• Corde sensible (4)

    Une nouvelle de Patrick Essel en plusieurs épisodes

    Merde, je m’en fiche à la fin. Qu’est-ce qu’il croit ? Que le ciel va s’éclaircir brusquement ? Prendre une couleur de cristal ? Aucune chance, y a pas d’étoiles ce soir. L’Olympe est déplumé et les petits anges badinent sous d’autres cieux.

    Sauf que je ne m’en fiche pas. J’ai pas envie, c’est tout. Même à la va-vite, j’ai pas envie. J’ai les entrailles toutes barbouillées. Une odeur fétide me remonte dans la bouche. C’est affreux. Et puis je sens la peur s’approcher. Pas une peur bleue. Rien ne me glace ni me pousse à hurler. Non, c’est une noire. Lancinante. Atroce. De celle qui brûle l’intérieur de la tête. Je ressens beaucoup trop de choses exécrables depuis que je fais les aires. J’ignore pourquoi il m’arrive toujours les pires histoires. Je suis trop bête sans doute. Depuis toute petite, on me dit que je suis une ignorante mais en vérité je ne suis qu’une innocente. Une innocente meurtrie par des tas de petites choses invisibles qui m’empoisonnent la vie. Voilà !

    Et puis merde, qu’on le fasse ou pas, il n’y aura pas le compte. Pas avec ce fauché.

    - De toute façon, j’te lâcherai pas, il a repris. Faut que tu piges que si tu fais la difficile faudra que moi je fasse le méchant et crois-moi, j'attendrai pas l’heure la plus obscure pour te détricoter et te racler tout le tralala. Alors qu’est-ce que ça peut foutre tes manières, hein, qu’est-ce que ça bien peut foutre ?

    - Ça fait que j’arrive pas à m’y faire.

    - Répète voir !

    - J’y arrive pas, faudrait que je sois d’abord une autre pour ça.

    - Comment ça une autre ? Je t’ai vu jouer trop de fois avec tes tétons, t’es plus dégourdie et plus miauleuse qu’aucune autre. Allez déboutonne-toi, on va se faire ça en douce si ton petit cœur craint les palpitations.

    En douce, rien que ça ! Je me suis retenue de jurer et de l’envoyer paître. Ça l’a fait rire.

    à suivre …


  • Commentaires

    1
    Dimanche 3 Septembre 2006 à 11:45
    Le ton est juste, bien senti. On se dit qu'on va juste découvrir la première partie et on se surprend à tout lire d'une traite. Je réserve un commentaire plus complet pour la fin... mais le poisson est ferré !
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