• Les cent premiers jours après la fin du monde, 57

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    Tout le monde à table ! (5)

    Patrick Ledent

     

     

    On a débarrassé, vite fait, Déborah et moi. Moins d’une heure plus tard nous étions déjà au lit. Elle a glissé une jambe sous la mienne :

    – Ben dis donc ! On peut dire qu’on a fait le plein, là.

    Elle songeait au tiroir-caisse, aussi gavé que nos convives.

    – Et tout ça grâce à toi, le roi de la com. !

    Je l’ai embrassée. Son ventre a gargouillé. C’était inhabituel et ça m’a glacé :

    – Tu n’as pas touché aux champignons, quand même ?

    Elle a soulevé la tête, visiblement surprise :

    – Ben non, évidemment. Tu sais bien que j’y suis allergique. Ça m’aurait tuée. Pourquoi cette question ?

    – J’ai toujours peur, il suffit d’un geste machinal. Je me demande parfois si ce n’est pas dangereux de t’exposer ainsi.

    – T’es bête, mon chéri. Ça ne risque pas d’arriver, crois-moi ! J’en ai bien trop peur. Allez ! Bonne nuit.

    – Bonne nuit chérie.

    On s’est retourné, dos à dos. J’ai gonflé longuement ma poitrine pour donner de l’ampleur à mon orgueil. Je pouvais être fier de moi !

    Je l’étais.

    « La fin du monde, c’est moi » ai-je songé en m’endormant, repu.


  • Commentaires

    1
    M le
    Samedi 23 Août 2014 à 18:03

    Ah le divin plaisir d'être le deus ex machina  de la trompette de la mort  !

    2
    Lza
    Samedi 23 Août 2014 à 18:03

    Il a raison de n'être pas tranquille; je sens qu'il y a un os!

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