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    A refaire !

    Joël Hamm

     

     

       Il ne lisait pas les journaux, n’écoutait pas la radio, ne regardait pas la télé, n’avait pas d’amis, ne perdait pas son temps à discuter avec ses collègues de travail. Il avait appris la nouvelle en fréquentant assidûment les bistros de la ville. Tous les bistros car il aimait en changer souvent pour ne pas finir encalminé dans la routine. Selon lui - et ça le rendait malade - la vie n’était elle-même qu’une longue habitude, une répétition de gestes médiocres.

       Non, il n’était pas près à s’attarder quelque part, à prendre racine. Il se donnait l’illusion que ses gestes répétés – on en a tous : lever le coude, allumer une cigarette, lever le coude, allumer une cigarette etc. – étaient moins significatifs quand il les effectuait dans des lieux différents. Illusion du voyage et du déplacement. On a beau changer de bar, on se retrouve toujours face à soi même. Il errait comme une ombre et bien malin qui aurait pu se souvenir de lui. Anonyme passe muraille, il avait un physique neutre et banal qui accrochait à peine la lumière. Cette transparence était à peu près sa seule satisfaction. Pas d’amis, pas de famille – plus de famille serait plus exact car les siens l’avaient fui. Le bonheur était une obligation sociale dont il ne percevait pas exactement les avantages ; les gens batifolaient dans les vallées de larmes d’un monde cruel. C’était ce monde justement qui devait disparaître le 21 décembre prochain. La bonne et grande nouvelle discutée et commentée au bord des comptoirs ! Si seulement c’était vrai.

       Il ne se souvenait plus si la prédiction était Aztèque, Maya ou Hottentote mais il constatait, un peu agacé, que bien des gens avaient trouvé là un sujet de conversation digne de leur bêtise. Une manière pour les imbéciles de se donner des frissons sans prendre un très grand risque. Les hommes aiment se faire peur pour oublier leurs peurs. Près de lui, faisant face à des verres de pastis, il y en avait deux qui s’excitaient sur le sujet. Le premier, un petit jeune pourtant d’allure très sérieuse, banquier ou agent d’assurance si on en jugeait à sa mine avenante d’escroc patenté, affirmait s’être remis à boire et à fumer puisque le jour de la destruction arrivait et qu’il n’avait donc plus rien à perdre. Son voisin immédiat, un syndicaliste, braillait comme dans une manif : Tous ensemble, tous ensemble ! Les pauvres types ! Ne voyaient-ils pas que le monde avait commencé de finir le jour du big-bang et que naître était une condamnation à mort assurée ? Lui seul semblait se rendre compte que la fin était contenue dans le commencement. Il avait compris très tôt que sa vie ne serait jamais qu’une mort lente. Pas vraiment désagréable mais totalement insupportable quand il y pensait. Il avait résolu le problème et décidé d’en finir bien avant que le monde – Ah ! Ah ! Ah ! – n’explose. Avant même les fêtes de fin d’année. Il se demandait quel sens pouvait avoir le comportement compulsif de ses semblables, acharnés à courir les magasins tout en pensant plus ou moins que le père Noël risquait de ressembler cette année à une victime d’Hiroshima. Après tout, c’était une éventualité, cette fin du monde. On avait sur terre assez de moyens de destructions à notre disposition. Ça pouvait péter d’un instant à l’autre. Alors pourquoi pas le 21 décembre. Lui même possédait son arme fatale, bien rangée dans une armoire : un calibre 12 chargé de chevrotine. Ça ne pardonne pas si on s’en sert convenablement. Il s’était fixé une limite : le 18 décembre, sa date anniversaire, histoire de faire un compte rond et de devancer tout le monde dans l’hypothèse où la prédiction se révèlerait exacte. Au fond, il savait bien que sa mort ne troublerai personne et surtout pas des gens affairés à acheter leur foie gras ou à faire la queue aux restos du coeur – selon leur position sociale - tout en se demandant s’ils auraient, cette année, le loisir de déboucher le champagne ou de mettre à cuire leurs nouilles. Se doutait-ils, ceux là, que, de toute façons, la fin du monde du 21 décembre serait une réalité pour environ 150 000 d’entre eux sur terre, le nombre de terriens qui meurent chaque jour. Un total de 55 millions par an largement compensé par les 130 millions de naissances annuelles. Vertige ! Accoudé au bar, il faisait ses calculs. Savoir que sa fin du monde personnelle le 18 décembre serait celle aussi de 150 000 autres individus accentuait sa déprime. Il décida d’avancer la date fatale, ne serait-ce que pour éviter à ses pensées de tourner plus longtemps comme du linge sale dans une machine à laver.

       Le 15 décembre il appuya le canon du fusil contre son cœur et le 31 mars il se réveilla dans une chambre d’hôpital. L’infirmière se pencha sur lui qui venait d’ouvrir un œil. Elle souriait. Un beau sourire. Il ne comprit pas tout de suite où il se trouvait mais il aperçut le soleil qui jouait derrière les stores et il entendit des chants d’oiseaux par la fenêtre entrouverte.

       La fin du monde était à refaire mais ce serait plus difficile car il sentit son estomac gargouiller. Il avait faim, le temps était au beau et l’infirmière avait sacrément la main douce.

      


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    Merle de la fin du monde

    Jean Calbrix

                 

     

    Merle picore en mon jardin

    La pomme de la fin du monde.

    Il n'a pas peur. Il vagabonde,

    Jouant, dans l’herbe, le dandin.

     

    En sifflotant, vite, il me sonde,

    Dans son frac noir de fier gandin.

    Merle picore en mon jardin

    La pomme de la fin du monde.

     

    Il ne croit pas, ce vil gredin,

    Qu’il périra dans la seconde,

    Quand s’abattra le plomb immonde,

    Que plus rien ne sera matin.

    Merle picore en mon jardin.

     

     


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    Mme González, 97 jours après la fin du monde

    Dominique Chappey

     

     

    – Cabrón !

    Surpris par la voix, Jules sursaute et veut se relever beaucoup trop précipitamment. Il teste au passage la résistance des matériaux, front contre châssis de véhicule à quatre roues. Des deux mains, il repousse le bloc moteur sous lequel il est allongé et rampe vers un espace plus dégagé.

    Du bout des doigts, il se tâte le crâne. Une bosse commence sa croissance sous l’entaille toute neuve qui poisse son front de sang frais. Jules maudit en silence les voitures, les vidanges du dimanche matin et les garagistes hors de prix. Et puis aussi, pendant une demi-seconde, il est pris d’une grande envie d’étrangler toutes les Mme González de la création. Il ferme les yeux, tente sans succès la visualisation de la salutation au soleil et renonce à se détendre. Après une grande respiration, il se relève doucement et se tourne vers la vieille dame, plantée bien droite sur le coin de pelouse qui lui sert de jardin.

    – Bonjour Mme González. Comment ça va ce matin ?

    – Maricón !

    – Oui c’est gentil, merci. De toute façon, j’avais presque fini, je vous raccompagne.

    Mme González sourit et passe gentiment son bras sous celui de Jules. De sa main libre, elle lui assène de grandes claques sur l’épaule en répétant :

    – Guarro ! Guarro !

    Jules traverse la rue avec précaution, la vieille dame accrochée à son bras. Il s’efforce de ne pas salir la robe de chambre avec le cambouis qui lui maquille les mains. Devant le pavillon d’en face, le portillon de fer est grand ouvert. Avant d’entrer dans la petite cour, Jules donne un coup de sonnette. Il referme le portillon et, accompagné de la vielle dame, contourne la maison pour trouver M. González dans le jardin qui bêche son potager. Mme González a cessé de marteler l’épaule de Jules, elle lui essuie maintenant les doigts avec la manche de sa robe de chambre pour en ôter le cambouis, elle crache un peu dessus pour que cela parte plus vite :

    – Maldito !

    M. González lève la tête. Son regard transparent se pose sur le couple. C’est un petit monsieur tout sec, à la peau parcheminée. Les cernes qui lui soulignent les yeux évoquent bien plus que des nuits sans sommeil.

    Il pose la bêche contre la petite barrière de bois qui borde son jardin potager, ôte ses gants qu’il fourre dans la poche de sa veste. Il porte un bleu de travail à la couleur passée, sous le col on devine une chemise impeccable et un petit gilet de costume. M. González enfile chaque jour chemise et costume trois pièces, peu lui importe l’activité au programme. C’est sa façon à lui de résister au lent travail du temps. Au jardin, il troque sa veste de tweed pour le bleu et consent à abandonner le nœud de cravate. Le reste du temps, il promène son costume où qu’il aille, chez le boucher, le marchand de journaux, sur le chemin de halage au bord du fleuve ou à la bibliothèque.

    – Rosa, il ne faut pas aller importuner M. Jules. Et puis, tu sors en robe de chambre, tu vas attraper mal. Viens, je vais t’aider à t’habiller et puis ensuite nous irons marcher au Parc, voir les poissons.

    Mme González se laisse docilement conduire vers la maison. Elle semble avoir oublié jusqu’à la présence de Jules. Son mari la fait asseoir doucement sur le fauteuil du salon qui donne sur le jardin.

    – Je reviens tout de suite, ne bouge pas.

    M. González raccompagne Jules à la porte :

    – Elle vous a frappé encore une fois.

    – Mais non, mais non, je l’ai ramené, c’est tout.

    – Vous avez du sang plein la figure, et du cambouis aussi. Il faut désinfecter.

    – Non, non, ça n’a rien à voir, je me suis cogné sur le carter de la voiture, je faisais ma vidange…

    M. González hoche la tête. Il n’y croit pas vraiment, mais apprécie la délicatesse du mensonge.

    – Il faut fermer le portillon à clef, M. González. On ne sait pas, un jour, elle peut décider d’aller n’importe où. Pas seulement dans mon jardin. Se perdre. Elle ne regarde jamais quand elle traverse la rue, c’est dangereux.

    – Oui, je sais, vous avez raison. Mais je n’y arrive pas. Fermer à clef, l’enfermer.

    Jules acquiesce à son tour, comme chaque fois qu’il ramène Mme González. Depuis le fauteuil du salon, elle semble lui sourire avant de détourner son regard. Les mains posées sur ses genoux, elle observe à travers la porte-fenêtre, le lent mouvement des branches dans le vent.


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    Giboulées

    Patrick Ledent

     

     

    Près de cent jours plus tard, je n’y pense presque plus. Encore un peu le soir, avant de m’endormir. Alors, je regarde le ciel qui n’a pas changé – qui semble ne pas vouloir changer –, et je me dis que je me suis montré bien crédule. Je fais mine de me donner quelques gifles, pas bien méchantes, comme un père bienveillant qui gronde son fils en secouant l’index. J’exorcise ainsi, à ma façon, les fessées et les coups qui ont fait de mon enfance et de mon adolescence cette nuit de quinze ans où la souffrance et la peur ne toléraient qu’elles-mêmes.

    Aujourd’hui, tous les meubles ont retrouvé leur place. Je les ai remontés de la cave où je les avais entreposés avant le solstice d’hiver et la fin du monde annoncée. Je suis revenu à l’étage. Je mange à nouveau dans la cuisine, regarde la télévision au salon et dors dans ma chambre. La nuit dernière, j’en ai même ouvert la fenêtre. Je me suis endormi dans le courant d’air tiède et parfumé qui montait du jardin.

    Le docteur a marqué son accord pour adapter les posologies, me laissant entendre que si je continuais ainsi, il se pourrait qu’à Noël, je sois complètement guéri. Nous nous en sommes réjouis. Il m’a même touché l’épaule, lui qui d’ordinaire se garde de la moindre familiarité. Son geste m’a réconforté et m’a rendu une confiance en moi qu’aucun mot, aucun discours ne m’avaient jamais inspirée.

    Je me risque au jardin. Les crocus vivent leurs derniers jours et les jonquilles assurent la relève, comme chaque année. Rien n’a changé, pas même en sous-sol, puisque les bulbes eux-mêmes répondent à l’appel du printemps. Si, même sous terre, la vie suit son cours, pourquoi n’en serait-il pas de même au ciel ? Les astres poursuivent leurs voyages et leurs révolutions. La mécanique céleste est immuable. Les Mayas se sont trompés. La menace est levée, si tant est qu’elle ait jamais pesé.

    La terre roule sous ma bêche, exhalant un parfum unique, caractéristique des premiers jours du printemps, un parfum qui me rappelle ces pluies d’été qui s’évaporent aussitôt le sol touché. La terre, trop longtemps gelée, privée d’échanges et de mouvements, redevient perméable. À chaque pelletée, elle se délite en centaines de petites boules, comme autant d’éclaboussures, qui se gorgent d’air avant de retomber et de se reformer, fertilisées, impatientes de nouveaux enfantements.

    Je pleure sous la douche. Est-ce fini, cette fois ? Vraiment fini ? Les gifles et les coups ont-ils enfin cessé ? Ce printemps est-il le bon ? J’ai la chair de poule sous le drap de bain, dans la vapeur d’eau qui achève de s’évaporer. Je n’ose pas y croire et, dans un même temps, jamais je ne me suis senti aussi proche de la délivrance.

    J’enfile mon pyjama, en équilibre sur un pied, quand un terrible craquement retentit et secoue la maison de part en part. Je tombe, empêtré dans mes jambes. Me relève, cours vers ma chambre. La fenêtre est brisée, le sol parsemé d’éclats de verre. La neige s’engouffre jusqu’à mon lit. Mes pieds saignent. L’air est glacial. Des éclairs déchirent un ciel méconnaissable et lourd, courant d’un bout à l’autre du monde comme un chien fou.

    J’arrache couette et matelas, jette le tout dans la cage d’escalier. Dévale les marches à leur suite et recommence au rez-de-chaussée. Jusqu’à la cave dont je ferme la lourde porte de métal derrière moi. Je me terre dans mon coin, recroquevillé sur le matelas et sous la couette, la tête entre les mains. Au-dessus, la maison s’effondre. Chaque brique qui tombe semble vouloir crever le béton et m’ensevelir. Papa est fou de rage. Ses poings m’atteignent jusque sous la couette, pas même amortis par la cellulose : « Maman ! Au secours ! Maman ! »

    Elle tambourine contre la porte, ajoutant au vacarme. Mais je ne peux plus bouger. Les coups m’ont brisé les os.

    – Georges, calme-toi, je t’en supplie, Georges, calme-toi ! Ouvre ! Ce n’est rien, un orage. Une giboulée, c’est déjà fini.

    Elle ne le pense pas. Tout recommence et elle le sait. D’ailleurs, ses coups contre la porte faiblissent déjà : elle n’y croit plus.


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    Yapat’ soussi

    Ysiad

     

    Yapat’ soussi

    Comme ils disent tous ici

    Moi je dis : si, si,

    Y a un gros souci

    Entre les sourcils

    Noirs du libéralisme

     

    Un souci qui vous en donne

    Du souci

    Il y a maldonne

     

    Entre les sourcils

    Noirs du libéralisme

    Couve un gros souci

    Aussi noir que la belladone

     

    Yapat’ soussi

    Comme ils disent tous ici

    Moi je dis : si, si,

    Y’a un gros souci

    Y’en a qui vivent

    Hagards dans des hangars

    Sous des tentes de fortune

    Sans une thune

    Ou avec trois francs six sous

    Six sous six sous six sous si

    Bien que c’est pas de trop

    Pour survivre

    Sur les banquettes du métro

     

    Pat’ sous pat’ sous pat’ soussi

    Comme ils disent tous ici

    Moi je dis : si, si

    Avec trois francs six sous

    Y’a un vache de gros souci

    Qui grossit, grossit, grossit

    Par là-bas et par ici

     

     

     

    Pour accompagner Ysiad...

    (désolé pour les 5 secondes de pub, les investisseurs sont à la manoeuvre...) 


    la Parisienne Libérée - les investisseurs par Mediapart

     

     

     


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    Rayés des cadres

    Castor Tillon

     

     

    — Repasse-moi la betterave, vieille carne ! T’es en train de te noyer, là !

    L’interpellée décolla le goulot de ses lèvres gercées. Cela fit « chtoub », et un clapotement lui inonda le menton. Elle tendit lentement le kil de vin à son compère en jetant un œil résigné sur le niveau du liquide.

    — C’est bon, fais pas cette tête, il y en a une autre. Mais tu ne devrais pas boire autant, tu te détruis, et ça me cause de la peine.

    Dit-il en reprenant sa place sous la bouteille.

    Puis il essuya sa barbe jaunâtre d’un revers de paluche, et émit sentencieusement, dans un graillonnement odorant :

    — C’est pour ce matin. On est le 21 décembre. Va falloir se bouger, ils doivent avoir terminé, là-haut, avec les bombes à micro-ondes. Ça va être à nous de finir le boulot. T’es prête ? T’inquiète pas, c’est du tout cuit, ah, ah. Ils sont presque tous en train de finir de frire, pendant que nous on est à l’abri dans la station de métro la plus profonde de Paris. Les rares veinards rescapés, on va s’en charger !

    — J’ai un peu peur, quand même. Pourquoi les nôtres ne peuvent-ils pas tout exterminer ? Et si les terriens survivants étaient plus nombreux que tu ne crois, et nous repéraient ?

    — Tu rigoles ? C’est ça le plan, justement : ces imbéciles ne nous regardent même pas. On n’est que des excréments à leurs yeux. A leurs nez aussi, d’ailleurs. Nous allons sortir nos puissants tentacules et les massacrer sans même qu’ils nous aient remarqués !

    — N’empêche que j’ai peur. Rosette, elle n’a jamais peur de rien, j’aurais bien aimé qu’elle soit avec nous… ma copine Rosette, tu sais, celle qui chante si bien…

    — Rosette ? Elle chante comme une dinde qui s’est pris les barbillons dans l’escalator.

    — Oh, bien sûr, toi tu es plus fort que tout le monde. A part siffler une boutanche, tu sais faire quoi, comme musique, hein ? D’ailleurs, je préfère pas savoir.

    Le vieux se mit à grommeler comme un orage menaçant dans le lointain :

    — C’est tout toi, ça : on est à peine entrés dans la nouvelle ère que tu commences déjà à me faire chier. Ça promet pour les siècles à venir.

     

    Le débouchage n’ayant depuis longtemps plus de secrets pour eux, ils débouchèrent à l’air libre sans encombre. La bise du petit matin les saisit, et la vieille rabattit sur sa poitrine les pans sans boutons de son manteau crasseux. Dans les rues avoisinantes, nul cadavre calciné, pas de chairs fumantes, aucune trace d’un quelconque combat. Sur la place, de rares piétons se hâtaient vers leurs destinations quotidiennes.

    Quelque chose n’avait pas marché.

    Il ignora le regard désespéré de sa compagne, et dans une ultime bravade, se mit en devoir de déployer ses monstrueux pseudopodes.

     

    Le jeune cadre en costume sombre et à la mallette conquérante vit le couple gesticulant se diriger vers lui. Trop tard pour les éviter. Il fronça le nez de dégoût en les croisant, et pressa le pas : il commençait à être à la bourre pour sa présentation du nouveau produit, et l’ingénieur, qui ne l’aimait pas, était capable de le pendre au tableau interactif par les oreilles. En jetant un dernier regard de côté, il aperçut les deux vieillards qui agitaient leurs bras maigres dans le vent, et s’engouffra en frissonnant dans la station de métro.

     

    La guerre des mondes et ses petits soucis quotidiens…

     


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    Fin du monde

    (pantoum)

    Jean Calbrix

     

     

    Une fin du monde obsédante

    Sort de la bouche des hâbleurs.

    C’est une fin extravagante

    Qui fait rire les étrangleurs.

     

    Sort de la bouche des hâbleurs

    Pour frapper la foule indolente,

    Qui fait rire les étrangleurs

    Et la jeunesse insouciante.

     

    Pour frapper la foule indolente

    Par leurs mots mystificateurs,

    Et la jeunesse insouciante

    Siffle bien haut ces imposteurs.

     

    Par ces mots mystificateurs,

    Sèment la peur communicante.

    Siffle bien haut ces imposteurs

    Avec une case manquante !

                                                   

    Sème la peur communicante

    Chez les crédules visiteurs.

    Avec une case manquante,

    Commentent les téléviseurs.

     

    Chez les crédules visiteurs,

    L’ânerie est bien triomphante.

    Commentent les téléviseurs,

    Une fin du monde obsédante.


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    Planète-musée 238

    Vieufou

     

     

    C’est la journée Portes Ouvertes au Royaume des Souvenirs
    Explique une voix de synthèse dans un haut-parleur métallique
    Le Mémorial des temps anciens, passés présents et à venir
    Est heureux de vous présenter son exposition fantastique

    Planète-Musée 238
    Adultes, entrée gratuite. Enfants, demi-tarif
    Mettez vos masques à oxygène, suivez le sens de la visite
    Surtout n’oubliez pas le CROUIK

    Tous les trésors de l’ère humaine sont rassemblés dans ces couloirs
    De la jeunesse de la Genèse restent les os du premier homme
    Venez admirer les reliques, les bouts de crâne et de mâchoire
    De celui qui croqua Lilith bien avant la première pomme

    Du fer de la première lance aux cimetières militaires
    Passant par le tir aux pigeons, le Sida et l’arme atomique
    Regardez bien les inventions qui ont façonné Morteterre
    Toutes sont exposées ici, dans ces vitrines symboliques

    Planète-Musée 238
    Gardez vos masques à oxygène
    Pendant le temps de la visite
    Surtout n’oubliez pas le CROUIK

    Ne jetez pas votre billet, le voyage n’est pas fini
    Dans un hennissement tremblant, le dernier cheval sans vapeur
    Vous contera la triste histoire de la roue, son ancienne amie
    Qui si longtemps l’avait suivi, et l’a trahi pour un moteur

    Vos pas vous ont mené ici, au fond du jardin botanique
    Dressez l’oreille. Plus un bruit. Entendez-vous l’arbre qui chante
    Pour un squelette aux os blanchis qui aimait moins l’air que le fric
    Une apaisante mélodie, une berceuse lancinante ?

    Voici la dernière attraction de ce sanctuaire stérile
    Assis derrière son guichet, c’est bien un spécimen humain
    Il semble dormir sur sa chaise et sous lui la paille s’empile
    Sous sa casquette de gardien ses yeux de verre veillent au grain

    Planète-Musée 238
    Ainsi s’achève la visite. Otez vos masques à oxygène
    Surtout n’oubliez pas le CROUIK...
    Surtout n’oubliez pas le CROUIK... CROUIK... CROUIK...


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    La vie de Bibi

    Jordy Grosborne

     

     

    C’est d’abord la bouteille de vodka que j’ai regardée en me levant. Enfin, je dis en me levant, je devrais plutôt dire en rampant sans aucune élégance au bas de mon divan modèle 1972, 4 ressorts en ligne, en croute de cuir de Ragondin Polonais. Un truc suréquipé : Accoudoirs fixes latéraux, pieds escamotables ( et en l’occurrence escamoté, en tous cas celui en bas à droite), réserve de biodiversité à Acadiens – si, si ces petites bestioles tromboscopiques toutes moches qui vivent sur le fromage - dont certains modèles n’existent sans doute plus qu’ici, garde-manger pour période de disette avec notamment de multiples variétés de chips à faire pâlir d’envie la succursale d’un groupe de hooligans de Manchester, perruque en devenir eu égard aux nombreux attributs capillaires perdus sur la bête qui ne demandent qu’à être réimplantés avec amour (je déconseille néanmoins la réimplantation de certains dans des zones non couvertes par un chapeau), deux bons mètres de bières de la blanche à la Guiness si je juge aux tâches, matelas en éponge (pour absorber c’est mieux !), coussin auto-adhésif aux Haribos world mix, draps d’origine, cendrier intégré entre les trous, et surtout, surtout, lattes bud not liste, Bibi vautré dessus toute la journée. Bibi c’est moi. 74 kilos de barbaque qu’on la retrouverait dans des lasagnes qu’on ne verrait pas de différence avec un cheval de compèt ! Enfin bref, maintenant que je vous ai fait faire le tour de mon appart, je poursuis. Donc, nous étions le 22 à l’aube quand 11 heures sonnaient à la cloche. Rien à voir avec le SDF qui me sert de coloc, lui était parti en stage d’entreprise comme évideur de carpe à la société de pêcherie de Bar-le-Duc «  A la Carpe Diem ». Fallait voir comme il était tout fier quand il m’a annoncé qu’on lui avait trouvé du boulot… Même Humphrey il avait l’œil vif en le regardant. Humphrey c’est mon chat. Quand on lui parle de carpe, il a l’œil qui s’agite. Faut dire qu’il a perdu l’autre dans un combat épique avec une botte d’aiguilles à tricoter. Attention, hein, c’est pas que je tricote, j’ai ma fierté, mais c’était un cadeau pour ma mère que j’avais trouvé dans le TER sur la ligne Bourg Bruche – Schirmeck la Broque. Non, les aiguilles ! Pas ma mère. Ma mère c’est elle qui m’a trouvé y parait. Moi, j'sais pas, j'y étais pas.

    Enfin bref, il était 11 heures et j’ouvrais l’œil gauche. Non, moi j’ai bien les deux à moi, mais j’en garde toujours un fermé avant midi pour reposer la partie du cerveau haddock comme on dit. Eh, eh, c’est que je ne suis pas sorti de la cuisse de Vénus moi, hein !! Vous vous demandez sans doute pourquoi je m’étais réveillé si tôt ? L’instinct. Quand on vie sur l’ébrèche comme moi, faut toujours être sur le convive. Ça me rappelle ce que disait toujours le père d’un pote quand je mangeais chez lui «  Il faut bien que les cons vivent pour venir manger ». Bref, Humphrey, en magnifique chat d’égouts qu’il est, était venu me lécher la tronche pensant sans doute avoir retrouvé sa tranche de jambon de la semaine d’avant. C’est marrant, moi j’ai d’abord cru que c’était mon coloc qui était rentré avec un sot de carpe. Enfin je dis graisse, je dis graisse… donc, mollement agenouillé sur la moquette, l’œil vif, la langue pendante et l’haleine vierge de toutes substances matinales, j’ai senti que le monde avait changé. Je me suis précipité à la fenêtre et là, surprise, le noir complet. Pris de panique j’ai appelé Humphrey dans un cri prix mâle à faire pâlir le mime Sophie Marceau. Son miaulement rauque m’a fait comprendre ma terrible erreur d’appréciation. C’était l’œil fermé qui était devant la fenêtre, mon œil ouvert était lui collé contre la tapisserie style en pire. Pris de vertige devant le choix cornélien qui se présentait, je suspendis mes gestes pour réfléchir. Que faire ? Faire faux rebonds à mes principes et ouvrir mon œil fermé, ou me décaler de quelques pieds pour placer mon œil ouvert devant la fenêtre ? Finalement, devant l'implacabilité d'un tel raisonnement j’ai compris que mon cerveau était assez reposé et j’ai ouvert les deux yeux et là, stupeur !!! Ô reur, ô des espoirs, neige donc tant d'écus que pour cette un famille ? La rue était vide de plein de monde ! Les voitures étaient arrêtées au milieu, moteur coupé au scalpel, portière béante sur rien. C’était calme comme si j’avais mis des boules « Qui est-ce ? » dans les oreilles. Mais je ne pouvais pas savoir qui c’était bon sang puisque je n’entendais rien ! Avec Humphrey on s’est regardé droit dans le fond de l’œil et on a compris tout de suite ! Enfin, je dis tout de suite… disons qu’on est allé s’étendre sur le canapé, j’ai pris une bière et lui aussi et, vers 13 h, quand on s’est trainé, épuisé, vers la fenêtre, on a su que la fin du monde avait eu lieu et que nous étions irrémédiabla, immédiable, imetdesal, certainement des zélus. J’ai pris Humphrey dans mes bras et je lui ai dit « Humphrey, mon fidèle compagnon de luttes intestinales, un grand festin nous attend !! Nous sommes les zélus qui ont été choisis et c’est à nous qu’il appartient qu’on doit nous incomber qu’en tant qu’zélus de repeupler la planète de la terre Google Maps ». Humphrey a fixé le frigo en miaulant et j’ai su qu’il comprenait la mission qui nous était dévolutionné à nous. C’est là que j’ai su que le chat était intelligent, parce que moi, j’étais pas très certain d’avoir compris la mission qui me dévolutionnait à moi. Alors on est allé sur le canapé et on a réfléchi en ouvrant une boite de concon. On en était à se lécher les babines en tout bien tout donneur – chacun les siennes, attention - quand je me suis rappelé cette phrase que mon grand-père me disait en face de la messe (à moins que cela ne soit l'inverse) le dimanche matin. « Il ne faut pas vendre la peau de l’ours ! » Il est des phrases qui restent en suspens dans l’air jusqu’à ce qu’elles vous retombent dessus comme un crachat quand tu te pousses pas assez vite avant que les lois de la gravité s’appliquent. Et là, la situation était pleine de gravités qui rappliquent. Alors j’ai pris Humphrey avec moi et on est sorti de l’appartement. Pas un bruit dans la cage d’escalier. La porte des voisins de paliers était ouverte, on est rentré, personne. J’en ai profité pour prendre quelques trucs que les zélus ils doivent avoir sur eux : Un rechargeur de batterie Sol/air, des lunettes de soleil bien plus belle que les miennes, une casse couette, des basses couettes, un couteau et des boules de Berlin avec de la framboise dedans !

    Une fois dans la rue, j’ai su que le Père Noël était en avance avec ses reines et ses butins ! Toutes les bagnoles avaient encore leur clef sur le contact ! On a pris une décapotable pour faire une maxi- virée-qui-déchire-sa-race-de-zélus. Fallait voir Humphrey poils au vent, accroché à l’appui-tête de toutes ses griffes qui était heureux comme un pacha, mais presque. Il m’a fait un sourire, pas tibulaire mais presque aussi, et je lui en ai fait un, et je crois qu’après on a passé l’après-midi à se compter les moustiques collés sur nos dents du dedans. Trop de bonheur de ouf cette fin de monde. Car c’était la fin du monde. Forcé, y avait personne à part Humphrey et moi. Les deux derniers et digne représentants de la race humaine. Nous étions fiers, nous étions beaux, nous sentions bon le… Bref, j’ai eu un pincement au cœur en pensant à mon coloc, sans doute mort, les mains couvertes de gants en plastique brun, une carpe morte au ventre ouvert entre les doigts, vidée comme les cerfs, proprement, professionnellement. Du beau boulot le coloc, dis-je à voix haute solennela… sonale, seau à nel, sonnetallemand, solennelléle, sonneannuellement, saunaalement, sot l’ylaissement… super fier quoi.

    Après une longue route genre odyssée du lys, Je me suis finalement arrêté là où j’ai toujours rêvé d’aller… à Berck ! Berck-sur-mer allait devenir le nouveau berceau de l’humanité et ce n’était pas un hasard. Telle des Rémi Naissances – drôle de nom - , je me souviens maintenant de tous ces moments de ma vie qui prennent un sens. A gauche après l’impasse. Les premiers mots de ma mère quand elle m’a vu, celui des proches, des copines qui venaient chez moi, sans forcément être payées, des profs à l’école en voyant mes dessins, mes rédactions… tous n’ont eu que ce mot à la bouche. Berck. Berck, Berck et Berck ! La boucle est attachée ! J’étais prédigéré à être le nouveau messti. Et Humphrey serait mon épautre ! Va vite falloir que je trouve de quoi écrire pour témoigner de la gégène de l’humanité, là où tout a commencé, là où l’homme est devenu homme aux sapins puis homo érectil ! Plutôt que du papier, je vais penser aux dégénérations futures qui vont naitre de ma personne et coucher les mots sur le dictaphone comme disait les poètes. Je l’appellerai… La vie de Bibi, en hommage aux comiques anglais, les « mon p’tis pitons » du Martin Circus ! Je vois qu’Humphrey est admiratif devant mes lettres !! Je vois aussi que l’ivresse de la vitesse l’a fait se soulager négligemment sur le siège arrière de la décapotable. Il est temps de changer de voiture. Il est temps de changer de vie même. Terminé le has been, vive le wall a be de Bibi. Et que ça saute.

    On est arrivés sur la plage de Berck, des panneaux pub y s'y terre annonçaient qu'il devait y avoir une rencontre de cerfs-volants dans quelques semaines. J’étais dubitatif ! Comment des gens arrivaient-ils à faire voler ces énormes bêtes ? Comment un peuple capable de telles prouesses pouvait-il disparaître de son vivant ?

    Avec Humphrey on a quitté la plagedesablefin et on a décidé de s’installer en ville. On a mis du temps avant de trouver un appartement qui convienne, on avait tellement de choix, pas besoin de payer, le luxe était à nous. Au début, ça nous a vraiment plu. On passait nos journées à chercher de quoi manger, boire, et manger et boire, et boire, et boire et le reste du temps on dormait. Et un jour, je me suis réveillé en me disant que la fin du monde n’avait rien changé pour nous et qu’on se devait de vivre autrement. Si nous avions été choisis par les zélus des zélus, cela ne pouvait pas être par hasard. Non ?

    Aujourd’hui, Humphrey est plus obèse qu’une baleine à gosses et moi, je m’ennuie terriblement. Personne pour écouter mon histoire. A quoi bon alors être un zélu si personne ne vous écoute ? Je traine d’appartements en hôtel de luxe, j’ai visité toutes les piscines du coin, nagé nu dans les palaces, dépensé plein de fric pris dans les magasins pour tout acheter, je suis habillé des plus beaux costards. Tout est à moi, le monde m’appartient, mais voilà, il n’y a que moi qui le sait. Et Humphrey, mais je vois bien que lui aussi s’ennuie ferme. Il n’y a plus d’oiseaux, plus de souris, rien, rien de vivant n’existe à part nous, les derniers cerveaux en fonction.

    Le monde est triste à mourir et surtout, surtout, je suis pris d'un grand doute et une question me turlupine – eh, eh ça vous la croupe hein ! – comment je vais bien pouvoir faire Adam, si je n'ai pas Dave ?

    Déjà que j'ai qu'un épeautre, je vois la scène d'ici !

    Alors Humphrey et moi on a repris la route de chez nous, on a retrouvé le canapé, on s'est allongé et on s'est dit qu'on allait attendre la ressucitation du reste monde pour faire les zélus à plusieurs. Après tout, on ne l'a pas demandé nous la fin du monde. Et y a pas de Mayas se faire du bien !

    Humphrey s'endort tout contre moi, il ronronne, il est heureux d'être revenu chez lui. La gloire, les traces et les palettes, c'est vraiment pas pour nous, ça c’est juste bon pour le festival de canes.

    Nous, on est juste des gens comme les autres, même si les autres, ben… y'en a plus.

     


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    Complément d’information.

    Yvonne Oter

     

     

    Suite à ma communication sur la disparition des poux, la revue « Animal Behaviour » m’a demandé de rejoindre de toute urgence une équipe internationale de chercheurs étudiant le comportement des grands singes à Bornéo. Il semblerait qu’ils y rencontrent certains problèmes inédits, depuis le 12 décembre dernier.

    Dès mon arrivée, j’ai pu constater que le mot « problèmes » était un doux euphémisme pour qualifier la situation qui y régnait. « Pagaille », « bordel », « apocalypse » auraient encore été très en dessous de la réalité. Les scientifiques qui m’ont accueillie ne savaient plus à quel saint se vouer, au point de craindre pour leur vie. L’équipe en place depuis de longs mois, qui avait déployé des trésors de patience et d’ingéniosité pour entrer en communication avec une population d’orangs-outans, voyaient leurs efforts réduits à néant par des bouleversements inattendus.

    Les primates hominoïdes qui passaient une grande partie de la journée à se chercher des poux, se retrouvaient brusquement désœuvrés, donc forcément déboussolés. L’épouillage était un rite social incontournable, permettant, par exemple, au petit et à sa mère de former un binôme fortement uni, ou aux femelles de se reconnaître comme compagnes de clan acceptables. La disparition des parasites avait créé un manque de repères difficile à combler. Les jeunes n’en faisaient plus qu’à leur tête, n’obéissaient aux consignes qu’en cas de châtiments corporels. Les mères abusaient des taloches aux petits passant à leur portée, les leurs et ceux des autres, puisqu’elles ne les reconnaissaient plus. Les femelles les plus jeunes tentaient de prendre l’ascendant sur leurs aînées qui n’avaient plus la ressource d’un épouillage un peu brutal pour ramener les fauteuses de trouble à raison.

    Ce qui m’a le plus interpellée, me crevant littéralement le cœur, ce sont les cris désespérés des vieux mâles hurlant leur désarroi de tous les coins de la forêt. Solitaires par essence, on aurait dit qu’ils tenaient à partager leur désespoir en émettant violemment leur détresse par des hurlements qui se répondaient d’un territoire à l’autre.

    J’ai quitté Bornéo le cœur serré. Je sais que la nature est bien faite, que les primates finiront par s’adapter à la nouvelle situation, qu’ils adopteront un autre style de vie. Mais je sais que cette génération que j’ai fréquentée pendant dix jours, ne s’en remettra pas vite. Il faudra du temps. Et beaucoup de souffrances.

     

    Lire ou relire la chronique d’Yvonne Oter : La fin du monde a bien eu lieu


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