• Extension du domaine de la coupe

    Foirer-coiffeur.jpg

    Nous continuons imperturbablement notre palpitante série selon laquelle "foirer, c’est bien, mais bien foirer, c’est mieux", avec aujourd’hui une petite virée gratuite au salon de coiffure.

     

    Comment bien foirer sa coupe de cheveux

    par Ysiad

    

    Pas plus tard que ce matin, en surfant sur le Ouaib, vous avez découvert des coiffeurs gratuits sur un site prodigieux : Coup’free. Bon, le nom laisse un peu à désirer, on vous l’accorde, mais il sous-entend clairement que de nos jours, dépenser de l’argent pour une malheureuse coupe de cheveux, c’est franchement ringard. Quand vous vous êtes regardée ce matin dans la glace, il y avait du boulot. Ces cheveux frisottés et ternes, sans allure, sans mouvement, secs aux pointes, tout blancs à la racine, vous ont mis le moral dans les chaussettes. Vous avez composé d’un doigt fébrile un numéro commençant par 0825, impatiente d’avoir une voix amie à l’autre bout du fil. Au bout de vingt sonneries, on vous a enfin répondu et fixé rendez-vous le jour même. La chance. Le bol ! Vous avez précisé qu’il faudrait aussi teindre l’ensemble. Pas d’souci ! vous a-t-on riposté, comme si tout allait de soi au pays de la coupe gratuite, et que vous n’aviez plus qu’à rappliquer.

     

    Le salon de coiffure étant à l’autre bout de Paris, vous avez bien étudié le plan avant de prendre le métro, qui vous a menée dans un quartier chic de la capitale. C’est bon signe, avez-vous pensé. En poussant la porte, vous avez eu la sensation de pénétrer l’univers des gens bien coiffés gratis, une nouvelle espèce d’êtres humains malins, et c’est avec le sourire que vous avez confié votre tête aux apprentis, après avoir laissé votre manteau au vestiaire.

    On vous a fait patienter un peu sur une petite chaise, puis un type aux gestes gracieux est venu vous chercher pour remettre votre tête entre les lames des ciseaux d’une apprentie-coiffeuse. On ne me teint pas avant ? avez-vous demandé naïvement. – Ah non, vous a-t-on répondu, chez nous, on teint toujours après la coupe. L’apprentie-coiffeuse a fait claquer les lames des ciseaux, et a commencé à couper au rythme de Beat it ! de Michael Jackson. Chaque fois que le chœur hurlait : Beat it !, elle se trémoussait et coupait un peu plus, entraînée par la musique. Et c’est ainsi qu’après la chanson, vous vous êtes retrouvée avec des cheveux relativement courts, et surtout très dégagés autour des oreilles. Bah, un coup de teinture, et il n’y paraîtra plus ! a lancé le type gracieux en étouffant un petit rire, comme s’il parlait d’une vulgaire façade à reboucher au plâtre. Il vous a confiée aux bons soins de la préposée à la teinture. Munie d’un grand pinceau, celle-ci a tiré vers le ciel ce qui vous restait de mèches, qu’elle a talochées avec une crème dont vous n’êtes pas près d’oublier l’odeur.

    Puis on vous a laissée mariner dans un coin du salon.

    Au bout d’une heure, en vous voyant qui poireautiez sur votre chaise, on vous a expédiée au bac de rinçage où la shampouineuse a fait couler une eau archi-tropicale sur votre crâne, puis comme vous hurliez, vous avez eu droit ensuite à une bonne douche islandaise, bien revigorante, bien meilleure que l’écossaise. Et ensuite direction la sortie, pas de brushing. Il est trop tard, vous a-t-on dit, le salon ferme.

    Bingo. Dans le mille. C’est foiré.

    Mais si par miracle, en quittant les lieux, vous constatez que vos cheveux sont non seulement beaucoup trop courts mais d’un beau vert Perrier, alors seulement, la petite virée gratuite sera bien foirée.

    Pour le plus grand bonheur de votre coiffeur régulier.

       

  • Commentaires

    1
    Jeudi 18 Novembre 2010 à 17:14

    Voilà un récit qui défrise ! Sans vouloir couper les cheveux en quatre,  y a tout de même de quoi se faire des cheveux ! Mais bon, c'est un texte poilant ! bravo !

    2
    Vendredi 19 Novembre 2010 à 03:05

    Très bien, Ysiad, tous ces petits tableaux bulesques croqués sur le vif. Cela réconcilie avec la vie dans ces temps de morosité. Mais quelle idée poilante de se faire raser gratis !

    Evitons donc de nous faire tondre.

    http://www.referendumretraites.org/

    3
    Mercredi 24 Novembre 2010 à 12:51

    J'ai vécu une expérience un peu similaire dans une école de coiffure relatée sur mon blog "chez le coiffeur, une expérience de l'extrème" sauf que pour moi le résultat était finalement pas mal, même si j'ai dû aussi vivre des moments éprouvants...."

     Etre une aventurière urbaine, c'est riqué !

    4
    dominique guérin
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Je retrouve toujours dans tes "foirements" un peu des miens (et dirais-je "des nôtres" dans le plus large sens du terme)... Mais là, ton texte est si universel que je tiens à te dire que OUI, J'AI RI à la lecture de cette épique aventure capillaire.

    5
    M le
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    De quoi avoir les boules.. euh la boule à zéro.

    6
    Julie
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    tiens, tiens..... ça sent le vécu tout ça !!!!! BRAVO J'AI ADORÉ !!!!

     

    7
    Eugène
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Je me suis bien poilé!

    Bravo à Ysiad pour toute la série des poilades...euh, des foirades. j'ai adoré ausi l'entretien d'embauche. On en redemande.

    8
    ysiad
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Merci à tous pour vos commentaires.

     

    Effectivement, Jean, j'ai évité de me faire tondre grâce à l'adresse que tu laisses, y en a marre des coiffeurs qui rasent pas gratis

    9
    Annick Demouzon
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Ysiad, finalement, pour l'équipe à faire à deux, tu sais celle dont je te parlais sottement,je retire ce que j'ai dit. En fait, ta fréquentation me semble dangereuse, ce serait comme s'accrocher à un paratonnerre pendant l'orage...

    Mais retranscrit, et lu de loin, on se bidonne en pensant à tous les malheurs QUI NE NOUS SONT PAS ARRIVE, à nous. (ouf!)

    10
    Annick Demouzon
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    L'horreur: j'ai oublié le S à arrivéS!

    11
    ysiad
    Samedi 23 Août 2014 à 18:21

    Quel dommage, Annick, que tu renonces à partir en vacances avec moi. On aurait fait une fine équipe toutes les deux. Personne ne veut plus partir avec moi : Ouin ! La prochaine fois, j'emmène Patou pour me défendre contre l'adversité.

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :