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Par Barman le 3 Décembre 2010 à 13:29
La poésie comme trait d'union entre les générations, c'est l'attachante proposition d'Yvonne Oter pour entamer le début de la fin 2010. On en redemande.
Petits-enfants
Au commencement est venu le mot
tout seul, tout rond, tout rose
amour d’enfant dormant d’un sommeil confiant
souriant aux étoiles
qui veillaient sur ses songes.
On l’appela Baptiste.
Deux ans plus tard est née la phrase
poupée fragile aux longs cils délicats
ouvrant très grand les yeux sur son monde à venir
curieuse
avide de conquérir l’univers.
On l’appela Juliette.
Huit petits mois plus tard est arrivée la grammaire
poupon glouton au visage d’ange
espièglerie pétillant déjà sur son petit minois
à peine chiffonné par son dur passage
d’un "j’étais" à un "je serai".
On l’appela Colleen.
Il a fallu attendre six ans pour voir apparaître le texte
petit mâle émouvant dans sa fragilité
de bébé innocent encore du péché
quel péché ?
un enfant est si tendre dans son humanité.
On l’appela Gautier.
Petits-enfants papillons
qui venez jeter des notes de couleur
dans le gris de mes cheveux
Petits-enfants zéphyrs
dont le vol caressant vient défriper les plis
que les ans ont déposés sur mes joues
Petits-enfants cassettes
où les joyaux rares des sentiments
font briller mes yeux un peu éteints par le temps
Petits-enfants fruits
dont le jus est la vie qui me coule à plein gosier
jusqu’au centre de mon cœur blasé
Petits-enfants poissons
qui frétillent et qui dansent
dans le courant paresseux de mon lit desséché
Petits-enfants lumières
des cieux des dieux des vieux
rendant vie au noir le plus obscur
Petits-enfants, mes petits-enfants,
mes trésors espérés
qui m’avez donné ce texte
avec des mots
composant des phrases
en respectant la grammaire.
Merci.
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