• Alors, ça mord ?

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    Alors, ça mord ?

    Jacqueline Dewerdt

     

    Un brave pêcheur du dimanche,

    Sérieux et fier de ses prouesses,

    Pêchait, comme il se doit,

    Ayant fait à sa belle de splendides promesses.

    Un pied en avant et le poing sur la hanche,

    Ne prenant garde au froid,

    D’un œil distrait il surveillait sa ligne.

    Il savourait ce moment de bonheur

    Et songeait à son meilleur ami, homme digne

    Connu pour la qualité de ses aquariums.

    Ce point séparait nos deux hommes.

    Petit détail, de l’avis de notre pêcheur.

    L’un, de l’autre, admirait la science,

    Quand son ami de lui vantait la patience.

    Or donc, tout à ces belles pensées,

    Notre homme ne voit pas le bouchon s’enfoncer.

    Alerté par une secousse dans la main,

    Il s’ébroue, se redresse, réalise soudain

    Que s’annonce dans l’eau une prise de taille.

    Bien ferme sur ses deux pieds,

    Il s’apprête à livrer bataille,

    Le visage sérieux et le corps cambré.

    L’animal vigoureux ne se laisse point faire.

    Le pêcheur n’est pas né de la dernière pluie ;

    Lui, devant ce combat se sent à son affaire,

    Respecte et admire l’invisible ennemi.

    Il tire et lâche.

    Il s’arcboute et soupire,

    Doucettement, relâche.

    Derechef fermement il tire,

    Aperçoit un poisson orné de belles taches.

    Intrigué, d’efforts il redouble,

    Car pour si peu il ne se trouble.

    Ce n’est pas là chose facile,

    Mais notre homme, nous l’avons dit, est très habile.

    Par ruse et par force, il gagne le dur combat

    Et se retrouve devant un gros piranha.

    D’une main ferme il s’en saisit,

    En veut retirer l’hameçon

    Mais aussitôt, pousse un grand cri.

    De son doigt l’animal a coupé un tronçon

    Et la bouche pleine dit d’un air tendre :

    « Mon bon monsieur, tel est pris, qui croyait prendre. »

     

     

    Brève, 4 juin 2014

    À Saint-Dié-des-Vosges, un pêcheur a remonté un piranha au bout de sa ligne. Au moment d’être retiré, le poisson l’a mordu au doigt. Hypothèse des spécialistes : le propriétaire de ce poisson l’a sorti de son aquarium et l’a relâché dans l’étang.»


  • Commentaires

    1
    danielle
    Samedi 23 Août 2014 à 17:56

    Tes est mordu qui croyait mordre ! Une fable digne du bon monsieur La Fontaine

    2
    Yvonne
    Samedi 23 Août 2014 à 17:56

    Ah ! L'air tendre du piranha ! 

    Savoureux, Jacqueline !

    3
    Lza
    Samedi 23 Août 2014 à 17:56

    On peut aussi pêcher une tortue carnivore, ce n'est pas très sypathique non plus;

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