• Auprès de mon arbre

     

    Ils apparaissent de temps à autre. À l’automne, il n’est pas rare d’en surprendre dans des branchages d’arbres effeuillés. Ils ont l’air de vieux sages et ne montent aucun signe d’exaspération devant les chasseurs d’images.

    Peut-être sont-ils à l’écoute d’une lointaine mélodie qui aurait résisté à tous les vents mauvais ? Peut-être se bercent-ils du souvenir des jours anciens où l’on passait plus de temps à rêver qu’à chercher à se nourrir ou à se protéger ? Peut-être sont-ils simplement libres de toute superstition ?

    Ou tout bonnement des veilleurs de nuit...


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  • Le monde merveilleux de la marchandise

    Relevé de quelques messages festifs à l’intention des rabat-joie

    (ce dimanche sur notre boîte mail)

     

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  • Tergiversations

    C’est en remontant la rue au couchant qu’il la croise. À l’heure où les magasins dressent leurs rideaux de fer et où les passants pressent le pas. Depuis la montée des sables, la nuit se fait plus vorace, le noir plus épais. Partout, les ombres se tendent à la recherche d’un ultime appui. Les bruits eux-mêmes commencent à lâcher prise.

    Il regarde sa montre en hochant la tête. Encore quelques poignées de secondes perdues. Du temps est passé, escamoté sans aucun soubresaut. Il résiste à l’envie de traverser la rue pour prévenir la belle de cet écart. Le risque est palpable. Le sol a perdu de sa puissance et il entend crisser ses arêtes métalliques à fleur de bitume. Ses mains sont moites. L’incertitude lui fait peur. Il s’était pourtant promis de faire le premier pas. Il a trop attendu. Hier à cette heure-là, il y avait encore un passage. Il pense trop à ce qui était possible avant. Il a l’impression que son esprit fonctionne à reculons. Heureusement, elle semble avoir perçu le décalage et se hâte plus qu’à l’habitude. Peut-être est-elle un peu plus pâle. Un peu plus légère et transparente aussi. Sa robe est bordée d’un blanc instable. Il se dit que l’hiver est en avance. Elle devrait faire plus attention. Le bruit court que la ville va s’enliser. On dit aussi que du vent est annoncé et que la lune brillerait encore derrière le ciel.

    Il lève les yeux vers la masse sombre. Il ne saurait dire de quoi il retourne.

    Il pense un instant à une improbable lumière puis s’assoupit sans plus faire attention à rien.

    Demain, il verra bien.


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  • Michelle

    Claude Bachelier

     

    C’est la première fois que Michelle va pénétrer dans les locaux des « Restos du Cœur ». À plusieurs reprises, elle était passée devant la vitrine vieillotte, mais elle s’était toujours refusée à en franchir le seuil. Elle se savait pauvre, calculant chaque jour au plus juste, mais elle se disait qu’il y avait certainement des gens bien plus pauvres et qu’elle devait leur laisser la priorité. Et puis aussi, sans doute inconsciemment, ressentait-elle cette démarche comme une humiliation supplémentaire. Supplémentaire, car elle avait déjà sollicité la mairie et le bureau d’aide sociale et cela ne lui avait pas été facile. Mais les restrictions budgétaires décidées en haut lieu par des gens qui ignoraient ce qu’être pauvre veut dire avaient entrainé une baisse des moyens de la commune, sans compter, humiliation suprême, que tous ces gens haut placés considéraient comme des assistés tous ceux qui tendaient la main pour ne pas mourir de faim ou de froid.

    Cela faisant un an et demi qu’elle était veuve. Jean Pierre, son mari, était mort, usé, épuisé par plus de quarante ans passés à travailler comme maçon sur les chantiers. À soixante ans, il avait pu prendre sa retraite, mais après être resté trois longues années au chômage : l’entreprise l’avait licencié au motif que, devenu trop vieux, il coûtait beaucoup trop cher.

    La pension de réversion de son mari ajoutée à sa maigre retraite lui permettait de gagner un petit peu plus que le minimum vieillesse. Une fois enlevés le petit appartement, l’électricité, le petit crédit qu’elle avait souscrit pour l’enterrement de Jean Pierre, il ne lui restait plus grand-chose pour vivre décemment.

    Elle n’avait jamais osé demander de l’aide à ses deux enfants. De toute façon, pensait-elle, ils auraient trouvé une excuse quelconque pour refuser. Son fils ainé habitait en banlieue parisienne et travaillait par intermittence dans un théâtre. Sa femme, comédienne, qui le tenait sous sa coupe, n’aimait pas sa belle-mère et la méprisait ouvertement : vous pensez, une femme de ménage ! Quant à sa fille, elle n’avait plus eu la moindre nouvelle depuis les obsèques de Jean Pierre.

    Michelle avait travaillé l’essentiel de sa vie professionnelle comme femme de ménage. Elle ne s’était arrêtée uniquement pour la naissance de ses enfants.

    Avec Jean Pierre, ils formaient un couple heureux, sans histoires particulières. Ils allaient une fois par an en vacances en Bretagne, chez son frère. Ils participaient aux voyages organisés par le CE de l’entreprise et ils allaient de temps en temps au restaurant, ou plus exactement, dans une cafeteria du centre commercial. C’était leurs seules distractions et cette vie modeste leur convenait parfaitement. Ils ne demandaient rien d’autre que de vivre ensemble et en bonne santé. Encore que pour la santé, Jean Pierre, du fait de son métier, était malade plus souvent qu’à son tour : sur les chantiers, le dos, les articulations sont soumis à rude épreuve.

    Jamais, Michelle ne s’était plainte à quiconque. Question de dignité. Pourtant, son quotidien était de plus en plus difficile. Il se disait à la radio et à la télé que le coût de la vie n’augmentait pas. Mais ce n’était pas ce qu’elle constatait quand elle allait faire ses courses au Lidl à côté de chez elle. Ou quand elle recevait les factures d’électricité, d’eau ou les charges de son loyer. Manger de la viande était devenu un luxe et elle qui avait toujours aimé un steak bien saignant, par la force des choses, devenait végétarienne. La seule petite folie qu’elle se permettait encore était d’accompagner son fromage d’un verre de Côtes du Rhône. Mais, là encore, il lui avait fallu diminuer les rations.

    Oui, Michelle, jour après jour, était devenue pauvre. Elle n’aurait jamais pu imaginer que cela aurait pu lui arriver, après une vie entière à travailler, à élever ses enfants. Et elle se rendait à l’évidence qu’elle faisait partie maintenant de ces millions de gens qui sont obligés de demander la charité pour ne pas mourir de faim ou de froid.

    C’est pour cela qu’aujourd’hui, elle se range bien sagement dans la file de tous ces miséreux qui viennent chercher de quoi manger aux « Restos du Cœur ».

     

    Brève, novembre 2014.

    Rapport du Secours Catholique sur la pauvreté croissante des seniors.


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  •  La vieille dame indigne

    Yvonne Oter

     

    Aïe ! Mais c’est qu’il me fait mal, ce grand-là !

    Avec sa chemise bleu pâle bien fermée sous une cravate foncée, ses souliers impeccables et ses cheveux coupés court, il avait l’air plutôt sympathique. Je n’avais pas vu la plaquette « SÉCURITÉ » accrochée à sa poche. Alors, faut bien qu’il justifie son maigre salaire en ne ménageant pas les flagrants délits comme moi.

    Eh oui ! Je me suis fait pincer !

    À cause de la sale gamine avec sa mère, devant moi à la caisse, neuf, dix ans, poussée en graine et déjà arrogante. « Je l’ai vu, la vieille dame ! Elle a mis un paquet de viande dans sa poche ! ». Et d’insister, la petite peste : « Z’avez qu’à regarder si vous ne me croyez pas ! ».

    Bon, oui, j’avais poussé une barquette de plates côtes dans ma poche. « Prix rond : 3€ » qu’il était marqué dessus. Et je me préparais à payer une barquette de légumes pour potage où il était aussi noté : « Prix rond : 3€ ».

    La soupe de légumes sans viande, ce n’est pas bon, c’est fade, ça manque de goût. Le problème, c’est que dans mon porte-monnaie, je n’ai plus que trois euros et soixante-cinq cents. C’était soit les légumes, soit la viande. Comme l’emballage des poireaux, carottes, oignons, navet, céleri était beaucoup trop volumineux pour entrer dans ma poche, c’est la viande qui y est passée.

    J’éprouve les mêmes difficultés à chaque mois qui compte trente-et-un jours. Qu’il y en ait vingt-huit, vingt-neuf, trente ou trente-et-un, le montant de la retraite est toujours pareil. Il y en a sept, des mois trop longs, dans une année et il faut pourtant bien qu’on mange, surtout en hiver. Nous ne sommes plus de première jeunesse, mon Joseph et moi, nous avons besoin de peu, et un bouillon de légumes avec du vieux pain trempé nous régale pendant plusieurs jours. Si en plus nous devons le manger maigre !

    La gérante du supermarché a pris un air sérieux pour me sermonner, m’expliquer que le larcin que j’avais commis était très vilain, me faire promettre de ne plus recommencer, jamais, sinon j’allais droit aux ennuis plus sérieux. Puis elle m’a mise à la porte de son bureau. Avec les légumes que j’avais payés.

    Pour sortir du magasin, je suis repassée devant la caisse où j’avais tenté de resquiller. La caissière m’a appelée. « Madame ! Madame ! » Un peu gênée quand même, j’aurais voulu plus de discrétion. Avec un grand sourire, elle m’a tendu la barquette de plates côtes responsable de mes malheurs. « Tenez, c’est le monsieur qui vous suivait dans la file qui a tenu à le régler. Et il m’a fait promettre de vous le donner. » Avec un clin d’œil, elle a ajouté : « Et ça me fait rudement plaisir ! »

    Eh bien, ce clin d’œil là, il avait aussi bon goût que la soupe que j’ai servie à mon Joseph le soir.

     

    Brève sud info, Belgique, novembre 2014 :

    On vole de plus en plus de viande dans les grandes surfaces.


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  • Nouvelles du front

    Nous sommes désolés pour nos téléspectateurs, mais ici la confusion règne et nos équipes n’ont pas pu filmer l’engagement au corps à corps.

    Plateau télé, octobre 2014

     


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  • Le petit oiseau va sortir

    Le poulet aurait dû rejoindre directement la poubelle mais je me suis dit qu’une bonne cuisson et un badigeon de moutarde suffiraient à en masquer l’odeur. Grave erreur ! Je n’ai jamais été malade à ce point. Je sais désormais à quoi servent les dates de péremption inscrites sur les barquettes.

    Heureusement, je connais un bon médecin.

     

    Le petit oiseau va sortir 

    Un peu musicien, un peu écriturier, l’auteur aime le fantastique ainsi que l'humour noir et sans sucre. Comme il a l'imaginaire qui le démange, il se gratte jusqu'au sang. Il a publié plusieurs nouvelles en revues et recueils collectifs.

     

     

    Le petit oiseau va sortir, une nouvelle de Frédéric Gaillard dans la collection Lapidaires de Zonaires éditions, 40 pages, 5€ (+port 1€)

    à paraître le 10 novembre 2014.

    Une nouvelle fantastique qui accompagnera malicieusement vos fêtes de fin d’année ! Pensez à en offrir : pour 3 livres commandés les frais de port sont offerts.


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  • Les encombrants

    Danielle Akakpo

     

    – Bon, ce matin, mission délicate. C’est pas pour rien que je vous envoie à dix. S’agit de déménager d’un immeuble deux colis encombrants...

    – Pardon chef, mais depuis quand on est déménageurs ?

    – Et depuis quand on m’interrompt pendant le briefing ? J’explique : les encombrants sont deux vieilles à déloger de chez elles, bien qu’elles n’en aient pas envie. La mère, presque centenaire, bouge plus de son lit. À cet âge-là, attention, c’est pas costaud pour deux sous, mais qui sait, ça peut griffer ; mordre c’est moins sûr. À manipuler avec précaution, sinon, y a toujours un os qui craque ou qui casse. Alors, vous vous mettez à quatre ou cinq pour la porter délicatement, l’empêcher de gesticuler, et je répète : toujours délicatement. Pas question qu’il y ait des plaintes par la suite pour un dentier brisé, un sonotone abîmé, une côte fêlée ou une robe de chambre déchirée ! Et emmitouflez-la bien dans des couvertures, que les badauds voient qu’on en prend soin.

    L’autre, c’est sa fille, pas de la première fraîcheur non plus, une handicapée, paraît-il. Alors, là aussi, prudence. À mon avis, si vous commencez par la mère, y aura pas de problème. La fille va se contenter de gueuler, de vous injurier (fermez vos oreilles), mais elle suivra sa vieille. À moins qu’elle soit débile, parce que son handicap, on me l’a pas précisé. Dans ce cas, faites-lui croire que vous les emmenez en vacances toutes les deux, à la montagne par exemple... Mais pas de casse !

    Pour en revenir aux badauds, il faudra les contenir, ils vont peut-être vouloir vous empêcher de faire votre boulot. En ce moment, c’est la croix et la bannière pour les forces de l’ordre, les gens ne nous aiment pas. Et gaffe au fourgon, manquerait plus qu’on nous l’abîme ! J’insiste vu qu’avec ces deux bonnes femmes, ça pourrait être plus risqué qu’avec un troupeau de Roms. Vu ?

    Des questions ? Boulin ?

    – Euh... chef, pourquoi on les sort de chez elles, ces deux femmes, elles y sont en danger ?

    – T’es pas réveillé ou quoi ? Elles ont pas payé leur loyer depuis des lustres. Le proprio, c’est pas le secours catholique ou le secours populaire ! Le proprio, s’il loue, c’est pour qu’on le paie, il faut bien qu’il bouffe... Et la loi, c’est la loi, la même pour tous. Ordre d’expulsion, exécution !

    Boulin suit le mouvement en traînant la patte. Il y a vraiment des jours où ses pompes lui paraissent trop lourdes à soulever, son uniforme aussi gênant qu’un carcan. Quant à son lieutenant, allez savoir si, en dépit de ses propos acerbes, il ne se murmure pas en secret : « Putain de tribunal, putain de préfecture, à trois jours près c’était le début de la trêve hivernale ! »

    Brève, 29 octobre 2014

    En PACA, l'expulsion de «Madame Yvette», 98 ans, provoque l'indignation...


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  • Jour de brocante en ville

    Jour de brocante en ville...


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