• Poètes, vos papiers ! Le concert (6)

    pleine-lune-nuages.jpg Photo Roger-André Halique

    Roger-André Halique, Yvonne Oter et François Fournet sont les invités du jour. Diana Krall les accompagne avec "Temptation"   

     

    Le rêve

    Prévaut l'ombre de mes nuits

    Aux jours de désolation.

    Mieux valent ses illusions

    Au froid constat du midi

    De l’hivernale clarté.

       

    Quand les ailes de mes rêves

    A bord d'un char de nuages

    Attelés à mes poèmes

    En leurs galops étoilés

    M'entraînent dans leurs voyages

       

    J'y vais quérir la lumière

    En la blanche cour de Vénus

    Pour y rechercher la femme

    Qui fut ma chaleur d'hier

    Au temps béni de mon âme

       

    Si le sommeil m'en dévoile

    Ne fut-ce qu'une vision brève

    Je le préfère à mes matins

    Quand l'éveil d'un nouveau jour

    Me sert son lot de chagrins.

     Roger-André Halique

     

     

    Voici le temps venu.

    "Ma mère, voici le temps venu

    D’aller prier pour mon salut

    Les sots sont revenus."

     

    Voici le temps venu

    des gens farcis de certitudes

    qu’ils veulent à tout prix

    faire partager aux autres.

    Tous les moyens sont bons,

    la presse, la radio, la toile,

    un film, un livre,

    certains ne reculant devant rien

    pour propager leur bonne parole.

    Leurs certitudes doivent devenir le credo universel.

     

    Voici le temps venu

    des ratés, des désabusés, des frustrés.

    Oh, s’ils n’ont pas réussi,

    ce n’était pas qu’ils étaient sans talent

    c’était les "autres" qui en manquaient

    pour être à même de comprendre

    l’immensité de leur génie.

    Alors, il faut "les" éclairer,

    "leur" expliquer,

    "les" déniaiser,

    afin qu’ils ne laissent plus passer

    l’opportunité de s’améliorer.

     

    Voici le temps venu

    des tartuffes

    des faux-monnayeurs

    des faire semblant

    des gurus

    des menteurs.

    Et de leurs victimes,

    les naïfs

    les purs

    les gogos

    les enfants

    les candides.

    Et les premiers clament, déclament, proclament.

    Et les seconds écoutent, béent, admirent.

    Tandis qu’une nausée d’abord vague

    s’insinue

    et monte allègrement en puissance

    aux creux de mon corps

    de mon esprit

    de mon âme.

     

    "Ma mère, voici le temps venu

    D’aller prier pour mon salut

    Les sots sont revenus."  

    Yvonne Oter 

     

    Toucher le soleil

     

    Au cœur de cette vie

    tu ne crois pas pouvoir saisir

    les astres dans le ciel

    ni la lune qui rêve,

    ni l’étoile qui rit

    et danse sur ton ombre.

    Il est pourtant si simple

    de poser le soleil

    dans le creux de ta main,

    de caresser la lune

    tremblante sous tes doigts,

    de pianoter sur chaque étoile

    ainsi qu’autant de notes

    d’un même clavecin.

    Il faut peu de chose, bien peu.

    Ouvrir tes sens

    aux grand large des yeux,

    éclore ton regard

    sur le moindre reflet,

    élargir tes deux bras

    pour élever ton ombre

    aux dimension de l’être.

    Il suffit d’allumer

    un matin de tendresse

    au désir d’accueillir.

    Il suffit de si peu,

    sans doute d’écouter

    plus longuement,

    plus doucement

    le chant des galaxies

    qui brûlent sur la terre :

    les regards rencontrés.

    François Fournet

     (poète, comédien, animateur radio)


  • Commentaires

    1
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:20

    Belle musique et belle photo pour trois poèmes qui interpellent. SUPERBE !

    2
    Jean-Pierre
    Samedi 23 Août 2014 à 18:20
    Quel beau bouquet de poèmes. Voilà qui fleure bon une nouvelle année pleine de promesses pour la poésie. Difficile de faire un choix parmi ces parfums de mots.C'est à chacun d'y retrouver le miroir de son âme. J'ai bien aimé ce deuxième poème de Yvonne Oter sur Calipso, car il nous interpelle, il est un cri de révolte à l'endroit de notre société, on ne peut qu'y souscrire,mais il nous faut vivre, dans ce monde superficiel dans lequel chacun se love pour y faire son cinéma afin exister... Je vois aussi un petit poème d'un autre poète qui est mignon tout plein. Il nous prouve qu'il est possible de passer de la nouvelle à la poésie, si l'on daigne faire quelques efforts pour y parvenir. Bravo, chère amie. Il n'est point toujours besoin de faire la rime pour affirmer une plume talentueuse. Il faut espérer que ce poème ravissant fait partie d'une nombreuse fratrie...Joli poème aussi de Colette qui nous offre une belle image de la poésie. Quant autres poètes, je côtoie la plupart de ceux-ci dans les associations, je connais aussi leur talent. Ce soir de réveillon, il sera grand plaisir de porter un toast à Patrick, notre barman, pour le remercier de nous avoir offert toute cette belle poésie sans ménager sa peine, et remercier aussi ceux qui ont eu la gentillesse de mettre des commentaires d'encouragement. Je remercie aussi d'avance, ceux qui depuis le début de la semaine n'ont pas eu le temps de mettre un commentaire, occupés qu'ils étaient à déboucher les bouteilles, croyant que le réveillon durait du 25 au 31 décembre...
    3
    John Halke
    Samedi 23 Août 2014 à 18:20

    Bonjour,

    Superbe poème que  "Le rêve" ... Et quelle richesse dans le verbe ... 

    Encore merci 

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