• Etoiles montantes 04

    Etoiles montantes 04

    Nous croyons savoir que Ludmila Safyane naquit, comme son ami le petit poucet, dans une fratrie nombreuse, à la lisière d’une forêt de sombres bâtiments dont les cimes accrochaient les nuages, vous savez, de cette sorte d’immeubles qui prirent racine en France dans les années 70.
    Nous pourrions ajouter que le contact avec une jungle aussi urbaine provoqua immédiatement chez cette enfant sensible un irrémédiable désir d’évasion. A trois ans, elle construisit un navire en allumettes et fit un premier tour du monde, accompagnée de Sans-Nom, son chien bleu en peluche. Elle en profita pour écrire son premier roman l’année suivante, texte qu’elle grava elle-même sur des planches de chêne récupérées dans le grenier de sa mère-grand…
    Quoi ? Que dites-vous ? … Fariboles et carabistouilles ?... Oui. Sans doute… Elle finit, en effet, par revenir, par s’assagir et par vivre à peu près comme tout le monde, avec un métier, un mari et des enfants, un ordinateur, une cafetière, des voisins, un basilic en pot et un bocal à poisson rouge sans poisson rouge. Et puis, dans le coin de l’esprit, une petite cheminée où le bois de la folie douce brûle encore un peu…

     

    Intermezzo


    Ludmilla SAFYANE


        Lui

    « On a dit soirée italienne, mais y’a plus d’olives pour les pizzas ! »
    Voilà ses derniers mots. Ou plutôt les avant-derniers, parce qu’après elle a ajouté : « J’passe à Carrouf. Sors les antipasti, poussin, j’suis là dans un quart d’heure. »
    Elle l’a appelé vers 18h30. Il a répondu : « OK, à tout de suite » et il a raccroché en sortant deux tranches de jambon et des gressins. Elle est marrante avec ses soirées à thèmes. « On avait dit, on avait dit… » C’est toujours elle qui choisit. Une fois l’Espagne, l’autre le Maroc ou le Viêt Nam ; elle ne tient pas en place. Ce vendredi-là, c’est destination Italia ! « Comme un air de Naples ou de Florence, hein mon p’tit Romain ? » elle lui a balancé. Il ne lui a pas dit que Florence, c’est le prénom de son premier amour, au collège. Une grande brune avec les yeux de Sophia Loren qu’il n’a jamais vraiment oubliée. On a droit à ses petits secrets...
    Elle avait choisi la destination, mais le vin c’est l’affaire de bibi. Faut pas déconner non plus. Il a ouvert une bouteille de Mercurey et l’a posée à côté des gressins.
    Et puis il a attendu.
    Il s’est dit qu’il avait bien manié les choses. Encore un peu et elle invitait ses amis assommants. Elle adore inviter. Il lui faut toujours du monde, du changement, de l’animation… c’est épuisant. Il a soupiré. Un vendredi soir à deux de temps en temps, juste elle et lui, c’est pas du luxe.
    Il attend et il se repasse le disque. Elle l’a appelé vers 18h30. Elle a dit « Sors les antipasti, poussin, j’arrive.» Ou quelque chose d’approchant. Elle a dit « poussin », il s’en souvient parce qu’il a trouvé ça touchant et ridicule, ça lui a fait une petite chaleur agaçante au fond du cœur. Et puis il a tout bien fait comme elle a dit, sortir les machins et le vin, et puis il a attendu.
    Il est une heure du matin. Elle n’est toujours pas rentrée.
    Dire qu’il s’inquiète est faible. Il sait qu’il lui est arrivé quelque chose. Au fond de lui, il sait. Quelque chose de terrible que son imagination lui présente avec trop de réalisme, avec des images qu’il essaie de repousser encore un peu. Il ne veut pas savoir, pas encore.
    D’habitude elle répond tout de suite au téléphone. Ou bien elle rappelle dans les 5 minutes. Il a dû envoyer au moins dix, quinze SMS. Plus encore. Il a commencé vers 20h.
    « T’arrives ? »
    « T’es où ??? :/ »
    « J’ai ouvert la bouteille, je suis au lit, à oualpé. ^-^ »
    « Sans dec, réponds, merde !! »
    Après il a essayé de la joindre directement, bien sûr.
    «Vous êtes sur le répondeur de Mélanie Berlot, je ne suis pas là pour l’instant… etc.» Il a laissé un message, puis un deuxième et puis… Elle n’a pas rappelé.
    Il est une heure du matin et il a arrêté de jouer avec le téléphone. Ça ne sert à rien. Si elle ne répond pas, ne le rappelle pas, c’est qu’il y a une raison. C’est qu’elle en est physiquement empêchée.
    Il a peur.
    Il se sent impuissant.
    Le plus drôle dans cette histoire, non ce n’est pas drôle. Le pire dans cette histoire, c’est les flics. Ces cons. Quand il y pense, il a envie de chialer, de frapper, de tout faire péter. Il leur a téléphoné vers minuit et demi. Une nana lui a répondu qu’ils ne pouvaient rien faire, d’abord qu’il était trop tôt pour ce genre de cas, qu’une petite escapade dans un couple, ça arrive parfois, qu’elle allait peut-être rentrer dans la nuit, qu’elle avait peut-être tout simplement rencontré une amie d’enfance et que son téléphone était déchargé, ou bien… Il a eu du mal à supporter tous les sous-entendus de l’interlocutrice. Elle va rentrer, oui, la robe un peu froissée peut-être, les cheveux en bataille… Non, la policière n’a pas réellement dit ces mots. C’est lui qui a interprété le ton léger, l’ironie à peine voilée. Les cornus ont toujours fait sourire les braves gens.
    Pourtant, là c’est différent. Mélanie ne le trompe pas. Mélanie est en danger ! À quoi ils servent ces abrutis ? C’est pour ce genre de réponse de m… qu’on paie nos impôts ?
    Certes, Romain s’est sans doute un peu emporté au téléphone, il n’est pas toujours resté courtois et l’interlocutrice a été moins patiente sur la fin. Elle s’est sentie en droit, au bout de quelques minutes, de lui balancer deux ou trois mots en pleine poire, des mots aux contours acérés pour lui rappeler que la loi n’interdit pas à une femme adulte de sortir la nuit, que ça plaise ou non à môssieur qui se croit sans doute propriétaire… et que n’étant ni mariés, ni pacsés, techniquement Mélanie Berlot n’est rien pour lui, d’un point de vue légal, et - plus dur encore - il n’est rien pour elle. Il a eu beau gueuler qu’ils doivent se marier le mois prochain, que ce silence n’est pas normal, qu’il lui est forcément arrivé un truc – il n’ose pas donner d’exemple, mais les images-choc chahutent dans sa tête - rien à faire !
    « Il faut attendre. Prenez un somnifère. »
    Saletés de fonctionnaires ! Il est seul. Il tourne en rond. Qui appeler ? Que faire ? Il n’en peut plus. Il passe une veste, descend à la voiture et fait le tour de la ville. Il repasse devant le bureau où Mélanie travaille, fait le trajet qu’elle a dû faire jusqu’au Carrouf. Tout est noir, vide, silencieux. Il pleut un peu. Un type promène son chien.
    Romain tourne encore un peu en scrutant chaque ombre qui passe. Rien. Il est seul. Il continue dans les rues solitaires jusqu’à ce que la fatigue et le désespoir le submergent.
    Mélanie est peut-être rentrée entre-temps. Romain fait demi-tour, gare la bagnole et remonte à l’appartement.
    Tout est sombre. Il n’allume pas. Il se traine jusqu’au salon et se recroqueville dans un coin.
    Sur la table, la bouteille de Bourgogne a des reflets hésitants.
    C’est le moment où la nuit prend le dessus.


         Elle

    C’est à cause des olives tout ça. Des noires, à la grecque, c’est indispensable pour faire de bonnes pizzas. Y’en avait plus à la maison.
    Les pizzas, Romain, il adore ça. Et elle, elle cherche à lui faire plaisir. Chaque vendredi elle tente un truc fun, histoire de mettre du peps’ dans leur petite vie de province ennuyeuse. Le mariage lui fait un peu peur aussi : si c’est pour s’encroûter, ça craint ! C’est vrai que Romain, question ambiance, on repassera. Pantouflard comme pas deux. Si on le laissait faire, ça serait pire que Cayenne !
    Bon, elle exagère un peu…poussin, il est mignon, tendre, il l’adore, ils s’adorent… mais deux ans c’est long et ces derniers mois ça ronronne un peu trop. Besoin de piment !
    La berline s’engage sur l’autoroute.
    C’est à cause des pizzas, ou grâce aux pizzas, comment savoir... Elle est assise dans une super bagnole, à côté d’un « putain de beau gosse », comme dirait sa collègue Sandra, un mec à faire pâlir d’envie toutes les nanas de la boîte, et même la grande Émilie du service compta, elle qui se la joue avec ses rencontres sur Meetic ! Un truc de ouf, un plan d’enfer !
    Elle se repasse mentalement la scène : Elle a tendu la main pour prendre le bocal d’olives et lui, il a fait pareil, en même temps qu’elle, comme dans les séries télé !
    « Excusez-moi.
    - Non, c’est moi.
    - Pas de soucis. »
    Jeu des regards. Accent italien. Sourire Colgate. Waouh ! Leurs bras se sont frôlés. Électricité. Deux minutes après, même topo au rayon coulis de tomate. Re-sourire de connivence. Début de conversation à propos du basilic et de la mozzarella. Et puis l’horizon s’est élargi…
    « C’est à Napoli qu’on fait les meilleures pizzas. Vous connaissez la côte d’Amalfi ? »
    Ils ont poursuivi à la caisse. Trop craquant le type. Elle a craqué.
    Elle s’en veut quand même. Romain l’a appelé une bonne centaine de fois. Elle n’a pas répondu. Qu’est-ce qu’elle lui aurait dit ? Qu’elle était en train de faire une folie ? Qu’elle filait vers Paris aux côtés d’un top modèle ? Il doit être mort d’inquiétude. Tel qu’elle le connait il a dû appeler le GIGN et déclencher le plan ORSEC.
    Ils roulent vers la Ville lumière. On n’est qu’à deux heures et demie. Il connait un petit pub sympa dans le Quartier latin, il a dit, ils mangeront un truc avant, sur la route. Elle a accepté. C’est vendredi soir. Elle est folle.
    La route défile. La bagnole est confortable, une Allemande qui tient parfaitement le 160. Il doit avoir du fric en plus… Y’a des gens, comme ça, qui ont tout. Elle le regarde. Il lui parle et lui sourit. Il est beau. Elle est folle. De lui.
    Le type est bavard comme un Italien, oui, un vrai rital, originaire d’un petit village de Sicile, il dit, Farnianto… Faribolo… ou quelque chose dans le genre, une beauté de pierre face à la mer turquoise, il l’emmènera un jour, elle va adorer…
    Pour une fois que ce n’est pas elle qui doit alimenter la conversation, c’est reposant, elle n’a qu’à se laisser aller, comme prise par les vagues de la mer turquoise, elle flotte dans un rêve, elle sourit, elle dit « oui, oui… »
    Et de temps en temps elle pense à Romain. Elle se réveille un peu… C’est n’importe quoi ! Qu’est-ce qu’elle fout là ? Avec un parfait inconnu.
    Avec un inconnu parfait…
    Et elle replonge. Elle veut vivre ce rêve, une nuit, une seule, sa dernière soirée de célibataire, juste une parenthèse, un intermède, une bulle de champ’ dans sa vie ordinaire.
    Une fois mariée, elle sera sage.
    Demain elle rentre au bercail.
    Elle dira à Romain que son portable était déchargé… et que…qu’elle a rencontré une vieille copine de lycée, Florence par exemple, il ne la connait pas, ne pourra pas vérifier. Oui, Florence, c’est une bonne idée. Mélanie dira qu’elle l’a rencontrée par hasard à Carrouf, au rayon des olives, et que Florence n’allait pas bien du tout. La copine viendrait de se séparer de son copain qui la trompait – le salaud - et la battait aussi…tiens, pourquoi pas. La totale quoi ! Ça arrive ce genre de truc, non ? On vit pas au Paradis ? Bref, la fille aurait eu des idées de suicide, il aurait fallu rester avec elle toute la nuit. Voilà. Elle est désolée.
    Bon.
    C’est bien comme ça. Bon plan.

    La voiture s’enfonce dans la nuit autoroutière. Le mec a mis de la musique. L’ambiance tamisée invite à l’intime. Mélanie a enlevé ses escarpins. Ses pieds endoloris par la journée de boulot gigotent en douce. Son collant a filé sur le côté ; elle aurait dû en acheter une paire à Carrouf. Elle tire un peu sur sa robe magenta. Un coup d’œil au rétro. Elle se trouve jolie aujourd’hui. Un petit côté coquin qui lui va bien.
    C’est le moment où le désir prend le dessus.


         L’autre

    C’est la robe qui l’a attiré. Un rouge comme ça, on peut pas le rater ! Et puis les jambes, les cuisses, le cul ! Au début, il ne pensait pas à ça, ce soir. Il s’était juré d’arrêter depuis la petite blonde du Super U.
    Ce soir, il voulait juste des olives. Mais quand il a vu la fille, un truc s’est déclenché en lui, comme un signal. Le destin lui met ça sous le nez et faudrait pas qu’il y touche ? Pure provoc’ !
    En plus elle ne demandait que ça, la meuf du Carrefour, ça se voyait à des kilomètres. C’est toujours la même chose. Dès qu’il entre quelque part, les nanas le matent comme un loukoum, les jeunes et les vieilles… Faut dire qu’il fait tout pour : muscu, UV, fringues de marque… et la bagnole en prime. Alors si ça ne marchait pas, ce serait le comble !
    Bon, pour l’accent italien il a peut-être exagéré. À cause de cette histoire des pizzas, c’est venu sans prévenir. Bon comédien. Excellent même ! Et il a de l’imagination. On se demande bien pourquoi il n’arrive pas à décrocher autre chose que des rôles secondaires dans des films de séries B… Heureusement qu’il y a la pub et les catalogues par correspondance, ça paie pas trop mal.
    Et puis avec les femmes, ça fonctionne bien tout ça !
    D’accord, ses petites pratiques surprennent parfois au début, ne plaisent pas toujours… mais on finit par s’arranger. Grosso modo, la vie n’est pas désagréable.
    Le ruban d’asphalte se déroule devant la voiture. Paris est encore loin, mais un panneau affiche la sortie 23 qu’ils vont bientôt prendre.
    Au fond de lui, il sait bien qu’il ne devrait pas. Il sait que ce serait plus simple d’aller simplement boire un verre au Quartier latin. Il pourrait encore changer de voie, il est encore temps.
    Sortie. Péage. Route nationale.
    Trop tard pour faire demi-tour.
    C’est toujours à ce moment-là qu’elles demandent où on va. « C’est pas la route, ça ! » La réponse est toute trouvée : un petit resto sympa qu’il connait, pas loin, une bonne pizzeria. Ils rient. Elle n’a pas faim, elle ? Lui a une faim de loup.
    Il pense à la maison, touche sa poche discrètement. Heureusement qu’il a toujours les clés au cas où. Beau mec et prévoyant.
    Après le deuxième virage, on est rapidement loin du monde. La route traverse la forêt. C’est là que les questions reviennent. Avec un peu d’inquiétude dans la voix, c’est drôle, elles sont toutes pareilles. Et quand il bifurque et prend le chemin creux, l’angoisse fait son entrée, faut voir ça ! Là, des fois, y’en a qui crient, qui veulent sortir, qui découvrent que les portes sont verrouillées. Parfois même faut s’arrêter là, juste pour les faire taire tellement elles braillent, mais il n’aime pas trop parce que ça salit la voiture, et les taches partent difficilement ensuite.
    Après, rouler sans phares jusqu’à la maison en contrebas. Ouvrir rapidement la porte de derrière et descendre ensemble à la cave. Ensuite c’est cool, le temps ne compte plus. Les gens ont oublié cette bicoque abandonnée au milieu des bois face aux vignobles de Bourgogne. Personne ne viendra les déranger.
    C’est le moment où la nuit prend le dessus.

     


  • Commentaires

    1
    Mardi 7 Juin 2016 à 20:56

     Bon, la fin est un peu prévisible mais le style est alerte et le récit tendu... 

    2
    Audrey
    Mercredi 8 Juin 2016 à 14:11

    J'adore. Ludmila nous emmène où elle veut, avec trois nouvelles en une et son style si fluide et agréable.

    3
    Dino
    Jeudi 9 Juin 2016 à 06:46

    Parfait ! Drôle et bien enlevé, surtout avec "LUI". On en redemande !

    4
    El Greco
    Jeudi 9 Juin 2016 à 19:34

    Je me doutais bien que le Pirée était à venir. Malgré tout, un grand bravo !

    5
    Zelda
    Dimanche 12 Juin 2016 à 08:43

    C'est vraiment un très beau texte. Rien à rajouter.

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      Commentaire :


    6
    Robert
    Lundi 13 Juin 2016 à 09:30

    C'est EXCELLENT !

    7
    Chantal
    Mercredi 15 Juin 2016 à 09:18

    Une belle histoire à se mettre sous la dent. 

    8
    Condé
    Dimanche 19 Juin 2016 à 10:01

    (Le pire dans cette histoire, c'est les flics. Ces cons). Ben dites donc c'est pas gentil ça pour les Archers de la République. Je vous pardonne pour cette fois au vu de votre écrit que je trouve supèrement ficelé;

    9
    Jacky
    Mercredi 22 Juin 2016 à 06:49

    Un seul mot : beurk

    10
    Tibère
    Vendredi 24 Juin 2016 à 09:55

    On ne peut s'empêcher de relire encore et encore cette petite merveille -surtout les 2 premiers chapitres- qui sont excellents. Le troisième est plus sombre, bien sûr.

    11
    Vendredi 1er Juillet 2016 à 19:16

    Un petit bijou. Il y a de quoi se demander pourquoi ce texte n'est pas parmi les dix laurés. Le texte est superbement écrit et la construction est remarquable dans sa progression : d'abord une source qui se charge d'un peu de limon, puis une rivière avec quelques remous et cascades pour finir par un torrent effroyable. Bravo, Ludmilla, et merci de nous avoir offert votre nouvelle !

    12
    Julie
    Samedi 2 Juillet 2016 à 18:39

    Complètement d'accord avec toi Jean. Je me suis fait la même réflexion mais n'ai osé la formuler de peur de froisser certains. Je dirais même plus que si j'avais dû voter, je l'aurais mise en toute première place cette nouvelle. Enfin, c'est comme ça. A l'instar des Englishs on devrait faire un frexit nous aussi. En tout cas, grands applaudissements pour toi Ludmilla et bravo à toi Jean pour ta franchise !

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