• Avant de partir

     

    Peut-on dire seulement d’un texte qu’il est remarquable, ou poignant, ou violemment émouvant dès lors où ne sont évoqués que la détresse infinie et la perte de tout lien, où les mots sont ceux de la fin, de l’ultime trait d’union entre la vie et le vide ?

    Le texte a été envoyé à un éditeur par une jeune fille de 16 ans quelques jours, (quelques heures ?) avant un passage à l’acte dont elle n’est pas revenue. Ces quelques pages nous rappellent qu’il faut écouter, apprendre à écouter, sans juger, sans gesticuler, sans intrusion intempestive, sans faire de commentaires (comment faire taire ?), apprendre à entendre ce qui n’est pas dit, ce qui n’est pas adressé, apprendre à entendre les cris qui restent étouffés, les blessures rentrées, les paroles évanouies dans le tumulte des solitudes.

    j’avais écrit sur un cahier

    elle ne meurt pas elle ne devient pas folle,

    elle souffre

    ils ont eu peur

    Il n’y a pas de titre et l’auteur restera peut-être à jamais anonyme (elle termine par un prénom, guersande) avant de partir, en sont les premiers mots, ce sont ceux choisis par l’éditeur pour le présenter et faire ainsi que le texte existe, qu’il soit référencé, que l’auteur ait malgré tout une place et un espace, au-delà de l’abîme qui l’habitait.

     

    guersande, avant de partir, aux éditions Le Grand Souffle


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