• Mers éternelles

     

    Le dernier opus d’Hubert Mingarelli " Océan Pacifique " regroupe trois nouvelles qui ont le bateau et la mer comme toile de fond. Trois récits qui nous rappellent l’engagement de l’auteur dans la Marine Nationale à l’âge de dix-sept ans. Les souvenirs de cette époque remontent lentement comme s’il les retenait ou plutôt comme s’il était impossible de faire l’économie du plus petit détail d’une vie à bord rythmée par les quarts et l’infini de l’océan. Il ne se passe presque rien. Cela pourrait être l’éloge de la lenteur, de la somnolence, de la contemplation, une sorte d’engourdissement du temps et du mouvement, mais non : avec Hubert Mingarelli c’est plutôt de pudeur qu’il s’agit. Dans le monde clos de la Marine, l’intimité n’est pas de mise, l’amitié difficile et les mouvements d’humeurs passés sous silence. Les hommes subissent l’uniformité de l’horizon comme la monotonie des jours et des nuits. La solitude est moins le fait de l’isolement que de l’impossible circulation de la parole. On sent les larmes retenues, les blessures à peine cicatrisées, le difficile travail d’apaisement. Rien ne s’efface. La douleur est lancinante. Le mouvement de la pensée est à peine perceptible, tout juste troublé par un vent qui se lève, une cigarette que l’on allume, un regard que l’on croise ou que l’on évite, le bruit répétitif des vagues sur la coque. C’est à partir de ces fragments que Mingarelli reprend pied. Avec des mots simples, des phrases courtes et légères, des dialogues sobres, tendres douloureux, il se souvient du choc d’un essai nucléaire et des tentatives tragiques de quelques uns à vouloir l’exorciser. Nouveau venu à bord, il se souvient de sa lutte sournoise pour accéder pleinement à sa couchette accaparée par un chien, Giovanni, abandonné par son maître et devenu mascotte du navire. Enfin, il se souvient d’un bateau échoué et d’un enfant voulant surprendre son père en larguant les amarres d’un monde imaginaire. Toute la magie d’un auteur au plus près de l’émotion.

    Océan Pacifique d’Hubert Mingarelli, aux éditions du Seuil, 182 pages, 17€


  • Commentaires

    1
    Mardi 12 Septembre 2006 à 09:10
    J'avais oublié ce recueil de nouvelles dans ceux que j'avais beaucoup apprécié.....Il faut dire que Mingarelli est excellent dans les formes courtes,  certains de ses romans sont quasiment des nouvelles.
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