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    Ysiad aime assez répondre aux questions des internautes égarés sur la route Google / Calipso. Pour "Le printemps de Calipso ", elle nous offre un sujet hautement sensible et qui devrait en interpeller plus d’un(e) : est-ce mal de fouiller dans l’ordinateur de son mari ?

     



    Chère internaute,

    La question relevée dans les filets de Google mérite d’être abordée, même si vous l’avez posée sous un angle délicat. Peut-on fouiller dans l’ordinateur de son mari ?, permet d’éviter cet écueil moral capable de faire sombrer bien des raisonnements. Permettez-moi toutefois de penser que si cette question s’est posée en ces termes, c’est parce que vous n’avez pas la conscience tranquille. Au fil des jours, l’idée de fouiller dans l’ordinateur de votre mari vous a tentée et tourmentée. Vous avez succombé à la tentation simplement parce que votre époux a mis le feu aux poudres du soupçon en laissant tomber un soir d’hiver, à peine la dernière bouchée avalée : Chérie, j’ai du travail, je te laisse devant Mister Bean.

    Vous eût-il abandonnée devant James Bond contre le Docteur No, les choses auraient pris une tout autre tournure. Vous vous seriez concentrée sur la silhouette de Sean Connery courant sur une plage de la Jamaïque dans un pantalon de toile légère à la rencontre d’une ramasseuse de coquillages tout à fait quelconque, et vous n’auriez jamais perçu derrière la porte les rires de privauté qu’accompagnait le cliquetis infernal des touches du clavier, alors qu’à l’écran, ce soir-là, Atkinson paumait sa montre dans le croupion d’une dinde trop grasse.

    Malheureusement, ce fameux soir d’hiver, les cliquètements du clavier ont pris une ampleur anormale. Ni les vibrations de l’essoreuse déchaînée, ni les gesticulations de Mister Bean ne sont parvenus à les atténuer. Le cancrelat du doute rongeait votre cerveau en glissant dans chacun de vos hémisphères des prénoms comme Pénélope ou Natacha, cependant que de longues silhouettes botticelliennes posaient leurs bras graciles sur les épaules de votre mari. A bout de nerfs, vous avez éteint la télé d’un pouce rageur, jeté un Je vais me coucher sec à travers la porte et gagné la chambre, flanquée du compagnon fourré toujours prêt à jouer les ventouses au pied du lit.

    Et puis les jours ont passé. Forcément. Les jours passent mais pas le soupçon, c’est ainsi, la vie est mal fichue. Le soupçon se nourrit de n’importe quel embryon d’indice derrière la porte. Un dimanche, en voulant le nettoyer avec un coton imbibé d’alcool, l’écran de l’ordinateur est devenu un lac de tourbe peuplé de créatures trop blondes pour être honnêtes, et c’est pour cette raison précise que vous avez tapé sur la pointe des doigts un mot de passe, suivi d’un code secret.

    Vous avez pratiqué la fouille informatique avec une volupté sans égale aux alentours de minuit, lorsque la pluie tambourinait sur les tuiles du toit et que toute la chambre retentissait des vibrations régulières de l’époux ronflant. Vous avez progressé à tâtons vers le bouton de porte en écartant des voiles de pénombre, toute la difficulté consistant à correctement viser ce bouton sans risquer de trébucher sur le miauleur qui a une fâcheuse tendance à s’entremettre, dès qu’il devine votre présence en mouvement. Au début, il vous arrivait de lui marcher sur la queue avant d’accéder à la pièce où vous attendait l’ordinateur replié dans sa housse. C’était embêtant. La lampe s’allumait, une tête de hibou émergeait des oreillers ; terré sous le lit, le chat feulait et crachait. C’est pourquoi vous avez pris des mesures et acheté au matou un collier phosphorescent, pour les nuits où vous meniez votre petite enquête.

    Qui n’a rien donné. Vous avez accédé à une foule de liens utiles. Les horaires de livraison du supermarché ne laissant dans leur sillage aucun parfum d’érotisme extraconjugal, vous avez estimé que vos soupçons étaient ridicules. Au fil des jours, Natacha et Pénélope se sont éloignées, jusqu’à ce soir de pleine lune où, à force de recoupements, une certaine Calipso a surgi des fréquentations informatiques de votre mari. Calipso dans sa robe tissée de perles dansant à son bras, Calipso capable de le retenir de la même façon que son homonyme avait autrefois retenu Ulysse avant que Zeus n’intervienne pour permettre au captif de cingler vers Ithaque où l’attendait Pénélope.

    Alors d’un doigt vengeur, vous avez demandé au dieu Google de vous conduire jusqu’à elle.


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    Au café, les menus sont variés. Vous y découvrez des fables, des lettres, des dépêches, des reportages, des débats, des chroniques, des nouvelles et peut-être plus lors d’un prochain " Printemps de Calipso "… Sait-on jamais avec Gilbert Marquès ?

     

     


    Je me présente : je m’appelle " Nouvelle… brève "

    Faute de temps et de place, il m’est formellement interdit de m’étendre sur mon sujet. Du reste, je ne raconte pas plus d’histoire que je ne développe d’information. Je me dois donc d’exister par moi-même.

    - Soyez claire et concise, ai-je reçu pour instructions.

    Donc, tressée comme une chevelure abondante réduite à sa plus simple expression pour rentrer sous un béret, je me fais violence pour extraire la quintessence de mon univers afin d’en relater l’évolution. Je ne me permets aucune critique, encore moins la moindre digression qui agrémenterait pourtant mon propos. Je m’en tiens au fait brut sans aucun commentaire.

    Pour parvenir à remplir cette mission ingrate, je me casse le stylo à rechercher le mot le plus explicite, celui qui traduira le mieux ce que j’essaie de transmettre. Ainsi, je me perds parfois dans le dédale d’un vocabulaire abscons, voire pompeux.

    Rendue avare par nécessité, et non par nature puisque je serai plutôt prolixe, je muselle mes épanchements verbaux pour rester un modeste moyen d’expression aux apparences froides et distantes.

    Toutefois, mon irrévérencieux désir d’être lue prime sur toute autre considération. Véritable caméléon, je me plie à toutes les exigences, même les plus saugrenues, tant et si bien que je finis toujours par me satisfaire de cette intransigeance qui me torture.

    " A quelque chose malheur est bon " proclame un proverbe. Il ne saurait être mieux adapté à mon cas.

    L’exercice de style auquel je dois me soumettre comme à une loi inique me satisfait par l’assurance d’être caressée, parfois, par des yeux attentifs.

    - Pourvu que le lecteur comprenne, me dis-je pour me rassurer.

    Je suis conçue, en principe, pour cette fonction même si je ne représente sans doute qu’un modeste " faire valoir " probablement parcouru par des regards distraits, le plus souvent. Ma taille limitée ne me permet pas d’espérer davantage. Ainsi dois-je m’estimer heureuse de pouvoir me glisser presque subrepticement entre deux pages, bien au chaud, sans pour autant me bercer d’illusions. Jamais, sans doute, je ne m’imprimerai dans les esprits savants ou érudits. Je n’en demande pas tant même si être remarquée, parfois, m’aiderait à mieux circonvenir la postérité.

    Mais… je ne désespère pas qu’il me soit un jour permis d’être plus loquace. D’ailleurs, je nourris depuis bien longtemps un rêve dispendieux et probablement trop ambitieux. Je m’y accroche comme à une bouée de sauvetage me permettant de continuer ma tâche avec une ardeur décuplée. Il consiste à me transformer en… ROMAN !



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    C’est une lettre que Régine Garcia nous offre pour " Le printemps de Calipso ". Une de ces lettres que nous aimerions certainement tous recevoir un jour au cours de notre vie…


                                                                                                    Vitrolles, le 25 janvier 2008


    Mon amour,

    Depuis dix-sept ans, jour après jour, nous construisons l’édifice de notre amour avec nos accès de fous rires, mais aussi nos accès de colère. Au fil des ans, il ne s’est pas émoussé : bien au contraire, il a grandi, mûri. Nous avons combattu et terrassé nos doutes, nos peurs, par un respect tacite l’un envers l’autre. Pacte silencieux, sans signatures ni fioritures. Jamais de promesses inutiles, seulement des actes qui sont nos mots, sans autres maux.

    Tu es ce père que je n’ai pas connu, tu es cette mère aimante que je n’ai pas eue, le grand frère protecteur, le mari attentionné. Tu es ce gouvernail qui guide mes pas hésitants, ce mât solide sur lequel je m’appuie lors de tempêtes démoniaques. Tu es le Tout.

    Je te livre ces quelques lignes avant qu’elle ne nous éloigne irrémédiablement l’un de l’autre. Hier soir, nous avons fait l’amour, mais nous n’étions déjà plus deux amants furieux, avides l’un de l’autre. Nous n’avons pas joui à l’unisson, mêlés par le plaisir ultime, infini. Insensiblement, tu te détaches de ce corps qui ne t’appartient plus. Pourtant tu l’as tant aimé, caressé…

    Bientôt, je ne serai plus celle que tu as désirée, que tu as aimé, que tu as transcendé entre tes bras. Nos lèvres ne se frôleront plus, notre désir de peau, de langues, de toi, de moi, n’existera plus. Aveugle et sourde, ELLE éloignera nos corps différents… Éloignera nos cris dissonants…Éloignera… nous…

    Verdict incontestable, les analyses sont formelles. ELLE, son nom barbare : maladie d’Alzheimer familiale autosomique dominante… maladie génétique dont ma mère souffrait : pertes de mémoire fréquentes, errance puis crises de démence, absence d’hygiène et de dignité. JAMAIS ! JAMAIS ! Tu m’entends. JAMAIS ! Tu ne me verras en dégénérée, enveloppe charnelle sans consistance.

    Quand tu liras cette lettre, je serais sur le pont de Roquefavour. Tu te souviens de ce pont où nous nous sommes embrassés la première fois et jurés un amour éternel ? J’accomplirais notre promesse et nos pensées emmêlées se confondront en un seul et dernier acte. N’oublie jamais les étreintes chaudes de nos nuits enflammées et l’amante passionnée ! N’oublie jamais ces moments intenses !

    Adieu,

    Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai toujours…

    Ta petite femme d’amour


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    C’est à Danielle Akakpo qu’il revient aujourd’hui de présider le bar pour "Le printemps de Calipso". Elle nous propose un poème bien connu, juste un peu réécrit…

     

     

    Réfléchis, ma beauté, ça déboule à toute allure le temps des quatre-vingt berges et plus, des rhumatismes, de la canne, du sonotone. Ce temps où tu trembloteras, effondrée dans ton fauteuil, une couverture de laine sur les genoux, un châle à carreaux sur les épaules. Je sais de quoi je cause, à force de rendre visite à ma grand-mère. Un calvaire d’ailleurs, ces visites ! Elle n’arrête pas de parler de ses vingt ans, mémé, elle n’arrête pas de se plaindre, de regretter ses boucles blondes, ses joues lisses, sa taille de guêpe, et le bel étranger qui voulait lui faire connaître le monde. Toi aussi, tu veux finir comme elle, avec des regrets, de l’amertume plein le cœur ?

    Tu es mon soleil, mon étoile, je suis fou de toi, je t’idolâtre à en crever. Je te le serine chaque jour, je le claironne à la cantonade ! Ta mère, ta sœur, tes copines, tes collègues, tout le monde te répète que je suis celui qu’il te faut, que tu auras du mal à en trouver un qui t’aime à ce point, qui te couvre de fleurs, de compliments, de cadeaux !

    Et toi, tu tergiverses, tu me fais languir, tu m’accordes un baiser, tu m’autorises une caresse. Tu le sais bien que je veux plus, que je te veux toute à moi, que je te désire, là, le mot est dit ! Alors, qu’est-ce que tu attends ? Le bonheur, ça ne t’intéresse pas ? Décide-toi, bon sang ! Parce qu’en dépit de l’adoration que je te porte, je sens que je vais finir par me lasser. Ce n’est pas une vie que tu me fais mener… et je ne suis pas de bois !

    Allez, ma beauté, colle tes hésitations dans ta poche avec ton mouchoir dessus, et précipite-toi dans mes bras, dans mon lit ! Les draps t’espèrent, eux aussi, tout aussi impatiemment que moi. Mais ma foi, si tu préfères finir racornie, desséchée, ton bol de tisane à portée de main, à compter tes derniers cheveux blancs, tes dernières dents, à chevroter, blottie contre ton radiateur électrique : " Si j’avais su, si j’avais su ", c’est ton problème, ma chérie !

     




     


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    Un début en chanson pour cette semaine anniversaire avec Jean-Paul Lamy comme parolier.

    Note de l’auteur : ce texte a été écrit pour être mis en musique (il l’a été), et pour lequel je n’ai pas hésité à élider (et à remplacer par des apostrophes) des " e " normalement muets mais auxquels la poésie rend la parole.



                                                    Où sont-ils donc partis ?…



    Où sont-ils donc partis, les héros d’autrefois

    Qui tous savaient si bien me fair’ rêver, enfant ?

    J’ai beau tourner les pages, ils ne sont jamais là,

    N’ont-ils pas eu le temps de crier : " Gare au temps " ?

    Petit Prince a grandi, ses cheveux sont moins blonds,

    Il demande à sa femme : " Cuisin’-moi un mouton ".

    Meaulnes, dans le Berry, agent immobilier,

    Emmène ses clients sur des parcours fléchés.

    La bretell’ d’autorout’ mène au château de rêve

    Où, tous les soirs d’été, il y a " son et lumière ",

    Au rayon " souvenirs ", on trouve de faux glaives,

    La boutique est tenue par les Trois Mousquetaires.

    A la cour de Madrid, un vieux sournois intrigue,

    Il eut son heur’ de gloire, autrefois, ce Rodrigue.

    Après bien des grossess’s, sa Chimène trop mûre

    S’empiffre de loukoums et fait des confitures.

    Blanche-Neige, aujourd’hui, ressemble à la sorcière,

    Barbe-Bleue, au régim’, craint le cholestérol,

    Les vieux loups édentés n’aval’nt plus les grands-mères,

    Les carrosses des princ’s fonctionnent au gazole.

    Croc-Blanc est dans sa niche et mange des croquettes.

    CNN retransmet le choc de Waterloo,

    Et, devant sa télé, couché sous une couette,

    Un vieil homme regard’, c’est Fabric’ del Dongo.

    Vendredi, le sauvage, Robinson Crusoë

    Publient un nouveau livr’, passent à la télé,

    D’une crème solair’, font la publicité,

    Et disent leur bonheur de s’être enfin pacsés.

    Ont-ils tous déserté la " Bibliothèqu’ Verte " ?

    Ont-ils, au fil des ans, tous couru à leur perte ?

    Rien qu’une fois, rien qu’un’, je veux les retrouver,

    Je voudrais tant pouvoir encor m’émerveiller.

    Où sont-ils donc partis, les héros d’autrefois

    Qui tous savaient si bien me fair’ rêver, enfant ?

    J’ai beau tourner les pages, ils ne sont jamais là,

    Ils n’ont pas eu le temps de crier : " Gare au temps ! "


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    C’est juste un petit dialogue de rien du tout, dans le style série policière à la française ; Corinne Jeanson nous le propose comme un petit amusement. A vous chers lecteurs de dire si vous souhaitez une suite…  



    Paul Agostino

     


    - Mon Renard, tu m'as manqué. C'était comment New York ?

    - Noir et blanc.

    - Et ici ?

    - Rien. Nothing. Degré zéro sur Paul Agostini. Qu'as-tu trouvé là bas pour notre enquête ?

    - Il est bien arrivé par bateau. J'ai remué toutes les archives du port pour flairer sa trace. Une semaine de boulot avec les flics new-yorkais. L'adjudant Garett a été mon guide. Intéressant leurs méthodes. Whisky sur la 42e rue, bière à Broadway, vin rouge à Manhattan. Le best, cognac d'Angoulême à Big Apple. Que du bon. De la glace aussi et du salpêtre.

    - Et le Ground Zero ?

    - La place des tours perdues, pas eu le temps d'aller visiter un trou.

    - Vraiment ?

    - Putain, on a dit, on parle pas de vie privée au bureau.

    - On est entre nous.

    - Bon, d'accord, j'ai fait quelques virées. Les Américaines, enfin, surtout celles qui viennent du Mexique, sont abordables. Bon, je te parle de ma queue ou de mon enquête ?

    - Commençons par ton enquête. Ca dit quoi sa trace ?

    - Facile, le 1er mars 1999, arrivée au port de New York, paquebot Independance. Tu sais que Paul déteste l'avion. Donc inutile de relire les archives de JFK. Là où ça se complique, c'est la suite de son séjour.

    - Salut les blaireaux, alors Guy t'as retrouvé ton renard ?

    - Hello, la Rose, bon week end ?

    - Rosa, je t'ai déjà dit de m'appeler Rosa.

    - Rose, Rosa, quelle différence ? Pour une lettre !

    - Rosa, mes parents étaient communistes, n'oublie pas cette différence, pas comme tes bof à deux balles du quartier Est.

    - Pas d'insultes pendant le service, ma Rose, heu Rosa.

    - Tiens, c'est pour vous.

    - C'est quoi ?

    - Des madeleines.

    - Rosa, tu es géniale, tu as passé ton week-end à faire des madeleines.

    - Regarde-moi bien Guy, est-ce que j'ai une tête à préparer des madeleines. Non, c'est ma mère, Yolande, qui les a préparées. Moi je suis sympa, je pense aux collègues, je vous ai amené des madeleines.

    - Ca m'rappelle une chanson.

    - Non, dans la chanson c'est des bonbons.

    - Non pas celle-là : Madeleine elle aimera ça.

    - Moi ça me rappelle les odeurs. L'odeur des madeleines de mon enfance. Mon souvenir d'enfance c'est la bouse de vache, celle des pâturages de l'Hirmentaz, avec les grosses vaches et leurs cloches au cou.

    - Ca y est le voilà à faire son couplet sur la Savoie.

    - La Haute-Savoie, la Haute, ne défigure pas tout s'te plait.

    - Moi, ça me rappelle Magdalena, Marie-Madeleine, la pécheresse aimée de Jésus. Renard, ça a donné quoi les States ?

    - J'ai bien démarré, il est arrivé au port de New York, comme on l'avait deviné. Après, visite-éclair chez le mac de Riverdale, à Brooklyn.

    - Tout finit à Brooklyn.

    - Tout commence. Là, on sait qu'il a séjourné trois mois, après partance.

    - Où ça ?

    - Nouveau paquebot destination Brésil.

    - Qui va au Brésil ? Moi je suis partante ! C'est bientôt Carnaval.

    - J'ai mailé à ceux d'Interpol, j'attends une réponse pour connaître escale et jour d'arrivée. Après on avisera.

    - Il va se mettre au vert au Brésil, c'est quoi son ticket cette fois-ci ?

    - Salut Rosa, bien ton week-end ?

    - Salut Carlotta.

    - Vous n'en avez pas marre de tous vos noms en A.

    - Quoi ? Carlotta, c'est plus court que Marie-Charlotte. J'ai passé un week-end à garder mes neveux, 5 et 7 ans. La petite a passé en boucle la belle au bois dormant, version Disney.

    - Bon, les filles c'est pas que vous gênez mais nous on bosse, donc allez pintader ailleurs.

    - Sale macho, moi aussi je bosse, sur l'enquête de la tarentaise, c'est pas du gâteau. Salut, Rosa.

    - Ouais, je me souviens bien de ce Disney. Drôle. L'histoire de la fée carabosse qui envoie ses sbires chercher la princesse. Quels cons, pendant quinze ans ils cherchent un bébé, ils ont oublié que la princesse a grandi, qu'elle est devenue une belle jeune fille à marier... Putain, les mecs, j'ai trouvé.

    - Quoi, t'as trouvé quoi ?

    - Je résume. Ca fait trois ans qu'on cherche partout notre Paul Agostini. C'est pas Paul qui faut chercher. Ajoutez un A et vous aurez la clé de votre énigme.

    - Quoi, Rosa, tu vas nous faire croire que tu es sur une piste ?

    - Evidemment, votre enquête, je vous l'ai résolue avec un simple " A " de trop.

    - Tu peux être plus claire.

    - Que va faire au Brésil un trafiquant dans le genre de Paul Agostini qui a Interpol à ses trousses ? Se refaire une identité. Et Paul Agostini, c'est connu, a des tendances, disons homo. Déjà repéré déambulant avec de la coke plein les poches de sa robe à froufrou les nuits de pleine lune dans l'île verte. Quoi de plus tentant que prendre une identité féminine pour rentrer au pays incognito ? Tout est dans la finale : rose, rosa, Marie-Charlotte, Carlotta, Madeleine, Magdalena. Je rajoute un "A " à mon passeport et illusion d'artistes, je suis en France. Cherchez une femme, vous trouverez l'homme.

    - Redis-moi, coéquipière, c'est qui tes mentors ?

    - Ca va mes blaireaux, ça fait deux ans que je fais équipe avec vous. Je vous dois tout, même mon cul de poulet.

    - Renard, tu m'appelles le Fredo, je le veux dans le poulailler demain à la première heure. Notre indic est aux premières loges pour avoir entendu parler de Paula Gostini. Fixe-lui rendez-vous sans tarder.

    à suivre … peut-être

     


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    Une chronique à la petite semaine de quelques judicieuses fabriques de littérature.

    A cliquer dans les Aiguillages :

     

    Sur Mot Compte Double

    Du 11 au 15 mars : Jean-Paul Lamy est en direct du paradis. Certains finissent toujours par y trouver leurs contes…

    16 mars : Monsieur Georges Flipo s’expose " au Salon ". Au passage, il nous explique quand y aller, comment s’y tenir et surtout comment en revenir… Nous autres, au Café " on a ri… "

    Chez Stéphane Laurent

    Stéphane est journaliste, pigiste, rewriter, nègre, correcteur et … poète, il ne faudrait pas l’oublier !

    Sur Lenonsens, revue littéraire quinzomadaire

    Hector Plasma n’écrit pas pour des prunes, les prunes il les envoie… mais bien sûr chacun les reçoit comme il peut…

    Sur Histoires d’écrire

    Les " Nouvelles d’hier " de Corinne Jeanson sont à lire aujourd’hui et demain. Entre temps rien ne vous empêche d’aller chanter avec elle…

    Sur Pour le plaisir d’écrire

    7 mars : Ernest J. Brooms monte " L’escalier ", un slam qui nous enflamme …

    Sur Pr’Ose

    19 mars : Le numéro 11 est sorti ! Tout propre, tout neuf, en noir et blanc avec une belle couverture qui brille comme une boule à facettes ! Et avec plein d’auteurs dedans :

    Danielle Akakpo, Jean-Claude Touray, Marie-José Madera-Besse, Christine Kilis, Anne Deniau, Gaëlle Pingault, F. Trigodet, Nadia Le-Roux, Maneki Neko, Dakota Mylanès…

    Chez Magali Duru

    13 mars : Le blog est tout nouveau. Comme c’est le premier jour, on y parle abondamment des " Beaux dimanches ", normal, c’est le beau recueil de nouvelles de Madame Duru.

     

    La dépêche expéditive de chez Reuters

    David H., 73 ans, était sur écoute. On le soupçonnait d'avoir battu à mort sa compagne dont il était à moitié séparé. Perspicaces, les fonctionnaires de la police l’auraient entendu avouer les faits aux deux chats de la dame et de ce fait interpellé. Au procès, les jurés n’ont pas été convaincus par l’enregistrement de l’aveu, de mauvaise qualité, et ont préféré écouter en clair les avocats de l'accusé qui prétendaient entendre bien d’autres choses sur la bande.

    Pour parfaire sa défense, David H. aurait affirmé que les deux chats connaissaient bien l'identité du tueur de son amie. "Pour moi, le cœur de Joyce bat encore dans ces chats. Eux seuls pourraient dire ce qui s'est passé cette nuit-là. Je l'ai déjà dit. Si seulement ces chats pouvaient parler".

    Le jury ne s’y est pas trompé : il a fait le dos rond.

     

    Ces drôles de requêtes enregistrées sur la route Google / Calipso

    Est-on amoureux quand on caresse seulement la nuque d’une personne ?

    Est-ce mal de fouiller dans l’ordinateur de son mari ?



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    Numéro 3 de " A propos de… ", une chronique signée Gilbert MARQUÈS

       

    Il existe en langue française, des mots qui cohabitent mais dont les sens sont tellement divergents qu'ils s'ignorent. Ainsi en est-il depuis 2007, nouvelle ère gouvernementale, de la politique et de la culture.

    Selon les dictionnaires, la politique est définie comme étant la direction d'un état qui détermine ses activités. A cette formule lapidaire s'ajoutent des nuances et notamment celle, ironique actuellement, qui précise :

    "Manière prudente, fine, avisée d'agir"

    Selon les mêmes références, la culture serait l'enrichissement de l'esprit par des connaissances variées et étendues, définition première assortie d'autres significations complémentaires.

    Questions !

    La culture peut-elle ou doit-elle être une des activités de la politique ? Appartient-elle à la politique ou bien le contraire ?

    Pendant longtemps, les différents gouvernements qui se sont succédés, se sont préoccupés aussi de culture. De Gaulle avec Malraux, Mitterand avec Lang mais depuis, le désert…

    Aucun souvenir durant la campagne présidentielle de la moindre allusion à la culture. La mode était lancée. Nous sommes en effet en pleine période électorale avec les municipales et les cantonales et, bizarrement, la culture est également absente des professions de foi, qu'elles proviennent d'un bord politique ou de l'autre. Rien ! Pas une toute petite ligne !

    Certes, il peut être compréhensible qu'en période réputée de crise, la culture ne soit pas le souci majeur des politiques mais dans ce cas, pourquoi faire appel au devoir de mémoire en obligeant les écoliers à apprendre la lettre de Guy Moquet ou bien d'assimiler chacun d'eux à un petit martyr en évoquant la Shoah ? Pourquoi ne pas leur demander aussi de parrainer un enfant Serbe, Hutu ou de n'importe quelle autre nationalité victime des nombreux génocides qui ont jalonné l'histoire ? Cette mesure a été désavouée et a fait long feu notamment, en dehors de toutes les bonnes ou mauvaises raisons invoquées, parce que la France n'est pas seulement juive, arabe, asiatique ni même européenne mais tout cela à la fois et plus encore.

    La France répond en ce sens parfaitement à la définition de la culture. Carrefour depuis l'antiquité entre toutes les nations, elle s'est enrichie de l'expérience non seulement des autochtones mais aussi du savoir de tous ceux qui ont décidé un jour de s'établir dans ce pays.

    Les artistes de toutes les disciplines se sont emparés de cette pluralité pour la magnifier, la développer et la colporter dans le monde entier, faisant ainsi de la culture française une entité plus durable que les différents régimes politiques qui ont conduit la nation au fil des siècles.

    Culture sous-entend échange et donc communication entre les gens, les peuples mais en sommes-nous encore là à l'heure présente ? Doute !

    Doute quand il est question d'immigration choisie !

    Doute quand il y a des reconduites aveugles aux frontières répondant à des exigences statistiques et non à des préoccupations même pas humanitaires mais simplement humanistes !

    Doute quand le Quai d'Orsay se mêle de trier sur le volet les auteurs israéliens qui sont invités au Salon du Livre, entraînant ainsi la défection des auteurs des pays arabes dont on peut d'ailleurs douter du bien fondé quand ce pouvait être un moyen de débattre en terrain neutre (?) entre intellectuels et non politiques, de la fondation d'un état palestinien !

    Doute encore que la politique veuille sincèrement développer la culture au moment où la censure économique se double de nouveau d'une censure idéologique ne supportant pas l'opposition et encore moins la contradiction !

    Doute enfin sur l'avenir de la vraie culture sacrifiée sur l'autel économique qui la tire vers le bas en faisant la une des journaux en scandale par des comportements ou des propos vulgaires, injurieux voire irresponsables !

    Le divorce entre la culture et la politique serait-il consommé ?

    Il semblerait à moins que la culture ne devienne un élément de pouvoir dont la politique pourrait se saisir à l'instar des pays totalitaires, pour asseoir son autorité comme le tente la mondialisation en favorisant la pensée unique.

    Nous n'en sommes pas encore là et finalement, l'ignorance de la politique envers la culture lui rend service en lui permettant d'acquérir sa véritable indépendance même si, en corollaire, lui sont dressées de nouvelles embûches rendant plus difficile sa propagation.

    La culture, à la différence de la politique, ne connaît pas de frontière. A nous, les acteurs possédant cette force placée au-dessus de tout clivage, de la développer toujours davantage. Nous possédons pour ce faire un outil pour l'instant difficilement contrôlable, Internet. Profitons-en et sachons ou apprenons à l'utiliser pour déborder la politique en continuant à créer et, peut-être, pallier ainsi à ses carences en nous mêlant de ce qui est censé ne pas nous concerner.

    Aussonne, le 15 Mars 2008



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    Un grand merci à tous les auteur(e)s qui ont contribué cette année encore à faire de ce café un espace de création, d’échanges et de rencontres.

    Danielle Akakpo

    Désirée Boillot

    Ernest J. Brooms

    Jean Calbrix

    Monique Coudert

    Magali Duru

    Pascale Fayolle

    Régine Garcia

    Françoise Guérin

    Roland Goeller

    Sylvette Heurtel
    Corinne Jeanson

    Jean-Paul Lamy

    Philippe Laperousse

    Stéphane Laurent

    Yvonne Le Meur-Rollet

    Philippe Leroyer

    Gilbert Marquès

    Dominique Mitton

    Salvatore Sanfilippo

    Marielle Taillandier

    Jean-Claude Touray

    Ysiad   



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    Ysiad s’est emparée de la rubrique " Au cœur de… ", et c’est à une visite mémorable dans les arcanes de l’édition qu’elle nous convie. 

    Histoire belge

     

    Des mois que vous tergiversez, ruminez en vous rongeant les ongles, sans parvenir à vous décider. Vous avez très peur. Vous avez si peur qu’au moment de rassembler vos textes, vous attrapez le premier prétexte pour remettre à plus tard ce que vous rêvez de faire sans oser passer à l’acte. Tout en remplissant la gamelle du chat, vous vous reprochez vos velléités. Vous pensez : à quoi bon ? Ma prose changera-t-elle la face du monde ? Non seulement elle ne changera rien, mais elle ne laissera aucune trace dans la mémoire collective. Que suis-je, à côté du prix Pulitzer. Laissons la littérature à ceux qui ont du souffle, aux vrais grands écrivains.

    Vous prêtez une oreille attentive aux déboires de ceux qui écrivent autour de vous, et qui ont eu le courage, une fois dans leur vie, de rassembler leurs textes pour les glisser dans la boîte aux lettres. Que s’est-il passé ensuite ? Pas grand-chose. Aucun n’est mort en traversant la rue. La plupart ont reçu le même type de réponse : Bien que présentant des qualités stylistiques indéniables, votre manuscrit ne correspond pas à notre ligne éditoriale.

    La messe est dite. La ligne éditoriale est pire que la Ligne Maginot, sans failles, sans la moindre brèche. Vous savez d’avance que vous ne pourrez la franchir, que c’est impossible. Qui êtes-vous pour croire que vous passerez la barre, alors que des milliers d’autres se sont heurtés avant vous à un mur de béton ? Vous cherchez des exemples parmi les grands, pensez à Proust refusé par Gide. Vous vous persuadez que c’est inutile. Vous vous rabattez sur les concours de nouvelles.

    Et vous croisez les doigts pour décrocher un prix.

    Ce prix arrive. Il tombe du ciel de Belgique. Cadeau inespéré, manne providentielle. La ligne Maginot s’estompe. Vous vous réjouissez en silence, goûtez votre victoire en relisant votre nouvelle, satisfaite d’y trouver quelques qualités. Vous vous prenez à espérer en faisant tomber une double ration de croquettes dans la gamelle du chat. Votre texte va paraître dans un recueil, un vrai, bien relié, imprimé pour le compte des éditions Brodequin. Brodequin, ça rime avec Franquin, et vous y voyez un bon présage. Vous réfléchissez en caressant le dos du félin. Si votre texte est digne de figurer dans le recueil collectif des éditions Brodequin, pourquoi ne pas leur soumettre un manuscrit ? C’est envisageable. Vous rassemblez sept nouvelles sur une même thématique et décidez de vous rendre en Belgique pour la remise des prix.

    Un soleil pâle d’octobre vous accueille de l’autre côté de la ligne Maginot. Votre texte est lu dans un auditorium. Vous êtes émue en entendant la comédienne lire des mots que vous avez écrits sans trop y croire. Vous écrivez toujours sans trop y croire, pour le plaisir de faire couler un peu d’encre vive sur le papier. A la réception, vous rencontrez l’éditeur. Vous avez bu plusieurs verres de vin, pour tuer l’inhibition qui vous empoisse la langue. Vous l’abordez. Bonjour, je suis l’auteur d’un des textes du recueil collectif, il se trouve que j’ai sur moi un manuscrit, quel heureux hasard.

    L’éditeur a l’air intéressé. Alors vous tirez ledit manuscrit du sac en plastique et le lui remettez, le cœur battant.

    Rentrée en France, vous attendez, la tête pleine de souvenirs bruxellois, avec l’éditeur au centre, souriant comme un bouddha.

    Vous recevez un premier mail informel, vous mettant en garde en quelques mots.

    Brodequin reçoit plus de mille manuscrits par an. Si, dans un délai de trois mois, vous n’avez pas reçu de réponse de notre part, veuillez considérer que nous ne pouvons pas vous éditer

    Alors vous attendez, à cheval sur la saison glaciale et l’espoir brûlant. Une maille à l’endroit, un pouce à l’envers. Un mois. Deux mois. Les températures baissent, décembre s’étale aux vitrines de la ville. Janvier… 20 janvier.

    Vous n’en pouvez plus d’attendre. Vous envoyez balader la ligne Maginot et téléphonez. On vous apprend qu’en Belgique, il fait beaucoup plus froid qu’en France. Tous les éditeurs de Brodequin ont attrapé la grippe, il faut encore patienter.

    Dix jours. Quinze jours. Vingt neuf jours. A force de le lorgner, le téléphone se dédouble. Un matin, vous attrapez le combiné.

    On vous répond : Patience. Les lecteurs reviennent petit à petit, enroulés dans leurs écharpes belges. On va vous lire, quoi qu’il advienne.

    Vous relisez Flaubert, plantez des bulbes le week-end, mangez des frites, sautez sur un trampoline pour faire baisser l’adrénaline. Les jours passent dans la même torpeur inquiète.

    Un beau matin, ça fait dzoing dans la boîte à mails.

    Vous avez un message, qui a franchi la ligne Maginot sur des pieds d’argile.

    Vous l’ouvrez, le cœur dans la gorge.

    Madame,

    Votre recueil de nouvelles n'a pas été retenu pour publication par notre comité de lecture, et nous le déplorons.

    On ne peut pas vous éditer.

    Vous n’avez pas de style.

    Vos situations sont banales.

    Vos histoires n’ont accroché personne, de ce côté-ci de la frontière.

    On a préféré défendre des auteurs à forte personnalité, comme Duchmol, qui écrit sans verbes et sans les mains, ou Chmoldu, qui se passe des articles comme des pronoms. Des auteurs modernes.

    En outre et néanmoins, nous vous souhaitons de trouver un autre éditeur moins sévère que nous, qui saura promouvoir vos nouvelles, une fois.

    Editions Brodequin (Belgique)

    64 rue du Chmol – 6412 Quinquin

    Tel/fax 0032 43 54 76 98

    www.brodequin.be

    Le chat saute sur vos genoux. Vous caressez son pelage, dans des visions de bunker.

                                                                          Ysiad 


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