• Les cent premiers jours après la fin du monde, 89

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    Nous sommes tous des photographes

    Joël Hamm

     

       Tu parcours le monde en tout sens et tu le découvres en regardant les photos prises la veille et tu te rends compte que tu ne connais ni sa beauté ni le cœur des hommes qui l’habitent et encore moins le tien. Tu pensais tenir le monde dans ta main et c’est lui qui te tient mais tu ignores où il se trouve et son reflet ne t’informe pas de sa densité. Tu côtoies les hommes, tu captures leur image mais elle reste un mystère à tes yeux. Elle est, si tu regardes bien, celle de la mort surprise au travail, l’espace d’un millième de seconde. Tu comprends tardivement que le monde n’est nulle part ailleurs que dans le cœur des hommes et donc aussi dans le tien, que c’est un continent obscur aux gens comme toi qui croient ne pas déranger l’ordre des choses en l’effleurant de leur œil sec et scrutateur.

       Ta fin sera aussi celle de ce monde où tu vis. Il finira quand tu finiras et renaîtra pour d’autres et tu ne laisseras au mieux qu’une trace qui se mêlera à l’histoire des hommes et sera l’infime ligne du grand récit qui se nourrit de toute vie et contient toutes les épopées et les mythes et les contes. A la fin des temps tout aura égale insignifiance et le sol de la planète ne sera pas plus marqué par les tempêtes de sable que par le pas des cohortes humaines.

     

    A lire ou relire quelques points de vue du barman :  

    A perte de vue

    Au delà de ce que surprennent nos yeux

    Photo de vacances

    Sur le vif 

     


  • Commentaires

    1
    le Belge
    Samedi 23 Août 2014 à 18:02

    Merci Joël pour cette réflexion pertinente et pour les liens vers ces textes de notre barman, que je ne connaissais pas (la bar était ouvert de longue date avant que je n'y prenne mes habitudes, je m'en rends compte). Des textes remarquables - et je pèse mon adjectif.

    Je suis assez familier des commentaires qui accompagnent les photos, pour avoir souvent traîné les yeux dans telle ou telle exposition, mais peu ont la pertinence de ceux de notre hôte. Les textes de Patrick me parlent vraiment: ils expriment clairement et avec une rare élégance, ce que je ne comprenais que confusément.

    Un sacré guide, bien plus maître qu'Ecolier (pardon, pas pu m'empêcher) et pour moi une chance saisie avec d'autant plus d'empressement que, trop souvent, les commentaires du genre sont autant de serpents qui se mordent la queue ou d'exercices de style qui se cherchent un message.

    Bref, merci à vous deux!

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