• Déflagrations

    " Des raisons, on peut toujours en trouver. Des bonnes ou des mauvaises. En pagaille. Mais c’est pas mon boulot. Il y a des spécialistes pour ça. Il vont sûrement me poser un milliard de questions sur les coups que j’ai pu prendre quand j’étais môme et sur les trucs que je voyais à la télé et sur la fois où j’ai rayé la voiture de ma prof de maths ou encore sur mes poissons que j’ai laissé crever de faim pendant les dernières vacances. Après ça, ils me montreront des taches qui ressemblent à rien et ils attendront que je leur dise à quoi ça ressemble. "

    Pas d’état d’âme. Pas de lamentations. Pas de justifications. Une histoire d’adolescent tueur sans doute prise dans le maelström des faits divers médiatisés. Au lecteur de se débrouiller avec les circonstances qui ont conduit un jeune lycéen aux pires extrémités. Un carnage résumé au cours du premier chapitre puis rien d’autre que l’exposé des faits et leurs enchaînements inéluctables avec des protagonistes aux mœurs archaïques jouissant sans retenue de leurs pulsions destructrices. C’est noir, féroce, implacable. Le narrateur ne s’embarrasse pas de fioritures, il décrit, un point c’est tout. Au cours du récit émerge pourtant le désir d’une autre existence. Contrairement à ses congénères, il ne s’accommode pas de la cruauté, de l’injustice, de la misère psychique qui font la vie ici-bas. Mais le climat est si délétère qu’il ne peut à son tour que sombrer. Il aurait préféré n’avoir rien à en dire et rendre l’âme avec la dernière cartouche. Mais voilà, il a basculé au point de plus savoir ce qu’il en est de son cœur, de son corps et de son esprit. Une décompensation comme en endure un certain nombre d’adolescents.

    Le livre est le premier d’une collection destinée à un lectorat d’adolescents. On peut se poser la question d’une telle démarche, de cette nécessité qu’il y aurait à écrire ou à publier pour un public ciblé, un public jeune en l’occurrence et qui serait en quelque sorte incapable de penser par lui-même pour décider du choix de ses lectures. Car après tout, ce roman possède suffisamment de qualités pour faire son chemin au delà des sentiers balisés.

     

    Je mourrai pas gibier de Guillaume Guéraud aux éditions du Rouergue, collection deAdo Noir, 76 pages, 6,50€

     


  • Commentaires

    1
    Stéphane Laurent
    Samedi 23 Août 2014 à 18:45
    Merci pour ces notes de lecture régulières et pertinentes. Et qui, surtout, sortent des sentiers battus...
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