• Les 100 derniers jours (J -70)

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    Une histoire d’amour…

    Danielle Akakpo

     

     

    Dans son luxueux bureau, un homme de petite taille, long nez, costume et cravate sombres, lit une missive parfumée, sur papier rose bonbon.

    Mein liebchen !

    Déjà je me languis de toi. Si j’avais pu me douter que les choses évolueraient ainsi entre nous… Nous partageons la même vision du monde, de l’Europe, nous sommes économiquement et politiquement  sur la même longueur d’onde et voilà que maintenant nous avons tellement plus à partager… Des moments inoubliables, gut, so gut, trop courts hélas ! Des instants volés entre deux réunions, deux visites officielles. Quand passerons-nous une nuit entière ensemble, liebchen? C’est si bon de te serrer contre moi, de te sentir fragile, abandonné entre mes bras, mein Kind !  Et toi, je le sais, je le sens, tu aimes mes rondeurs qui te rassurent, tu te réchauffes à mes bourrelets, à mon arrière-train confortable. Tu es si fatigué, tu t’épuises en voyages, en passages à la télévision. Moi seule sais te relaxer, éclairer ton visage d’un sourire.

    Nous sommes très forts chez nous en matière d’apprentissage, tu le clames toi-même si souvent. Je te l’ai prouvé : je t’ai fait découvrir des caresses coquines, et j’en ai encore plein d’autres à t’apprendre. J’attends notre prochaine rencontre avec impatience. N’oublie pas de faire ta provision de préservatifs taille S : chez nous, les hommes sont costauds, il leur faut du L ou du XL. Toi, ton vermicelle s’y perd !

    Je t’avais promis mon soutien. Désormais, ce sont mon soutien et mon amour en prime qui te sont inconditionnellement acquis. Reviens-moi vite, mein schöner französiche zwerg ? Mon corps te réclame.

    Ton Ange

     

    Fureur du petit homme qui soliloque et s’agite dans tous les sens.

    Non mais ça va pas, la Teutonne ! D’accord, j’ai fait un effort pour que l’Allemagne soit à mes côtés dans ma campagne, j’ai payé de ma personne, mais c’était pas prévu que la vieille tombe amoureuse de moi. Et qu’elle m’écrive des cochonneries par-dessus le marché ! Elle y a pensé, la bouffie, que sa lettre pourrait être communiquée à la presse, diffusée sur internet. Elle est sûre de sa traductrice ? Les gens sont tellement animés de mauvaises intentions à mon égard. Je me demande bien pourquoi d’ailleurs ! J’en suis pas à un mensonge près, mais là, sincèrement, je saurais pas quoi inventer pour démentir la rumeur. Je vais dépêcher mon pote Claude chez la Lorelei –enfin, Lorelei, laissez-moi rire –: diplomate, mon Claude, toujours la bonne phrase en tous lieux en toutes circonstances, il saura prendre des gants pour inviter le bibendum à plus de discrétion.

    Faut voir ce qu’elle m’écrit ! Que j’apprécie ses rondeurs ? Bon sang, j’en perds le souffle quand elle s’allonge sur moi, j’ai l’impression de passer sous un rouleau compresseur ! Je suis obligé de me murmurer mentalement « Allons enfants de la patrie » pour me donner du courage. Quant à ses recettes coquines, laissez-moi rire une fois de plus ! Un quart d’heure de câlin avec elle, ça vaut une passe rapide à deux euros, et encore…

    Pour ce qui est du vermicelle, là, je suis furax ! J’ai eu trois femmes, légitimes, sans parler des quelques autres qui m’ont offert leurs charmes. Jamais une seule plainte sur cette partie de mon anatomie. Je ne suis pas grand, d’accord, les talonnettes y remédient. La Teutonne va pas me coller un autre complexe, sans remède, celui-là ? Me voilà embarqué dans une fichue histoire. Vivement avril ! Je tiendrai jusque-là... pour la France ! Mais dès que je serai réélu, la patate chaude, je lui dis : « Casse-toi, pauvre conne ! »

     


  • Commentaires

    1
    Lundi 27 Février 2012 à 11:06

    A un jour près, ça tombait sur 69. Dommage !

    2
    Mardi 28 Février 2012 à 03:42

    Voui, les talonnettes pour friquettes, on fait pas. Heureusement que la l

    angue est là,

    hu hu. La teutonne simulerait-elle ?

    3
    Lza
    Samedi 23 Août 2014 à 18:12

    Comme on disait à l'épouse Anglaise du Major Thompson (Daninos): "Ferme les yeux et pense à l'Angleterre."

    4
    ysiad
    Samedi 23 Août 2014 à 18:12

    Ce texte politiquement très chaud permet au lecteur d'envisager de nouvelles formes de singulier et de pluriel, une teutonne/des tétons - Un Sarko/des zizis,

    et de considérer que contrairement au vermisseau dont la cigale de la fable se serait régalée si elle l'avait trouvé avant que la bise ne vienne, le vermicelle en question n'est pas du tout (mais alors du tout) à la hauteur des attentes.

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