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Par Barman le 21 Juin 2011 à 20:00
21 juin. De la musique bien sûr mais accompagnée d'une histoire écrite et dite par Abd Al Malik "Château Rouge"
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Par Barman le 16 Juin 2011 à 08:00
La barbe forme un tapis gris
Autour de la bouche
Entrouverte sur le silenceEn quel siècle
Les mots ont-ils disparu ?
La lumière nimbe une forme rabougris
Isolée dans son éternel
Pas plus juillet que
Mai ou septembre
Ne dévoileront son secret
Le silence enferme
Le mensonge nauséabond
Plus rien ne fera sursauter
L’homme assoupi
Dont la barbe grise ne sera plus raséeAna Surret
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Par Barman le 10 Juin 2011 à 12:00
La plage cernée
Par l’écrin sombre
Et tourmenté de la roche
Luisait faiblement
Sous le pinceau du phare
Surgi des eaux
Comme un rêve de pierre.
Des reflets argentés
En effusions de perles
Faisaient des colliers aux vagues.
Non loin,
Un réverbère disposait
D’évocatrices guirlandes
Aux arbres du grand parc.
Des pâleurs s’attardaient entre les feuilles.
Comme des larmes suspendues
De multiples amandes grisâtres
Inondaient les branches.
La brise du large avait forci
Et jouait dans les ramures
Une mélodie monotone.
Suzanne Alvarez
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Par Barman le 30 Janvier 2011 à 08:40
Ma chienne sur la dune
par Jean Calbrix
La dune au loin serpente entre mer et lagune,
Contraste de couleurs : émeraude et vert chou.
Des nappes de bruyère ornent comme un bijou
Les dômes d'ocre blond se dorant à la brune.
Je retiens mon setter, chasseuse peu commune.
Je la lâche, elle part comme un coup de grisou,
Truffe au vent, tête haute, et fonce sur un trou,
Puis court dans les oyats, semblant chercher fortune.
Je siffle, elle s'arrête et reste patte en l'air.
Une alouette fuse, elle fond tel l'éclair.
Tout son corps se détend et se plie, élastique,
Zigzaguant au gré des coups d'ailes de l'oiseau.
Que j'aime ces instants de course fantastique
Où mon oeil ébloui goûte un fameux tableau.
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Par Barman le 27 Janvier 2011 à 08:00
Restons un moment du côté des péripéties animalesques et profitons-en pour nous rassasier des frasques culinaires de l'ami Jean-Claude Touray…
Le POUCE-PIED qui voulait faire un repas
Fixé par un tuyau très prisé des gourmets
Sur un socle rocheux que la vague battait
Dans la zone agitée des grands déferlements,
Un certain Pouce-pied tenait un restaurant.
Aimable amphitryon pour tous,
Il prêtait son dos volontiers
Au voyageur pressé
Qui voulait manger sur le pouce
Quand un autre plus familier
Prenait son pied.
Ce bistrotier aurait bien aimé voyager
Mais, fixé au rocher, il ne pouvait bouger.
Quand il faisait son du Bellay il murmurait :
"Je donnerais trop bien
Le voyage d’Ulysse et le mont Palatin
La douceur angevine et tout son tralala".
Faisant alors son Brillat
Savarin
Il disait, larmoyant : "je donnerais tout ça
Simplement pour faire un repas
Dans un grand restau parisien".
Un bon génie qui déjeunait de bigorneaux
Entendit ses soupirs et comprit ses sanglots.
"Y’a pas d’souci, tu as droit à trois vœux l’ami
Et le premier sera
Un voyage à Paris pour y faire un repas".
Sitôt dit, sitôt fait et par tapis volant
Le pouce-pied
Est transporté
Sur les Champs-Elysées
Aux cuisines d’un restaurant.
Il y parle avec le gérant.
"Faire un repas ? N’y songe pas
Pauvre Pollicipes cornucopia.
Tu n’es homard ni araignée
Mais simple petit crustacé
Il n’y a que très peu de chair en toi
Pas d’quoi en faire un plat, moins encore un repas…
Par amitié pour le génie
Qui t’a fait venir à Paris,
Demain soir je te flambe avec un gros homard
Au calvados du père Magloire
Et cette immolation fera ta gloire.
MORALITE
Ce propos dégrisa tout soudain Pouce-Pied,
Qui s’écria : merci Monsieur n’en jetez plus
"Faire un repas" est en français très ambigu.
Cuisinier, gastronome ou chair à déguster,
Sont trois rôles distincts illustrant bien le thème.
J’avais pris "gastronome", hélas j’ai vite vu
Que vous ne pensiez pas au même.
Note du barman : le pouce-pied a une belle cuisse bien dodue et copieuse enveloppée dans un bas de soie noire... et c'est la chair de la cuisse dénudée que l'on déguste (d'après Lugar do Olhar Feliz)
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Par Barman le 16 Janvier 2011 à 10:00
Il y a des jours où l'on sent poindre une sorte de jubilation au sortir de la nuit. On se dit que le rêve constitue au moins la moitié de cet instant unique qu'est le réveil et que peut-être allons-nous avancer plus vite que les nuages et mettre nos pas dans les pas de l'Histoire…
Eveil
Dans la campagne assoupie
Sous la brume de l’aube
La feuille inquiète frissonne
Et frémit comme une robe de soie
Une eau invisible murmure
Dans un doux récital
En notes éparpillées
Une bête passe froissant l’herbe
Un gland se détache d’un chêne
Sous le tic tac régulier du bec
Qui ausculte l’écorce
L’horizon se teinte de rouge
Les oiseaux commencent à chanter
Un volet bat
Une porte grince
Un chien aboie
Un rire sort d’une ruelle
Les voix du jour s’élèvent
Et tout renaît
Quand s’éveille la vie
Aux matins de lumière.
Suzanne Alvarez
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Par Barman le 9 Janvier 2011 à 09:53
Un retour en poésie en ce jour de repos dominical. Installez-vous confortablement en compagnie de Jean Calbrix.
Le fauteuil
C'est un large fauteuil - Louis quinze peut-être -
Il est là dans un coin avec des airs de veuf
Son beau reps jaunissant n'est plus tout à fait neuf,
Et son bois très ancien fleure encor bon le hêtre.
Que fait-il esseulé, ce vénérable ancêtre
Qu'éclaire la lueur sourdant d'un œil de bœuf ?
Son dossier disparaît dessous un drap d'Elbeuf
Et ses bras sont tendus, semblant chercher un maître.
Il se souvient, c'est sûr, des grands postérieurs,
Des bandes de gamins sautant sur lui, rieurs,
Des fessiers de marquis, des croupes de duchesses.
Ah ! fauteuil du bon temps, tu connais les dessous
Et tu nous contes là les subtiles caresses
Quand tes ressorts usés chantent des amours fous.
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Par Barman le 1 Janvier 2011 à 08:00
On ne saurait commencer la nouvelle année sans saluer celles et ceux qui, par la diversité de leurs talents, ont contribué à faire vivre gaillardement le café durant 2010. Par ordre d'entrée en scène :
Jean Calbrix, Marie Bouchet, Geneviève Steinling, Françoise Bouchet, Yvonne Oter, Gilbert Marquès, Claude Romashov, Suzanne Alvarez, Ysiad, Jean-Claude Touray, Danielle Akakpo, Catherine Wrobel, Jean-Pierre Michel, Patrick Denys, Claude Bachelier, Noémie, Jordy Grosborne, Andrée Pons-Jacquet, Annick Demouzon, Laurence Magaud, Elodie Fonteneau, Christelle, Johanne Hauber-Bieth, Roger-André Halique, Joël Hamm, François Fournet, Madeleine, Yvette Bonaric, Louis Delorme, Paul Athanase, Louise Debrakel, René Lallement, Olivier Furon-Bazan, Colette Rigoulot…
Un dernier petit pas derrière soi pour entamer le premier jour avec un poème de Corinne Romanzini posté quelques heures avant que l'année se termine. Avec "Inolvidable" de Bebo & Cigala pour l'accompagner...
Le courant l'emporte
Je ne me suis jamais posé
Tourbillon
Comme pavillon
Trop facilement aimé
Mal éprisJ'accrocherai des peaux
Au rocher
Eternelle ignorance
Jusqu'à ce que je te reconnaisse
Dans ma mémoire
Tes voiles m'attachent
Je me suis détaché jadis
Moi l'insatisfait
Au dernier jour
Je reviens vers toi
Trop tard
Le tourbillon de la vie
T'emporte au loin
Pas trop loin
La vie n'est pas une tragédie
Sinon je vogue
Ne cherche pas le désespoir
Dans mon regard
Je suis trop vieux
Pour cette inélégance
La jeunesse ne compose pas
La vieillesse a accepté
Depuis longtemps
La vie et sa mélancolie
La vieillesse depuis longtemps
Guette avec lucidité
La passion du désir
Comme un mystique
En prière.Corinne Romanzini
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Par Barman le 31 Décembre 2010 à 08:00
Le festival se termine avec un feu d'artifice concocté par quelques uns des poètes qui ont illuminé cette dernière semaine de 2010. Un grand merci à Johanne Hauber-Bieth, Roger-André Halique, Yvonne Oter, François Fournet, Yvette Bonaric, Louis Delorme, Colette Rigoulot, Paul Athanase, Louise Debrakel, René Lallement, Jean Calbrix, Suzanne Alvarez, Olivier Furon-Bazan, Madeleine, Christelle, Joël Hamm ainsi que le poète inconnu et toute ma reconnaissance à Jean-Pierre Michel pour son active et chaleureuse collaboration. Merci également à Ysiad qui nous offre "Holidays" de Michel Polnareff pour couronner la fête.
L'étang
Tel un fragment de jade
Au ciel tout ébloui,
L’étang plein de secrets
Cher aux grenouilles vertes,
Niché dans un écrin
De grands sapins bleu-nuit,
S’exhale en doux soupirs
Quand la nèpe volette.
Frémit l’onde placide
Au petit vent léger
Sous le dais triomphant
Du magnifique azur,
Parfois un papillon
Se plaît à voltiger,
Turbulence éphémère
Du monde miniature.
Suzanne Alvarez
Les fleurs de la sagesse
Elles viennent éclore un beau jour dans notre âme
Avec l’âge portant en lui bien des chagrins
Et nous les regardons fleurir nos boulingrins…
L’expérience est là pour aviver leur flamme.
Au parfum de ces fleurs plus doux sont les regrets,
Moins vif l’emportement suscitant la colère…
La sagesse en bouquet fait que mieux l’on tolère
Puisque chaque pétale a bien mille secrets.
Le cœur se laisse aller et plus vite pardonne.
Les yeux savent saisir d’un coup l’essentiel,
Lors le geste se fait moins artificiel
Et l’esprit se sent mieux car, surpris, il chantonne.
Les fleurs de la sagesse ont le don de l’humour
Qui parle bien plus fort que celui de la haine
Elles tissent en nous une indicible chaîne
Faisant briller notre être où ruisselle l’amour.
Johanne Hauber-Bieth
Belle étrangère
Ta nudité est celle de mes rêves enfantés
Jadis par ces notes aux touches si douces
Poursuivies par des sons aux pouces
Réglés surgissant des brumes argentés.
Ton ombre hante mes souvenirs,
Elle est la source de mes errances
Le puits de mes souffrances
Et de mes espérances d'avenir !!!
Tu es belle étrangère, la muse
La princesse de mes nuits
De cette folie mon imaginaire fuit
Dans le temps sans ruse !
Ta silhouette m'obsède et mon cœur se brise
Dans le temps de la vie !
Je ne suis plus qu'un mendiant de la survie,
Un homme abandonné sur la banquise.
Ta douceur m'étouffe d'une chaleur
Au voile agité d'un bonheur,
A la croisée des chemins d'honneur
Malgré l'agitation d'un monde de douleur !
Olivier Furon-Bazan
Les amours silencieuses
Ô mes amours de porcelaine,
Amours brisées dans les lointains
Mes amours pelotes de laine
Enchevêtrées par le destin.
Ô mes amours de confidences
Doux secrets de mots chuchotés
Lumineux dans leur transparence
Envolés vers l'éternité.
Ô mes amours frêles rameaux,
Mes fleurs de vent, mes poignées d'eau
Mes chansons mortes sans berceuse,
Faut-il que des joies si précieuses
S'évanouissent dans les roseaux
ô mes amours silencieuses!...
Louise Debrakel
L'oiseau de paix
Affronte l'avenir mais respecte, ma fille,
La paisible colombe, emblématique oiseau,
Prête à quitter la terre, où le tumulte brille,
Si nous ne forgeons pas un idéal nouveau.
Ne cherche point, ma fille, à conquérir le monde,
Mais soutiens les combats dont l'esprit répondrait
Aux sentiments d'entraide et d'amitié profonde:
Alors, le ciel morose, enfin s'éclaircirait.
Peut-être y verrais-tu, l'angoisse étant finie,
Un merveilleux bonheur entraîner avec lui,
La colombe de paix veillant sur l'harmonie
D'un monde fraternel où la discorde a fui.
René Lallement
Scènes de plage
Au chevet de l’été, près des vagues mourantes
Sont alignés les corps, les bras posés en croix
Sur la blancheur des peaux, où la rougeur s’accroît
S’incline l’or du jour, aux heures flamboyantes.
Des bustes généreux, dévoilant leurs rondeurs
Où vient jouer le vent aux instants d’effeuillage
Attisent les regards des mâles sur la plage
Tant il est bien connu, que l’homme est un voyeur.
Mais comment résister, à la vue des ondines
S’élançant presque nues pour plonger dans les flots.
A trop les contempler, étendu sur le dos
Le soleil sur mes yeux, a grillé la rétine…
Poète inconnu
L'idée
La vague eut l’idée de ciseler l’écaille
l’écaille de façonner l’œil.
L’œil regarda la terre
la terre reçut l’empreinte.
Le vent eut l’idée de modeler le souffle
le souffle de s’élever en cri.
Le cri chercha le ciel
le ciel imagina l’envol.
Le pas eut l’idée d’atteindre l’horizon
l’horizon d’éclairer l’espérance.
L’espérance rencontra l’amour
l’amour engendra l’enfant.
L’enfant eut l’idée de composer des signes
les signes de s’épanouir en mots.
Les mots formèrent des vagues
signèrent de leurs empreintes
l’ivresse de leurs ailes
c’est la que la vie eut l’idée
de me faire naître.
François Fournet
Premier amour
A l’ombre des regards s’effeuillaient les mots tendres
Chaque baiser volé s’enlaçait aux soupirs
Mon cœur en ce bel âge où chante l’avenir
Aux mailles de l’amour s’était laissé surprendre.
Dans le jardin secret de nos premiers serments
Où frémissait encor sa frêle chrysalide
Les jours n’existaient plus, quand ma douce sylphide
M’offrait l’or de ses yeux aux mille chatoiements.
Un jour, ma belle amie a déployé ses ailes
Pour prendre son envol vers un futile ailleurs
Je garde le parfum, aux rives de mes pleurs
De ces printemps perdus, lorsque je pense à Elle.
Jean-Pierre Michel
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Par Barman le 30 Décembre 2010 à 08:00
Photo Roger-André Halique
Roger-André Halique, Yvonne Oter et François Fournet sont les invités du jour. Diana Krall les accompagne avec "Temptation"
Le rêve
Prévaut l'ombre de mes nuits
Aux jours de désolation.
Mieux valent ses illusions
Au froid constat du midi
De l’hivernale clarté.
Quand les ailes de mes rêves
A bord d'un char de nuages
Attelés à mes poèmes
En leurs galops étoilés
M'entraînent dans leurs voyages
J'y vais quérir la lumière
En la blanche cour de Vénus
Pour y rechercher la femme
Qui fut ma chaleur d'hier
Au temps béni de mon âme
Si le sommeil m'en dévoile
Ne fut-ce qu'une vision brève
Je le préfère à mes matins
Quand l'éveil d'un nouveau jour
Me sert son lot de chagrins.
Roger-André Halique
Voici le temps venu.
"Ma mère, voici le temps venu
D’aller prier pour mon salut
Les sots sont revenus."
Voici le temps venu
des gens farcis de certitudes
qu’ils veulent à tout prix
faire partager aux autres.
Tous les moyens sont bons,
la presse, la radio, la toile,
un film, un livre,
certains ne reculant devant rien
pour propager leur bonne parole.
Leurs certitudes doivent devenir le credo universel.
Voici le temps venu
des ratés, des désabusés, des frustrés.
Oh, s’ils n’ont pas réussi,
ce n’était pas qu’ils étaient sans talent
c’était les "autres" qui en manquaient
pour être à même de comprendre
l’immensité de leur génie.
Alors, il faut "les" éclairer,
"leur" expliquer,
"les" déniaiser,
afin qu’ils ne laissent plus passer
l’opportunité de s’améliorer.
Voici le temps venu
des tartuffes
des faux-monnayeurs
des faire semblant
des gurus
des menteurs.
Et de leurs victimes,
les naïfs
les purs
les gogos
les enfants
les candides.
Et les premiers clament, déclament, proclament.
Et les seconds écoutent, béent, admirent.
Tandis qu’une nausée d’abord vague
s’insinue
et monte allègrement en puissance
aux creux de mon corps
de mon esprit
de mon âme.
"Ma mère, voici le temps venu
D’aller prier pour mon salut
Les sots sont revenus."
Yvonne Oter
Toucher le soleil
Au cœur de cette vie
tu ne crois pas pouvoir saisir
les astres dans le ciel
ni la lune qui rêve,
ni l’étoile qui rit
et danse sur ton ombre.
Il est pourtant si simple
de poser le soleil
dans le creux de ta main,
de caresser la lune
tremblante sous tes doigts,
de pianoter sur chaque étoile
ainsi qu’autant de notes
d’un même clavecin.
Il faut peu de chose, bien peu.
Ouvrir tes sens
aux grand large des yeux,
éclore ton regard
sur le moindre reflet,
élargir tes deux bras
pour élever ton ombre
aux dimension de l’être.
Il suffit d’allumer
un matin de tendresse
au désir d’accueillir.
Il suffit de si peu,
sans doute d’écouter
plus longuement,
plus doucement
le chant des galaxies
qui brûlent sur la terre :
les regards rencontrés.
François Fournet
(poète, comédien, animateur radio)
3 commentaires
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