• L'histoire du Staff Benda Bilili est édifiante. Deux réalisateurs Renaud Barret et Florent de La Tullaye en ont retracé l'odyssée dans un film documentaire sorti à l'automne dernier. Durant cinq années, ils ont accompagné et soutenu un groupe de musiciens Congolais capable par la seule force de leur passion de résister à toutes les calamités que les hommes et la nature s'ingénient à combiner pour que la vie soit un enfer. Si vous n'avez pas vu ce film, courez-y ! Ensuite, il ne vous restera plus qu'à espérer que le Staff se produise près de chez vous pour goûter cette musique qui aide à vivre.

    Ils étaient à Grenoble hier soir dans le cadre d'une journée de lutte contre le racisme et de solidarité avec l'Afrique.

     

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  • Castor Tillon est un homme aux multiples talents : dessinateur, peintre, musicien et humoriste ; il nous fait l'honneur de venir exposer quelques unes de ses oeuvres au café. Si l'artiste vous plait, vous pouvez le retrouver sous d'autres facettes chez Lunatik, une auteure qui écrit de sacrées bonnes nouvelles...   

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    en compagnie de Dexter Gordon

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    Toujours nous élançant sur la surface inépuisable des foirades, tel le léger patineur sur la glace, - qui, lui, évitera de se viander à l’arrivée devant les examinateurs -, nous vous convions aujourd’hui à prendre les transports en commun, car enfin, le vélo sous la pluie n’est guère enthousiasmant, le métro est plein de longues correspondances ; quant à la voiture, elle surchauffe dans les embouteillages, alors courons avec le garçonnet de quatre ans jusqu’au prochain arrêt du bus qui propose un parcours trois étoiles à travers Paris.

     

    Comment bien foirer dans l’autobus

    par Ysiad

     

     

    Léo est ravi. Non seulement il adore prendre l’autobus avec vous, mais il a été invité à l’anniversaire de son copain Charlie, qui vient d’avoir quatre ans, tout comme lui. Dis, Maman, est ce qu’il y aura des bonbons ? vous demande Léo d’un air gourmand au moment de franchir le marchepied. Oui, un gros, un énorme sac, répondez-vous en validant votre titre de transport dans la machine et souriant au chauffeur qui regarde fixement le petit diable, comme pour évaluer son âge. Ces temps-ci, vous amadouez les chauffeurs avec un grand sourire, car dès l’instant où vous prenez le bus avec votre fils, vous vous rappelez que celui-ci a eu quatre ans voilà un mois, et que vous devez vous acquitter d’un ticket demi-tarif, nom d’un petit bonhomme ! Eh oui, c’est comme ça, et comme par un fait exprès, cela fait quatre semaines consécutives que vous oubliez d’acheter ce fichu carnet de tickets. D’où le grand sourire forcé adressé au chauffeur, qui vous suit du regard dans son rétroviseur. Gargl, gloups, trouvons vite une place, et heureusement aujourd’hui, vous êtes super vernis tous les deux : deux places contre les vitres viennent de se libérer. Vous serez aux premières loges pour traverser le Pont Marie, youpi !

     

    A chaque arrêt, le bus se remplit et se vide, les portes s’ouvrent et se ferment, de nouvelles têtes passent, et Léo s’en paie une bonne tranche. Dis, Maman, pourquoi il a une grande barbe, le monsieur ? vous demande-t-il en pointant un barbu d’un doigt rapide, trop rapide pour que vous puissiez retenir son geste. Dis, Maman, pourquoi la dame elle ressemble à une sorcière ? clame-t-il à toute force et vous piquez un fard. Pourquoi ci et pourquoi ça, patati et patata, si bien qu’à la fin, harcelée par ses questions, vous sermonnez le fiston d’une voix sèche. Tais-toi tout de suite ! Je ne veux plus une seule remarque jusqu’à la fin, dites-vous en posant une main ferme sur les petites jambes qui se balancent. Si tu continues, on fait le reste à pied sous la pluie, tu veux ? grondez-vous, alors qu’il se livre à toute une série de grimaces pour braver l’autorité dont vous faites montre. Mais qu’il est insupportable, infernal même ! pensez-vous. Alors que les quais défilent, luisants de pluie, vous envisagez avec un grand soulagement de confier votre petit démon à la garde attentive de la maman de Charlie, tout en la plaignant un peu. Quand je pense qu’elle a invité douze chenapans chez elle, cette femme mérite une médaille ! ruminez-vous en imaginant déjà la longue plage de temps qui s’offre à vous, alors que le bus passe devant les tours de la Conciergerie. Arrête avec tes jambes et regarde plutôt comme c’est beau, Léo. Imagine toi qu’autrefois, c’était la maison des rois de France, et leur prison aussi ! Vous voilà embarquée comme un rien au cœur de la Terreur, mais Léo n’écoute pas vos beaux discours. Que Marie-Antoinette ait pu croupir là-bas, enfermée dans un cachot, en attendant d’aller se faire couper la tête, est le cadet de ses soucis ! Il vous laisse dégoiser tout ce que vous savez jusqu’à l’île Saint-Louis, où l’autobus marque l’arrêt, pour laisser monter de nouveaux passagers.

    Dont un contrôleur.

    Grand,

    La mine sévère,

    Revêtu de l’uniforme vert,

    Et qui connaît le règlement.

    Votre œil enregistre la silhouette qui franchit d’un bond déterminé le marchepied. Après un regard plongeant tout au fond de l’autobus, le contrôleur se met à discuter avec le chauffeur. Il dispose apparemment de tout son temps pour dresser ses procès-verbaux. La vie devant lui ! Quelle poisse, pensez-vous très fort. Mais quelle poisse ! Il y a trop de monde pour fuir maintenant. Jamais vous n’aurez le temps de vous jeter par les portes de sortie, vous pourriez être prise en flagrant délit de fraude... L’autobus est reparti, direction place d’Italie. Léo continue de se pincer les commissures entre l’index et le majeur, en imitant le cri du crapaud. Croâ, croâ, fait-il en gloussant. Pourvu que le contrôleur ne vienne pas jusqu’à nous, pensez-vous très fort, sans doute un peu trop fort, car la silhouette vert bouteille a commencé sa traversée, se penchant pour jeter un œil scrupuleux sur le titre de transport qu’on lui présente docilement. Aïe aïe aïe, pensez-vous, Aïe aïe aïe ! et tout se passe comme si votre esprit étroit ne pouvait contenir d’autre pensée que cet imbécile Aïe aïe aïe, qui doit vous faire blêmir un peu, car Léo s’écrie soudain : Pourquoi t’es toute blanche ?C’est rien, soufflez-vous, chut. Tiens-toi tranquille. Quelques minutes plus tard, à hauteur de la fac de Jussieu, le contrôleur s’arrête. Bonjour Madame, dit-il après avoir regardé votre petit diable. Bonjour Monsieur, répondez-vous d’une voix que vous voulez claire et sincère, et vous tendez votre titre de transport. – Et le petit ? reprend-il. – Le petit ? reprenez-vous, comme si vous découvriez à l’instant la présence de votre fiston à côté de vous. – Oui. Le petit. Quel âge a-t-il ? continue l’homme vert, d’un ton vaguement sadique. – Trois ans !, mentez-vous avec tout l’aplomb dont vous êtes capable. – Naaaan ! Pas trois ans ! Quatre ans ! J’ai quatre ans, moi ! claironne Léo à l’adresse du contrôleur en se tortillant sur la banquette.  

    L’homme vous lorgne de ses petits yeux triomphants.

    Bravo. En plein dans le képi ! C’est foiré !

    Quatre ans ? reprend l’uniforme d’une voix gourmande. – C’est-à-dire que nnn…noui, bafouillez-vous, c’est nouveau, voyez-vous, il vient… il vient juste de les avoir, vous comprenez.Je vois, fait le contrôleur, de plus en plus triomphant. Bien. Il lui faut donc un titre de transport, vous l’admettez. – Bien sûr, écrasez-vous d’une voix soumise. – Et puis tout de suite, reprend le contrôleur. Mais cette fois-ci, c’est du plein tarif. Le demi-tarif n’est pas délivré dans les autobus, voyez-vous.Très bien, renchérissez-vous, tout en vous réjouissant d’échapper à l’amende. Je vous donne ça tout de suite, et vous plongez deux mains vives dans votre sac, à la recherche d’un ticket vierge. Farfouillez. Fourragez nerveusement parmi le capharnaüm des choses que vous trimballez partout avec vous. Peigne, bâton de rouge, brosse à rimmel, carnets de photos, de pensées, d’adresse, cartes de visite, de fidélité, de cinéma, petit plan de Paris, jeu de bics, porte-clé, élastique à cheveu… Tout y passe. Mais où sont donc passés les tickets ? Finalement, vous en trouvez un, glissé au fond du sac. Eurêka, pensez-vous très fort en brandissant le ticket d’une main victorieuse, sous le nez de l’homme assermenté.

     

    Qui l’examine. Le renifle. Le tourne et le retourne entre ses doigts, durant dix longues secondes. Et s’il vous gratifie d’une œillade sadique, façon : cette fois, ma gaillarde, ton compte est bon, c’est tout simplement parce que le ticket que vous lui avez remis n’est pas vierge, mais validé au recto comme au verso, et qu’à ce stade, vous pouvez considérer le petit parcours à travers Paris comme bien foiré.

     


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  • peripheriques-image.jpg21 juin. De la musique bien sûr mais accompagnée d'une histoire écrite et dite par Abd Al Malik "Château Rouge" 


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    A l'approche d'été, il devient urgent de faire fructifier tout ce qui vous a mis en émoi quand le printemps est venu rompre votre quiétude hivernale. Vous allez être amenés à déclarer tout l'intérêt que vous portez à l'obscur objet de votre désir en l'invitant à partager en tout bien tout honneur les belles journées ensoleillées qui se profilent. Hélas, nous savons tous combien il est souvent difficile de négocier un tendre rendez-vous tout comme il l'est d'ourdir un guet-apens en toute galanterie. Seulement voilà, c'est là que se jouent aussi quelques uns des points les plus vifs de l'existence…

    Caprices

    par Corinne Jeanson

     

    Servante, montre-moi encore ce doux billet. "Oui, ce soir mon amante je vous attendrai à mon hôtel. Je reste votre fervent amant comme vous l'aimez tant." Ah ce soir arrive si lentement, dix-sept heures sonnent au clocher. Verse dans mon bain des senteurs suaves venues d'Orient mais point trop, qu'il respire encore mes odeurs. Ah mon dieu, cette ridule qui vient à mes paupières ! Tant de fois je l'ai pleuré, mon amant infidèle, voilà les empreintes de mes tristesses qui s'étirent à mon regard. Verse ce flacon d'huile d'Orient, que son baume estompe les douleurs passées. Ah, mon dieu, ce cheveu qui se colore de blanc ! Arrache-le vite de ma chevelure, qu'il ne voit pas combien je suis vieille. Ses belles maîtresses ornées de leur jeunesse sauront-elles s'effacer à son cœur ? S'il ne voyait que ma vieillesse et ses traces ? Ah mon dieu ma peau est encore douce, mes seins bien fermes ! Je lui plairai encore. Combien il est cruel de m'avoir abandonnée toutes ces nuits ! Je les ai bien comptées, quarante depuis notre dernière étreinte.

    "Je suis occupé" ne cessait-il de m'écrire dans ses billets froissés "soyez patiente." Ah l'inconstant, comment peut-il croire que je l'attendrais ? Bien sûr il a certains attraits qu'il est bien difficile d'oublier. Je ne parle même pas de ses étreintes qu'il a pourtant vaillantes, ni même de son corps aux courbes semblables aux marbres antiques - et vous savez, ma servante, combien je suis sensible à Rome et plus encore à la Grèce - encore moins de ses paroles qui vous laissent un goût de miel. Non je parlerai plutôt de sa prévenance, de sa galanterie, de sa présence infinie, et ses caresses qui vous rendent si belles. Ah je suis tombée en pâmoison. Oui, oui, je sais, servante, il m'échappe et cela le rend plus désirable encore. Mais enfin n'est-il pas maître de lui-même ? N'est-ce pas là sa grande valeur ? Ah je songe encore à toutes ces galantes qui semblables à moi s'éprennent de lui, ces jeunes demoiselles aux corps que l'âge n'a pas atteint, vibrant sous ses mains. Comme elles doivent s'accrocher à son bel enthousiasme ! Ah mon dieu, qu'ai-je fait en cette dernière nuit où il a partagé ma couche ? Que ne lui ai-je pas donné qu'il m'ait si longtemps dédaignée ? Il respirait à toutes mes effluves, je goûtais à ses délices chocolatés. Le frivole, j'ai parcouru toutes les collines du tendre avec lui. Ah mon dieu, je lui ai trop donné, c'est cela !

    Mais cessons ces jérémiades. Cette nuit il me revient. C'est certain, je saurais le séduire comme avant. Hélas, il exerce sur mon cœur un tel attrait que je crains bien de m'évanouir dès qu'il paraîtra. Sept mois déjà qu'il est entré dans mon âme. Sept mois que je tremble, que je gémis, que je prie. Sept mois qu'il demeure citadelle imprenable. J'aurais voulu le conquérir, tel Alexandre qui prit Tyr en sept mois. Dans un sursaut d'amour-propre, j'ai même tenté d'échapper à ses inconstances. Un ancien amant qui recevait, avant l'élu, toutes mes faveurs, soudain me déplut. Toutes ses tentatives me donnaient, bien malgré moi, à peine un frisson à la joue. J'ai goûté à d'autres nouveautés pour extraire le philtre fatal de mes veines. En vain ! Le premier au corps trop fragile, aux propos futiles m'ennuya. Je n'étreignais que ses épaules étriquées et même ses vices n'eurent pas mon agrément. Le second, époux volage, ne cherchait qu'à grimper dans mes creux, mais sans cette infinie douceur que l'ingrat savait si bien soupirer. Le troisième -oui ma servante, j'avoue je l'ai trompé trois fois avant que le coq n'ait chanté-, malgré ses savantes caresses, ne me prodiguaient que des imitations d'abandon. Ah oui, ma servante, je me suis abandonnée à mon merveilleux guerrier avec un tel enchantement que mon visage rayonnait telle Vénus sortant de l'écume. Qui pouvait me rendre son étreinte glorieuse ?

    Ah mon dieu, comme le soir est long à venir, dix-huit heures sonnent au clocher. Prends soin de mon jupon de dentelle, de l'échancrure de ma robe rouge. Quoi, un nouveau messager porteur de quelle missive ? "Très chère ce soir je ne saurais être avec vous. Un contretemps me rend indisponible à vous." Quoi, aucune autre explication ! Le perfide, me veut-il revoir morte à remettre encore notre étreinte ? Ah non, je ne me laisserai pas traiter de la sorte, puisque ce soir le roi m'avait conviée à sa table, je saurais me distraire et oublier le féroce insaisissable. Allons servante, choisis la robe d'or que je scintille à la table royale.

    Vingt-deux heures sonnent au clocher. Oui je reviens bien tôt, le dîner du roi était d'un ennui amer. Je n'ai cessé de soupirer et je n'ai rien pu manger. Tout me tournait vers mon oublieux : le moindre visage avenant me rappelait le sien, le rire du roi, les mots d'un courtisan et mêmes les rimes d'un poète, tout me rappelait à lui et tous me paraissaient de bien pâles copies. Même mon ancien amant, à la table du roi, qui soupirait à me vouloir près de lui, non vraiment, rien n'y fit. J'ai adressé à l'insensible un message griffonné à la hâte : "Très cher, je serai malgré vous à votre hôtel si particulier, ce soir à vingt-deux heures et je vous y attendrai, quoique vous ayez entrepris." Hélas, je ne saurais ainsi le rejoindre, je n'ai plus aucun amour propre et à ses genoux, je peux bien me traîner, mais quoi ses gens ne m'auraient pas laisser entrer. Hélas, ma servante, je préfère encore dormir seule dans ma couche et rêver de lui, à quoi bon chercher ailleurs l'oubli qui ne viendra pas. Ah je hais cette nuit.

    Quoi, un message de sa maison, qu'écrit-il cette fois : "Très chère, mon importun enfin quitte ma maison, si vous voulez bien encore de moi, puis-je vous rejoindre en votre demeure cette nuit ? Dites-moi, me prendrez-vous la tête ?" Quoi, il ose ! Il suppose que je vais acquiescer à sa requête ? Mais pour qui me prend-il ? Pour une de ses faciles conquêtes ? Qu'il lui suffit d'un mot pour que je reprenne nos commerces ? Vraiment, il me connaît mal, je ne suis pas une de ses ingénues, ni une de ses précieuses qui n'espèrent que lui. Ma vie est pleine de... Hélas, quel est cet émoi qui m'envahit, quel est ce tourment qui freine ma raison ? Je l'aime tant, je l'espère tant, que m'arrive-t-il ? Ah ma servante, je suis perdue, je ne saurais lui échapper. Ecris pour moi, ma main tremble trop : "Venez. Je ne vous prendrai pas la tête mais la queue."

     


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  • dernière levée

    Plus que quelques jours pour poster vos nouvelles...


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    La barbe forme un tapis gris
    Autour de la bouche
    Entrouverte sur le silence

    En quel siècle
    Les mots ont-ils disparu ?

    La lumière nimbe une forme rabougris
    Isolée dans son éternel

    Pas plus juillet que
    Mai ou septembre
    Ne dévoileront son secret

    Le silence enferme
    Le mensonge nauséabond

    Plus rien ne fera sursauter
    L’homme assoupi
    Dont la barbe grise ne sera plus rasée

    Ana Surret


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    Le 27 mai dernier nous annoncions qu'un événement d'importance allait se produire quelques heures plus tard au café. Force est de constater que les quelques heures sont devenues quelques jours, mais bon nous y voilà. Enfin, nous y étions car la chose s'est produite le vendredi 10 juin à 13h39 et c'est une certaine Bobonne qui en est responsable. A propos du poème "Encre marine" elle a en effet écrit :

    Une nouvelle "Histoire d'eau" mise en poésie large, prenante, envoûtante. Il n'y manque qu'un peu de musique reposante pour nous laisser aller à rêver d'embruns. Merci de nous avoir permis d'embarquer.

    Ce bel hommage était le cinq millième commentaire déposé au café et reconnu d'utilité publique par le barman. Un grand merci donc à Bobonne et à celles et ceux qui au fil des ans sont venus saluer les auteurs avec tant de savoir-faire et de savoir-vivre.

    Maintenant si Bobonne le veut bien elle peut choisir de manière publique ou privée le recueil de son choix dans la collection Calipso.

    A très bientôt pour le dix millième…


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    La plage cernée 

    Par l’écrin sombre

    Et tourmenté de la roche

    Luisait faiblement

    Sous le pinceau du phare

    Surgi des eaux

    Comme un rêve de pierre.

    Des reflets argentés

    En effusions de perles

    Faisaient des colliers aux vagues.

    Non loin,

    Un réverbère disposait

    D’évocatrices guirlandes

    Aux arbres du grand parc.

    Des pâleurs s’attardaient entre les feuilles.

     Comme des larmes suspendues

    De multiples amandes grisâtres

    Inondaient les branches.

    La brise du large avait forci

    Et jouait dans les ramures

    Une mélodie monotone.

     Suzanne Alvarez

     


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      Corruptissima respublica, plurimae leges

     

    La loi entre en application

    par Corinne Jeanson

     

    - Vous êtes tous là ?

    - Gilbert est à la machine à café, le voilà.

    - Bon, la loi entre en vigueur aujourd'hui. Donc, je demande aux équipes de l'après-midi d'être en veille active. Je ne veux pas de débandade dans les rangs. On n'est pas là pour juger la loi, on l'applique.
    - Ok chef, on fait comment concrètement ?

    - Vous surveillez les terrasses entre 14 heures et 17 heures, à partir du 21 juin, jusqu'à 19 heures.

    - Et ?

    - La moindre tasse qui fume, vous vérifiez et si besoin vous verbalisez.

    - Comment on sait que c'est une substance illicite ? On demande au patron ou au client ce qu'il boit ? On goûte ?

    - Regardez le ticket. C'est un premier indice. Thé, chocolat, tisane, vous oubliez.

    - Ils vont tous tricher !

    - Ce n'est pas notre problème. En cas de doute, vous verbalisez. Amende à 150 euros à la clé, ça les fera réfléchir. On verra plus tard pour les récidivistes s'il faut les serrer.

    - Serré, je le préfère serré.

    - Moi, dans mon quartier ça va poser problème. Y a tous les petits vieux dans les jardins publics, y s'assoient sur les bancs avec leur thermos les après-midi de soleil. Ça fait longtemps qu'y vont plus en terrasse, trop chers pour les retraités, enfin ceux de mon quartier.

    - Ils auraient mieux fait d'en interdire la vente directement.

    - Le lobby des grandes surfaces a levé son bouclier. On peut pas savoir comment les clients consomment. Rien n'interdit, chez soi, d'en consommer, c'est juste sur l'espace public qu'il y a danger et encore en principe quand il fait soleil.

    - Et s'il vente, les tickets s'envolent. Ça va compliquer.

    - Thomas, je répète on n'est pas là pour juger la loi, on l'applique. C'est tout.

    - Et à Gerland, je fais comment ?

    - Dans les camionnettes blanches, ce qui s'y passent c'est pas notre problème, c'est celui de la brigade de répression du proxénétisme.

    - Chef, et au commissariat, on fait comment maintenant ? Parce que la machine à café, c'est aussi l'heure de la clope. Moi je sors avec ma cigarette et mon café.

    - C'est pareil. Pas de café à l'extérieur les après-midi et pour nous TOUS les après-midi de l'année. Je vous imagine déjà chipoter que c'est 17 heures zéro cinq et qu'on est le 20 juin.

    - Au fond, c'est quoi le risque ?

    - L'amende. Cent cinquante euros.

    - Non, mais je veux dire pour la santé ?

    - Les scientifiques ont sorti une enquête : le café bu au soleil donne le cancer. Enfin le soleil de l'après-midi, les études montrent que le soleil du matin n'est pas contre-indiqué, question d'orientation des rayons. Les politiques savaient pas quoi foutre qu'inventer une loi, le ministre de la santé a été le plus virulent. Il s'en fout, lui il ne boit que du café décaféiné depuis sa crise cardiaque.

    - Et en DOM-TOM y font comment ?

    - Ça vaut pour la métropole, les DOM-TOM c'est pas notre rayon d'action. Tout le monde a compris les instructions ? Je répète pas, ça me lasse.

    - On fête ça à la machine à café ? Il est onze heures, on peut même le boire dans le carré extérieur. Je vous offre le café, pour la naissance de mon troisième. Et chef, n'oubliez pas, vous êtes le parrain !

     


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