• Commémoration

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    Dans la série " Les grands oubliés de l’histoire " Jean-Claude Touray nous présente aujourd’hui :

     

    Ravaillac le mal aimé

     

     

    On a tendance à oublier que François Ravaillac, décédé peu après Henri IV, a quitté ce bas-monde en mai 1610.

    Le quadri-centenaire de l’évènement donnera-t-il lieu à une célébration ? Une commémoration ? A quelques articles dans la presse ? Rien de tout ça à mon sens : comme Lucifer, Caïn ou Raspoutine, François Ravaillac fait partie des " mal aimés " que l’on veut oublier.

    A l’âge de dix ans, c’était pourtant un marmouset d’un genre que, d’habitude, on aime bien : un de ces enfants de cœur que le bon peuple appelle " chouettes petits gars ". Toujours prêt à rendre service et à batailler pour la bonne cause, un vrai mousquetaire en sabots. Hélas, personne ne l’aimait.

    Il allait dès l’aube visiter taillis et futaies, pour y ramasser par tous les temps du bois mort à ranger au cellier, car les hivers étaient rudes et sa famille pauvre : le matin, au saut du lit, il lui fallait se contenter d’un quignon de pain dur, à tremper dans une tasse de lait de chèvre qu’il avait dû traire lui-même. Dans ses récoltes forestières, François Ravaillac n’oubliait jamais la part des indigents. Pour eux, il ramassait de belles bûches quand les ruisseaux étaient gelés. Et pourtant, personne ne l’aimait.

    Sur la place de son village, il faisait régulièrement le coup de poing avec les Huguenots de son âge. Il fallait le voir, très crâne, défendre la vraie foi avec un joli mouvement de menton et un coup de pied à la retourne dans la grande tradition de la savate. Avec ça, pas rancunier pour un liard, toujours prêt à verser du baume sur les ecchymoses, bleus et coquarts de ses adversaires. Malheureusement, allez donc savoir pourquoi, personne ne l’aimait, pas même monsieur le curé.

    Pire, en grandissant il allait être de plus en plus critiqué, à cause de ses visions et des voix venant du ciel qu’il entendait, à une époque où n’existaient ni la TV, ni le téléphone portable. La situation devint vraiment dure pour lui, car c’était un être sensible. Il en avait le cœur meurtri et l’âme blessée.

    Soyons clairs, les gens le détestaient et lui faisaient sentir. Ils ont fini par le faire écarteler en place de Grève, après qu’il ait été abreuvé d’huile bouillante et de plomb fondu. Tout cela au motif qu’il avait utilisé, pour poignarder le bon roi Henri, un couteau volé dans une taverne.

    Ravaillac n’avait agi ni par cupidité, ni par méchanceté, ni par haine, mais pour faire plaisir et rendre service… A trente deux ans, François était un type épatant, n’attendant que l’occasion pour se montrer sous son vrai jour : l’obligeance incarnée…

    Mais allez donc le faire comprendre aux gens… Personne, vraiment personne ne l’aimait.


  • Commentaires

    1
    Lundi 10 Mai 2010 à 12:58

    Vrai, Jean-Claude. cette réhabilitation était nécessaire.

    Ce brave type a eu beau se couper en quatre et se saigner aux qutre veines pour ses contemporains, bore pour eux le bouillon, sa bonne volonté n'a jamais été reconnue.

    2
    Lundi 10 Mai 2010 à 15:16

    Si, comme Jean-Claude Touray, vous souhaitez célébrer une personnalité illustre mais laissée pour compte dans les oubliettes de l'histoire, n'hésitez pas à prendre la plume et à poster le fruit de vos cogitations sur le mail du café. 

    3
    Lundi 10 Mai 2010 à 17:33

    Ma foi, je n'aurais jamais pensé à célébrer Ravaillac! Mais présenté ainsi, reconnaissaons qu'il le valait bien!

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    4
    Mardi 11 Mai 2010 à 17:18

    Ne serait ce pas la statue du t'Serclaes en illustration ?

    5
    Mardi 11 Mai 2010 à 21:22

    Bien vu Maryline ! Il s'agit effectivement d'Everard t'Serclaes. Vous avez gagné le droit de nous en conter l'histoire... enfin, si le coeur vous en dit...

    6
    Mardi 11 Mai 2010 à 21:34

    je vais essayer de vous en conter l'histoire  amicalement Maryline

    7
    Jeudi 13 Mai 2010 à 11:49

     

    Aujourd'hui dans la Charente Libre, un article consacré à François Ravaillac né à Angoulême, ville dont je suis originaire.

    http://www.charentelibre.com/article-11-moi-francois-ravaillac-regicide.html?id_article=324610

    "chez nous " on ne l'a pas oublié ;) bonne lecture !

    8
    jean-claude
    Samedi 23 Août 2014 à 18:23

    Excellente idée Patrick …. Je propose d’y ajouter des cas « inverses », ceux d’illustres inconnus qu’une plaque de rue à leur nom a sauvés d’un oubli total. Un exemple : Hippolyte de La Morvonnais, poète breton né en 1802.

    9
    ysiad
    Samedi 23 Août 2014 à 18:23

    Notre époque manque de Ravaillac.

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