée du grand Victor :

    Elle avait pris de pli dans son âge enfantin
    De venir dans ma chambre un peu chaque matin;
    Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère;
    Elle entrait, et disait: Bonjour, mon petit père ;
    Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s'asseyait
    Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
    Puis soudain s'en allait comme un oiseau qui passe.
    Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,
    Mon oeuvre interrompue, et, tout en écrivant,
    Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent
    Quelque arabesque folle et qu’elle avait tracée,
    Et mainte page blanche entre ses mains froissée
    Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers...

    2
    Samedi 4 Décembre 2010 à 16:06

    Tout à fait, Ysiad. Je m'en régale toujours.

    3
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Un très bel hymne original et tout en sensibilité, à l'amour maternel et à la tendresse, remarquablement servi par notre petite Belge du Lot. Sensible et touchant. Bravo Yvonne ! J'espère que tu en as plein tes tiroirs de ces petites merveilles...

    4
    Martine
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Absolument ravissant et si tendre.
    C'est bien ce que je pensais, Yvonne sait tout faire : popoter, conduire un chasse-neige, nouvelliser, poétiser etc...

    5
    chantal blanc
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Très jolie poésie sur les mots-enfants. Merci

    6
    ysiad
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Quelle chance, Yvonne, de savoir mettre les mots en si jolis vers. C'est musical et tendre, un bel hommage à vos petits-enfants. Bravo !

    7
    ysiad
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Victor Hugo, l'Art d'être grand-père, 1877 (c'est ça, Jean ?)

     

    C'est magnifique.

    8
    Jean-Pierre
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Bravo! Yvonne. Je savais qu'un jour, tu habillerais ta plume du nectar de la poésie. Nous goûtons ainsi, ce délicieux breuvage en ta compagnie, imprégné du parfum de l'enfance. On en redemande, car c'est joliment tourné.

    9
    Yvonne Oter
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Merci à Patrick pour sa très jolie photo : on y retrouve un petit quelque chose de mes deux brunettes. Les garçons, par contre, sont tout blonds.

    Vos appréciations si flatteuses me vont droit au coeur mais me laissent quelque part honteuse. Ce que j'ai écrit est tellement éloigné des poèmes superbes, avec des pieds comptés et des rimes riches (même en période de crise), que j'ai décidé de me montrer modeste en appelant mes textes "des powèmes".

    Donc, je ne fais pas de la poésie, mais de la "powésie".

     

    10
    Yvonne Oter
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Pour Martine en particulier :

    Je popote, je papote, je nouvellise, je powétise, mais je ne conduis pas le chasse-neige car les béotiens de mon village ne font pas confiance à une femme pour cela. Pfff...

    Par contre, je dois avouer à ma plus grande honte que je ne suis pas très habile en dessin. Alors, la peinture, je n'ai même jamais tenté le coup... D'où mon admiration pour ceux et celles qui maîtrisent aussi bien cet art que toi.

    11
    Christelle
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21
    J'ai beaucoup apprécié les vers de Yvonne Oter, plein de tendresse et je l'en remercie de les partager avec nous sur Internet. Maman d'une petite Sandra (2 ans), j'ai tenté avec ce simple poème de croquer les premiers instants de la vie de ces petits êtres que nous chérissons. A L'AUBE DE LA VIE Quand vient l'aube nouvelle en gerbes de lumière Sous la voûte d'azur, à l'entrée du berceau Dansent les reflets d'or, comme un ballet d'oiseaux Où viennent se pencher les ombres familières. Dans la splendeur du jour, s'entend un premier cri A l'heure où l'enfant-né dévoile sa présence Pour offrir au matin la fleur de l'innocence Dont un élan d'amour vient récolter le fruit. Sur des notes d'espoir, comme une mélodie L'écho du temps qui passe est plaisir enchanteur Et l'horizon frémit, sortant de sa torpeur Quand l'aile de l'instant s'envole vers la vie.
    12
    Yvonne Oter
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Christelle, c'est moi qui vous remercie pour votre poème (sans "w") dont on sent qu'il a été écrit avec le coeur. Maman - grand-maman, nous avons beaucoup de choses en commun : tendresse, émerveillement, espérance, des mots qui font parfois sourire aujourd'hui mais qui expriment pourtant le sens de toute une vie.

    Bravo et revenez-nous quand vous voulez sur calipso !  

    13
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Christelle, il est dommage que tes jolis alexandrins de "A l'aube de la vie" ne soient pas présentés de manière traditionnelle. Mais peut-être est-ce dû à une fausse manoeuvre de ta part.

    14
    Nico
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Mes félicitations à ces deux poétesses talentueuses, Yvonne Oter et Christelle. Une vraie bouffée d'air frais. Revenez souvent, s'il vous plaît.

    15
    Yvonne Oter
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Merci Nico, pour la poétesse et pour la powétesse. Je suis flattée que vous m'associiez dans vos compliments à une aussi belle plume que celle de Christelle.

    16
    Nico
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Vous êtes bien trop modeste chère Yvonne : votre poésie est un pur délice.

    17
    Charles
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    C'est si doux, si plein de tendresse dans les mots d'Yvonne. Félicitations.

    18
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Christelle, ma chère, je me suis permis de remettre en place ton joli poème, surtout pour t'épargner ce travail. Tu as sûrement mieux à faire aujourd'hui, dimanche, comme à câliner sans doute ta petite famille.

     

    A L'AUBE DE LA VIE

     

    Quand vient l'aube nouvelle en gerbes de lumière

    Sous la voûte d'azur, à l'entrée du berceau

    Dansent les reflets d'or, comme un ballet d'oiseaux

    Où viennent se pencher les ombres familières.

     

    Dans la splendeur du jour, s'entend un premier cri

    A l'heure où l'enfant-né dévoile sa présence

    Pour offrir au matin la fleur de l'innocence

    Dont un élan d'amour vient récolter le fruit.

     

    Sur des notes d'espoir, comme une mélodie,

    L'écho du temps qui passe est plaisir enchanteur

    Et l'horizon frémit, sortant de sa torpeur

    Quand l'aile de l'instant s'envole vers la vie.

     

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