• Contre-jours 07

     

    Tranchum d'histoirus

    Jean Calbrix

     

    Césarus, empereur de Romus, avait bien du mal avec ses sondagium : ses acrobaties dans l'arbre du chomagium, ses balades en scootérus n'amusaient plus le populum. Les impôtus tombaient lourds comme du plombum fondu. Ça grognait de partout, des plus imposants sénatorus jusqu'aux plus petits esclavus. Suivant les préceptes de Machiavélus avant la lettre, Césarus comprit que, pour détourner l'attention, il fallait faire croire qu'un grand dangérus attendait tapis derrière les frontièrus pour mieux fondre sur Romus. En particulier, la Gaulix lui fournissait un bon cheval de bataillum. Ce grenier à blé, cette cave à vin, était peuplé par des barbarus ilotes qui croyaient que le ciel allait leur tomber sur la tête. (Quand il raconta cela à Jupiterus dans le temple dédié à cette entité chimèrique, le dieu des dieux éclata en coups de tonnerrus de rirum, ce qui faillit faire tomber le toitum et écraser tous les fidèlus). Cependant, les Gaulixiens, ces fils des âges farouches, bien que fiers et bien baraqués, étaient tout ce qu'il y avait de pacifique. Ils appréciaient même les trocs proposés par les marchandum de Romus : échanger le blé et le vin contre des babiolus aux couleurs chatoyantes. De plus, ils n'hésitaient pas à s'enrôler comme gladiateurs, histoire de faire du tourisme et d'aller montrer leur talent dans les arènus.

    Le challenge, pour Césarus, était de montrer au populum que ces barbarus mal dégrossis avaient des intentions belliqueuses contre Romus. Il suffisait donc de provoquer ces demeurés et le tour était joué. Pour ce faire, il contacta Charlus qui excellait dans les crobarus, et il lui demanda de caricaturer Toutatis le dieu des Gaulixiens. Il ne pouvait pas refuser étant donné qu'il avait auparavant caricaturé Césarus et toute la caste dirigeante, et qu'il avait donc à se faire pardonner. Bien tranquille dans le Capitole, Charlus s'installa devant sa table à dessin et croqua sur une feuille de papierusse un Toutatis avec une magnifique tête de cochonnus. Le croquis ravit Césarus qui le fit reproduire à deux cents mille exemplaires ; cent mille pour l'empire, ce qui déclencha un immense éclat de rire dans les chaumières, cent autre mille que des émissaires secrets allèrent déposer nuitamment aux pieds des huttes des Gaulixiens, ce qui déclencha l'ire du siècle dans la Gaulix. Ces sauvagus finirent par se masser à la frontièrus en poussant des cris d'orfraie.

    Le prétexte pour l'interventionum de Romus marcha donc à cent à l'heure. Césarus fit lever de lourds impôts et une armée, et pénétra en Gaulix comme dans du beurre, étant donné que ses soldats lourdement caparaçonnés en char d'assaut et fort disciplinés n'avaient devant eux qu'une bande d'anarchistes, le poitrail nu protégé seulement par un bouclier en osier, et qui passaient leur temps à s'invectiver sur la tactique, attaquant en tout sens des drôles de tortues dont ils ne voyaient pas le bout, s'épuisant en vains coups d'épée sur sa carapace, et qui une fois bien épuisés voyait surgir du dessous des légionnaires qui leur défonçaient le crâne à grands coups de casse-tête.

    Mais la Gaulix, c'était un gros gâteau, un peu trop gros pour l'appétit de Césarus, et les Gaulixiens n'étaient pas si demeurés que le grand stratège voulait bien le faire croire. Ces derniers apprirent vite. La résistancium s'organisa et la progression des légionnus finit par être stoppée à Lyonum. Césarus rentra à Romus pour recueillir des demi-lauriers.

    Un fait cependant relança la machinus. La grogne suscitée par les caricaturum de Toutatis ne s'apaisa pas de sitôt, savamment entretenue par des druidix intégristix. Une petite bande de trois Gaulixiens (qui connaissaient bien les lieux pour avoir nettoyé les écuries d'Augias en tant que travailleurs immigrés) se propulsa incognito jusqu'à Romus, pénétra dans le Capitole aux cris de Toutatis est grand, massacra tout ce qui s'y trouvait et repartit non sans avoir fait main basse sur un troupeau d'oies endormies. On retrouva Charlus et ses copains scribes morts de chez mort.

    La réaction ne se fit pas attendre. Une foule considérable, composée de sénatorus, prétorius, plébéius et esclavus se tenant par la main, envahit le forum aux cris de "Libératus de la pressium !" et de "Summus Charlum, Summus Charlum". Césarius, qui était alors un peu dans le vague, se réveilla soudain, et harangua la foule. "C'est un acte de terrorium. Il faut faire la guerrius au terrorum !". Il fut acclamé à tout rompre. On lui octroya des crédits supplémentaires qui lui permit d'augmenter son arsenal militaire de manière substantielle avec des catapultes à double détente et des carapaces de tortue en inox. Avec ce regain de moyen, il paracheva la conquête de la Gaulix. Il était temps, le calendrier indiquait 60 avant JC. Il finit par traquer le renégat le plus célèbre de tous les temps, Vercingétorixus (après sa naturalisation), et le fit égorger huit ans plus tard devant une foule en délirium très mince.

    Comme tout conte doit avoir un heureux dénuement (oh oh), Césarus ne l'emporta pas au paradis et fut passé aux fils des épées de son fils. Sur sa sépulture, on inscrivit sa phrase devenu célèbre : "Vini, vidi, vici". Une main anonymus, chargée de charlusianisme, ajouta un t et un h, ce qui faisait "Vini, vidi, vitchi". Ce qui fit dire au célèbre historien Yvanski Pétrovitch que Césarus était sujet aux flatulences.


  • Commentaires

    1
    Lza
    Vendredi 23 Janvier 2015 à 09:27

    C'est alors qu'un certain Janus Calbricus  décida de transmettre le récit de ces événements en latin...d'arrière-cuisine, afin d'exercer les Zygomatiques de ses contemporains.

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    2
    Corinne
    Vendredi 23 Janvier 2015 à 09:49

    Alea jacta est

    3
    Yvonne
    Vendredi 23 Janvier 2015 à 10:12

    Errare humanum est ...

    4
    gaspard
    Vendredi 23 Janvier 2015 à 10:52

    Texte pénible à lire, mais très sympa !

    5
    ysiad
    Vendredi 23 Janvier 2015 à 11:27

    Ah la grosse crisis de rigolarum ! Flanbixum sur son scooterus avec son caskum sur le cranum doit s'en tenir les costas.

    Bravissimum, Jeannum ! 

     

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