• Commémoration (2)

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    Après le succès d’estime remporté par le texte de Jean-Claude Touray célébrant la mémoire de Ravaillac le mal-aimé, nous vous proposons aujourd’hui Mandrin : Louis le bien-aimé, du même auteur. Rappelons que vous aussi, visiteurs assidus ou de passage, vous pouvez nous présenter une personnalité illustre qu’elle soit inconnue, ignorée, obscure ou secrète…

     

     

     

    Feuilletons quelques dictionnaires. Mandrin, nom commun, y désigne une variété de petits objets dans le domaine des techniques. Exemple de mise en phrase: Quand Paulo a le mandrin, sa perceuse fait des merveilles. Une acception supplémentaire figure dans le " trésor de la langue française " : celle d’escroc, filou, du nom de Louis Mandrin, célèbre bandit français qui fut exécuté en 1755 à Valence; ce terme est bien att. dans les parlers du quart Sud-Est et de la Bourgogne au sens de "malfaiteur, vagabond, mauvais sujet" (FEW t. 6, 1, p. 160).

    Et voila le plus grand héros du Dauphiné habillé pour l’hiver par un distingué lexicographe.

     

    Chevalier blanc apparu dans le ciel chargé d’une monarchie absolue sur le déclin (saisissante image, non ?) Mandrin " capitaine général des contrebandiers " fut un temps trop court hélas, source de migraines et d’insomnies pour bien des fermiers généraux. Ces financiers richissimes, prêtaient au roi et se remboursaient sur la bête avec de coquettes plus-values… Ils étaient si détestés par le peuple que ce fut un plaisir de les guillotiner sous la Révolution.

    Bandit malgré lui, Louis avait à la suite de la pendaison de son frère Pierre " déclaré la guerre " aux collecteurs d’impôts et à leurs sbires des bureaux et des brigades de la " Ferme Générale ". Ces percepteurs privés s’acharnaient tout spécialement à faire payer les pétuneurs, mais sans se soucier de leur santé : jamais il n’était écrit : " Fumer tue " sur les paquets de tabac. C’était aussi l’époque de la gabelle et l’addition était salée pour qui voulait mettre un peu de chlorure de sodium dans sa gamelle.

    Stratège remarquable, Mandrin savait berner les forces de l’ordre envoyées à sa poursuite en opérant là où on ne l’attendait pas, avant de se réfugier de l’autre côté de la frontière, dans les montagnes suisses.

    "Le peuple aime ce Mandrin à la fureur" (Voltaire). Bien naturel, Louis qui taille des croupières aux gabelous venge les petites gens que l’impôt écrase. Il les fascine par tous ces trésors qu’il cacherait dans des grottes. En plus, c’est un brigand très convenable, issu d’une bonne famille qui a eu des malheurs. Voleur, peut-être, mais il règle ses consommations dans les tavernes.

     

    " Fameux par ses forfaits, il fut grand par sa mort ". Il reste de nos jours une complainte colportée après son exécution. Chanson de geste en raccourci peu soucieuse de vérité historique, elle a fait de Louis Mandrin un héros d’épopée.

    Mais s’il était célébré hier, aujourd’hui...

    Demandez à Chloé, qui passe les épreuves de français du bac, si elle le connaît.

    - Pas soldat Louis fillette ! Louis Mandrin. Le Robin des bois français.

    - Connais pas ce ringard, mais Robin des bois, oui, j’ai vu le dessin animé.

     

    Décidément, rien n’arrêtera l’invasion culturelle anglo-saxonne.


  • Commentaires

    1
    Jeudi 3 Juin 2010 à 12:04

    Bbeau travail de précision avec ce Mandrin, Jean-Claude. 

    Je signale aux lecteurs qui voudraient aller plus loin que Chloé repasse son bac cette année. 

     

     

     

     

    2
    Jeudi 3 Juin 2010 à 13:16

    Excellent !  J'hésiterai maintenant à traiter les voleurs de "mandrin" ce serait leur faire trop d'honneur. Ouf, heureusement que vous avez remis les pendules à l'heure, comme Chloé je m'étais arrêtée pour le thé à l'anglaise

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