• Roi soleil

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    Elle est assise en bas de l'escalier, les jambes repliées sous elle, une main en attente sur un genou, l’autre joue tendrement dans ses cheveux. Il est tout en haut, sur la terasse, chevillé au soleil. Elle ne le voit qu'imparfaitement mais elle le devine puissant, généreux, magnifique. Pendant une petite seconde leurs regards se croisent. Un sourire éclair, une sorte d'enchantement et la voilà traversée par des images impudiques qui lui donnent la chair de poule. Elle attend qu'il lui fasse signe. Il a aussi des envies, c'est sûr. Elle sent ses lèvres en alerte, prêtes à emprunter les passages d'ombre de son corps, à le couvrir de baisers audacieux, à la faire jouir d'une heureuse douleur. Son esprit est en apesanteur. Jamais elle ne s’ést montrée nue devant un homme. Elle aimerait qu’il la voie toute entière, qu'il savoure sa beauté et éprouve sa vigueur mais elle ne peut s'y résoudre. C'est trop tôt. Elle a encore son duvet de bébé. Après tout, il ne l'embrassera peut-être que du bout des lèvres. Elle se lève, décidée à faire les quelques pas qui les séparent, mais seule son ombre se détache. La silhouette ondule sur les marches, manque de se briser sur une aspérité. Elle hésite puis repart. Il est là, tout près. Tout près. Il n'ouvre pas les bras pour qu'elle sy abandonne. Son regard est lointain et dur. Le soleil lui joue des tours. Une bouffée de chaleur lui étreint la poitrine. Elle se redresse, respire avec peine.A deux doigts du contact elle vacille encore. Il n'a pas bougé. Ses lèvres sont figées et muettes. Elle se hisse sur la pointe des pieds, approche sa bouche, l'effleure. La rumeur de son ventre monte brutalement. Il reste de marbre.

     


  • Commentaires

    1
    Mercredi 30 Novembre 2011 à 18:17

    Joli poème sur cette ombre désarticulée captée par l'oeil du connaisseur.

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