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    Aujourd’hui, nous abordons avec le vent en poupe le problème épineux du shampouinage du chat. Pour cela, il faut un chat, et du shampoing pour chat. Vous êtes prêts ? C’est parti pour une super partie de shampouinage, en avant, miaoum !

     

                                                     Comment bien foirer le shampouinage du chat

                                                                               par Ysiad 

     

    Ce chat pue, vous l’avez constaté. C’est une infection. Il y a des relents, même avec la fenêtre ouverte. Il ronronne à côté de vous en pensant vous faire plaisir, mais en réalité, il vous indispose. Il est encore allé se rouler dans la poussière et tous les pots de terre dans lesquels vous essayez de faire pousser des trucs exotiques. Pas possible. Y en a marre. Il est grand temps de faire quelque chose.

    Levez-vous du canapé, farfouillez sous l’évier et sortez une grande bassine, ou un grand bac, enfin un machin suffisamment grand pour contenir un gros matou, que vous disposerez bien au milieu dans la baignoire. Là. Bon départ. Faites ensuite couler de l’eau à température ambiante, puis versez quelques gouttes de shampoing pour chat et faites mousser l’ensemble avec la main. De belles bulles se forment à la surface, elles sont même assez grosses et de toutes les couleurs, c’est parfait, y a plus qu’à attraper le chat. La méthode dite infaillible consiste à faire tinter dans la gamelle quelques croquettes, pour l’appâter. Le voilà qui rapplique. Parfait. Bon chat. Approchez-vous, lentement, l’air de rien, mains en avant, et hop !

    Flûte. Il s’est barré sous le fauteuil. Sale bête. Recommencez à faire dégringoler des croquettes, diling diling diling, et attendez. Patience. Il va sortir. C’est juste une question de quart d’heure. Si ça tarde trop, prenez un bouquin, brossez-vous les dents, faites vos vitres, frottez le parquet, astiquez les poignées de porte, plantez des clous, lavez la hotte, occupez-vous à l’ignorer. Qu’est ce qu’on disait ! Il rapplique. Plisse les yeux. Hume ses croquettes. Attendez un peu, histoire de brouiller les pistes, puis prenez un air innocent, susurrez lui des mots doux, faites des bruits de bouche, grattez-lui le menton et refermez vos bras autour de lui. Vous croyez que c’est plié ? Pas du tout ! D’une rapide torsion du bassin, il jaillit de l’étreinte en vous griffant et se carapate le plus loin possible, hors de votre vue. Pas grave. Même pas mal. Gardez votre calme. Recommencez depuis le début. Diling diling diling, bross bross bross, scratch scratch scratch, prenez tout de même l’épuisette qui traîne dans la chambre de votre fille, on ne sait jamais, ça peut toujours dépanner.

    Plus tard, le félin revient rôder autour de sa gamelle. Cachez l’épuisette dans votre dos et avancez-vous à pas de velours. Non, pas comme ça. Discrétos, la langue entre les dents, sur la pointe des pieds. Léger. Aérien, le pas. Façon ballerine. Puis levez le bras et visez avec la tête de l’épuisette celle de l’animal. Qui esquive d’un bond souple, détale à toutes pattes et va s’aplatir sous le canapé, à l’endroit où le sommier défoncé forme une cuvette. Pas commode pour le choper. Très difficile. Comme dirait votre ami nippon, y a un gros sushi. Allez. Du nerf. On déplace le bazar. Un coup à droite, un coup à gauche, c’est lourd mais ça vient, des nuages de poussière s’envolent, kof kof, c’est pour la bonne cause, sors de là, encore un effort, on touche au but. A l’instant où vous voyez apparaître ses moustaches, voilà que le chat démarre au quart de tour et traverse la pièce à la vitesse d’une Formule 1 pour se garer dans le pouf à billes de votre fils. Les phares de ses yeux vous narguent comme pour vous dire : Freine. Si tu fais encore un pas, je plante mes griffes dans ce machin mou, et j’en fous partout. Faites fi de cette tentative d’intimidation. Qu’il les fasse, ses griffes, et allez-y, sans l’épuisette, sans rien, affrontez l’adversaire à mains nues, c’est entre lui et vous maintenant, l’eau refroidit, plus une minute à perdre ! Et une et deux et hop ! Sautez dans le pouf !

    Très bien. Belle prise. L’affaire est dans le sac. Maintenant, courez entre les billes en maîtrisant le prisonnier qui se débat et se tortille, miaule, griffe, mord, gronde, plus qu’un pas vers la baignoire, oui, vous y êtes… Mais voilà que l’animal donne une si forte et si soudaine poussée contre votre torse, que vous perdez l’équilibre et basculez dans le bac, à l’instant où il bondit sur la tablette du lavabo, pour contempler de haut maman qui prend son bain.

    Bravo. Dans le mille. C’est foiré.

     

    Et si par miracle, le produit que vous avez versé dans la bassine n’est pas du shampoing pour chat mais un engrais pour plantes exotiques violemment enrichi au purin de consoude, alors seulement la tentative de shampouinage sera bien foirée.

     

    Pour le plus grand bonheur de votre félin préféré.


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