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A bout de souffle
Depuis toujours la poésie est source de vie, Lambdum Kagibi nous le rappelle sans ambages...
La Reproduction
(Hommage à Pierre Bourdieu)
Après long temps, lorsqu’enfin,
dans la chambre d’hôtel,
parvenant à mes fins,
j’immolai sur l’autel
d’un lit à sommier un peu grinçant
la pudeur de Lili, une riche héritière,
je me vis déjà consort puissant.
Nous ahanions jusqu’alors de concert,
quand un blanc râle à elle plus sourd,
à contretemps, gorgé, (si lourd,)
la meute a capella me fit trop tôt lâcher,
impromptue, sans que je puisse vraiment l’en empêcher.
Et l’hallali fût si hâté
que la meilleure part du morceau
elle n’eût point l’heur de tâter.
Lors je m’abandonnai, brie de Meaux
trop fait, sur elle frustrée,
la laissant toute transie,
en état de choc, claquant des
dents et fort marrie,
impatiente, désespérée,
de rebomber ce soufflé
qui n’était que trop retombé.
Belle, en colère, sans retenue,
elle s’est dépêtrée, folle, de moi,
et s’est dressée tout- à- fait nue
pour me faire part de son émoi.
Elle aboie, elle larmoie.
« Et moi! Et moi! Et moi! »
Crise d’hystérie
véritable sortie
sur cette injuste noce
cet abandon précoce...
Je, aveugle sot-l’y-laisse,
l’entendais soliloquer.
Des détails je vous fais grâce.
Adieu la dot hélas!
Puisqu’il n’est pas permis vraiment de rater son péché
- si près du but avoué c’est péché plus mortel -
sans m’excuser jamais d’avoir été si empêché,
elle en épousa un autre, plus héritier qu’elle.
Elle lui a dit oui sans essai. Témoin je me suis tu.
Ainsi va le beau Monde, qui peu ou prou se perpétue.
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Commentaires
2X leSamedi 23 Août 2014 à 18:15Nul doute que la belle
De son erreur revenue
Oublia fort d'être fidèle
Après d'autres déconvenues
Et qu'elle prit des amants
Quil lui firent passer le temps
Quand son mari était absent.
Où étiez-vous alors, cher impétrant?
Proposâtes-vous vos services
pour assouvir ses vices?
En tout il faut de la constance
Maîtriser ses impatiences
Plutôt que d'accuser Bourdieu
Quand on est un peu court au pieu,
Cent fois sur le sommier
Remettre son ouvrage,
Ne pas se mettre en rage
Et ne pas perdre pied
Si par aventure
ce qui est de Nature
celle dont on est épris
Ne l'a pas pris.
Pour clôturer cet apologue
Je suggère qu'au sexologue
Vous confiez vos manquements
En accuser un sociologue
C'est en user injustement.
Il vous dirait que, poète
vous êtes fort bien équipé
pour proposer d'autres fêtes,
booster un peu vos amourettes
par quelques vers dissipés.
La libido est chose étrange
Et femme qu'on appelle un ange
Voit sitôt sa tension monter.
Plus, si vous maîtrisez la langue
Pourquoi ne pas l'utiliser
Senso strictu? Trouvez la gangue
d'où sourd le feu, sollicitez
D'autres trésors que cette gaine
Où votre épée vint s'émousser.
Prenez le temps
D'être un amant....
3danielle AkakpoSamedi 23 Août 2014 à 18:154lambdum kagibiSamedi 23 Août 2014 à 18:15Oh! Merci de tous ces bons conseils revigorants!
Cependant, ce n'est pas tant le succès du déduit que j'ai regretté, mon cher X, que la dot, pensez : la dot!!
Ceci dit, vous commettez un contresens plus grave lorsque vous m'accusez, par deux fois, d'accuser Bourdieu. C'est exactement le contraire. Il fut ma consolation. J'adhère désormais à sa célèbre thèse de la "reproduction sociale".
5X leSamedi 23 Août 2014 à 18:15Certes vous l'avez pris comme rempart et "accuser" est faux. Sans doute est-ce moi qui l'accuse... Car cette conscience de classe aigüe n'a-t-elle pas joué un rôle dans ce fiasco en tant que prédiction négative? Ce qu'on redoute arrive... Les "Mémoires" de Casanova vous auraient peut-être été un meilleur livre de chevet....
6lambdum kagibiSamedi 23 Août 2014 à 18:15Mais alors, c'aurait été une autre histoire, celle dont vous rêvez, un joli conte, Cendrillon peut-être.
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dans un lit, avec une coquine,
je pensais à la lutte des classes
qui permet, je vous l'affirme,
de baiser sans faire de casse!
Inutile de préciser que je suis marxiste,
tendance Groucho et pas sexiste....