• Histoires d'eau (11)


    Après l’épisode 10 des aventures maritimes de Suzanne Alvarez à bord du Pythagore et de ses 114 commentaires reçus à ce jour, voici une nouvelle virée qui devrait en susciter bien d’autres…

     

    Des nouvelles fraîches

     

    Il libéra la chose de son plastique protecteur, l’ouvrit avec lenteur, ce qui eut le don de nous exaspérer au plus haut point, enfin la déplia, et sa voix s’éleva comme celle de Dieu le Père sur le Sinaï. 

     

    Sur l’île de Sâo Vicente au Cap-Vert . La baie de Mindelo est agitée par un roulis dansant. Les voiliers, une bonne vingtaine, ont la danse de Saint-Guy et sont ballotés dans tous les sens par une méchante houle et un vent à décorner les bœufs d’au moins 35 nœuds, et chargé de boue. C’est encore pire que sur l’ïle de Sal que nous avions délaissée au bout d’une semaine. Il est près de 10 heures du matin, mais dans le mouillage, le silence est total. Il est vrai que même les estomacs les plus amarinés ont du mal à résister à un tel régime. Heureusement que notre bateau est un quillard*. Certains sont sûrement encore sous leur couette. La nuit a été rude. J’imagine ce pauvre Michel de " Plaisir d’Amour ", en ce moment, tellement secoué sur son dériveur, et qui se terre avec un mal de mer carabiné dans son sarcophage de plume. A propos de Michel, justement, il attend, comme nous, " Nautilus " et " Il était une fois " avec lesquels nous nous étions donné rendez-vous, ici, pour la traversée de l’Atlantique. Et comme nous, il commence à s’inquiéter car nous n’avons plus de nouvelles de nos amis depuis Madère. Et pas question, aujourd’hui, d’aller à terre. Aller jusqu’au quai en annexe relèverait de l’acrobatie. La houle déferlante aurait tôt fait de nous transformer en serpillères, remplir le canot et noyer le moteur de surcroît. Marc est assis, adossé au mât. De temps en temps, il repose son gobelet de café qu’il coince entre ses genoux et qu’il boit à petites gorgées, pour prendre ses jumelles. A l’intérieur, le chat somnole sur la table à cartes. La moussaillonne qui a délaissé aujourd’hui livres et cahiers pour se transformer en boulangère, malaxe une boule de pâte. Assise en face d’elle, je la regarde faire, qui prépare le pain pour plusieurs jours. Elle en a déjà enfourné un. Je le vois qui commence à dorer, à travers la vitre du four. J’ai la tête comme une pastèque. Toute la nuit, Pythagore a gémi et j’ai à peine fermé l’œil. A plusieurs reprises, j’ai entendu Marc s’affairer sur le pont, pour remonter l’annexe qui cognait contre la coque et aussi pour vérifier si l’ancre ne dérapait pas.

    - Bon Dieu ! Quelqu’un est en train de se noyer !

    Des appels au loin. Un groupe sur le quai. Des mains qui s’agitaient dans la direction du mouillage. Un corps qui a basculé dans l’eau. Voilà ce que le capitaine de Pythagore a entendu et vu de son poste d’observation.

    Je me suis emparée de l’autre paire de jumelles en dérangeant le chat qui m’a regardée d’un sale œil, et je suis montée sur le pont, dare dare, suivie de ma progéniture qui a les mains encore pleines de farine.

    - Et l’annexe qui est remontée…Il va falloir la remettre à l’eau… Il est trop loin… je n’arriverai jamais à temps ! a fait Marc, complètement désespéré.

    - Mais au lieu de gueuler comme ça… non, mais tu crois pas… il n’y en a pas un qui se serait porté à son secours… puisqu’ils étaient à côté ? déplora Carole en désignant le groupe de curieux qui s’était formé sur le quai d’en face.

    J’ai pu enfin régler ces maudites jumelles :

    - Une minute ! Il n’est pas en train de se noyer, il vient dans notre direction !

    Nageant à la force d’un seul bras, l’homme -puisque c’en était un- avançait dans une espèce de brasse lente, disparaissant par moment sous des rouleaux de vagues. L’un de ses bras était visible pourtant, qu’il tenait en l’air inlassablement, un bras dont la main qu’on voyait très nettement à présent tenait obstinément quelque chose… comme un rectangle blanc.

     

    Alors, le capitaine de Pythagore commença à décrypter la lettre écrite par Guy du voilier Nautilus : " Arriverons à Mindelo dans la semaine du 16 au 21. Sommes enfin prêts pour le grand saut. Jojo a cassé son safran et il a fallu sortir " Il était une fois " de l’eau pour réparer. La tuile, quoi !............. " 

     

    Puis il continua en pensée, pour lui seul, et, l’esprit complètement emporté par sa lecture, planant à cent coudées de là, il en oublia notre présence et celle du " facteur " qui, toujours agrippé à la coque, attendait tranquillement, comme si l’exploit qu’il venait d’accomplir se fût agi de la chose la plus naturelle du monde.

    Quand Marc eut achevé son monologue intérieur, il revint sur terre. Enfin si on peut dire :

    - Nom de Dieu ! Mais qu’est-ce que tu fous encore dans l’eau, toi ! Monte ! Monte ! Vite les filles ! Aidez-moi à le hisser !

    - Ça sent bon chez toi ! fit l’homme en souriant, tandis qu’il s’affalait sur l’un des bancs du cockpit.

    Une bonne odeur de levain flottait dans l’air. On n’allait pas tarder à passer à table…

     

    *Ce singulier facteur - qui n’était en fait qu’un petit pêcheur qui traînait sur les quais dans la journée- avait été sollicité par un des employés des services maritimes de l’île de Sâo Vicente par lequel notre courrier transitait, pour nous remettre cette lettre, et était parti à notre recherche. Ayant réussi à nous localiser, il espérait, avec l’aide de ses amis pêcheurs, nous faire venir jusqu’au quai pour nous la remettre, en hurlant des " PYTHAGORE " à n’en plus finir. Voyant que personne ne se manifestait, il n’a pas calculé le risque qu’il encourait et s’est jeté à l’eau pour venir à nous. Et le vent étant vif ce jour-là, Marc s’est mépris sur le sens des gestes et des cris de ces hommes, qu’il a pris pour des appels au secours.

    * Safran  : partie immergée et pivotante du gouvernail qui oriente le bateau.

    *Quillard  : voilier possédant un lest placé très bas, au bout d’un plan de dérive appelé quille et permettant un couple de redressement assez important pour une bonne stabilité du bateau. L’opposé du quillard est le dériveur.

    * Grand saut : traversée de l’Atlantique


  • Commentaires

    1
    Lundi 9 Février 2009 à 21:46
    Bon d'accord, un facteur en skis nautiques, ça me rapelle Tati ébahi par un facteur américain accroché derrière un avion postal. Mais quand même, Suzanne, tu nous la bailles belle ! A quoi ça sert la radio ?
    2
    Mardi 10 Février 2009 à 00:52
    Pardonne-moi pour les skis nautiques, Suzanne, c'est un effet de mon humeur facétieuse (ta description du facteur portant les lettres à la nage m'a refait penser au facteur de "Jour de fête" de Jacques Tati). Ce que je voulais dire, à propos de courrier, c'est que je trouvais étonnant que vous communiquiez entre vous par lettres et non pas par radio.
    Mais je suis complètement ilote en la matière. 
    Cela dit, ton feuilleton ne faiblit pas et nous tient toujours en haleine. Bravo. 
    3
    Mardi 10 Février 2009 à 20:51
    Ah, ma sorcière ! T'es bien la seule qui puisse me mener en bateau (et même que j'en redemande !!!)
    4
    M agali
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    En volà un qui prenait au sérieux le slogan " La Poste, on a tous à y gagner..."
    5
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Tu sais quoi, Magali, je voulais intituler cette histoire "Nageons avec la Poste !". C'est rigolo.
    6
    LAMY Jacques
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Un véhicule tombe à l'eau :
    Pas de danger, car... le car  nage...
    J'appelle les pompiers : "Allô ?
    Vite !  Un requin !  C'est le carnage !
    "
    .
    .
    .
    Même pas peur !   
    7
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
     Très drôle ! Merci Jacques !
    8
    Josiane
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Je trouve remarquable l'initiative de ce ""facteur" qui risque sa vie, certes, avec une dose d'inconscience, pour rendre service en offrant cette belle image de spontaneïté. Je pense que sur ta route tu as du souvent croisé ces gens très simples dont la carte de visite est celle de la gentillesse, sur lesquels les occidentaux n'ont pas encore déposé leur empreinte...ou si peu.
    Bravo pour ce nouveau récit qui devrait te valoir encore bien des compliments.
    9
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Mais enfin, Jean, qu'est-ce que c'est que cette histoire de skis nautiques... ça va pas bien hein ? Je n'ai jamais dit que "le facteur" en question avait des skis nautiques. Et pouquoi parles-tu de radio. Ok ! à bord, nous avions la CB, une VHF fixe et une portative, mais si tu crois que le pauvre type qui était sur le quai avait tout ça.... pauvre diable qui marchait pied-nu toute l'année. Il faut deux appareils pour pouvoir se parler : un pour émettre, un pour recevoir... Ah ! la la.... Et tu nous vois téléphoner aux Affaires Maritimes : - Pardon, s'il vous plaît, z'auriez pas une petite lettre pour nous... Misère ! Ils auraient eu tôt fait de nous envoyer sur les roses... Surtout là-bas ! Il fallait aller sur place pour récupérer son courrier. Et encore y'a pas eu à se plaindre puisqu'un des employés s'était dérangé jusqu'au quai. Non, ce qu'il aurait fallu, c'était des boîtes à lettres sur le quai, mais ça...
    Quant à toi, Josiane, tu es un amour de me parler comme ça. Mais oui, les gens de là-bas n'accordent pas tant d'importance que nous à la vie. Ils sont adorables. Quand je vois ce monde d'égoïsme dans lequel je vis à présent, je me demande comment j'ai fait pour ne pas perdre la boule. Je peux te dire que le retour sur le plancher des vaches a été terrible... je croyais bien que j'aller crever, oui. Souvent, je me demande ce que je fous là... et bonjour la déprime...
    10
    Ludovic
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    La lecture de tes récits, Suzanne, me fait penser  à ceux qui paraissaient en feuilleton dans les journaux au 19 ème et début du 20ème siècle. Chacun attendait la suite avec impatience et délectation comme on attend une gourmandise.
    C'est mon cas. Je présise quand même que je n'étais pas né à cette époque ...
    Aussi cela m'ennuierait que dans quelques années (si si, tu es bien partie pour cela), tu nous apprennes  dans un récit que tu as fait l'achat d'une maison dans ces régions pour y cultiver un potager. Rassure-moi,Suzanne, dis-moi que cela n'arrivera jamais.Dur, dur pour l'administrateur qui devra rendre des comptes après cette défection, si tu devais prendre cette malheureuse initiative. 
    Je pense comme Josiane, tu as fait fort comme d'habitude. Tu devrais toucher des royalties en mots sonnants et trébuchants...
    11
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    T'es gentil Ludo mais un potager au Cap-Vert, tu n'y penses pas ! Il faudrait qu'il pleuve...
    Bon, c'est quand même très sympathique ce que tu me dis. Merci Ludovic !

    12
    ANNA
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    AH ! Lastrega est de retour, enfin le feuilleton continue. J'avais peur qu'il ne s'arrête. Histoires d'eau, toujours.
    13
    ANNA
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Ah ! Lastrega est de retour. Le feuilleton continue. J'avais peur qu'il ne s'arrête. Histoires d'eau comme toujours.
    14
    Ludovic
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Je dis peut-être une bêtise, mais est-il vrai qu'au Cap vert les bateaux pour la pêche, s'appellent des bateaux-mouches?
    15
    Zelma
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    "Bougeons avec la Poste". C'est s'la, oui. Ce matin le gars des "Colissimo" n'a pas pris la peine de sonner à ma porte pour m'avertir de mon colis, alors que je n'ai pas bougé de la matinée. Je n'ai trouvé dans ma boîte qu'un papier griffonné qui m'avertissait du passage du postier.
    Mais BRAVO, Suzanne pour ce nouvel épisode.

    16
    Ludovic
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    J'ai entendu dire qu'au Cap vert les bateaux de pêche s'appellent des bateaux-mouches pour appâter les poissons...
    C'est une blague?
    17
    Hélène
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Bravo pour cette nouvelle aventure qui nous emmène, une fois de plus, vers des lieux, où il se passe toujours quelque chose, pour pigmenter les voyages.
    18
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Mais bien sûr Jean, que je te pardonne, entre gens facétieux, on se comprend... sauf que je trouve que tu avais manqué de clarté.
    A propos de radio, bien sûr que nous correspondions comme ça entre nous, sauf qu'à certains endroits, on ne peut rien capter. Sans compter que certains "voiliers" ne sont pas toujours bien équipés. Tu sais, ils ne doutent de rien. Quand tu vois qu'ils y en a qui traversent l'Atlantique (ils mettent des mois bien sûr) avec des coques de noix en plastique (enfin, en polyester) d'à peine 6 mètres, même pas bons pour la 5ème catégorie, sans canot de survie, à peine des gilets pas homologués, alors tu sais, pour ce qui est de la radio... Tu sais, en mer, il faut être sérieux, sinon, ça tourne vite au drame. Nous côté équipement, on était au "top" et nous avions même un ordinateur. Mais bien sûr, nous n'avions pas embarqué de télé, alors que certains préfèrent la télé à la CB. On avait même un téléphone (marin) et nous pouvions recevoir des appels de belle-maman régulièrement. Mais au Cap-Vert, les appels n'arrivaient pas. Et la Poste capverdienne est un vrai mystère. Quant à l'Internet...
    19
    Florence
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    BRAVISSIMO ! On se régale comme d'habitude, avec le feuilleton des histoires de Lastrega.
    20
    Le guitariste
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    C'est que du bonheur, ces mésaventures maritimes. Merci Suzanne de nous faire voyager en même temps que rêver.
    21
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Anna, bien sûr que le feuilleton va continuer. Je ne peux pas garder tous ces souvenirs pour moi, sinon, je vais finir par exploser !
    Ludovic, tendre et drôle Ludovic... Mais tu sais que j'adore ça, moi, tout ce que tu me dis...
    Hélène... je m'appelle Hélène, je suis une fille comme les autres ... Mais qu'est-ce que je raconte, voilà que je recommence à délirer. Bien sûr, ma belle Hélène (OH ! je sais, je sais...) qu'il se passe des choses là-bas. Là-ba, ça naît, ça meurt, mais surtout, ça vit !
    Florence, tu es un chou et le guitariste... poète, va !
    Arfff ! Coline Dé, machoupette, je te sens fine prête pour le grand saut... cètipa malheureux ....

    22
    cèlia
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    Bravo Suzanne ! Mais donne-nous encore des détails sur ce drôle de pays.

    23
    jakou
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    On se demande bien jusqu'où le Pythagore va nous mener. En tout cas, on attend avec impatience les prochaines péripéties du Cap'taine Suzanne ALVAREZ. Et on en redemande aussi !
    24
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    Jakou, les prochaines péripéties du Captaine Alvarez se passeront à..... mais que d'impatience !
    Cèlia, je vois que tu as pris les "histoires d'eau" en cours de route. Je t'invite à lire "Sous le signe du poisson", histoire d'eau 6 où nous faisions notre entrée aux îles du Cap-Vert et en particulier sur l'île de Sal. Il y a des renseignements sur ce curieux pays. Mais je rajouterais ceci :
    Dans ce pays où il ne pleut pratiquement jamais, la population est ravitaillée en eau désalanisée par camions-citernes qui réapprovisionnent en eau les habitants, en payant, bien sûr (enfin les citernes ou réservoirs d'eau qu'ils ont dans leur maison). Pour ce qui est de ravitailler les bateaux, chacun transporte ses bidons en canot jusqu'au quai et les fait remplir. L'eau est une denrée rare et chère dans les îles. Sur Pythagore, nous arrivions à fabriquer de l'eau désalanisée (à partir de l'eau de mer) et purifiée à 100% par un système de goutte-à-goutte, à l'aide de bougies en porcelaine (ce sont les Italiens qui ont inventé ça). On arrivait à fabriquer 5 litres d'eau par jour (pour boire et cuire les aliments). Par la suite, nous nous sommes procurés un désalanisateur et c'était que du bonheur. Il faut dire que lorsque nous avions commencé notre voyage, nous n'en avions pas acheté parce ça coutaît une fortune (8000 ou 9000 €uros), mais par la suite, c'était vraiment abordable. Nous pouvions faire avec au moins 300 litres d'eau purifiée par jour. Pythagore avait 2 réservoirs (alimentaires) pouvant contenir 1 tonne d'eau. Pour se laver, dans ces endroits où il n'y a pas d'eau, nous nous baignions dans la mer et savonnions à l'aide d'un savon liquide rose spécial eau de mer (en fait ce n'était que du TYPOL-excusez l'orthographe, je ne sais plus...- détergeant utilisé pour laver les sols dans les hôpitaux), et seul savon qui mousse en eau salée. Il faut savoir que le savon que nous utilisons couramment ne mousse pas à l'eau de mer. Après ça, nous nous rincions à l'eau douce à l'aide d'une douchette... (quand on a la chance d'avoir de l'eau douce) qui distille au compte-goutte de l'eau. Les joies de la plaisance, quoi !
    Et pour désinfecter les légumes (bien obligé, sinon, bonjour les intestins), nous déversions un petit sachet de poudre, rose elle aussi, dans l'eau de rinçage, ce qui fait que nous mangions de la salade rose... Bien sûr, les habitants de ces îles ne désinfectent rien, ils sont blindés....

     

    25
    Phil
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    C'est assez mpressionnant, toutes ces mesures que l'on doit prendre pour rester en survie. Il ne doit pas y avoir de Club Med là-bas...
    Concernant ce désalanisateur, peut-tu nous en dire plus sur sa composition et son fonctionnement. J'ai toujours entendu parler d'usine de désalanisation.Je ne pensais pas que l'on en était arrivé à ce stade de miniaturisation pour les particuliers.
    Je crois savoir que certaines entreprises françaises sont très performantes dans ce domaine. Elles opèrent dans les Emirats Arabes et sur le continent africain.
    26
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Holà ! Phil c'est très technique ce que tu me demandes-là. Le dessalanisateur (avè 2 S et pas d'accent sur le E, excuse mon égarement) est un appareil en inox fait de pompes et qui se branche sur du 12 volt en général. Mais je crains, hélas, que nous ne lassions nos amis. Si ça t'intéresse, je pourrais, éventuellement te fournir de la documentation. Un dessalanisateur performant (mais cher) peut fournir dans les 100 litres d'eau à l'heure.
    27
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Holà ! Phil c'est très technique ce que tu me demandes-là. Le dessalanisateur (avè 2 S et pas d'accent sur le E, excuse mon égarement) est un appareil en inox fait de pompes et qui se branche sur du 12 volt en général. Mais je crains, hélas, que nous ne lassions nos amis. Si ça t'intéresse, je pourrais, éventuellement te fournir de la documentation. Un dessalanisateur performant (mais cher) peut fournir dans les 100 litres d'eau à l'heure.
    28
    cèlia
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    J'ai lu tous les commentaires "d'histoire d'eau 6- Sous le signe du poisson" où tu renseignais sur les îles du Cap-Vert, et j'ai trouvé ça très intéressant, et j'en ai profité pour lire aussi les épisodes que j'avais sautés. J'ai trouvé ça super.
    29
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    C'est gentil à toi, Cèlia d'avoir pris la peine de me lire. Au fait, à propos de la Poste capverdienne, il faut que je te dise que récupérer un colis expédié de France, c'est pire que la traversée de la Mer Rouge. En effet, quelques jours après notre arrivée sur l'île de Sal, on nous avertit qu'un colis nous attendait à l'aéroport. Donc, arrivés à l'aéroport en taxi brousse (un vrai folklore), nous réclamons notre colis. Mission impossible pour le récupérer. Personne n'est habilité à nous le donner. On nous dit de revenir le lendemain. Le lendemain, rebelote. Pourtant, on le voit ce colis, à travers les barreaux du local verrouillé, et au beau milieu d'un tas d'autres paquets. Il y a même un rat qui a élu domicile dessus. Il y a des rats partout. Nous sommes un peu inquiets et nous espérons pouvoir récupérer ce paquet (assez volumineux) avant que les rats lui aient fait sa fête. A notre retour de l'aéroport, nous rencontrons le type (assez sympa) qui fait office de Capitaine du port et qui a pour bureau un petit cabanon. Il nous conseille de nous adresser au pasteur de l'île. Nous partons à la recherche de ce pasteur et nous tombons sur lui, au moment où il sort du coffre de sa voiture une énorme bonbonne de vin et le contenu de son marché qu'il vient de faire. Devant les grilles ouvertes de sa grande et belle propriété, dont le contraste est saisissant avec les autres habitations alentour, se tient une femme qui vient l'accueillir et qui l'aide à porter ses courses. L'homme est jeune (35 ans environ), bel homme et très bien mis, costume gris et cravate de bon goût et fort sympathique, ce qui ne gâte rien. Il accepte de nous accompagner à l'aéroport pour la récupération de ce fameux colis. Nous voilà donc repartis, en voiture cette fois. A l'aéroport, un type à la mine patibulaire et armé jusqu'aux dents nous ordonne en pointant sa mitraillette sur nous, d'ouvrir notre paquet. C'est un colis de belle-maman, qui contient des douceurs introuvables dans ces pays, ainsi que des médicaments. Le type commence à se servir et il nous dit que les drogues c'est interdit (ce sont des tubes d'aspirine, des vitamines etc... Notre pharmacie de bord fondant à vue d'oeil car nous en nous faisons profiter la population dans les pays que nous traversons) mais qu'on a de la chance de tomber sur lui. Bref, il nous en ponctionne la moitié. Le pasteur nous susurre d'offrir une ou deux friandises en plus au type en question. Nous nous exécutons sans rien dire et repartons complètement écoeurés. Après ça, notre "curé" nous invite à goûter son vin (au goût d'orange), chez lui, avec une merveilleuse assiette de biscuits faits par sa cuisinière. Nous lui offrons en remerciement une grosse boîte de confit d'oie de notre colis. Voilà ! C'est pas très légal ce que font ces employés de l'aéroport (tous des militaires en treillis), mais il faut dire qu'ils ne sont pas habitués à manger des gâteries, alors, forcément, quand ils tombent sur des paquets aussi bien garnis. Sans compter que leurs salaires ne sont pas folichons. Donc, on peut comprendre une telle attitude...

    30
    Martine
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Eh ben il ne fait pas bon de tomber malade dans ce pays si on ne trouve pas de médicaments pour se soigner.
    31
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Martine, tu as raison de t'inquiéter, surtout si ton intention est d'aller passer des vacances là-bas. La grande majorité de la population capverdienne se soigne gratuitement dans les dispensaires. Bien sûr, il y a des queues pas possible de gens qui attendent et très peu de soignants qui sont d'un grand dévouement. Les gosses sont toujours enrhumés, ils ont des toux chroniques et font beaucoup d'angines. Tous les jours, ils venaient à la sortie de l'école, traîner sur les quais, demandant des comprimés d'aspirine, du sirop, des gouttes aux plaisanciers. Au début, nous ne nous méfiions pas et leur donnions quelques comprimés pour plusieurs jours mais par la suite, nous avions compris qu'ils ne les consommaient pas. Ils les vendaient dans la rue pour 20 escudos le comprimé. Après ça, on leur faisait avaler les cachets sur place, devant nous, pour être sûrs.. et ils n'étaient pas contents. Bien sûr, il y a des médecins et des pharmacies -sans vitrines- pour les riches -il y en a-.
    L'île de Sào Vicente est peuplée d'environ 70 000 habitants. 66% des habitants ont moins de 30 ans. Les soixantenaires et plus représentent moins de 9% de la population. L'espérance de vie, beaucoup plus grande que dans la majorité des pays africains est de 65 ans pour les femmes et 62 ans pour les hommes. Voilà pour les questions de santé. Mais je te conseille de te munir d'une petite trousse de secours si tu vas là-bas. Curieusement, on ne voit jamais de bateaux américains traîner par là. C'est vrai que les Américains ne vont que dans les pays où il y a des hôpitaux de pointe... Beaucoup de plaisanciers allemands...
    32
    Phil
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Merci, Jacques Lamy, pour ces renseignements. Je me doutais, cela est évident, qu'il y avait un filtrage. Quant à savoir lesquels?
    Maintenant, je suis édifié et vais pouvoir en remontrer à Suzanne si celle-ci a besoin d'un tecnicien en maintenance. J'aime mieux cette condition, plutôt que celle de facteur...
    33
    Zelma
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Parle-nous encore de la culture de ces îles et de la grande chanteuse Cesaria Evora que j'ai vu paraître un jour sur scène à la télé.  
    34
    LAMY Jacques
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Je crois, Phil, que le procédé de désalinisation de l'eau de mer pour les particuliers consiste à la faire passer par pompage au travers de membranes échangeuses d'ions.
    .
    Industriellement on trouve les procédés de distillation (avec dissolurion de l'air a posteriori) ainsi que d'évaporation (évaporateurs  à étages, Gibraltar) et celui  d'osome inverse (par poimpage en pression sur une membrane d'aluminium : Île de Malte.)  Ce dernier principe à l'avantage de conserver les propriétés initiales de l'eau [eau potable]  en ne retirant de l'eau de mer, après filtration, que le sel sissous.
    35
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Oulala Jacques, c'est très technique, en effet, ce que vous racontez-là. Merci d'avoir renseigné Phil, parce que je suis assez nulle en la matière. A part lui fournir de la doc...
    Phil, encore heureux qu'il y ait des filtres, vu que ça purifie l'eau à 100% et même s'il y a le choléra dedans. Mais pour faire plus simple, le système des bougies italiennes purifie également l'eau à 100% choléra compris. Je crois me souvenir que le dessal en question que nous avions à notre bord était de marque italienne aussi.
    Bon, depuis le temps que je réclamais un électricien, je crois avoir trouvé un ingénieur en électronique, physique et tout et tout, et un électricien tout terrain. Remarquez que ça tombe bien, j'ai deux pompes de cale en panne et un de mes panneaux solaires qui va pas bien... A vous Messires...
    Pour info : le port de Porto Grande sur l'île de Sào Vicente a une usine de dessalanisation d'eau de mer, destiné à la consommation des habitants de l'île.
    36
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Ah ! La culture capverdienne, Zelma. L'île de Sào Vicente, avec sa capitale Mindelo est en effet très riche du point de vue culturel. Et ça se passe surtout la nuit, dans les bars à spectacles qui ont vu se produire pour la première fois Cesària Evora, surnommée "la diva aux pieds nus", parce qu'elle chante toujours les pieds nus, en hommage aux pauvres des îles du Cap-Vert, pays où elle est née, en 1940, dans la misère la plus extrême. A l'âge de 7 ans, elle perdit son père, et sa mère, cuisinière de son état a du mal à subvenir aux besoins de ses sept enfants, qu'elle confie en partie à l'orphelinat. Césària fera partie de ces malheureux, mais elle se fera remarquer dans la chorale où elle apprendra à chanter. A l'âge de seize ans, elle chante dans les bars de Mindelo, sa ville natale, en échange de quelques malheureux escudos et quelques verres à boire. Elle adopte les mélopées pénétrantes de la musique locale, la morna qui signifie "deuil", et qui puise ses racines à l'époque où le Cap-Vert situé sur le Continent africain était un lieu important de la traite des esclaves. La musique de cette diva s'articule autour de thèmes comme la souffrance, la mélancolie et l'exil. "Mes chansons parlent d'épreuve et de nostalgie, d'amour , de politique, d'immigration, et de réalité", expliquet-t-elle. "Nous chantons notre terre, le soleil, la pluie qui ne vient jamais, la pauvreté et les problèmes : la vie des Cap-Verdiens, en somme".
    37
    Sandrine
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Avec toutes ces explications pleines de richesse, j'ai envie de dire  - Maîtresse, maîtresse, vos cours sont si intéressants, que je n'ai même pas envie d'aller en récréation - .
    Je crois que l'Education Nationale aurait besoin de pédagogue de ta qualité, il y aurait moins d'illéttrés . Et je sais de quoi je parle!
    Merci Suzanne
    38
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    A part la langue portugaise, qui est la langue officielle, le créole du Cap-Vert est la langue utilisée au quotidien par la grande majorité de la population. Dans l'île de Sào Vicente, Il existe aussi une variante locale du créole, appelée Kriol.
    Tu parles d'illetrisme, gentille Sandrine, qui me dit tout plein de bonnes choses, il faut savoir qu'à peu près 50% de la population des habitants de cette île sont allés à l'école pendant les 6 ans de l'enseignement primaire. Environ 25 % ont un niveau d'étude secondaire et presque 20% de la population, âgée de plus de 14 ans est analphabète.
    39
    Phil
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Désolé, Suzanne. Cette invitation  pour un poste d'électricien à bord ne doit plus être à l'ordre du jour.En effet, dès que j'ai lu ton commentaire avec cette aimable proposition, j'ai ressenti une "grosse fatigue", sans référence avec le  film.. Je sais, devant cette fin de non recevoir tu vas penser que c'est une façon de prouver, malgré les bons conseils de Jacques Lamy, que je ne suis pas à la hauteur pour assurer la bonne marche du circuit électrique sur le Pythagore. Qui peut savoir?
    40
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Au fait, Phil, c'est pas gentil de me lâcher comme ça... pas gentil du tout !
    41
    Phil
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Bon! je vais réfléchir à la question, car Solène nous parle du chant de la sirène. J'ai une guitare. Ne penses-tu pas, Suzanne, qu'une place de troubadour serait plus convenable à bord pour ma personne, en compagnie de cette ondine...


















    42
    LAMY Jacques
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Les ondines s'ébattent en "eau douce"  (résines échangeuses d'ions ), Phil...
    43
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Il est beau Solène ce poème de Michel Verneuil. Merci à toi. Phil, un troubadour n'est pas pour me déplaire, Pythagore est déjà largement servi dans ce domaine, mais je prends. Et bravo encore, Jacques !

    PS. Je recherche toujours désespérément un électricien....
    44
    Phil
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Merci de m'accepter, Suzanne, dans le rôle de troubadour, car le travail d'électricien me donne des ampoules aux mains...  et il me faut l'avouer, dans ce domaine, je ne suis pas une lumière...
    Et si la sirène se sent assez culottée pour chanter nue... je serai aux anges.
    45
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    Et toujours à propos de la "diva aux pieds nus", le Ministre de la Culture vient de remettre, récemment, la Légion d'Honneur, à la capverdienne Césaria Evora.
    Il faut savoir qu'après de longues années restée dans l'ombre, la chance lui a enfin souri. Elle avait tout juste quarante ans. Invitée dans une série de concerts à Lisbonne, elle rencontre José da Silva, un jeune Français origninaire du Cap-Vert. Il devient son producteur et la persuade de partir pour Paris, pour y enregistrer son premier album : "la diva aux pieds nus". Le succès est immédiat. Après avoir été nominée par six fois, elle remporte un "Grammy Award" et la France la fait Officier des Arts et des Lettres. Mais ses chansons continuent à traduire ses racines. "La pauvreté a toujours été irréelle pour vous, alors comment pouvez-vous juger la situation de notre pays ?" argumente-t-elle dans la chanson "Tudo Tem Se Limite".
    Après avoir longtemps résisté à ce que son nom soit associé aux organismes humanitaires, elle accepte de devenir Ambassadrice contre la faim, pour le Programme alimentaire mondial. Elle est la première artiste africaine à assumer ce rôle, après avoir constaté l'impact du programme d'alimentation scolaire du PAM au Cap-Vert. "J'ai vu de mes propres yeux comment la nourriture incitait les enfants à fréquenter l'école", a-t-elle déclaré. "Nos enfants doivent être instruits si nous voulons que notre continent prospère, mais comment peuvent-ils apprendre s'ils se rendent à l'école la faim au ventre !".

    46
    Solène
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    J'ai bien aimé la lecture de ce poème dans une revue.Il est le reflet de notre parcours sur la terre, parfumé, de surcroît, aux essences marines... 

    LA VIE

    A l'aube de la vie, aux caprices du ciel
    Voguent nos lendemains vers les incertitudes
    Sur une mer drapée en son infinitude
    Où la fleur de l'écume a des reflets de miel.

    Emportés par l'espoir, au hasard du voyage
    Se dessillent les yeux quand se lève le vent
    Où le chant de sirène, en un sable mouvant
    Nous entraîne parfois sous l'attrait d'un mirage.

    Dans le sillage amer menant au dernier port
    S'en vont nos illusions et s'envolent nos rêves
    Mais notre envie de vivre est un désir sans trêve
    Jusqu'à l'ultime instant où sombre notre corps.

    Michel Verneuil
    47
    LAMY Jacques
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31

    En cambuse quelques dames-jeannes

    De vieux calva

    Qui vient qui va

    Au mauvais grain

    Du temps chagrin...

     

    JL

    48
    LAMY Jacques
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Il faut trouver quelqu'un qui soit au courant, aime s'en mettre plein la lampe, qui ne soit pas non plus en douille, ni survolté (c'est le watt qu'il préfère... air connu), et sur qui vous ayez prise...
    .                                                       
    Enfin moi, c'que j'en dis...
    .                                        
    49
    Lastrega
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Vous voulez dire par là, Jacques, qu'il me faut trouver quelqu'un qui ne soit pas trop lobotomobiliste ou conducteur qui déconnecte son cerveau dès qu'il met le contact...
    50
    Zelma
    Samedi 23 Août 2014 à 18:31
    Help ! Phil, le troubadour, c'est quoi tout ce gaspillage de place. L'Océan est à tout le monde, que diable !
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