• Banc titre


    Où l’on revient grâce à Suzanne Alvarez sur le fameux Banc aux goélands de Jean-Paul Lamy. Si vous ne l’avez pas encore lu, voilà donc une raison supplémentaire de passer commande auprès de l’auteur :  janpollamy@wanadoo.fr



    Alors que dans ce terrible FACE A FACE, Lili, avait, pour contrer la veulerie ordinaire de l'espèce humaine, "besoin de croire à un petit îlot de sincérité", des larmes montaient aux yeux de Paulo et "coulaient abondamment sur ses joues, tombaient, lavaient le visage impassible du mort de la souillure qu'il lui avait infligée"...

    "Il les attendait, immense, droit, les mâchoires contractées, le regard dur. Effrayant. Ça vous glaçait le sang".

    "Vu d'ici, le paysage tend vers l'abstraction : trois bandes horizontales. La première est verte, la seconde, celle de la mer, d'un gris verdâtre et sale, la troisième est lourde d'un ciel lourd de menaces".

    Dans un luxe de détails, le héros nous entraîne dans la PENTE de sa "pauvre finitude face à cet infini d'eau et de temps"...

    Et c'est ainsi que, dans le BOIS DOMPTĖ "devant mes yeux, un Christ et toute la souffrance de l'humanité surgissaient lentement de la masse de bois. La tête penchait d'un côté, le masque était douloureux mais il conservait une grande noblesse, une dignité muette : la victime était plus forte que ses bourreaux" ; Loïc, ciseau à bois en main, croyait pouvoir assurer son bonheur à l'image de tous les Colas Breugnon qui honorent notre littérature. Mais le destin en avait décidé bien autrement...
    A l'OUEST-EST
    il n'y aurait rien eu de vraiment nouveau dans cette histoire d'hommes, sans la présence de ce "petit homme trapu au poil roux et au regard bleu qui inspirait des sentiments contradictoires à ses compagnons", ceux-là même qui "se moquaient de lui mais n'avaient pas honte de profiter de ses petites combines"...

    Grâce à ses RENCONTRES, l'auteur du Banc aux Goélands, instruit, sans doute, par ses riches expériences, nous donne ici une formidable leçon de vie et, dans son immense sagesse, nous incite à profiter de chaque instant de cette "vie palpitante et impatiente, la vie éphémère et scintillante, la vie souriante et fragile, la vie qu'elle avait failli perdre de la manière la plus absurde qui fût, la Vie qu'il fallait écrire avec un grand V parce que la certitude lui était venue qu'il n'en était point qui ne méritât qu'une minuscule"...

    Face à ses BOUTEILLES VIDES, Antoine, le vieil ours solitaire, sombrera peu à peu dans un désespoir sans fin. "Des messages étaient venus s'échouer là, il en était sûr, mais quelqu'un était passé avant lui et avait tout raflé" donne une note pathétique à cette histoire. "...c'était comme un ricanement de la mer". "Ce qu'il avait attendu toute sa vie ne s'accomplirait donc jamais". Mais la force de cette oeuvre provient sans doute de la compassion du docteur dans sa manière d'aborder la mort...
    Me Quantil mène, quant à lui, UNE VENDUE
    tambour battant, émaillant ses propos de piques savoureuses, surtout destinées à faire monter les enchères. "De nos jours, on ne prend plus le temps de faire les choses comme il faut... Ah ! Je vois que les dames me comprennent...". Oncques a-t-il jamais connu commissaire-priseur plus spirituel ? Mais attention, ne vous méprenez pas, car derrière cette histoire vaudevillesque, on sent poindre de "vieilles rancœurs rassises et tenaces" qui peuvent mener au désespoir...

    Pendant ce temps-là, prenant l'IF à témoin, Folingue, le philosophe indigent, "le chantre des vents d'exception...reprit son souffle et poursuivit : Oui, mesdames et messieurs, un vent à déboiser les cerfs, à déchanter sous la pluie,...à décaler les forts en thème, à décapoter les pharmaciens..."...
    M.Peyrot qui "était vieux comme les pierres" tuait le temps en observant de sa fenêtre les allées et venues de ses voisins. Il faut dire qu'
    "il jouissait d'une VUE PLONGEANTE sur les jardins ouvriers et les rives de la Borette"...

    Dans l'AMOUR POUR TOUJOURS, c'est avec un humour féroce que l'écrivain brosse sans complaisance le portrait d'un bourgeois de province, victime de sa mesquinerie et de son mépris pour les petites gens, non sans avoir évoqué les fables de La Fontaine : "La Cigale et la Fourmi, le Lièvre et la Tortue, oui, il se souvenait mais le Loup et le Chien, non, vraiment, ça n'évoquait rien pour lui... Sans doute une oeuvre mineure, une morale douteuse..."...

    PIERRE PAUL ET CIE "Il avait aussi décidé que frugal repas était beaucoup plus chic que repas frugal"..."Viens, tout cela me fait un peu tartir...". M.Paul, est un ministre qui bouscule le protocole et donne une grande claque à la hiérarchie sociale, pour le plus grand bonheur des gens de petite condition.
    Grâce, ou plutôt, à cause d'UNE PIERRE DANS SON JARDIN
    , Louis, le sceptique, pensait à juste titre que : "Chacun voit midi à sa porte" ; mais c'était sans compter sur le destin qui...

    L'OIE SAUVAGE est une histoire douloureuse. Malgré tout "il partit d'un bon gros rire bien gras qui signifiait que c'était là qu'il fallait s'esclaffer". Dans leur DECONFITURE, la honte, la vraie honte pour eux, ce n'était pas tant de se trouver mesquins, mais d'être reconnus comme tels...

    C'est sans doute à cause de ce SALAUD D'HUXLEY qu'Edith avait fait sauter une maille. Bien obligée fut-elle de détricoter tout un rang "puis, de nouveau, ses aiguilles se lancèrent dans une danse alerte et gracieuse"...

    J'ai eu un HAGUE A L'AME le jour où j'ai rencontré l'énigmatique Geneviève. Mais je n’avais pas capté tout de suite quand elle avait ajouté "comme en confidence, après une hésitation...J'ai toujours froid"...
    DE L'AUTRE COTE DE LA HAIE
    , le mort trouvé par Roland et son pote, et le p'tit coup de gnole chez M'sieur l'Maire firent que ce dernier ne se sentit
    "plus chez lui nulle part"...

    L'auteur met en oeuvre une réflexion critique sur la nature humaine et sur l'appartenance sociale sur le BANC DES GOELANDS. "Chloé aime beaucoup la lecture. Et toi ?... Je répondis : je lis le dictionnaire"...
    Et puis, voilà un séducteur, qui, à force de jouer au jeu de la séduction, finira à son tour par se laisser séduire. Mais l'histoire de DESIR
     est bien trop douloureuse pour que nous puissions nous en réjouir.

    Le mieux, pour se changer les idées, surtout quand elles sont bien noires, est de faire UNE SORTIE PEDAGOGIQUE RICHE D'ENSEIGNEMENT avec le prof de Géo, Mme Humboldt, pour traquer le méridien de Greenwich. "Hélas ! Hélas ! Hélas ! se lamente notre professeur..."

    Mais gare à ROMULUS LE TYRAN ! Remarquez bien, pas si tyran que ça ce St Bernard ! "Et bientôt elle tomba d'accord avec son chien : Julien caressait très bien"...

    Et pour finir, à vous, je peux bien le dire : QUI ETAIT M.BUHOT ? Un illustre médecin ? Un grand peintre ? Un héros de la Résistance ? Un séducteur ? Un voyou ?...Ou tout à la fois ? Allez savoir !

    NON ! Vous n'irez pas savoir puisque je me suis interdit de vous révéler la moindre petite chute de ce recueil avant que vous ne l'ayez lu en entier. Frustrant n'est-ce pas ? Comme je vous comprends, surtout vous, là-bas, dans le fond...les inconditionnels de la chute !

    Quant à vous dire mes préférences ? Face à Face, Une Vendue ? Bouteilles Vides ? De L'Autre Côté de la Haie ? L'Amour Toujours ? Bois Dompté ? Pente ? Quoique Consensus, Romulus le Tyran, l'If, Rencontres...me plaisent tout autant. Alors quoi ? Eh bien, je vous répondrais tout simplement...TOUS, ils me plaisent TOUS...Certains récits m’ont émue et m’ont provoqué un frémissement douloureux, et d’autres m’ont laissé bizarrement, un curieux guili au creux de l’épigastre.


  • Commentaires

    1
    Dimanche 1er Février 2009 à 16:06
    M'enfin, Suzanne, une nouvelle sans chute, c'est comme un ... sans couleur, c'est comme un ... sans odeur, c'est comme un ... sans poil (le lecteur est invité à boucher les trous). Ce n'est plus qu'un récit, un compte-rendu, une chronique (pour faire savant).
    Signé : le cancre du fond bien au chaud contre le poil... euh pardon , le poêle. 
    2
    Dimanche 1er Février 2009 à 16:45
    Sans  hésitation aucune, ma préférée est Qui était M. Buhot? 
    Ce qui ne veut pas dire que je n'ai pas apprécié les autres, loin de là!
    3
    Dimanche 1er Février 2009 à 21:58
    Quand l'auteur est quelqu'un d'aussi savoureux que Jean-Paul Lamy, les nouvelles ne peuvent qu'être riches en goût !
    4
    Mercredi 4 Février 2009 à 18:30
    Je mettrais "une vendue" en premier, Lastrega (peut-être que c'est l'époque qui veut ça !) et j'm'en va relire "Face à face".
    5
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    Ma préférence va à "Face à Face", en premier. Et je mettrais "Une Vendue", en second.

    6
    Zelma
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Et pour moi, ce sera "le bois dompté". 
    " Une demi-douzaine de christs étaient exposés dans l'atelier. Tous dissemblables et, pourtant, pour chaque visiteur, il était difficile de dire lequel était le plus conforme à  l'idée qu'il se faisait du personnage. Parfois,quelqu'un tombait littéralement en arrêt devant une oeuvre et l'achetait. Loïc s'en séparait à regret."
    7
    Lisa
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Je préfère "déconfiture". Monsieur et Madame Goup sont deux bourgeois pourris qui trouvent toujours quelque chose à gratter.
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