• Echafaudages

     

    Sans le compte-rendu des lectures de vacances de Stéphane Laurent (22 août), je serais sans doute passé à côté de ce premier livre de Frédéric Boudet " Invisibles ", d’autant que, sorti en avril dernier, ce recueil de nouvelles n’est bien évidemment plus de mise en rayon. C’eût été bien dommage !

    Comme beaucoup de jeunes auteurs, Frédéric Boudet aborde la fiction littéraire par la question de la perte, par la nécessaire évaluation de ce qu’il en a été pour lui de la séparation et de la douleur, de l’absence et des réminiscences et de ce qui, peu à peu, glisse dans l’oubli. C’est ce glissement qui semble le plus l’effrayer, la peur que l’objet aimé ne soit plus qu’une chose oubliable parmi d’autres, égaré à tout jamais dans un espace étranger. Ses personnages questionnent, cherchent, revisitent les lieux, poussent des cris d’effroi, de rage, implorent le ciel, se recroquevillent, s’ensevelissent, rompent finalement avec les turbulences du passé pour enfin laisser leurs cœurs battre la chamade.

    Ecrire, c’est commencer à perdre l’illusion de l’invincibilité. C’est entamer l’idée d’éternité. Ecrire, c’est à la fois se dessaisir des faux pas comme de l’excès de bonheur, c’est tenter de recréer une parole qui ne peut plus se partager, c’est le désir de contourner une histoire qui ne peut plus être, c’est inventer ce qui peut rester, c’est aller au-delà de l’invisible. En somme, ce à quoi s’essaie Frédéric Boudet.

    Les nouvelles de ce recueil ont la vigueur de la jeunesse et son auteur possède la sensibilité et le regard d’un homme attentif, d’un homme qui interroge son rapport à l’autre sans se perdre dans la seule puissance des larmes.

    Une chose est sûre, Frédéric Boudet n’écrit pas en pure perte.

     

    Invisibles de Frédéric Boudet, aux Editions de l’Olivier, 152 pages, 15€


  • Commentaires

    1
    Samedi 26 Août 2006 à 09:17
    Je ne peux que souscrire, évidemment, à ce compte-rendu, qui met si justement en évidence les qualités rares des nouvelles de Boudet. Merci, donc, pour cette chronique qui risque de donner envie à quelques lecteurs curieux (il en reste...)
    2
    Jeudi 4 Janvier 2007 à 23:51
    merci pour ce mots qui touchent, j'espère que le prochain livre vous plaira autant ! Merci encore. FB
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