• D'où viennent-t-ils ?


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    Une nouvelle fois, Ysiad rebondit sur une des questions recensées sur la route Google / Calipso et publiées dans le dernier numéro de Blogcity, revue d’étoiles.

     

    D’où viennent les poules et les œufs de chez Lustucru ? 


    Vaste, immense, colossal débat qui délie les becs, toutes les poules vous le confirmeront, surtout celles de Lustucru qui sont bavardes et directement concernées par la question. Les poules de Lustucru sont à première vue banales, mais à deuxième vue tout à fait prolifiques. Non mais regardez-moi ça ! Elles n’ont l’air de rien sous leurs petites ailes, les gloussantes, mais elles pondent énormément, l’eusses-tu cru.

    Dans la première édition de son Traité pour la Défense de la Poule Pondeuse – autrement appelée : Poule de Lustucru, du nom du fermier qui le premier eut la chance de compter ce type particulier de poules dans son poulailler –, le Professeur Coqueu-Deuldou maintenait avec audace que les poules de Lustucru parvenaient à pondre à une vitesse de trois œufs à la minute quand la lune était en carré de Pluton sous Jupiter avec Mars et Saturne pas loin derrière, ce qui faisait, et sans même tenir compte des variations saisonnières, (qui variaient beaucoup moins qu’à l’heure actuelle où c’est tout le temps l’hiver le week-end et sans arrêt le printemps quand on bosse), une moyenne de cent quatre-vingts œufs de l’heure, chiffre que l’éminent Professeur a refusé de rectifier dans la deuxième édition de son ouvrage, en brandissant à la face des incrédules son diplôme d’expert-comptable.

    Du haut de son immense savoir accumulé au fil de ses lentes et néanmoins studieuses pérégrinations dans les basse-cour de France, le Professeur put affirmer, toujours dans son Traité que nous nommerons : TDPP, que dès 1960, la Poule de Lustucru battait à la ponte les ailes dans le bec la Poule Glandeuse, – dite : Poule de Panzani, du nom d’un type qui était tombé dans la semoule quand il était petit –, laquelle, quand elle ne prenait pas les bus à l’italienne, faisait que de roupiller sur son tas de grain au lieu de couver ses œufs, " comme si, par une sorte de prescience de sa condition de Poule de Panzani, elle savait, cette poule, qu’elle n’aurait jamais, contrairement à la Poule de Lustucru, des œufs frais, des œufs frais, tant elle lanternait pour expulser son œuf, qu’à la fin, en sortant, il était plus très frais" (cit. op. p. 213 et suivantes, Editions du Corico, 1960).

    Or pour bien cerner tout l’enjeu du vaste débat qui agite nos esprits autour des poules et des œufs, le Professeur Coqueu-Deuldou a l’obligeance de nous faire remarquer, à la page 512 de son introduction, que personne n’a jamais su qui, de la poule ou de l’œuf, était passé le premier par la porte d’entrée. L’un des deux, certes, mais lequel ? Am, stram, gram… La thèse la plus courante soutient, comme nous le rappelle l’éminent Professeur à la page 780 de son ouvrage documenté, que " C’est la poule qu’a dit à l’œuf de passer le premier, et non l’inverse ". Car si la poule avait précédé l’œuf, impolie qu’elle était en ces temps reculés bourrés d’ornithorynques, elle n’eût pas forcément pensé à lui tenir la porte, et nous aurions alors de bonnes raisons de croire que le pauvre œuf eût pu se la prendre en plein dans la coquille, bour et bour et ratatam, on en a mal pour lui. C’eût été une bien trop triste fin, et puis l’eusses-tu cru ? Pas sûr. C’est la raison pour laquelle le professeur Coqueu-Deuldou continue de s’interroger, entre les pages 803 et 999 du TDPP, sur la nécessité de savoir si l’œuf est Preum’s et la poule Deuz’, ou si c’est la poule qu’est Preum’s, et l’œuf, Deuz, et puis s’il préfère pas l’œuf à la coque au coq-à-l’âne, pic et pic et colégram.

    Ce qui est conceptuellement envisageable, – et cela nous ramène à peu près à l’endroit où nous avons laissé nos poules en liberté picorer du grain en gloussant sous la lune dans une conjonction des astres particulièrement favorable à Pluton, enfin tout dépend de quel côté on se place –, c’est que la Poule de Lustucru, à force de vouloir battre ses propres records, a rendu jalouse celle de Panzani, ainsi que le souligne le Professeur dans son chapitre entièrement consacré à la Révolte des Poules Glandeuses, où il prend la peine de décrire les odieuses et révoltantes machinations de ces volatiles mesquins qui, en l’an de grâce 1968, surprenaient les pauvres Poules Pondeuses en pleine couvade pour leur jeter, de nuit, sous un ciel sans étoiles et dans l’indifférence générale des astres, leurs vieux œufs pourris à la crête, " … si bien que le matin, la terre, jonchée de plumes et de coquilles d’œufs, fumait encore du sang de ces valeureuses gallinacées" (ibid. op. cit. p. 6439 et suivantes).

    Après un tel massacre, l’on est en droit de se demander si les poules de Lustucru en sont revenues, et si leurs œufs sont toujours aussi frais.

    Ysiad



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