• Au tour du vélo

     

    Le mondial de football achevé, c’est au tour du vélo de mener la danse médiatique. Pour ne pas être en reste et garder à l’esprit quelque chose du côté de la forme littéraire, je vous propose de mettre un pied à l’étrier et d'aller à la (re)découverte du " 325000 francs " de Roger Vailland. Roman publié en 1955 à une époque où les courses de vélo étaient le plus souvent le fait d’ouvriers en quête d’une place bonifiée au sein de l’usine.

    Voilà donc l’histoire d’un homme qui pédale dur, qui courtise une femme libre avec sobriété et application, qui travaille comme un forcené et réfléchit à sa condition d’ouvrier avec l’ambition d’en sortir et de maîtriser par tous les bouts son destin. Rationaliste et volontaire, il s’engage à fond, convaincu d’être l’élu : au bout de la course, auprès de la femme aimée et dans le monde des affaires. Les revers ne sont que des accidents de parcours et les obstacles des défis à relever. On aurait envie que la chance lui vienne ou qu’une main opportune lui soit tendue mais l’homme se révèle bien trop obtus pour comprendre les mécanismes de production et trop idéaliste pour percevoir les contradictions de l’espèce humaine. Il n’empêche, le roman est du côté de la vie avec son lot d’ivresses et de tendresses, de promesses et de querelles, de mensonges et d’injustices. Les personnages ne sont pas que le fruit d’une imagination réaliste, ils sont le reflet de ce que l’auteur appelait le " bien parler " à savoir bien parler de ce que l’on connaît. C’est peut-être pour cela que ses personnages nous semblent si familiers tant dans leur naïveté que dans leur complexité.

    Ecrit à l’époque de son engagement communiste, le roman de Roger Vailland peut se lire comme une métaphore des luttes sociales de l’après guerre. Le combat individuel, aussi valeureux soit-il, ne serait qu’une illusion entretenue par le pouvoir dominant. Jusqu’à ce que Vailland, témoin de l’écrasement de l’insurrection hongroise par les troupes soviétiques, ne rende sa carte, abusé à son tour par l’illusion collectiviste.

     

    325000 francs de Roger VAILLAND aux éditions Buchet Chastel, 198 pages, 15€


  • Commentaires

    1
    Samedi 23 Janvier 2010 à 19:08
    Comparé ces deux choses là :O
    intéressant article...
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