• Deux vies


    Ana Surret revient au café avec quelques brefs instants de joies, d’émotions et de craintes déposés dans l’écriture…

     

     

    Elle est triste à pleurer.

    Dans un sanglot elle lâche "  je suis partie "

    Grande fille fragile, des pleurs secouent son corps, des larmes roulent sur ses joues accentuant ses tâches de rousseur.

    En silence, je la serre dans mes bras.

     

    Elle reprend son stylo, renifle en relisant ses notes, mais son cœur est ailleurs.

     

    Elle a quitté son ami, son compagnon.

    Elle n’en pouvait plus de ses exigences, de sa jalousie qui lui faisait regarder d’un air soupçonneux l’énergie consacrée à cette deuxième vie, alors que la première, celle de son vrai travail, dont une feuille de paie attestait de son existence chaque fin de mois, ne la passionnait pas outre mesure.

     

    Il est loin le temps où il l’appelait sur son portable pour lui susurrer des mots d’amoureux à l’oreille.

    C’est vrai que deux vies à gérer, c’est compliqué. Alors une troisième !

     

    Comment choisir, alors même que, si cette seconde vie est faite de contraintes, elle comporte aussi de bons moments.

    La chaleur de l’équipe, ces fous rires sans motifs, ce plaisir d’être venu à bout d’un sujet complexe et cet ineffable sentiment lorsque l’on a réussi à convaincre un interlocuteur rétif.

     

    Deux vies qui se chevauchent, s’additionnent, grignotent tout son temps, jusqu’à ne plus laisser place au compagnon de sa troisième vie.

     

    Elle a claqué la porte, au nez de ce compagnon, la mort dans l’âme.

    Avec un gros doute à l’esprit.

    Qui pourra le lui enlever et la rasséréner en lui disant que c’était " La " solution.

    Nageant dans l’incertitude, elle éprouve pourtant le sentiment d’une liberté retrouvée.

    C’est l’allégresse pendant quelques jours, quelques semaines…

    Un chaton est venu combler la solitude des soirées…

    Seule, elle est seule.

    Plus aussi gaie, plus aussi sûre…

    L’absence de l’autre.

    Ses mains, son regard, ses mots, ses étreintes, ses caresses ont laissé des traces.

    Tout en elle l’appelle.

    Elle hésite, elle est lasse.

    Elle cède. Elle sacrifie sa deuxième vie.

    Elle l’a dit, vite, pour ne pas être tentée de revenir sur cette décision.

    Mais elle traîne, c’est dur.

    Une dernière fête, une grande tristesse.

     

    De l’autre côté de la rue, une voiture l’attend.

    Derrière le volant, sa troisième vie, le compagnon avec lequel elle a renoué, heureuse et désespérée.

    Elle s’en va, les yeux mouillés, en prononçant une vague promesse de donner de ses nouvelles.

    Cette troisième vie ne va pas lui laisser la liberté de revenir, ne serait-ce qu’un instant, dans le livre de sa deuxième vie.

    Il n’est plus temps.

    Le mot fin est apparu à la dernière page du carnet de cette deuxième vie, le jour où elle a décidé de suivre ce compagnon.


  • Commentaires

    1
    Samedi 7 Février 2009 à 22:45
    Une vie, c'est déjà si compliqué! Alors trois...
    En tout cas, un texte qui distille tristesse, émotion, tiraillements avec subtilité.
    2
    Régine
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    Concilier une vie de  femme avec celle d'une épouse est un casse-tête permanent. Trouver sa voie et  convaincre l'autre est parfois difficile. Heureusement, certaines femmes et certains hommes y arrivent. Renoncer c'est tellement cruel !!!

    3
    yvonne lmr
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Compliqué en effet...pour ma part je n'ai pas réussi à démêler les fils embrouillés de ces première, deuxième et troisième vie pleines de déchirements. Comment savoir ce qui m'échappe dans ce texte ? Suis-je la seule à ne pas tout saisir? Le compagnon dont il est question au début est-il le même que celui qui est présent à la fin? J'ai eu beau relire... 
    4
    LAMY Jacques
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    J'ai pensé qu'il s'agissait de compagnons interchangeables suivant les humeurs...
    .
    Il est vrai que je n'ai qu'une vie, j'y tiens et m'y accroche de toutes mes forces...
    5
    LAMY Jacques
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    6
    yvonne lmr
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Puis-je encore espérer une réponse d'Ana à propos de ce texte tellement lourd de désarroi  qu'il ne peut laisser indifférent?
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