• Spécial 400 (03)


    Aujord’hui, c’est un capitaine qui n’en est pas à sa première traversée qui a jeté l’encre sur le papier, pour nous parler de la Calipso. Il l’aperçoit, de temps à autre, quand il repose son stylo, et il se joint à nous pour trinquer à la santé du navire et lever haut son verre sous les étoiles.


    Calipso


    Gamin, quand on évoquait devant moi la Calipso, je songeais avant tout à ce rafiot du tonnerre de Dieu et à son capitaine – un petit marin à bonnet rouge, dont la voix singulière traînait d’une mer à l’autre, chaque dimanche après-midi – qui recherchait sous toutes les latitudes l’épatante compagnie des requins-marteaux et des tortues marines… Un peu plus tard, à cette même évocation, je n’en avais que pour Ulysse. Une histoire d’île et de passion fatale… Moi qui ne suis pas foutu d’inventer une excuse valable quand j’arrive avec cinq minutes de retard à la maison, j’ai toujours eu de l’affection pour les heureux veinards qui ont la science du bobard…

    Aujourd’hui, c’est autre chose. Quand on me dit Calipso, je me dis qu’il y a sans doute un peu des deux. Qu’on tient là une arche – à bord de laquelle ne sont grimpés que des gibiers à plume – qui poursuit sans faiblir une bien belle odyssée…

    Je la vois passer, de temps à autre. Elle traverse à belle allure mes eaux territoriales, frôle – un brin enjôleuse – mon port d’attache. Toutes voiles dehors. Le vent qui la pousse en avant est de bonne composition et les matelots, pour ce que j’en sais, ont le cœur à l’ouvrage. C’est plutôt bon signe, par les temps qui courent. Quant à moi, j’en profite, à ma façon.

    Et voilà qu’aujourd’hui, on m’annonce qu’elle affiche ses quatre cent coups. Il me semble bien que ça s’arrose…

     

    C’est la première fois que je monte à bord mais je ne suis que de passage. On ne peut pas être de tous les voyages. Mais si d’aventure vous croisez dans mes parages, vous devriez sans trop de mal m’apercevoir. Je serai dans un troquet du port, à trinquer à votre belle santé. Et si vous tendez l’oreille, vous devriez même m’entendre vous souhaiter bonne chance…

     

    Alain Emery  


  • Commentaires

    1
    Samedi 6 Décembre 2008 à 11:12
    Pour moi aussi Calipso c'était le bonnet rouge du commandant Cousteau, les rencontres sous-marines, les aventures maritimes qui me donnaient envie d'être un garçon. Bravo pour ce texte, j'aime l'idée que le navire calipso d'aujourd'hui attire les gibiers à plumes. Même si je préfère les plumes au gibier.
    2
    Samedi 6 Décembre 2008 à 14:04
    Cela faisait longtemps que je n'étais pas passée, et surprise! J'arrive juste pour trinquer avec ce Breton bourré de talent! Une chance!
    3
    Dimanche 7 Décembre 2008 à 00:25
    A la santé de Calipso et rendez-vous au troquet du port!
    :)
    4
    Lundi 8 Décembre 2008 à 09:45
    Car bien sûr , comme l'indique Danielle, le breton est parfois bourré ...de talent

    Oups, pardon, je suis bretonne aussi
    5
    Mardi 9 Décembre 2008 à 03:51
    Quelle belle variation poétique sur les déclencheurs de rêves et Calipso en est. Il eut été dommage que ton texte, Alain, soit resté en rade du côté du Couesnon car je me demande si ce n'est pas ce qui est arrivé à ton Bourreau des landes en juin ?
    6
    jean-claude
    Samedi 23 Août 2014 à 18:32
    C'est toujours, Alain, un plaisir de te lire. A ce propos, c'est pour bientôt ton prochain polar breton?
    7
    LAMY Jacques
    Samedi 23 Août 2014 à 18:32
    En évoquant la Calipso,
    Je pense au blog, ce beau navire...
    Imaginant la Calypso
    Je craque et mon coeur chavire
    Car ce nom comporte un... Y
    Comme le mien tel un repère
    De troubadour, aède grec
    Chantant la vigne en son repaire.
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    8
    LAMY Jacques
    Samedi 23 Août 2014 à 18:32
    "Je craque et mon vieux coeur chavire"

    S'CUSEZ MOI !
    9
    LAMY Jacques
    Samedi 23 Août 2014 à 18:32
    Un jour, en déplacement avec quelques collègues, j'ai eu la chance d'apercevoir le commandant Cousteau conversant avec d'autres personnes,en transit à l'Aéroport d'Orly (Roissy n'existait pas encore à l'époque.)
    .
    En costume d'officier de marine, grand et très mince, d'attitude réservée (et même paraissant géné d'être l'objet des regards de passagers qui le reconnaissaient.)
    .
    Lorsqu'il posa incidemment ses yeux sur nous, j'eu l'impression que nous faisions obstacle à son "monde du silence".
    .
    Un merveilleux et authentique regard de marin, somme toute...
    10
    annie
    Samedi 23 Août 2014 à 18:32
    moi aussi je ne suis que de passage, mais, plusieurs fois, j'ai croisé la voilure d'un Breton qui a les pieds sur terre, un oeil sur l'horizon et une plume pour gouvernail, et sa barque, c'est du solide !
    11
    LAMY Jacques
    Samedi 23 Août 2014 à 18:32
    J'ai eu aussi la tristesse de voir, il y a une vingtaine d'années, le premier bathyscaphe du Commandant Cousteau et de l'Ingénieur Wilm, en perdition, abandonné dans un hangar maritime désaffecté du port de Marseille...
    .
    Comme si la place d'un tel engin (une petite soucoupe marine) n'était pas dans un musée !
    12
    LAMY Jacques
    Samedi 23 Août 2014 à 18:32
    Entre Pénélope (la tapissière) et Calypso (la déesse), il y a de quoi avoir l'esprit inventif,  que l'on soit étudiant ou... marin.  
    13
    LAMY Jacques
    Samedi 23 Août 2014 à 18:32
    Allez !  Un dernier petit poème (un rondel) en l'honneur de la Bretagne et de ses marins...
    .
    .
    .
    MER  D'IROISE
    .
    .
    Les senteurs de l'écume astrale
    De l'Iroise que nous aimons,
    Émanant de bruns goémons,
    Ne s'épandent en plage australe.
    .
    L'âme océane magistrale
    Emporte au vent par vaux et monts
    Les senteurs de l'écume astrale
    De l'Iroise que nous aimons.
    .
    Douce souvenance ancestrale :
    Disparaissent les artimons
    Des voiliers quittant nos limons,
    Puisant, en la vague lustrale,
    Les senteurs de l'écume astrale...
    .
    Jacques  LAMY

    14
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:32
    Après 45 ans de bons et loyaux services, La Calypso (ancien dragueur de mine de La Royal Nevy) sombre dans les eaux de Singapour le 8 janvier 1996, le même jour que la mort de François Mittérand.
    L'oeuvre de Jacques-Yves Cousteau est immense (surtout ne pas s'occuper de sa vie privée dont on raconte les pires horreurs à Marseille). Il est, avec Emile Gagnant, l'inventeur du scaphandre autonome moderne, qui fera leur fortune. Nous avons séjourné dans le port de l'Estaque à Marseille sur Pythagore, pendant une bonne année, avant son appareillage, près de la COMEX et IFREMER. L'équipage de la Calypso effectuait des plongées non loin de là, faisait des fouilles pour remonter des épaves antiques, et était surtout composée de l'ancien capitaine de la Calypso, le Marseillais Albert Falco, Le Commandant Jean-Yves Cousteau, Michel Cousteau (deuxième fils du "Pacha"), Michel Métery et d'autres plongeurs. Nous sommes arrivés bien après que JY Cousteau ait perdu son premier fils Philippe (le 28.6.79), sectionné par l'hélice de son hydravion au Portugal. Une grosse perte pour la recherche océanographique.
    L'océanographe Jean-Yves Cousteau décèdera en juin 1997.
    15
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:32
    Elle est belle la "Mer d'Iroise", mais Ô combien dangereuse ! Bravo le poète...
    16
    Alain
    Samedi 23 Août 2014 à 18:32
    Merci et content de vous croiser, Danielle, Annie, Jean Claude... Bonne route et je reviendrai vous voir au n°1000! 
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