• Les 100 derniers jours (J -41)

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    Humanisme

    Jean Gualbert

     

     

    Le RER m’emmène vers Paris, sous un ciel sans nuages. La journée sera magnifique nous sommes gâtés par la météo de ce début de printemps. Je savoure avec volupté ce coin d’Île-de-France que je traverse chaque matin, le parc de Sevran, les bords du canal de l’Ourcq, où je vais si souvent me promener avec mes enfants, mon mari. Les arbres défilent, me berçant de leurs verts joyeux qui marquent le renouveau. Le bourdonnement du train avalant la banlieue au rythme régulier des arrêts, dans toutes ces petites gares au nom fleuri, me plonge dans une sorte de somnolence euphorique. Quelle chance j’ai d’habiter une si douce région, riche d’une palette culturelle aux infinies variations, d’un terroir aux savoureux relents rabelaisiens et de traditions où le réconfort de l’humanisme le dispute aux lumières du génie. Je ne me prive jamais de profiter des plaisirs simples de la campagne autant que de ceux, plus raffinés, de la ville, toute proche. En contemplant, à travers la vitre embuée, cet univers, à la fois excitant et paisible, qui s’offre aux premiers sourires du jour, je ne peux imaginer contrée où je me sentirais plus en accord avec moi-même.

    Mais voilà, cela ne pouvait pas manquer ! D’ailleurs c’est toujours la même histoire, dès que pointent les premiers HLM. Il faut qu’une bande de jeunes monte dans ma voiture. Comme si les autres compartiments n’étaient pas encore vides, ou presque ! Naturellement, ce sont des étrangers. Leur langage est bizarre, malsain, ordurier. Regardez-les, ils s’entassent dans un coin, comme du bétail mal parqué. Ils me dévisagent, avec leur mine patibulaire, leur regard sournois et pervers, leur chevelure décolorée. Je vois très bien leur manège, je ne suis pas dupe de leurs sourires, de leur fausse amabilité. Se croient-ils innocents, juste parce qu’ils cèdent leur place à cette petite grand-mère, agrippée à son sac de toute la force de ses poignets décharné ? Un Vuitton d’un cuir bordeaux de toute beauté ! Il m’irait d’ailleurs bien mieux qu’à cette vieille bique… En attendant, les loubards m’ont repérée, ils préparent un sale coup. Ils suintent l’envie, la convoitise… Pour cette racaille, tout est bon, pourvu qu’on l’obtienne sans effort. Supporter cette ménagerie pour aller travailler, c’est tout de même scandaleux. Vivement que l’on nettoie cette populace au Karcher ! Pour moi, la mitrailleuse ferait d’ailleurs tout autant l’affaire.

    Heureusement, il nous reste le Président, toujours digne de confiance, et quelques ministres qui voient clair. Mais tous les autres, ces conseillers, ces députés, ce sont des lâches, des pleutres. Voire même des traîtres, téléguidés depuis l’étranger. Ou par les communistes. Cette engeance est partout, tapie dans l’ombre. Elle se cache, à la moindre faiblesse, elle nous sautera à la gorge.

    Enfin, nous arrivons. Sur le quai, un mendiant, ou plutôt un quêteur. Il n’est pas trop mal vêtu ; j’examine sa carte avec circonspection. Me voilà rassurée, c’est un admirateur de Brigitte Bardot, mon idole, mon modèle. Il veut rassembler des fonds pour sauver les chiens errants d’Indonésie, ces malheureux qui vivent dans l’horreur, après avoir perdu leur foyer lors du tsunami. Quelle belle œuvre, quel humanisme ! Je lui glisse quelques piécettes. D’avoir accompli ma bonne action mensuelle, je me sens légère, légère…

     


  • Commentaires

    1
    Mardi 27 Mars 2012 à 14:17

    Question existentielle : Et que deviendraient les bébés phoques si on n'avait pas BB ?

    2
    Lza
    Samedi 23 Août 2014 à 18:11

    Mais oui, ma pauv'dame, les communistes soont derrière tout ça! Je crois entendre mes voisins, à Mont-Saint-Aignan, en 1951, je crois, hurler en dégringolant leur escalier: V'là les Russes!

     En fait, il y avait eu une explosion à l'usine de gaz de la Rive Gauche, à Rouen, qui par bonheur n'avait fait aucune victime.

    3
    danielle
    Samedi 23 Août 2014 à 18:11

    Bien vu! Et c'est pareil en province: dans les tramways stéphanois par exemple:   regards éloquents sur ces "jeunes"qui osent faire du bruit, s'asseoir alors qu'ils ne sont même pas de chez nous, ça se voit...

    4
    Jean G
    Samedi 23 Août 2014 à 18:11

    Ah, ne m'en parlez pas, mon bon monsieur, de tous ces musulmans d'apparence !

    5
    LaurenceM
    Samedi 23 Août 2014 à 18:11

    Faut dire que prendre le RER avec un sac Vuitton, y a pas idée aussi ...

    6
    Joël H
    Samedi 23 Août 2014 à 18:11

    Prendre le RER, et mourir de peur ! Voilà ce que ce qui arrive quand on a pas les moyens de son arrogance.

    7
    ysiad
    Samedi 23 Août 2014 à 18:11

    Il y a beaucoup de gens qui sous couvert d'humanisme s'achète une conscience de cette façon... Quelle tristesse !

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