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    Jacqueline Dewerdt

     

     

     

    - C’est quoi tous les bleus, m’man ?

    Christine fait semblant de ne pas entendre la question de son fils Arthur. Elle savoure l’atmosphère de la salle d’attente. Elle ne connaît pas beaucoup d’endroits aussi apaisants. Du bleu partout. Les photos de  mer et de ciel accrochées aux murs font rêver. Pourtant, la mer, elle ne pense pas que ça lui ferait du bien, à elle. Elle n’y va jamais. Ici, elle vient souvent. On lui fiche la paix, elle peut respirer sans contrainte, rester assise tranquillement en attendant la consultation.

    Arthur s’est levé et regarde une à une les photos.

    - C’est quoi tous les bleus, m’man ?

    - C’est rien, répond Christine en soupirant.

    Elle pense que ce docteur, il a des bleus à l’âme. Il écoute bien, en silence. Il n’est jamais indiscret. Entre ses yeux, deux rides profondes en soutiennent une autre qui barre le front. Christine  imagine qu’il se fait du souci pour ses patients, qu’il a beaucoup souffert, qu’il a dû s’opposer à ses parents pour faire ses études. Ou bien qu’il a perdu un enfant.

    - M’man, c’est quoi tous les bleus ?

    - C’est rien, mon chéri. Ne t’inquiète donc pas.

    - Je ne m’inquiète pas, je te demande c’est quoi tous les bleus qui existent. C’est pour ma rédac’.

    Christine vient consulter pour elle-même aujourd’hui, mais son fils Arthur l’accompagne. Il l’accompagne partout. Elle n’aime pas le laisser à la maison, avec le père. Il travaille bien à l’école, Arthur. Il est encore petit, mais plus tard, il pourrait être docteur. Ça plairait bien à Christine, ça, que son fils soit docteur. Il y aura toujours du travail pour les docteurs. Pas comme pour les chaudronniers. Son compagnon est chaudronnier. Il y a longtemps qu’il n’a plus de travail. Ça lui a gâché le caractère d’être toujours à la maison. Le matin, il enfile son bleu, comme s’il partait à l’usine. Le bleu reste propre et ça le met en colère. Et la colère, il faut qu’elle sorte. Christine essaie de rester calme, elle, d’être gentille. Lui, non.

    - Je connais bleu-ciel et bleu-marine, dit Arthur. C’est quoi, les autres bleus ?

    Difficile pour Christine de répondre à Arthur, comme ça, de but en blanc. Les bleus,  elle n’a jamais fait attention. Enfin, si, en pension, les blouses devaient obligatoirement être bleues, bleu-roi était-il précisé dans le règlement. Elle, elle avait une blouse à carreaux, bleu-marine et blanc. « C’est moins triste et c’est moins cher » avait dit sa mère. « C’est pas réglementaire » avait dit la surveillante générale. Christine avait rougi et n’avait rien répondu. Elle n’avait pas d’autre blouse et pas question d’en parler à la maison. Elle se serait encore pris une dérouillée. On avait consulté son dossier et on l’avait laissée tranquille. Après, elle a quitté l’école. Elle n’a plus jamais porté de blouse.

    - La maîtresse dit qu’il y en a plein d’autres.

    - Plein, oui, partout, mais cachés.

    - Pourquoi on les cache, m’man ?

    - Je veux dire… on n’est pas habitué à les appeler par leur nom. Bleu clair, bleu foncé… Il faudrait regarder dans le dictionnaire. Sur les photos, là, tu vois bien que les  bleus sont tous différents. Les peintres ont des noms pour  ces nuances. On pourra chercher à la maison. Bleu outremer par exemple, ça existe.

    Outremer. La mer. Sur les dépliants et dans les catalogues, la mer est bleu turquoise.

    - Ce bleu, c’est bleu turquoise. Tu vois, il tire un peu sur le vert.

    - Comme quand on s’est cogné et qu’on commence à avoir moins mal ?

    - C’est ça, si tu veux. 

     A Malo, quand elle avait huit ans, elle était grise, la mer. Les lèvres de son petit frère allongé sur le sable étaient bleues, et sa figure aussi. D’ailleurs, il était tout bleu. Outremer, peut-être. Elle n’aurait pas dû le regarder. Après, le père se mettait en colère si quelqu’un évoquait la mer. Elle lui parlait le soir, dans le noir, à son petit frère. Au début, il venait la consoler dans ses rêves. Et puis, il s’est noyé définitivement dans l’autre monde. Elle l’a presque oublié, mais elle n’est plus jamais allée à la mer. Et elle ne supporte pas d’entendre quelqu’un demander un steak bleu ou une truite au bleu. Elles ne sont pas bleues,  les truites, elles sont grises aussi, gris argent. Pourquoi dit-on « truite arc-en-ciel »?

    Arthur feuillette les revues. Fasciné par les bateaux, il s’imagine marin, pourquoi pas capitaine ? Le tour du monde, l’uniforme. Bleu, l’uniforme. Mais Arthur ne pense plus à sa rédaction tandis que  Christine continue d’explorer la palette.

    - Tu peux penser à des fleurs.

    - J’ai jamais vu des fleurs bleues !

    - Mais si, voyons, ça existe. On dit   « bleu-lavande ». Les lavandes sont des fleurs. Et elles sont bleues.

    - Et ce bleu, là, m’man ?

    - Celui-là, c’est bleu pervenche, comme les yeux du docteur. Je crois.

    Elle fait confiance à ces yeux là. On voit bien qu’ils entendent au-delà de ce que vous dites. 

    - Les pervenches aussi sont des fleurs.

    Bleu-pervenche les yeux ? Elle vérifiera tout à l’heure. Christine a remarqué qu’il porte toujours des chemises ou des pulls assortis à ses yeux. Un homme élégant. Ou alors c’est sa femme qui s’en occupe ? Elle n’a jamais regardé s’il porte une alliance. De toute façon, cela ne veut rien dire. Elle, elle en porte une et elle n’est pas mariée. C’est pour être tranquille. Pour qu’on ne lui pose pas de question. Elle n’aime pas qu’on lui pose des questions. Pour le mariage, ils avaient dit « plus tard » et depuis qu’il a perdu son travail, ils n’en ont plus parlé. Elle y pense encore en secret, mais elle ne croit pas que cela changerait quelque chose. La peur quand elle rentre du travail, elle serait toujours là. Alors, elle ne dit rien. Elle supporte. Heureusement, il y a le petit.

    - T’as vu, m’man, sur cette photo, la mer est verte. Verte et noire.

    La mer est verte et Christine trouve que les fleurs de lavande ne sont pas vraiment bleues. Elle dirait plutôt mauves, comme on le disait chez sa grand-mère. Mais puisqu’on dit « bleu lavande », il faut bien admettre que c’est bleu. Il y en avait, des lavandes, dans le jardin de sa grand-mère. C’était tout un travail de les égrener et de  les ensacher. Le parfum les enivrait tous un peu. On était un peu écœuré à la fin de la journée, et pourtant on avait envie de ne plus jamais se laver les mains pour pouvoir s’en saouler encore et encore. Elle rêvait d’être vendeuse en parfumerie, Christine. Dans le parfum et la beauté à longueur de journée, à longueur d’année. Dans une blouse rose. Mais elle est caissière au supermarché. Avec un gilet rouge.

     

    Le médecin ne la trouve pas bien en forme. Sans surprise, il constate qu’elle hésite à parler. Elle ne sait pas comment exprimer ce qui l’amène à consulter. Il se dit qu’il suffit de patienter. Le petit sera sage à feuilleter les revues, on peut prendre le temps. Dans le bureau du docteur, Christine se sent bien et elle n’a plus envie de décrire ses nuits blanches, ses malaises. En tout cas, elle avait raison, pour la couleur des yeux. Pervenche. Et il porte une alliance. Elle dort mal, dit-elle, et n’a pas beaucoup d’appétit. Le docteur lui demande de se déshabiller et de s’asseoir sur la table d’examen. Elle aimerait bien sentir sur elle la douceur des mains du docteur, mais elle rechigne à se laisser examiner. Elle reste assise sur sa chaise et se met à parler d’Arthur, de l’école où il travaille si bien, de la rédaction, des bateaux. Le docteur l’écoute. Il se lève, contourne son bureau.

    - Enlevez au moins le foulard et le gilet, je m’arrangerai.

    Christine dénoue le foulard, déboutonne lentement le gilet, le fait glisser de ses épaules et le pose sur ses genoux. Elle le plie et le lisse comme si elle voulait le ranger après l’hiver. Un petit accroc capte toute son attention. Le docteur lui relève le menton, pose les pouces sur les cernes mauves, tire un peu les paupières vers le bas. Il fait glisser ses doigts sur le cou, palpe délicatement de chaque côté sous les oreilles, la gorge, les salières. Puis il lui prend la main, fait glisser le fourreau du tensiomètre le long de l’avant-bras et repousse délicatement la manche du chemisier vers l’épaule.

    - C’est quoi ces  bleus, là ?

    - C’est rien.

     


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    Comment bien foirer sa matinée

    Ysiad

     

     

    Ce matin, nous reprenons notre bâton de pèlerin le cœur vaillant et nous lançons d’un pas gaillard à l’ascension d’une nouvelle foirade, qui consiste aujourd’hui à donner au lecteur les clés nécessaires pour enfin parvenir à bien foirer sa matinée, ce qui n’est pas si simple si l’on tient compte du fait qu’il y a matinée, et matinée.

     

     

    Pour commencer, il vous faut une matinée de temps libre. C’est très important pour bien foirer. Capital, même. Sans cette matinée de temps libre, vous ne foirerez pas comme vous le souhaitez. La notion de temps libre est un élément indispensable pour bien réussir sa foirade. Une matinée de boulot foirée, ça n’a aucun intérêt. Franchement, c’est très banal, ça arrive tous les jours. Au vu de la tête qu’arborent les patrons, en général dès qu’on les voit, la matinée se foire d’elle-même. Elle s’auto foire pour ainsi dire, elle se consume, s’effondre et se dissout dans un néant sans retour et sans même que vous ayez eu le temps de vous donner du mal pour obtenir ce résultat.

     

    Ce qu’il vous faut, pour bien foirer avec la joie au cœur, c’est une matinée en roue libre, qui sent le printemps par exemple, avec le soleil qui réchauffe l’atmosphère et entre par la fenêtre, les pigeons qui picorent sur le toit, le chat qui les guette et vous, bien sûr, qui avez prévu d’écrire un truc immense et grandiose, et qui vous penchez par-dessus la balustrade pour jeter du pain et vous mettre en train n’est ce pas, et surtout attirer les gros ramiers vers le chat qui est un peu lourd pour pouvoir les attraper, et qui a tendance à se méfier du toit en pente sur lequel il dérape, le pauvre petit. La vie est injuste mais il ne faut pas se décourager et continuer à lancer du pain à grandes volées généreuses en imitant le roucoulement du pigeon pour exciter un peu la ventouse de fourrure à filer sur la corniche et choper les emplumés, allez, du nerf, rouuuurouuuu…. rouuuurouuuu… Là, c’est bien, les pigeons rappliquent, petits, petits, petits, par ici la bonne sousoupe, le chat les guette, moustaches en avant, la chasse est engagée. Vous lancez si bien le pain que toute la baguette y passe, flûte, va falloir descendre en acheter une autre, c’est malin, votre fille rapplique pour le déjeuner, faudrait y penser. Qu’est ce qu’elle va manger ? Ça, c’est une vraie question, sans oublier son pendant : c’est quand qu’on mange ?

     

    Dans l’objectif de la nourrir, vous sortez deux tranches de cabillaud du congélateur que vous posez sur une assiette, mettez deux pommes de terre à cuire au fond d’une casserole, crac, le tour est joué, vous pouvez regagner vos pénates. Derrière la fenêtre, la situation est stationnaire. Le chat guette toujours les pigeons qui ont ameuté les copains, il y a un merle, deux tourterelles, des tas de moineaux, tout le monde picore sous les yeux du félin, vous pouvez commencer à écrire.

     

    Vous sortez une belle feuille blanche, décapuchonnez le stylo, grattez d’un poignet déterminé la première phrase… que vous n’arrivez pas à terminer, il n’y a plus d’encre. Il est inconcevable de continuer à l’écran. Le premier jet se fait à la main, toujours. Impossible de déroger à cette règle du premier élan à l’encre. Où en trouver à cette heure matinale ? La papeterie ouvre à 10 heures, le magasin Virgin une demi-heure avant et vous ne pouvez pas attendre ; tant pis, exceptionnellement, vous enrichirez les grands groupes. A neuf heures trente, vous constatez qu’il y a un mouvement de grève devant les portes du Virgin et cela vous laisse le temps nécessaire pour racheter à la boulangerie le pain que vous avez bêtement dilapidé sur le toit, (dans l’espoir insensé que le gros fourré chope enfin un volatile), et ensuite attendre avec votre baguette sous le bras devant la porte de la papeterie. Quand sonnent dix heures, elle s’ouvre, vous êtes la première à être servie. Désolée, Madame, nous sommes en rupture de cartouches de ce modèle, vous annonce-t-on avec un grand sourire. Allez, souriez aussi, que diable, this is a foirade. Le Virgin est toujours fermé quand vous repassez devant ses portes, retour au bercail.

     

    Sur le toit, à première vue, la situation n’a pas véritablement évolué. A seconde vue, si. Totalement. Le ballon de fourrure est maintenant cerné par une nuée d’oiseaux qui portent contre le zinc de si violents et si terrifiants coups de bec qu’il ne bouge pas d’une moustache. Pour un peu, vous pourriez presque croire que se joue sous vos yeux un remake de Birds d’Hitchcock, et cette idée est si effrayante que vous enjambez la balustrade pour chasser ces imbéciles de volatiles qui terrorisent le pauvre animal. Allez, zou, mauvais oiseaux, sale engeance fienteuse, du balai ! A l’instant de passer par-dessus la balustrade, vous manquez glisser sur une déjection et vous rattrapez in extremis à la rampe que vous enjambez en même temps que le matou, trêve d’initiative, il est grand temps de s’y mettre, place à l’écran.

     

    Qui est si blanc que les choses ne se passent pas du tout comme vous l’aviez prévu. Les phrases ne vous plaisent pas, elles sont mortes, privées de cette encre qui leur insuffle une vie propre, les mots s’alignent bêtement comme des soldats disciplinés, si bien que l’inspiration se tarit au bout du deuxième paragraphe. Flûte. Ça ne va pas du tout. Et le chat gratte à la fenêtre. Il veut ressortir. Vous allez lui ouvrir. Allons bon, il ne veut pas sauter par-dessus la balustrade. Vous l’incitez un peu, finalement il se décide, c’est bien mon petit, va chasser le gibier, le temps de faire une virée éclair à la cuisine. Y a justement Je pars qui passe à la radio, Va, Le vol de nuit s’en va, Destination Bahia, Buenos Aires ou Cuba, et sur la voix de Nicolas Peyrac, vous plantez un couteau dans la chair des pommes de terre. Elles ne sont pas encore cuites, vous pouvez continuer à écrire. Portée par l’élan de la chanson, vous retournez vous asseoir mais le chat vous a aperçue qui rappliquiez, et c’est à l’instant où vous jetez férocement vos doigts sur le clavier qu’il pousse un miaulement déchirant derrière le carreau. Miaooouuu ! Miaooouuu ! Ouvre-moi, j’ai froid, mauvaise mère ! semble-t-il vous dire en dardant sur vous deux gros yeux jaunes pleins de reproche. Bon, bon, bon. On s’énerve pas, tutto molto bene. Le temps de lui ouvrir et de revenir à la table de travail : frrrrtttt ! L’inspiration s’est envolée ! Impossible de retrouver l’idée première du petit matin, celle d’avant la panne d’encre. Et il vous semble entendre un bruit qui ressemble au bouillonnement de l’eau sur le feu. Aucun doute, ça glougloute à fond dans la pièce à côté. Vite, rush à la cuisine. Vous avez mis le bouton sur 12, pour que ça cuise vite et bien, et ça a cuit si vite et si bien que l’eau s’est répandue partout sur la gazinière et que les pommes de terre se sont complètement émiettées.

     

    Ben maintenant, y a plus qu’à réparer les dégâts. Vous sortez un torchon, épongez, égouttez les patates, les laissez refroidir à côté du poisson qui décongèle, avec tout ça, il est bientôt onze heures. Vous n’avez rien fichu, faut mettre les bouchées doubles. Un petit café et zou, faut foncer à fond les ballons ensuite, pensez-vous en engageant le filtre dans la cafetière. En attendant que le café soit fait, vous sortez une tasse, poussez le bouton de la radio qui passe Angie, et voilà que la belle voix chaude de Mick Jagger emplit la pièce, et soudain vos jeunes années emplissent les lieux, occultant complètement les crachotements de la cafetière et la fumée qu’elle lâche à grands jets de vapeur. C’est seulement à la fin de la chanson que vous revenez à vous pour constater que ce putain de filtre s’est replié et que le récipient s’est rempli d’un jus de chaussette imbuvable. Ras-le-bol ! Pas de café, plus rien ! Et toi, le chat insupportable et trop gâté, tu restes là, au piquet, dans la cuisine. Fini, les caprices ! Plus de blague !

    Y en a un peu marre des conneries tout de même. Faut travailler. Allez.

    Vos doigts cavalent sur les touches en espérant retrouver l’inspiration qui s’est barrée du côté de Bahia, de Buenos Aires ou de Cuba. Vous relisez et non, franchement, c’est nul ! A midi, on sonne à la porte. Votre fille a grand faim après ses quatre heures de cours au lycée. Et le couvert n’est pas mis. Et la purée n’est pas prête. Et vous avez oublié le pain à la papeterie. Et bim, en plein dans le capuchon ! C’est foiré !

     

    … Mais si par miracle, une fois dans la cuisine, vous constatez que le félin vous regarde d’un petit œil fin et qu’il se lèche les babines après avoir boulotté les deux tranches de cabillaud pour se venger d’avoir été ignoblement relégué dans la cuisine, alors seulement, vous pourrez considérer que la petite matinée d’écriture est bien foirée.

     


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    Au café non plus ! 

     

    Nous avions prévu de célébrer ce dimanche de fête avec une fantaisie de Franck Garot ; hélas, notre sympathique chroniqueur a pris le large en oubliant de poster les dites fantaisies. Il vous faudra donc attendre son retour et subséquemment le mien pour reprendre l'affaire.

     

    Une pêche miraculeuse peut-être ?

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    Comme une sorte de suite au Saoûl contrôle de Castor Tillon 

     

    Pétrole

    Jean Calbrix

     

     

    Tourne, tourne la Terre autour du grand Soleil

    Tes bienfaits ont mûri dans cette rôtissoire.

    Ton ventre s'est gonflé, comme un grand saint ciboire,

    De pétrole aux lueurs de moire et de vermeil.

     

    Et toi, génie humain, à l'esprit en éveil,

    Tu sus capter le feu de la richesse noire,

    Reléguant le cheval au fin fond de l'Histoire,

    En créant le moteur, fabuleux appareil.

     

    Et depuis, c'est la chasse aux nappes souterraines,

    Malheur à toi petit vivant près des fontaines

    Où l'or tant convoité coule à flot pour les grands.

     

    Tu ne pèses par lourd, t'en périras sans doute !

    Auprès d'un parapet, je vois les estivants

    En un long défilé sur la grande autoroute !

     


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    Saoûl contrôle

    Castor Tillon

     

     

     

    Quand je suis arrivé au bistrot, avant-hier soir, ça pérorait ferme. Sans surprise, c’était ce pochetron de Jean Sifone d’Hélytre (ne pas confondre avec Jean Syfone d’Évoix, le président-candidat), un aristo ruiné, qui monopolisait l’attention. Le niveau de liquide de son organisme, contrairement à celui de son porte-monnaie, dépassait largement la ligne de flottaison, et le barman s’évertuait à le convaincre de rentrer chez lui pedibus cum jambis, ou dormir sur le billard avec une couverture. Jean insistait pour aller chercher l’éthylomètre dans sa voiture, or il est deux catégories de personnes pour lesquelles cet instrument est totalement inutile : les sobres, et les épaves dans son genre, tant le résultat est connu d’avance.

    - Vous connaissez la différence entre cette animatrice des années 80 et moi ? Ben elle, c’est Dorothée, et moi, j’me réveille au café, mouhahaha ! Laissez-moi aller chercher mon émylo… mon étoly, mon alcoolo-test, là, qui va vous rassurer sur mon état avancé de sobriété…

    - Pas besoin d’un éthylo pour voir que tu es rond comme un patapon. Tu ne saurais pas où mettre la clé de contact, même avec un GPS.

    - Ta ta ta ! Moi, quelques petits verres de plus, ça me galvanise pour conduire !

    - Exact : tu as la couleur du galvanisé : gris. Si tu prends le volant, tu n’iras pas plus loin que le prochain mur.

    - Ecoute, m’sieur le barman : l’alcoolo-test, notre foutu président l’a rendu obligatoire, et je vais l’éthyliser… l’ulit… m’en servir. Ce truc m’a coûté une fortune, d’ailleurs… Avant c’étaient les flics qui fournissaient de quoi te coller une prune, maintenant c’est le contrenev… le… l’épicurien qui doit acheter le matos. Les gens qui ne boivent jamais doivent être ravis ! Tu vas voir que bientôt ils vont nous contraindre à payer et trimballer dans le coffre le carnet à souches, le sifflet à roulette et le sabot de Denver ! Dans quelques années, la malle arrière sera pleine de leurs saloperies, et pour peu qu’on nous force à acquérir un agent ou un douanier, nous devrons envoyer nos bagages de vacances par FedEx. Alors, tu sais quoi ? Je vais me mettre en règle avec la loi, je vais souffler dans le sacré machin, et légèrement euphorique ou pas, je vais rentrer chez moi en auto.

     

    Il a donc pris sa voiture, ou sa voiture l’a pris, on ne sait, car depuis, nous n’avons plus de nouvelles. S’est-il endormi sur la pédale d’accélérateur, et a-t-il roulé jusqu’en Slovénie ? A-t-il rencontré un platane plus coriace que son crâne ? Fait-il désormais partie des funestes statistiques que le gouvernement s’évertue à faire baisser, officiellement pour notre bien ? Il avait pourtant un bel éthylomètre tout neuf à 129 euros, le must, quoi.

     


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    Feuille de route

     

     

    Il a beau connaître le trajet, avoir repéré depuis longtemps les pleins, les vides et les revers,  jaugé les perspectives, recensé les contresens, à chaque fois c'est la même difficulté. Il ne sait pas d'où ça lui vient cette hésitation. Il a le coup d'oeil pourtant habile. Le réflexe assuré. La droite, la gauche ne lui posent pas de problèmes. Seulement voilà, certains angles ne se laissent pas surprendre. Il en est même qui s'effritent à la moindre tentative d'approche. Un jour, on lui a dit de se méfier des angles morts. Depuis le temps qu'il roule, morts ou vifs, les angles il a appris à faire avec. Mais quand même. Quand il y en a trop, qu'il n'y a plus que ça dans le champ, c'est qu'il est pris par le doute. Parfois cela va jusqu'au vertige. Au point de se laisser abuser par la peur. Alors, il les explose. Le problème, c'est après. Quand la lumière vacille. Que les balises se dérobent. Et que la ligne de mire remonte de deux ou trois crans. Les pensées durcissent. Les nerfs s'irritent. Les muscles se verouillent. Impossible de faire marche arrière. De s'arrêter sur un bas-côté. De prendre la tangente. Il faut faire gaffe. Vraiment. S'il ne prend pas la bonne décision, il peut dire adieu à la route. Il verra se dresser des arêtes, se tordre le bitume, surgir des charniers. Et c'en sera fait d'une vie tracée dans le droit chemin.

     


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    Comment bien foirer en choisissant de se dépayser (deuxième partie)

    Ysiad

     

     

    Pour ceux que ça intéresse, nous poursuivons l’ébouriffante série « foirer c’est bien, mais bien foirer, c’est mieux », avec un périple qui consiste à décoller d’Akureyri  au nord de l’Islande pour atteindre Glasgow en zigzagant entre les particules de cendre, et à obtenir si possible un verre de champagne pour fêter les deux places que vous et votre fille avez obtenues à bord de ce vol très hypothétique d’Icelandair, mais malheureusement toujours pas de champagne, ah flûte, encore foiré, et  pour vous punir de poser des questions saugrenues, l’hôtesse à grandes moustaches et tresses blondes vous colle trois glaçons tintinnabulants dans votre verre à eau. Allez, buvez un peu d’eau fraîche avant le Scottish whisky que vous rêvez de vous jeter derrière l’épaule à l’aéroport de Glasgow pour vous remettre de vos émotions…

     

     

    Glasgow, donc, après des heures d’attente à faire les cent pas à l’aéroport. Avec tous ces décalages, vous ne savez plus quel jour on est, mais votre fille vaillante est là pour récupérer les valises avant l’enregistrement pour le vol de New-York, toujours avec l’épatante compagnie d’Icelandair. Il y a encore du retard et il faudra attendre deux bonnes heures au bar pour qu’enfin, l’avion s’arrache du sol écossais et mette le cap sur la côte Est.

    A bord de l’avion, on vous servira du poulet froid, des haricots froids, une compote froide, une grande rasade de champ… d’eau des volcans d’Islande, côté alcool festif, en plein dans le cratère, c’est foiré.

    … A la douane de JFK, ce ne sont pas des petits plaisantins qu’ils ont installé dans les guérites, ah ça non, et lorsque le douanier à la mine patibulaire se penche pour vous demander la raison de votre séjour à New-York, vous vous abstenez de sortir que vous menez une enquête sur que choisir parmi la carte du Mac Do pour devenir obèse en moins d’une semaine, vous dites que c’est pour du tourisme.

    Il est une heure du matin lorsque le taxi vous dépose devant la porte de l’immeuble de la 49ème rue où vous avez loué un studio à deux pas du quartier de Times Square. 1er étage, deuxième étage, vous y êtes. En dépliant le lit, vous pensez que ça y est, « you made it », pendant que votre fille chante New-York, New-York en dansant dans la pièce.

    Et les jours s’écouleront dans New-York la trépidante, et les pommiers et les cerisiers de Central Park seront en fleurs, et les écureuils ne seront pas tristes du tout le lundi (contrairement à ce que prétend Madame Pancol), et le Chrysler Building brillera de tout son éclat dans le soleil de cinq heures du soir, et Manhattan s’étalera enfin à vos pieds, grouillante et pleine de vie, et Brooklyn vous évoquera l’ambiance poétique et jazzy des films de Woody Allen. Et le temps fuira, tout simplement. Vous aurez le cœur gros le jour du départ. Si gros que vous n’entendrez pas les sirènes des voitures de police quadrillant le quartier de Times Square, et que vous quitterez l’effervescence de l’aéroport avec du retard encore une fois. Ce n’est qu’après une escale à Reykjavik que vous apercevrez enfin par le hublot les colonnes de fumée noire et blanche sortant du cratère du volcan au doux nom de Eyjafjallajökull (sois poli, petit).

    En mettant un pied sur le sol français, on vous apprendra que vous avez échappé à un attentat à la voiture piégée dans le quartier de Times Square et que pour le prochain voyage, à moins de tenir à bien le foirer, il serait sans doute préférable de consulter les oracles…

     


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    C'est à un chasseur d'images hors du commun que nous avons affaire aujourd'hui. Le genre d'individu prêt à toutes les contorsions et à toutes les audaces pour changer le point de vue de l'autre.

     

     

    Angle de mire

    Corinne Jeanson

     

     

     

    - Vous avez l'angle parfait. Permettez, Thomas Masson, photographe.

    Un homme à l'âge indéfini, grand sans l'être tout à fait, vêtu sans élégance mais sans négligence non plus s'était approché de ma table et me tendait la main. Il portait un appareil photo en bandoulière, signe évident qu'il pouvait être photographe.

    - Je ne voudrais pas vous importuner, je réalise une série de photographies sur le thème de la nuque. La nuque des hommes pour être plus précis. Et votre nuque correspond par excellence à la perfection que je cherche.

    Il s'était assis en face de moi et le garçon, pour une fois prompt, avait déjà pris sa commande sans que j'ai pu prononcer un mot. Je balbutiais :

    - Marc Grivel, de passage dans votre ville.

    Cette présentation saugrenue ajouta au malaise qui m'envahissait depuis le matin. Je passais ma main dans mes cheveux, histoire de vérifier que tout allait bien.

    - Oui, c'est cela. Vous sentez l'angle sous vos doigts ? Un grand angle. C'est tout à fait cela. Je ne voudrais pas abuser de votre temps, mon studio est tout à côté je pourrais vous montrer mes contacts. Accordez-moi une demi-heure pour vous prendre la nuque dans mon objectif.

    Il avait balbutié sa demande avec maladresse, ce qui me toucha, je crois. Avais-je opiné de la tête ? Avais-je esquissé un sourire d'acquiescement ? Je me retrouvais dans une ruelle marchant derrière cet homme pressant et déterminé. Sa voix douce, sa démarche effleurée ne laissaient en rien supposer son autorité. Ce devait donc être plutôt mon naturel curieux, ma complaisance et ma capacité caméléon à me fondre dans le désir de l'autre. J'effaçais depuis l'aube ma dernière nuit.

    A peine le porche franchi d'un immeuble ancien, la volée d'escaliers, il ouvrait sa porte et je découvrais une grande pièce lumineuse, encombrée de livres empilés sur des bibliothèques improvisées, des magazines de photo, des plantes vertes exubérantes. Les larges fenêtres donnaient sur le fleuve. Il m'indiqua une autre pièce drapée de longs rideaux noirs, son studio, à en croire les parapluies blancs disposés sur une estrade.

    - Voici.

    Il ouvrit un dossier d'où s'échappa des planches contact, en noir et blanc, par six, des rangées de nuques. Des nuques d'hommes, jeunes, vieux, vacillantes, tranchées, aplaties, proéminentes, altières, tendues, affaissées, arrogantes. Prises deux par deux : une de dos, une de profil. Aucune gorge, aucun visage de face, aucun regard.

    - Vous cherchez la couronne ?

    Cela m'avait échappé. Je n'ai jamais cru aux chakras et à toutes ces fumantes croyances orientalistes. Une amie avait bien tenté de m'y convertir mais à part ses caresses de ma nuque à mes talons, je n'avais rien retenu à tout ce que je considérais comme de pures fadaises.

    - Je cherche, un équilibre. La courbure de la nuque en arcade avec l'os occipital me fascine. La vôtre avec sa ligne saillante est une perfection. Vous sentez, l'atlas, là.

    Sa voix tremblait, il cherchait ses mots. Je voyais poindre une rougeur à ses joues, une perle à son front. Jusqu'à son souffle qui s'accélérait. Il pointait sa paume sur ma nuque, comme pour la soutenir, mais il ne m'effleura pas, comme si une invisible auréole lui interdisait de toucher mon crâne. Je repensais à ma dernière conquête qui nouait ses mains à ma nuque pour mourir de volupté dans nos reins liés. Etait-ce donc cela ? J'aimais sa nuque penchée toute incrustée de son odeur d'amour. En cet instant je me souvenais de ma bacchante et du poète qui l'avait si bien chantée. Je craignai tout à coup, face à cet homme inconnu, de devenir Penthée et de mourir tel un animal. Je fis un pas en avant pour attraper les contacts qui s'échappaient de leur écrin. Je regardais le profil de mon hôte et me moquais de mes égarements : cet homme-là n'avait rien du mâle dominant, il n'allait certainement pas me... quoi au juste, me manger, me séduire, me désirer ?

    - Vous n'avez photographié que des nuques d'homme.

    - Oui, avec ma précédente série je m'étais laisser absorber par les chevilles de femmes. Mais je cherche des géométries plus pures. N'étais-je pas sot, j'ai réalisé très récemment que je cherchais le siège de l'âme. Il est vrai que toutes les nuques n'ont pas cette puissance évocatrice. Voyez-vous, comment dirais-je, rares sont les nuques qui offrent tout à la fois puissance, mélancolie et rêverie. Même les regards n'ont pas ce souffle. Ce n'est sans doute pas pour rien que les Orientaux y voient le siège de ce que nous appelons âme. Vous avez raison, la couronne. Si j'étais astronome, je photographierai la couronne boréale, mais je n'ai pas les instruments qui conviennent.
    Je l'écoutais. Sans l'écouter tout à fait. Je sirotais son whisky -mon hôte avait bon goût même dans son choix de whisky. Ma nuit dernière réapparaissait. J'avais invitée une femme inconnue chez moi. Pour un scénario à ma manière. Elle était entrée, nue sous son manteau, mon appartement était sombre, elle ne pouvait pas me voir. Je n'avais pas prononcé un mot. Je lui avais bandé les yeux avec une écharpe en soie et je l'avais guidée dans ma chambre. Ce qui s'en suivit. Je m'étais longuement attardé sur son corps, sur ses parties les plus secrètes, emplies de suaves fluides. Je l'avais accroupie pour qu'elle me rende mes caresses. Et, quand mon sexe bien droit, bien échauffé, avait été prêt à la prendre, je l'avais retournée pour l'enculer, doucement puis profondément, intensément, absolument. Je l'avais possédée ou bien était-ce elle qui m'avait rendu possédé ?

    J'avais ôté son bandeau. Elle avait tendu son regard vers le mien. Je n'avais pas pu m'en détourner. Je ne sais pas ce que je vis. Je sais que je ne vis pas de désespoir, je sais que je ne vis pas de tendresse, je sais que je ne vis pas d'arrogance, encore moins de la peur ou de la colère. Je ne vis pas de la jouissance. Encore moins de l'amour. Ou bien. Non, je ne voyais pas le monde, ses collines, ses monts enneigés, ses fleuves, ses océans. J'ai vu au lointain. Son regard ne me regardait pas, il regardait au-dedans de moi. A cet instant, je la désirais, je désirais son désir.

    Tout en parlant, j'avais perdu le fil de la conversation, Thomas ne cessait de toucher son côté gauche, il frottait ses côtes. Je songeais à la bible, à Adam. Je pensais à mon pénis qui avait plongé dans le vagin liquide de cette inconnue. Elle avait noué ses mains à ma nuque, elle avait relié ses pieds à mes reins, elle avait soulevé tout son corps en apesanteur contre le mien. Je n'avais plus rien ressenti, je n'avais pas joui avec mon corps, j'avais été aspiré, j'avais été baignant dans un océan de béatitude qui m'avait achevé, sorti de moi.

    - Acceptez-vous de dégrafer votre chemise ? Votre col m'empêcherait de saisir vos courbes.

    Le matin au petit jour, elle s'en était allée, sans un mot, j'avais stupidement déclaré : « On reste en contact ? » J'avais quitté ma ville précipitamment, pour me retirer d'elle, de ce que j'avais découvert, de ce que je ne voulais pas découvrir. Et je me retrouvais, là, avec un photographe parfait inconnu qui dévisageait ma nuque et mon occiput.

     


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  • Moscou.jpg

    Bons baisers de Moscou 

    Votre barman est en route vers le soleil levant à bord du Tanssibérien.

    Le café reste bien sûr ouvert.


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  • Pas-facile-Dewerdt.jpg 

    Comme Patrick Ledent, Jacqueline Dewerdt-Ogil a contribué activement à l'épopée des 100 derniers jours. Elle publie aujourd'hui un livre-témoignage sur son engagement humain et sur sa façon de prendre place avec l'autre dans la vie.

     

    Pas tout facile la vie

    Des clowns chez Emmaüs

    Jacqueline Dewerdt-Ogil

    Préface de d’Anne Saingier

    Postface de Montserrat González Parera

     

     

     

    Pas n’importe quels clowns. Clown-analyste, clowno-formateur, tels sont les titres de celui qui embarque l’auteur vers dix années d’une aventure exceptionnelle avec « La Bande à Léon » troupe de clowns composée de compagnons d’Emmaüs.

    Il s’agit bien de compagnonnage en effet dans ce récit à deux voix. Sous forme de journaux croisés, l’auteur nous fait partager les bonheurs et les tourments qu’elle a vécus au sein de la troupe. Les portraits de ces hommes que la vie a poussés en marge de la société nous font toucher du doigt la fragilité des destins individuels, mais aussi la force de la création collective. Compagnons d’Emmaüs, L’Ancien, Le Grand, La Flèche et les autres deviennent clowns. Parce qu’on fait confiance à leur talent, ils créent des spectacles dénonçant les travers de la société qui les a rejetés.

    Par touches discrètes, l’auteur donne à entendre les échos que la vie des compagnons réveille en elle. Comme s’il s’en était fallu de peu qu’elle aussi, que vous aussi. Comme si certains avait juste raté le mauvais virage au mauvais moment.

     

    Licenciée en lettres, Jacqueline Dewerdt-Ogil renonce à l’enseignement pour se former au conseil conjugal à l’AFCCC (Association Française des Centres de Consultations Conjugales).

    Elle exerce cette fonction en centre de planification. Parallèlement, elle met ses compétences et sa sensibilité au service d’associations engagées dans l’humanitaire, le social et la vie culturelle. Elle consacre désormais de plus en plus de temps à l’écriture.

     

    Aux Editions L'Harmattan, 234 pages, 23 €

     


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