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Affinités électives
Ce texte de Françoise Guérin figure dans les commentaires de l’article Décentralisation paru récemment. Aujourd’hui particulièrement, il a toute sa place en pleine page parce que parfois tout commence avec un petit rien, un seul petit mot perdu dans les nuages…
Au début, je caressais l’espoir, d’une main rêveuse, en attendant qu’il me fasse vivre. C’était un espoir tout maigre, je l’avais adopté après que quelqu’un l’ait perdu. Vous n’imaginez pas le nombre d’espoirs qu’on a vu naître et qui ont été nourris pendant des années, avant d’être retrouvés, abandonnés, au coin d’une vie. Pathétique.
Enfin, je caressais l’espoir et… Je ne sais pas si vous avez déjà caressé un espoir mais c’est troublant. Je ne vous parle pas de ces faux espoirs qui luisent en tête de gondole. Dans la logique libérale, tous les espoirs sont permis mais méfiez-vous : on s’accroche à une trompeuse lueur d’espoir et un jour, on se retrouve à en nourrir de faux, livrés clé en main par un paranoïaque égotique (pléonasme) qui place ses espoirs comme d’autres jouent en bourse : plus son espoir est grand, plus le nôtre est écrasé, au bord du dépôt de bilan.
Bref ! Moi, j’avais conservé un petit espoir. Oh, il n’était pas bien épais. Pour vous donner une idée, il n’y tenait que quelques mots, de ceux qu’on lit au fronton des mairies, de ceux qui ont fondé l’histoire de ce pays et font rêver les rescapés des dictatures. Pas gros, quoi. Mais vous savez ce que c’est, on s’attache, c’est idiot ! Je le gardais bien au chaud. Parfois, je le sentais s’éteindre alors, doucement, je le ranimais. J’avais beau entendre, autour de moi, que tout cela était dépassé, je ne pouvais pas m’empêcher ! Je l’entretenais en secret. J’en remplissais ma vie. Je me disais : tant qu’il en reste un peu !
Et puis ce matin, je le caressais, comme ça, sans y penser vraiment et j’ai vu qu’il tremblait. Il était mal en point et ça m’a fait tout drôle…
Françoise Guérin
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Commentaires
Beau, très poétique, superbe, ton texte Françoise (tu permets que je te traite de poétesse ?).
2012, c'est loin ! Mais tant qu'ya de la vie ya d' l'espoir et ya qu'l'espoir qui fait vivre.
"L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable" (Paul Verlaine), il suffit de laisser la porte ouverte et le soleil continuera à le faire briller.
EJB
"Que crains-tu de l'abeille ivre de son vol fou ?"
L'essentiel est que la porte en question ne soit pas une porte de prison, Ernest . La paille des cachots sent un peu le renfermé.
"Que crains-tu de l'abeile ivre de son vol fou..."
Sauf si cette porte est une porte de prison, Ernest. La paille des cachots sent le renfermé.
7ValérieSamedi 23 Août 2014 à 18:40L'espoir, c'est comme le chat. Il a plusieurs vies. Peut-être que le tien, le mien, renaîtront dans 5 ans. Espérer cela et voilà un autre espoir qui naît. Il faut tenir bon.
8desireeSamedi 23 Août 2014 à 18:409MagaliSamedi 23 Août 2014 à 18:40Bien vu, Valérie.10MagaliSamedi 23 Août 2014 à 18:40Ah deux films à voir.
Le dernier roi d'Ecosse
et
Très bien merci.
Le premier pour le discours charismatique d'Idi Amin Dada qui prend le pouvoir.
Le second pour voir ce qui peut arriver à un quidam s'il a la curiosité de regarder tranquillement un soir comme les autres une vérification d'identité dans la rue.
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ça ira, ça ira.
ça ira ? les lendemains ne chantent pas tous.