• Avec la pluie et le froid dans la plaine, la neige sur les hauteurs, le soleil s’est éclipsé avant même la rentrée. Les " Soifs d’été " qui devaient agrémenter la carte du café sont restées confinées dans les esprits ou peut-être englouties par les éléments déchaînés. Seule Régine Garcia s’est souvenue à temps de ces étés d’avant et comme elle a eu la bonne idée de poster sa carte avant le déluge, c’est en sa compagnie que nous réouvrons le bar.

     



    En guise de rayons de soleil et de saison chaude, moi je pense plutôt lune et nuit d’été. Je me souviens quand j’étais adolescente et que je partais en camps d’adolescents quinze jours par an. Quinze jours que j’attendais patiemment ! Quinze jours durant lesquels, je vivais des expériences nouvelles ! J’apprenais à monter à cheval, à faire de la spéléologie, de l’escalade. Je rencontrais des gens passionnés et sincères. Ou alors, je me retrouvais, après une journée de marche, dans des gîtes perdus dans la montagne.

    Je me souviens surtout d’une nuit d’été dans le Vercors qui avait suivi une exposition sur les maquisards. Cette région dégageait une atmosphère particulière avec les trous d’obus dans les vallons et la sirène qui hurlait dans la journée pour ne pas oublier les morts…

    Le soir, les animateurs, guitare à la main se relayaient. Chacun à leur tour, ils entonnaient une chanson et nous reprenions le refrain ou la chanson entière si on la connaissait. Allongée face à la voûte céleste, je comptais les étoiles filantes. Une odeur singulière d’herbe fraîche et d’éternité flottait dans l’air. Déjà, je pressentais l’absurdité de la vie.

    J’avais froid, les étoiles brillaient dans le ciel noir. Le feu de camp se consumait. L’un après l’autre, ils se couchaient. Moi, je restais jusqu’à la fin, jusqu’à ce qu’on m’oblige à rejoindre ma tente. Je voulais savourer cette belle soirée qui s’éternisait rien que pour moi…

    Ces nuits d’été garderont toujours un goût de guitare, de chansons et de nuits étoilées…


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  • Même quand il pleut, c’est l’été. Même quand l’atmosphère est grise et embrumée, il est là. Depuis longtemps, on a pris l’habitude d’emmagasiner le soleil pour le faire briller quand il vient à manquer. On se souvient de l’éblouissement des jours bleutés et de l’épuisement des nuits volcaniques. On se souvient de la paume brûlante du ciel avant l’orage et de ses spasmes infinis qui déchirent les ténèbres. On se souvient de la sueur et des larmes, de l’eau de vie et de l’ivresse au goût d’anis.

    On se souvient tous des étés d’avant…


    Pour cet été donc, le café vous propose de participer au rafraîchissement de sa carte en publiant vos rayons de soleil. Pour la mise en bouche Jean-Claude Touray nous offre une
     " citronnade "

     


     

    - L’été, grand-mère nous faisait boire de la citronnade…

    - Citronnade Maison ?

    - Naturellement. C’était vraiment rafraîchissant. Vers quatre heures de l’après-midi, quand le soleil avait rissolé nos peaux blanches, quand il faisait encore si chaud que la sueur se desséchait sur nos corps d’enfants, quand chacun avait terriblement soif, Mamy nous appelait dans la cuisine. Elle avait préparé les verres et sorti du frigo un grand broc de citronnade. Un liquide jaune-paille où flottaient des glaçons qui tintaient contre les parois du récipient quand elle servait. Je n’ai jamais connu, par la suite, breuvage aussi efficace pour se désaltérer.

    - Il est vrai que le Coca et les sodas aux arômes de synthèse, ne désaltèrent que brièvement, même froids. Trop de sucre. Plus on en boit, plus on a envie d’en avaler. C’est l’addiction en perspective. La bière, que dis-je, les bières, cervoises et autres gueuses, sont faites pour être dégustées, plus que pour couper la soif. Et attention à l’alcool. C’est encore plus vrai pour les vins, qu’il faut boire pour le plaisir. La boisson idéale pour se réhydrater, c’est l’eau du robinet, plus ou moins améliorée par chacun.

    - Mamy gardait secrète sa recette de la citronnade. Je l’ai trouvée après sa mort, calligraphiée dans un petit carnet rouge, caché au fond du tiroir de buffet où elle rangeait pêle-mêle tire-bouchons, ouvre-boîtes, casse-noix, pelotes de ficelle, bougies de gâteau d’anniversaire et tout ce qui n’avait pas sa place ailleurs. En lisant cette recette, d’une désarmante simplicité, j’ai découvert que grand-mère avait un redoutable sens de l’efficacité.

    " Dans un litre d’eau, faire fondre une cuillérée à soupe d’acide citrique (E 330) pour le goût, et une pincée de tartrazine (E 124) pour la couleur. Ajouter dix morceaux de sucre et un peu de sel. Agiter jusqu’à dissolution complète et placer au moins une nuit au réfrigérateur. Servir avec une paille, des glaçons et deux gouttes de menthol ". Rien d’autre.

    - Pas besoin de conservateur, évidemment, puisque ta grand-mère fabriquait sa citronnade pour une dégustation immédiate.



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